au cinéma le 16 septembre

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Quelle journée! Pêle-mêle. Qu est-ce que c est? DOSSIER Écoutez les phrases. Écrivez les mots de la page Pêle-mêle que vous entendez.

Transcription:

Ressources complémentaires AGAT FILMS & CIE PRÉSENTE (2/2) en partenariat avec le Musée de la Résistance Nationale UN FILM DE ROBERT GUÉDIGUIAN Photo : stéphanie braunschweig au cinéma le 16 septembre

LA LUTTE ARMÉE «Ami entends-tu» Chant des partisans, Anna Marly, Joseph Kessel, Maurice Druon, 1943 Les Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPF ou FTP), nommés ainsi en référence aux francs-tireurs de la guerre de 1870 célébrés par Victor Hugo, sont une des organisations de lutte armée de la Résistance française. Les FTP unifient au début de 1942, sous la direction de Charles Tillon, les différents groupes d action initiés par le PCF (Organisation spéciale [OS], «Bataillons de la jeunesse», groupes de combat de la MOI). Ils rassemblent dans les deux zones des Français partisans de l action immédiate dans une lutte de guérilla à la ville et à la campagne. Ils se distinguent aussi des autres mouvements par leur organisation spécifique de groupes de combat, qui intègrent, à côté des partisans français (FTPF), des immigrés (FTP-MOI). Ils éditent un journal, France d Abord, et se dotent d un service de renseignement (FANA). En région parisienne, à partir de toutes les organisations de la MOI, très active depuis le début de l Occupation, sont créés au sein des FTP des groupes FTP- MOI qui forment 4 détachements (1 er : hungaro-roumain; 2 e : juif; 3 e : italien; 4 e : «dérailleurs») auxquels s ajoutent une équipe bulgare, une équipe espagnole et, en 1943, par une équipe spéciale. Enfin, l organisation dispose d un service médical et d un service de renseignement. Les 23, ainsi que les 45 autres résistants arrêtés à l automne 1943, sont issus de ces différents groupes : l appellation commune «groupe Manouchian» est donc impropre. À leur création en 1942, le chef militaire régional des FTP est Henri Rol-Tanguy et le triangle de direction des FTP-MOI est composé de Boris Holban, Karel Stefka, Joaquin Olaso Piera. À l été 1943, c est Joseph Epstein qui assume la direction des FTP et ce sont Manouchian, Dawidowicz puis Terragni et Lissner qui forment le triangle de direction des FTP-MOI. D autres groupes se constituent en France. À Lyon, au printemps 1942, Joseph Kutin, un ancien brigadiste, crée le détachement «Carmagnole». Suivront au printemps 1943 le détachement «Liberté» à Grenoble et le maquis «Chant du départ» dans la Drôme. À Marseille, à l été 1942, autour d Ilio Barontini, des anciens brigadistes forment des groupes dans les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes dont la compagnie «Marat» devenue célèbre par les photographies de la résistante Julia Pirotte. Enfin à Toulouse, en novembre 1942, Marcel Langer crée «la 35 e Brigade» qui doit son nom au souvenir de la 35 e division de mitrailleurs des Brigades internationales dans laquelle il avait combattu. D autres résistants de toutes origines, liés au plan politique à ces groupements FTP-MOI, agissent aussi au sein du TA (travail [anti]allemand dirigé par Arthur London), du Travail [anti]italien, du Comité central des prisonniers de guerre soviétiques en France, et, plutôt en zone Sud, dans les groupes spécifiques d Espagnols, souvent désignés sous le vocable générique «guerilleros», ou les groupes de jeunes juifs de l UJJ (union de la jeunesse juive). Des Français combattent au sein des FTP-MOI et de nombreux étrangers, immigrés, ressortissants de l empire colonial luttent au sein des FTPF ainsi que dans tous les autres mouvements de la Résistance française ou au sein de réseaux alliés en France. Le 21 février 1944, sur d autres rives de la Méditerranée ou de la Manche plus de 350 000 «indigènes» se préparent aux combats pour la libération de la France. 1

Manuel clandestin de lutte armée (instructions pour le maniement d armes allemandes, anglo-américaines et françaises) réalisé par les Francs-Tireurs et Partisans et dissimulé sous une fausse couverture : R.P. Prouvostin, Scout, Les éd. de la Nouvelle France. Les résistants peuvent notamment apprendre à se servir d une arme saisie sur l ennemi ou d une grenade. 2

Photographie d un sabotage effectué près de Gardanne durant l été 1944. Le cliché a été pris par Julia Pirotte, résistante d origine juive polonaise au sein de la compagnie FTP-MOI «Marat». 3

Affichette clandestine La patrie en danger, diffusée en septembre 1943 pour la célébration de la victoire de Valmy de septembre 1792. Il s agit pour la Résistance de mobiliser la population contre l occupant en rappelant qu en 1792, l armée française composée de professionnels et de volontaires a réussi à empêcher une invasion des Prussiens. 4

