Prévenir les risques grâce aux indicateurs indirects, au développement de filières multibarrières, à l assurance qualité Jean-François Loret, CIRSEE 1
Le risque microbiologique en eau potable Une priorité pour les opérateurs The potential health consequences of microbial contamination are such that its control must always be of paramount importance and must never be compromised. The great majority of evident water-related health problems are the result of microbial contamination. WHO (2011), Guidelines for drinking water quality 2
Quels microorganismes? > 1400 pathogènes listés par l OMS, une trentaine transmissibles par l eau Pathogen Number of Number of outbreaks cases Cryptosporidium sp. 20 > 451 100 Campylobacter sp. 14 > 20 600 Giardia sp. 13 > 57 700 Norovirus 12 > 12 200 Entero-pathogenic E.coli 7 > 12 920 Rotavirus 2 11 000 Shigella sp. 2 3 400 Hepatite A virus 1 7 900 Salmonella sp 1 650 Toxoplasma sp. 1 7 800 Non identified agent 5 24 000 Pathogènes impliqués dans des épidémies d origine hydrique dans 15 pays développés, 1974-2002 (Hrudey & Hrudey, 2004) (Legionella non incluse) 3
Contexte réglementaire Une réglementation basée sur le concept d indicateurs... Paramètres microbiologiques OMS CE (2011) (1998) E. coli (1) < 1/100 ml < 1/100 ml Entérocoques (1) < 1/100 ml Bactéries coliformes (2) < 1/100 ml Clostridium perfringens (2) < 1/100 ml Colonies à 22 C (2) Aucun changement anormal (1) Paramètre de qualité (2) Paramètre indicateur mais avec des indicateurs non représentatifs de l ensemble des pathogènes! 4
Quels objectifs de qualité? Concentration maximale en microorganisme pour un niveau de risque de 10-6 DALY/personne.an Cryptosporidium: 1,3.10-5 / L 1 / 79 m 3 Campylobacter: 1,05.10-4 / L 1 / 10 m 3 Rotavirus: 1,1.10-5 / L 1 / 90 m 3 WHO (2011), Guidelines for drinking water quality, ch.7 Les techniques analytiques disponibles ne permettent pas de vérifier l atteinte de ces objectifs! 5
Quels objectifs de qualité? WHO (2011), Guidelines for drinking water quality, ch.7 Un objectif de performance de traitement est plus pertinent 6
Quels objectifs de traitement? Ex.: Abattement de Cryptosporidium (log 10 ) 3,2 log + 0,5 log + 0,9 log + 4 log = 8,6 log L atteinte de l objectif sanitaire peut nécessiter l addition de plusieurs barrières 7
Risk Comment déterminer un objectif de traitement? Application de l évaluation quantitative du risque microbiologique à l eau potable 1. Evaluer la concentration en eau brute 2. Evaluer l abattement par le traitement 3. Evaluer la concentration en eau traitée 4. Evaluer l exposition au pathogène 5. Appliquer un modèle dose / réponse exponential beta-poisson 0,01 1 100 10000 Exposure 1 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 Risque d infection 2 3 4 R = 1 e (D. r) R = 1 (1 + D/β) α 1 5 8
Quel niveau de risque acceptable? USEPA (1989) Exposition Pas d infection Infection Pas de symptômes Maladie 1 infection / 10 4 consommateurs / an Sensible Guérison Décès Immunisé Séquelles 9
Quel niveau de risque acceptable? OMS (2004) Exposition Pas d infection Infection Pas de symptômes Maladie Sensible Guérison Décès Immunisé Séquelles 1 DALY / 10 6 consommateurs / an (~ 1 infection / 10 3 consommateurs / an 10
Evaluation de l abattement Ex.: Modélisation de la désinfection (MicroRisk 2006) Modèle «Continuously Stirred Tank Reactor» N/N0 = 1 / (1 + k e. c. t h ) n K e = A. e(-e a /RT) Paramètres opérationnels - Concentration en désinfectant - Temps de contact - Température L EQRM permet de traduire un objectif sanitaire en limites opérationnelles 11
Application de l EQRM à la production d eau potable (traitement conventionnel) Morsang / Seine (Eau du Sud Parisien) Traitement conventionnel, 225 000 m 3 /jour 12
Fréquence USEPA limit Fréquence Cumulative frequency Fréquence frequency Validation de la filière de traitement Pathogènes en eau brute Turbidité sortie de filtre 0,25 0,2 9 X <=0,05 5% X <=0,23 95% 0,15 8 7 Moyenne =0,12 0,1 6 5 0,05 4 3 2 1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 Turbidité 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 Cryptosporidium parvum viable / 100 L Simulation de Monte Carlo (@risk Version 4.5) Résiduel d ozone E. coli O157:H7 1 0,9 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 Giardia Cryptosporidium 0,8 0,7 0,6 0,5 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,4 Résiduel ozone (mg/l) 0,3 0,2 Consommation d eau potable X <=0,15 3,5 5% Moyenne =0,3 X <=0,80 3 95% 2,5 2 1,5 1 0,5 0 0 0,25 0,5 0,75 1 1,25 1,5 1,75 2 Volume d'eau consommé (litre) 0 0,00001 0,0001 0,001 0,01 0,1 1 10 100 Annual risk of infection / 10 000 consumers Risque d infection annuel < 10-4 = 99.0% < 10-3 > 99.9% pour Cryptosporidium 0,1 13
