Legionella pneumophila et la maladie du légionnaire

Documents pareils
Il est bien établi que le réseau d eau hospitalier peut

COUSIN Fabien KERGOURLAY Gilles. 19 octobre de l hôte par les. Master 2 MFA Responsable : UE Incidence des paramètres environnementaux

Cellules procaryotes Service histologie Pr.k.mebarek

Le rôle de l endocytose dans les processus pathologiques

Dr E. CHEVRET UE Aperçu général sur l architecture et les fonctions cellulaires

Information détaillée pour Legionella

GRANULOMATOSE SEPTIQUE CHRONIQUE

Transfusions sanguines, greffes et transplantations

PLAN. Intérêt des cellules souches exogènes (hématopoïétiques ou mésenchymateuses) dans la réparation/régénération

ULBI 101 Biologie Cellulaire L1. Le Système Membranaire Interne

Séquence 10. Le maintien de l intégrité de l organisme : quelques aspects de la réaction immunitaire. Sommaire

STRUCTURE ET FONCTION DES PLURICELLULAIRES

Intrants médicamenteux en agriculture et en santé : les écosystèmes microbiens sont-ils un problème ou une solution?

Fonctions non ventilatoires

PARTIE II : RISQUE INFECTIEUX ET PROTECTION DE L ORGANISME. Chapitre 1 : L Homme confronté aux microbes de son environnement

Annales de Biologie Cellulaire QCM (niveau SVT 1 er année)

Notre système. Immunitaire

4 : MÉTHODES D ANALYSE UTILISÉES EN ÉCOLOGIE MICROBIENNE

Utilisation des substrats énergétiques

DÉFICITS IMMUNITAIRE COMMUN VARIABLE

Patho Med Cours 5. Maladie Pulmonaires Obstructives BPCO Asthme

Fiche documentaire FAIRE LES PRODUITS D USAGE DOMESTIQUE SANS DANGER POUR L AIR

Contrôle et modulation de la réponse immunitaire par Brucella abortus

5. Matériaux en contact avec l eau

Insuffisance cardiaque

Le VIH et votre foie

AUTOUR DE LA MISE BAS

Explorations des réponses Immunitaires. L3 Médecine

Conduite à tenir devant une morsure de chien (213b) Professeur Jacques LEBEAU Novembre 2003 (Mise à jour mars 2005)

LA PERITONITE INFECTIEUSE FELINE

EXERCICES : MECANISMES DE L IMMUNITE : pages

CHAPITRE 3 LA SYNTHESE DES PROTEINES

Transgene accorde une option de licence exclusive pour le développement et la commercialisation de son produit d immunothérapie TG4010

Observer : l'absence de noyau des hématies la petite taille des plaquettes la forme et la taille des noyaux (leucocytes) ACTIVITES ELEVES TS

CARACTÉRISATION DE LA DIFFÉRENCE DE SENSIBILITÉ À L INFECTION PAR STAPHYLOCOCCUS AUREUS DE DEUX LIGNÉES DE SOURIS

TUMEURS DU BAS APPAREIL URINAIRE

Tuberculose bovine. Situation actuelle

Les fiches repères d INTEGRANS sont réalisées par ARIS Franche-Comté dans le cadre du programme INTEGRANS. Plus d infos sur

Travaux dirigés de Microbiologie Master I Sciences des Génomes et des Organismes Janvier 2015

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES DIRECTION GENERALE DE LA SANTE- DDASS DE SEINE MARITIME

Dossier «Maladies du sang» Mieux les connaître pour mieux comprendre les enjeux liés au don de sang

BREVET D ÉTUDES PROFESSIONNELLES AGRICOLES SUJET

Les lières. MSc in Electronics and Information Technology Engineering. Ingénieur civil. en informatique. MSc in Architectural Engineering

Actualités s cancérologiques : pneumologie

Chapitre II La régulation de la glycémie

Compétitivité des produits laitiers locaux: vers une standardisation du «fènè», un lait spontanément fermenté au Mali

1. LES ENTRAINEMENTS SPORTIFS

Eau chaude à partir de demain plus qu il n en faut

LES CIGARETTES LÉGÈRES SONT-ELLES MOINS NOCIVES?

Etude de l activité de l ertapénème vis-à-vis des infections bactériennes à Listeria monocytogenes et Staphylococcus aureus

Leucémies de l enfant et de l adolescent

Séquence 1. Glycémie et diabète. Sommaire

Le stress oxydant provoqué par l'exercice : une fatalité?

Unité fonctionnelle de référence, à laquelle sont rapportés les impacts environnementaux du Chapitre 2

Épidémiologie des maladies interstitielles diffuses

Qu est-ce que la peste?

Infections nosocomiales

Aspects juridiques de la transplantation hépatique. Pr. Ass. F. Ait boughima Médecin Légiste CHU Ibn Sina, Rabat

MAB Solut. vos projets. MABLife Génopole Campus 1 5 rue Henri Desbruères Evry Cedex. intervient à chaque étape de

Pourtant, la preuve est faite, de manière scientifique, que le tabagisme passif comporte des risques réels pour la santé.