Avril 1943, antifascistes allemands dans un maquis de Lozère. Premier à partir de la droite, Otto Khüne, un des fondateurs en 1942 du maquis de Bonnecombe. Il devient en 1944 le responsable militaire des FTP- MOI pour la Lozère, le Gard et l Ardèche. Aujourd hui, des écoles en Allemagne portent son nom. 5

Photographie d Omar, marocain qui rejoint les rangs de la Résistance pendant l Occupation et qui sera tué quelques jours avant la Libération. Cette photographie a été remise au Musée de la Résistance par Monsieur Lanotte avec lequel Omar a fait de la Résistance. 6

LES AUTRES FRONTS DE RÉSISTANCE «Par des fibres à la fois dissemblables et fraternelles» Marie-Madeleine Fourcade, RÉSISTANTE, CHEF DU RÉSEAU «ALLIANCE» L engagement des 23 dans la lutte armée est la poursuite logique d autres combats précédemment engagés contre les nazis et leurs alliés. Il en est de même pour tous leurs camarades. Pour les étrangers ou les immigrés de ces groupes FTP-MOI, ce combat a commencé dans le pays même qu ils ont dû quitter. Souvent, il s est prolongé dans les Brigades internationales pour la défense de la République espagnole puis dans l armée française durant la campagne de France (plus de 100 000 étrangers incorporés, le plus grand nombre volontairement). Tous, du début de l Occupation à leur entrée dans les FTP, participent aux premières formes de résistance impulsées par le Parti communiste, quelles que soient les contradictions de la ligne politique générale de ce parti générée par le pacte germano-soviétique qui sont définitivement levées en mai 1941 par son appel à la création d un «Front national de lutte pour la liberté et l indépendance de la France». Ils agissent notamment dans les comités populaires et ses «groupes de sabotage et de destruction», dans l Organisation spéciale, aux Jeunesses communistes, dont l Union des jeunes juifs est une des composantes. La reconstruction dans la clandestinité des structures de la MOI suit de près celles d avant-guerre. Les principaux dirigeants sont Louis Gronowski, Arthur London, Jacques Kaminski, Marino Mazetti, Édouard Kowalski et Adam Rayski. Les groupements nationaux éditent en grand nombre des journaux clandestins en langues étrangères et œuvrent à la réalisation de l unité de leurs compatriotes dans la lutte contre l occupant. La section juive de la MOI est l une des plus actives. Sa presse, ses organisations en premier lieu «Solidarité» - d où naîtront le «Mouvement national contre le racisme» (MNCR, ancêtre du MRAP) et l «Union des Juifs pour la Résistance et l Entraide» (UJRE) - jouent un rôle important dans l entrée en résistance des Juifs, dans leur unité face à l adversité qui aboutit notamment à la fondation du «Conseil représentatif des institutions juives de France» (CRIF) en janvier 1944. Son action est aussi décisive pour la mobilisation des consciences et des forces dans le sauvetage des Juifs en France. Mais pour le plus grand nombre, étrangers, immigrés ou fils d immigrés, c est au sein des organisations de la MOI qu ils font leur classe en résistance. La MOI (Main-d œuvre immigrée, Main-d œuvre étrangère jusqu en 1932) dont l initiative revient à la CGTU en 1923, est une structure originale créée par le PCF en 1925 pour organiser par groupe de langue les ouvriers immigrés, appelés en nombre pour la reconstruction de la France après la Première Guerre mondiale. Sa direction dépend directement de la direction centrale du PCF. Sont constitués notamment des groupes italien, espagnol, polonais, russe, tchèque, roumain, serbe, arménien, yiddish. Chaque groupe à ses propres publications en langue maternelle destinées aux compatriotes émigrés en France mais aussi le plus souvent ses cercles culturels, ses associations sportives ou de jeunesse. La MOI est un facteur important d intégration dans la société française pour un grand nombre d immigrés et l heure de l occupation venue de leur participation à la Résistance française sur tous les fronts. 7

Journal clandestin de la section féminine de l organe du Mouvement national juif de lutte contre le fascisme : La voix de la femme juive d août 1943. 8

Au printemps 1943, le Mouvement national contre la barbarie raciste édite un tract clandestin appelant les Juifs de France à suivre l exemple de résistance des Juifs dans le ghetto de Varsovie. 9

Reconquista de Espana, journal clandestin édité par les républicains espagnols réfugiés en France en 1939, après la chute de la République espagnole. Novembre-décembre 1942. 10

Le patriote russe, journal clandestin édité par l Union patriotique russe en décembre 1943. 11