Limites opérationnelles / critiques Limites opérationnelles et critiques permettant de respecter l objectif de 1 cas d infection / 10 000 consommateurs / an (probabilité> 95%) CCP Operational limits Critical limits Conditions Clarification T < 0,2 NFU, 95% of time T < 1 NFU ozone > 0,15 mg/l T < 0,5 NFU, 100% of time (< 1 day) chlorine > 0,20 mg/l Ozone 0,15 < ozone < 0,5 mg/l, 95% of time ozone < 0,05 mg/l turbidity < 0,2 NFU 0,05 < ozone < 1 mg/l, 100% of time (< 35 days) chlorine > 0,20 mg/l Chlorine 0,2 < chlorine < 0,5 mg/l, 95% of time chlorine < 0,05 mg/l 0,05 < chlorine < 0,8 mg/l, 100% of time (< 10 days) Seuils d alarme en production basés sur ces limites 14
Application de l EQRM à la production d eau potable (traitement conventionnel + UF) Vigneux / Seine (Eau du Sud Parisien) Traitement conventionnel + UF, 55 000 m 3 /jour 15
Fréquence Fréquence Limites opérationnelles / critiques Historique de fibres cassées / mois Distribution d abattement des pathogènes par l UF (USEPA (2005) Membrane Filtration Guidance Manual. EPA 815-R-06-009) Distribution des fibres cassées par mois Bloc 4 0,35 0,3 Moyenne =1 0,25 0,14 0,12 0,1 Distribution Log d'abattement pour le bloc 4 X <=3,45 5% Moyenne =4,4 X <=6 95% 0,2 0,15 0,1 0,05 0 0 5 10 15 20 nombre de fibres cassées par mois 0,08 0,06 0,04 0,02 0 2 3 4 5 6 Log d'abattement Fréquence minimale de contrôle d intégrité (nombre maximal acceptable de fibres cassées) 16
Les outils de l assurance qualité Water Safety Plan EQRM 1. Constitution de l équipe 2. Description du système 3. Analyse des dangers 4. Identification des mesures de maîtrise 5. Identification des mesures de surveillance 6. Vérification de l efficacité 7. Processus support 8. Procédures de gestion 9. Documentation et communication 1. Identification du danger 2. Caractérisation du danger 3. Evaluation de l exposition 4. Caractérisation du risque 17
Les outils de l assurance qualité Ch. ISO 9001 ISO 22000 (Système de gestion de la qualité) (Système de gestion de la sécurité alimentaire) 1 Domaine d application Domaine d application 2 Références normatives Références normatives 3 Termes et définitions Termes et définitions 4 Système de gestion de la qualité Système de gestion de la sécurité alimentaire 5 Responsabilité de la Direction Responsabilité de la Direction 6 Gestion des ressources Gestion des ressources 7 Réalisation du produit Réalisation de produits sûrs 8 Mesure, analyse, amélioration Validation, vérification, amélioration Water Safety Plan 18
Conclusions Le niveau de risque microbiologique acceptable en eau potable est très faible (limites de concentrations en pathogènes << limites de détection analytiques) La qualité de l eau potable doit s apprécier de façon indirecte, à l aide d indicateurs Les indicateurs réglementaires actuels sont insuffisants Indicateurs les plus pertinents: indicateurs de performance de traitement (permettent une gestion opérationnelle en temps réel) L EQRM permet de traduire un objectif sanitaire en limites opérationnelles sur le traitement, spécifiques à chaque usine Les outils de l assurance qualité (WSP, ISO 22000) offrent un cadre idéal pour gérer ces limites opérationnelles 19
Besoins / Recommandations Généraliser l application des «Water Safety Plans» Gestion préventive + contrôle qualité = sécurité sanitaire Former / éduquer le personnel des usines aux risques microbiologiques Générer les données nécessaires à l évaluation des risques pour: Les pathogènes émergents Les microorganismes capables de recroissance en eau potable (légionelles, mycobactéries ) (Occurrence, abattement, modèles dose/réponse) Adapter la méthodologie EQRM à l évolution des techniques analytiques (Utilisation des données issues de techniques de biologie moléculaire) Revoir les modèles de calcul d abattement à la lumière des nouvelles connaissances sur les microorganismes viables non cultivables Harmoniser les pratiques d évaluation des risques Définir un risque microbiologique acceptable en Europe 20