Prévenir la colonisation par Campylobacter chez les poulets de chair. Dr. Wael Abdelrahman Consultant technique, Probiotiques volailles

Sommaire de la séquence 8

Biomarqueurs en Cancérologie

«Grippe Aviaire : Le nouveau péril jaune?»

1 of 5 02/11/ :03

Ce qu il faut savoir en matière d habitat et de santé, de plomberie et d installations de chauffage ou d eau chaude sanitaire

DIAPOSITIVE 1 Cette présentation a trait à la réglementation sur les thérapies cellulaires.

La lutte contre la tuberculose est régie par l arrêté royal du 17 octobre 2002.

Formation à l utilisation du défibrillateur semi-automatique (DSA)

Gestion des épidémies en FAM et MAS. 2 ère réunion annuelle FAM/MAS 20 mars 2015

Direction de la Communication - Hôtel de Ville de Cholet - Photos : Shutterstock - Phovoir- janvier C est quoi la HQE et le BBC?

IMMUNOLOGIE. La spécificité des immunoglobulines et des récepteurs T. Informations scientifiques

I. La levure Saccharomyces cerevisiae: mode de vie

Traitement de l eau par flux dynamique

Rosemont- La Petite-Patrie. Îlots de chaleur urbains. Tout. savoir! ce qu il faut

Transport des gaz dans le sang

Transport des gaz dans le sang

Chauffe-eau haute performance Modul-plus

Médecine Pharmacie Dentaire Sage-femme ANNÉE UNIVERSIT AIRE

Intérêt diagnostic du dosage de la CRP et de la leucocyte-estérase dans le liquide articulaire d une prothèse de genou infectée

MISSION PARTENARIALE IMMUNOLOGIE - VACCINATION & INFECTIOLOGIE A l occasion de BIOPHARM AMERICA 2015 BOSTON, ETATS-UNIS 14 au 18 septembre 2015

Votre installation septique l essentiel à savoir!

Les cytokines et leurs récepteurs. Laurence Guglielmi

Domosol : Système solaire combiné (SSC) de production d eau chaude et chauffage

Quelles sont les maladies hautement contagieuses susceptibles d être hospitalisées en réanimation en France?

Toxicité à long-terme d un herbicide Roundup et d un maïs modifié génétiquement pour tolérer le Roundup

TUTORAT UE spé MCF CORRECTION Concours

METHODOLOGIE POUR ACCROITRE LE POOL DE DONNEURS PULMONAIRES

THEME 2 : CORPS HUMAIN ET SANTE : L EXERCICE PHYSIQUE

Le contexte. Définition : la greffe. Les besoins en greffons en constante augmentation

Résistance du VIH-1 aux antirétroviraux dans les compartiments anatomiques et cellulaires

Enjeux et Perspectives de la composante «Environnement Santé» du Plan d Action de l Initiative Environnement du NEPAD

Bienvenue Helpdesk Chauffage PEB 03/10/2013 1

Risque infectieux et protection de l organisme

Chapitre 7 : Structure de la cellule Le noyau cellulaire

La prévention des intoxications dans les silos à fourrage

Vers le renouveau du logement social Un besoin impératif A.DE HERDE

AVIS. de l'agence nationale de sécurité sanitaire de l alimentation, de l environnement et du travail

AGENT DE VOIRIE POSITIONNEMENT DU POSTE DANS LA STRUCTURE MISSIONS

Transcription:

Legionella pneumophila et la maladie du légionnaire I- Le confort moderne n a pas que des bons côtés: problèmes causés par la climatisation - En 1976, lors d un congrès rassemblant d anciens légionnaires: - nombreux cas d infections pulmonaires graves 182 malades - plusieurs décès 29 morts - cause inconnue «maladie du légionnaire» -Identification d une nouvelle bactérie, Legionella pneumophila, jamais décrite «légionellose» -La bactérie se trouvait dans les canalisations du système de climatisation de l hôtel - Depuis cette date, on observe un nombre de cas en augmentation croissante dans les pays développés, le taux d incidence annuel est de 4 / 100 000 avec un taux de mortalité de 20 % environ

II - Legionnella pneumophila Bactérie à gram négatif Bactérie ubiquitaire Environnement normal: sol, milieux aquatiques - dans la nature, souvent associée dans des biofilms et associées à des protozoaires - sont ingérées par les amibes ( Acanthamoeba) qui espèrent s en nourrir mais qui sont tuées Adaptation à de nouvelles conditions d environnement: Canalisations d eau tièdes - dans les immeubles, les installations de climatisations - dans les hôpitaux, les circuits d eau les systèmes de ventilation assistée - dans les industries, les tours aeroréfrigérantes Mode de vie intracellulaire facultatif

III - La maladie III.1 - Contamination de l homme toujours par l environnement, aérosols le réservoir naturel est l eau pas de transmission d homme à homme Provoque des infections pulmonaires graves, parfois mortelles Dans les alvéoles pulmonaires, Survie et multiplication dans les macrophages alvéolaires mais aussi dans cellules épithéliales Seules les personnes affaiblies sont susceptibles aux infections Causes d aggravation: prédispositions alcooliques, fumeurs, grand âge, défenses respiratoires affaiblies

