INTRODUCTION À LA SPECTROSCOPIE



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INTRODUCTION À LA SPECTROSCOPIE Table des matières 1 Introduction : 2 2 Comment obtenir un spectre? : 2 2.1 Étaller la lumière :...................................... 2 2.2 Quelques montages possibles :................................ 3 3 Les types de spectres : 4 4 Influence de la température : 5 5 Le profil de raies, outils de l astrophysique : 6 6 Applications : 7 6.1 Calibration en longueur d onde d un spectre :........................ 7 6.2 Détermination de la composition chimique :......................... 9 6.3 Tables des longueurs d onde des espèces chimiques :.................... 11 6.4 L effet DOPPLER-FIZEAU :.................................. 12 7 Conclusion : 13 Sauf mention contraire, toutes les figures de ce document sont de l auteur. Ce document est sous licence Creative Commons.

Astronomie 4 ième E 2 1 Introduction : Depuis la nuit du début des temps de l astronomie, les astronomes ont toujours voulu étudier les caractéristiques physiques des astres observés. Mais pour cela, il faudrait que les astronomes puissent les scruter de près, les décortiquer pour arriver à les analyser. En bref ce que l on peut faire avec des objets que l on a sous la main! Or, les étoiles et les astres en général ne sont pas atteignables et seul leur rayonnement parvient à nous. Les astronomes ont donc dû se résoudre à faire parler la lumière. Ils ont donc été rapidement amenés à se poser la question suivante : pourquoi un astre est-il lumineux? Quelle est la relation entre la matière et la lumière? 2 Comment obtenir un spectre? : 2.1 Étaller la lumière : L expérience d un réseau déposé sur la lentille du rétroprojecteur permet l observation d un spectre lumineux continu. Le système qui étale la lumière blanche au départ, est un réseau de diffraction et l ensemble constitue un spectroscope. La lumière est une onde dite électromagnétique et son spectre ne se luminte pas au visble : 45 nm- 75 nm. Il est aussi composé des ondes radio, de l infra-rouge, du visible, de l UV, des rayons X et des raypons gamma. Une couleur, c est-à-dire une radiation lumineuse est repérée par sa fréquence en Hertz et plus communément en spectoscopie par la longeur d onde λ en nanomètre (nm) ou en angström (Å). On a : 1 nm = 1 9 m et 1 Å= 1 1 m.

Astronomie 4 ième E 3 2.2 Quelques montages possibles : FIG. 1 Un spectroscope moyenne résolution artisanal monté sur un télescope de Schmidt-Cassegrin. FIG. 2 Un spectroscope haute résolution LHIRES3 monté sur un télescope de Schmidt-Cassegrin.

Astronomie 4 ième E 4 3 Les types de spectres : Les lois empiriques de KIRCHHOFF décrivent les conditions physiques conduisant aux 3 types de spectres rencontrés en astronomie. 1. Les spectres continus d émission : Une source chaude lumineuse émet un continuum de rayonnement. Exemple : le spectre de la lumière émise par une lampe à incandescence est constituée de toutes couleurs (radiations). 2. Les spectres de raies et de bandes d absorption : Quand la lumière d une source lumineuse traverse un gaz peu dense (composé de molécules et/ou atomes), un plasma (composé d ions) ou un liquide, certaines longueurs d onde discrètes sont enlevées du continuum provoquant les raies d absorption foncées. Exemple : la lumière d une étoile passant par les couches externes de l atmosphère de l étoile provoquent cet effet. 3. Les spectres de raies d émission : Quand des ions et/ou des molécules d un gaz peu denseest excité d une façon quelconque (collisionnelle, électriquement, chaleur ou par la lumière elle-même), le gaz émet certaines longueurs d onde discrètes. Certain nebuleuses gazeuses ou les nebuleuses planétaires sont de bons exemples de ceci. Exemple : les régions HII, les nébuleuses planétaires, les lampes à sodium des parkings.

Astronomie 4 ième E 5 4 Influence de la température : Les lois de PLANCK et de WIEN permettent de décrire le flux lumineux à partir de la longueur d onde du rayonnement et de la température (en Kelvin 1 ) de la source lumineuse. Loi de PLANCK : FIG. 3 Influence de la température sur le rayonnement d un fer à souder dans l IR. (Crédit C. Buil) FIG. 4 Courbes de la puissance lumineuse en fonction de la longueur d onde pour les températures T 1 = 6 K et T 2 = 3 K. 1 Échelle de température absolue : K = 273,15 C ; 1 K correspond à 1 C. Exemple : 2 C=293,15 K.

Astronomie 4 ième E 6 Applications : Quelle est la température du Soleil? (Les courbes I T (K) = f (λ) sont données.) La courbe dont le maximum correspond au jaune est celle qui correspond à une température de 55 K. Loi de WIEN : 2,898 16 T (K) = λ max (nm) Cette loi dite du "déplacement de Wien" découle directement de la formule de PLANCK. Pour une température donnée, elle donne la valeur de la longueur d onde λ max où le flux lumineux est maximal. Applications : 1. Dans quel domaine de longueur d onde le corps humain (T = 37 C = 31 K) rayonne-t-il? 2,898 16 λ max = 1 nm = 1 µm : situé dans l infra-rouge. 31 2. Même question pour le Soleil connaissant sa température ( 6 K). 2,898 16 λ max = = 483 nm : c est le milieu du spectre visible. 6 5 Le profil de raies, outils de l astrophysique : Spectre obtenu par l appareil photo (crédit : Y. Duchemin) : Tracé du profil de raie :

Astronomie 4 ième E 7 6 Applications : 6.1 Calibration en longueur d onde d un spectre : FIG. 5 Profil de raies du néon de référence (crédit O. Garde). 8 7 6 5 Intensite (ADU) 4 3 2 1-1 7 75 8 85 9 95 1 15 11 115 12 125 13 135 14 145 15 Position (pixel) FIG. 6 Partie rouge du profil de raies du néon enregistré par le spectroscope.