Mémoire(s) «Strophes pour se souvenir» Autre titre du poème de Louis Aragon dédié aux 23 Placardé sur tous les murs de France, cet avis d exécution qui ne dit pas son nom, qui profane la mémoire des morts par des propos xénophobes et antisémites, suscite immédiatement chez les résistants et dans la population française un immense dégoût envers ses auteurs et de l admiration pour les combattants qui ont été fusillés. Depuis la Libération, en dépit de la Guerre froide et de ses conséquences politiques en France, en dépit des aléas d une construction conflictuelle de la mémoire de la Résistance, le souvenir des 23 et de Joseph Epstein est entretenu par leurs familles, leurs camarades de combat et leurs associations, leur parti : cérémonies sur les lieux de mémoire, en premier lieu au cimetière d Ivry; publication de leurs dernières lettres ou d hommages tel Pages de gloire des 23; érections de monuments ou baptêmes de lieux publics, etc. C est à l occasion de l inauguration le 5 mars 1955 d une rue «groupe Manouchian» dans le 20 ème arrondissement de Paris que le poète Louis Aragon publie dans L Humanité son poème, immortalisé par la musique et l interprétation de Léo Ferré. Cette histoire et cette mémoire entrent progressivement dans l enseignement à l occasion notamment du Concours national de la Résistance et de la Déportation (thème de 1998). Elles prennent place dans les musées de la Résistance et de la Déportation en France. Elles sont sources d inspiration de nombreuses créations artistiques de toutes disciplines. Enfin, symboliquement, la mémoire nationale les inscrit dans la pierre ou la fonte de monuments nationaux : «Les sentinelles de la mémoire», Besançon, 1993; «Cloche» du Mont Valérien, 2003. Sans équivalent dans les autres pays occupés en Europe, «l Affiche rouge» prend place, au fil des années, comme une icône majeure de la Résistance française : un paradoxe au regard de sa fonction initiale. L affiche tisse le linceul de gloire des résistants qu elle voulait stigmatiser, impose dans notre mémoire nationale le souvenir de la place éminente prise par des «étrangers» dans la libération de la France, et ainsi, depuis 1944, s invite de manière permanente dans le débat public pour rappeler les idéaux humanistes et démocratiques attachés au mot France. Dans le même temps, des acteurs de cette résistance, personnalités ou associations, témoignent ou participent aux travaux de recherche d historiens pour faire découvrir et donner à comprendre le rôle joué par les «étrangers» dans la Résistance française et dans la libération de la France. Les écrits pionniers de David Diamant et de Gaston Laroche doivent être mentionnés, sans oublier, par exemple, les travaux du colloque tenu à Besançon en 1992 ou l ouvrage de Stéphane Courtois, Denis Peschanski et Adam Rayski, Le sang de l étranger. 12

Pistolet espagnol de calibre 765 ayant appartenu à Celestino Alfonso. Cette arme a été conservée durant la guerre chez le frère de Celestino puis chez son neveu. Donation de la famille Alfonso-Carreno. Médaille de la ville de Paris attribuée à titre posthume en 1978 à Celestino Alfonso. Donation de la famille Alfonso-Carreno. Monument aux fusillés du Mont Valérien, œuvre de Pascal Convert, inaugurée en 2003 par Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. Monument «Les sentinelles de la mémoire» réalisé par Jorge Soler, rappelant le souvenir des étrangers morts pour la France. Cette sculpture a été inaugurée le 28 septembre 1993 à Besançon par François Mitterrand, président de la République. Au cimetière d Ivry en novembre 1978, Mélinée lors de l inauguration de la «stèle-buste» réalisée par l artiste arménien Aara Haroutiounian, en l honneur de Missak Manouchian. Cette cérémonie a été notamment organisée à l initiative des Anciens résistants français d origine arménienne. Mélinée et l artiste ont offert le plâtre du buste au MRN. 13

En mars 1944, le journal clandestin Les Lettres françaises du Comité national des écrivains, consacre un article sur les réactions de soutien de la population face aux 10 résistants de «l Affiche rouge». 14

Tract clandestin émanant de l Union des Juifs pour la résistance et l entraide (UJRE) rédigé après la campagne de propagande de février 1944 contre les 23 résistants condamnés en février 1944. Ce tract rappel le sacrifice des immigrés juifs depuis la Première Guerre mondiale. 15

Dernières lettres de Thomas Elek, adressées à ses amis et à sa famille par l intermédiaire de sa concierge et de Madame Verrier. Thomas Elek est l un des résistants fusillés au fort du Mont Valérien le 21 février 1944. Son nom est l un des dix qui figurent sur l «Affiche rouge» placardée par les Allemands peu avant leur exécution. Sa photographie y est accompagnée de la mention : «Elek Juif Hongrois 8 déraillements». 16

Carte mémoire vendue en 1947 dans le cadre d une loterie, au profit de la section d Ivry de l Association nationale des anciens FTPF. L iconographie de ce document provient de la Collection du Musée de la Résistance Nationale de Champigny Sur Marne 17