III.2 - Dommages causés aux poumons Coupe histologique de tissu pulmonaire infecté: bactéries très nombreuses dans les phagosomes ou dans le cytoplasme des cellules. Lyse des cellules phagocytaire fluide dans les poumons Accumulation de liquide dans les alvéoles Les aires endommagées ne sont pas localisées, zones diffuses Profonde destruction des poumons Les phagocytes et les cellules immunitaires continuent à être attirées vers le poumon pendant l infection libération de cytokinines et des enzymes dégradatifs (protéases) dommages aux cellules épithéliales sans tuer les bactéries L. pneumophila sécrète aussi des enzymes dégradatifs qui contribuent aussi à la destruction des tissus pulmonaires

III.3 - Prévention et traitement Infection non traitée issue fatale Nécessité de diagnostic et traitement rapides Antibiotiques: Erythomycine Azithromycine Mesures de prévention - recherche de vaccins - recherche de biocides tuant les bactéries dans les amibes

IV - Etude des facteurs de virulence IV.1 - Problème expérimental - Manque d outils génétique - Nécessité d un bon modèle d infection - Modèles animaux: cochon d inde (cobaye) (pas immuno-compromis) souche de souris A/J (immuno déficiente) - Lignées cellulaires - pas valables - Amibes - utilisation récente ne sont pas l équivalent parfait des macrophages. néanmoins, la croissance dans les amibes prépare les légionelles à infecter les macrophages humains

IV.2 - Facteurs bactériens nécessaires à l entrée et la survie - Une adhésine non fimbriae: protéine de surface - Flagelle et mili - Mip, peptidyl prolyl isomerase (repliement des protéines) - Une machinerie de sécrétion de type II - Une metalloprotéase à Zn - Plusieurs phospolipases: hydrolyse du surfactant - Une (?) hémolysine/cytolysine destruction de l intégrité de l épithélium pulmonaire - Une machinerie de sécrétion de type IV (gènes icm / dot) (intracellular multiplication ) - les effecteurs WipA, WipB, SidG, SidH, RalF DotA LidA DotH DotO LvgA

V - Etude du cycle d infection 1) Entrée par phagocytose Phagocytose de type particulier ( amibe et macrophage). Attachement par une adhésine (cas de l amibe) 2) Inhibition de la fusion phagosome-lysosome: formation de LCV 3) Réplication et multiplication des cellules 4) Lyse du phagosome et lyse de la membrane plasmique du macrophage Infection des cellules avoisinantes

Inhibition de la fusion avec le lysosome, Formation des LCV (Legionella containing vacuole) Fonctions bactériennes nécessaires: les 24 gènes icm/dot (machinerie de sécrétion de type IV) Translocation de nombreux effecteurs directement dans le cellule hôte Ex: mutations dans icms ou icmw la fusion au lysosome se produit Croissance de la bactérie défective dans le macrophage Les effecteurs bactériens: nombreux mais peu caractérisés WipA, WipB, SidG, SidH, DotA, LidA, RalF Sont nécessaires pour le remodelage du phagosome mais ne sont pas nécessaire à la multiplication Gènes exprimés dans les étapes 1 et 2 Interaction avec des fonctions eucaryotes RalF interagit avec le facteur eucaryote ARF (ADP ribosylation factor) (famille des petites GTPases impliquées dans la régulation du trafic vésiculaire et dans le contrôle du cytosquelette d actine) Mobilisation de Rab1 localisée dans les LCV

Autres fonctions nécessaires, exprimées à différents moments du cycle d infection LvgA protéine de la membrane externe, située en surface - permet la persistance dans les macrophages alvéolaires - permet aussi la persistance dans les cellules épithéliales - le mutant LvgA - est deux foix plus sensible aux β-défensines humaines DotO et DotH - deux protéines de membrane externe matériel fibreux à la surface de la cellule - produites seulement avant que la bactérie émerge du macrophage - pourraient faciliter la lyse ou l infection des cellules voisines Cytolysine: non exprimée au début du cycle, synthétisée à la fin nécessaire à la lyse de la vacuole et du macrophage Pili et flagelle sont préferentiellement exprimés dans les étapes tardives de l infection

Autres fonctions nécessaires, exprimées à différents moments du cycle d infection Machinerie de sécrétion de type II Permet la sécrétion de nombreux enzymes hydrolytiques Processus facilitant l infection intracellulaire Induction de l apoptose Facteur aidant déclenchéedans les étapes tardives de l infection, quand les LCV contiennent plus de 20 bactéries Durée du cycle intracellulaire - 8 hrs après infection: Lp est dans phagosome intact des macrophages et amibes - 12 hrs: disruption de la membrane phagosomale - à 18 hrs, 77% des macrophages ont des bactéries dans le cytoplasme - 24 hrs: lyse de la cellule

➀ Phagocytose ➁ ➁ Inhibition de la maturation du phagosome ➄ Lyse de la cellule cytolysine ➃ Lyse du phagosome cytolysine ➂ Réplication multiplication