1 Sur une plaque apposée au 48 de la rue Dufour a Paris on peut lire ces simples mots Ici s est tenue le 27 Mai 1943, sous l oppression allemande la première réunion clandestine du conseil national de la résistance sous la présidence de Jean Moulin délégué par le général de Gaulle L oubli disait Paul Eluard est le second linceul des morts et si nous sommes réunis aujourd hui c est bien pour rendre hommage à tous ceux qui ont résisté Ce jour là, il y soixante dix ans se tient la réunion la plus importante de l histoire de la résistance, celle qui constitue le conseil national de la résistance. La résistance intérieure couvre tout le pays. Mais chacune de ces forces ne dispose pas de réels moyens d action. Le besoin se fait sentir de réunir les résistances intérieures et la France libre. Jean Moulin ancien préfet de Chartres avait été limoge par le gouvernement du maréchal Pétain, Il commence alors une vie clandestine, recherche dès 1940 des
2 contacts avec les embryons de résistance de la zone sud. Il renoue ainsi les fils d une résistance éparpillée. il gagne Londres en 1941 et rend compte au général de Gaulles de l état des forces de résistance intérieure. Le général de Gaulle lui confie une mission celle d unifier la résistance dans la zone sud, Sous le nom de Rex il entreprend la création de l armée secrète,, l unification des mouvements de résistance : Combat de henry Frenay, libération sud avec d Astier de de la Vigerie. Infatigable trait d union entre la France libre et la Résistance intérieure, il unifie l ensemble des mouvements de résistance sur le territoire français et constitue un organe représentatif de toutes les tendances de la résistance. Il organise ainsi la mise en place du CNR. Ce 27 Mai 1943 se tient donc léa réunion la plus importante de l histoire de la résistance La réunion commence vers quinze heures, elle sera brève. Jean Moulin rappelle les objectifs de la France combattante et la motion suivante est votée à l unanimité «En cette heure solennelle de l histoire de notre pays et au moment où va se fixer notre destin, le conseil doit exprimer l opinion du peuple qui lutte sur le
3 sol de la métropole encore occupée sur les conditions dans lesquelles il convient de consacrer cette unité Cette commémoration de l anniversaire du premier Conseil national de la Résistance doit nous rappeler notre devoir de vigilance permanente et les idéaux pour lesquels le CNR a combattu : -la sauvegarde de la liberté -les droits de l homme -la défense des valeurs humanistes, patriotique et démocratique Et si nous sommes réunis aujourd hui c est pour rendre hommage aux femmes et hommes du Conseil National de la Résistance. Ce Conseil qui non seulement unifia les forces de la clandestinité pour faire face au nazisme mais qui aussi redonna foi en l avenir, en bâtissant un programme social et économique qui, à la sortie de la guerre, fut à la base du redressement de la France. La grande œuvre du conseil national de la résistance ne fut pas seulement la coordination d actions militaires mais surtout la mise en place de son programme. Les résistants ont voulu en finir avec l occupant nazi, mais ils voulaient aussi se débarrasser des fondements de la société que Pétain avait mis en place déshonneur
4 collaboration honte. Les principales idées de ce programme structurent toujours notre société : sécurité sociale assurance vieillesse salaire minimum. Le CNR a imaginé une société plus démocratique plus républicaine plus sociale et nous en sommes les héritiers. N oublions pas les valeurs universelles de ce programme liberté démocratie justice sociale solidarité et tolérance. La résistance telle que l a mené Jean Moulin c est plus que l union d hommes et de femmes contre l envahisseur. La résistance c est la république même. Comme le disait Jean Moulin Ne pas agir c est accepter, vouloir la France c est faire quelque chose,nous n avons qu une liberté la liberté de nous battre pour conquérir la liberté» Mais les résistants avaient compris qu on ne bâtit pas la paix sur le malheur des autres. Contrairement à Hitler et au système totalitaire nazi qui, profitant de la dépression économique de 1929 et de la détresse des millions de chômeurs qui en avait découlé, embrigadèrent le peuple allemand et l entrainèrent dans les pires dérives.
5 Certes, les circonstances historiques sont aujourd hui bien différentes. Bien sûr la construction européenne est venue rapprocher les peuples et conforter la paix. Et pourtant. En cette époque où l Europe connait des difficultés face aux problèmes sociaux et économiques.. Nous nous devons de ne jamais l oublier. Mais plus encore, Inlassablement, nous nous devons de transmettre le message de la résistance et ses valeurs.car, c'est en temps de paix, quand la tentation de la facilité et du lâche renoncement s'installe que l'exemple de la France libre et combattante doit être exalté, doit être rappelé! Comme le dit très bien Jean MOULIN, le 27 mai 1943, à Paris, rue du Four, lors de la première réunion du Conseil national de la Résistance, en rappelant les buts de la France libre : «Faire la guerre ; rendre la parole au peuple français ; rétablir les libertés républicaines dans un Etat d'où la justice sociale ne sera pas exclue et qui aura le sens de la grandeur ; travailler avec les Alliés à l'établissement d'une collaboration internationale réelle sur le plan
6 économique et social, dans un monde où la France aura regagné son prestige.» Je terminerai en citant André Malraux lors de son discours sur Jean MOULIN en 1964 : «L'hommage d'aujourd'hui n'appelle que le chant qui va s'élever maintenant, ce Chant des partisans que j'ai entendu murmurer comme un chant de complicité, puis psalmodier dans le brouillard des Vosges et les bois d'alsace, mêlé au cri perdu des moutons des tabors, quand les bazookas de Corrèze avançaient à la rencontre des chars de Rundstedt lancés de nouveau contre Strasbourg. Ecoute aujourd'hui, jeunesse de France, ce qui fut pour nous le Chant du Malheur. C'est la marche funèbre des cendres que voici. A côté de celles de Carnot avec les soldats de l'an II, de celles de Victor Hugo avec les Misérables, de celles de Jaurès veillées par la Justice, qu'elles reposent avec leur long cortège d'ombres défigurées. Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France...».