Astronomie 4 ième E 8 8 7 6 5 Intensite (ADU) 4 3 2 1-1 1 2 3 4 5 6 7 8 9 1 11 12 13 14 15 Position (pixel) FIG. 7 Profil de raies du néon enregistré par le spectroscope. 1.8 Intensite (ADU).6.4.2 1 2 3 4 5 6 7 8 9 1 11 12 13 14 15 Position (pixel) FIG. 8 Profil de raies de Castor enregistré par le spectroscope qu il faut étalonner en longuer d onde.

Astronomie 4 ième E 9 6.2 Détermination de la composition chimique : 1 Castor 1.3/12/26 SCT.3m + LHIRES#73 15 gr/mm 2.993 A/pixel 7x6 s.9.8.7 Relative intensity.6.5.4.3.2.1 36 39 42 45 48 51 54 57 6 63 66 69 72 75 78 Wavelength (Å) FIG. 9 Profil de raies calibré de l étoile Castor des Gémeaux. SpcAudACE : spectroscopy software.16 WR133 19.792/12/26 SCT.3m + LHIRES#73 15 gr/mm 2.993 A/pixel 13x12 s.14.12 Relative intensity.1.8.6.4.2 41 44 47 5 53 56 59 62 65 68 71 74 77 Wavelength (Å) FIG. 1 Profil de raies calibré de l étoile Wolf-Rayet WR 133 du Cygne. SpcAudACE : spectroscopy software

Astronomie 4 ième E 1 Nova Vul 27 14.957/8/27 SCT.3m + LHIRES3#73 15 g/mm 2.838 A/pixel 1x3 s.6.5.4 Relative intensity.3.2.1 43 46 49 52 55 58 61 64 67 7 73 76 Wavelength (Å) FIG. 11 Profil de raies calibré de la nova Vulpecula d août 27. SpcAudACE : spectroscopy software 14 NGC621 18.981/7/27 SCT.3m + LHIRES3#73 15 g/mm 3.2 A/pixel 11x18 s 12 1 Relative intensity 8 6 4 2 4 43 46 49 52 55 58 61 64 67 7 73 76 Wavelength (Å) FIG. 12 Profil de raies calibré de la nébuleuse planétaire NGC 621 d Hercule. SpcAudACE : spectroscopy software

Astronomie 4 ième E 11 6.3 Tables des longueurs d onde des espèces chimiques : Table des longueurs d onde des principales espèces chimiques présentes dans l atmosphère des étoiles : Espèce chimique Longueur d onde (Å) H α 6562,88 H β 4861,342 H γ 434,475 H δ 411,748 H ε 397 H ζ 3889 H η 3885 H θ 3647 He I 4388 He I 4471,6 He I 4713,3 He I 4922 He I 515 He I 548 He I 5876 He I 6677.6 He I 765 He II 4541,6 He II 4685,7 He II 5411,5 Fe I 438 Fe I 4384 Fe I 4668 Fe I 4958 Fe I 527 Espèce chimique Longueur d onde (Å) Mg I 5184 Mg I 5173 Mg I 5169 Mg I 5167 Na I 5889,9 Na I 5895,9 Ca I 3968 Ca I 3934 Ca I 4227 Fe I 643,8 Fe III 5353.8 Fe II 51 C III 5696 C III 465 C IV 586 C IV 5812 O III 5592 N III 4634 NIII 464 N IV 458 N V 463 N V 4618 Table des longueurs d onde des principales espèces chimiques présentes dans les nébuleuses : Espèce chimique Longueur d onde (Å) H α 6562,88 H β 4861,342 H γ 434,475 [OIII] (4363,2) [OIII] 4958,9 [OIII] 56,8 [NII] 6548 [NII] 6583 [NII] (5755) Espèce chimique Longueur d onde (Å) [SII] 6716 [SII] 6731 [NeIII] 3969 [NeIII] 3869 [NeIII] (3342) [OII] 7319 [OII] 733 [OI] 63 Remarques : Dans les étoiles, les raies sont en général des raies d absorption ; Les raies stellaires du carbone et de l azote sont le plus souvent en émission ; Dans les nébuleuses, les raies sont en général des raies d émission.

Astronomie 4 ième E 12 6.4 L effet DOPPLER-FIZEAU : Énoncé : La vitesse radiale v r d un astre est calculable à l aide du décalage λ = λ mes λ re f d une des raies par rapport à sa valeur de référence et de la longueur d onde de référence λ re f de cette raie. Exemple d application : v r = λ λ re f c FIG. 13 Profil de raies calibré du célèbre quasar 3C273 de mag. 12.8 de la Vierge. 1. Mesurer la longueur d onde de la raie H α sur le spectre du quasar ; 2. Sachant que la longueur d onde de la raie H α pour un objet immobile, calculer le décalage λ qu a subit cette raie ; 3. En déduire la vitesse radiale v r du quasar ; 4. D après la relation donnant la vitesse d un astre d = v r tâge Univers, calculer la distance qui nous sépare du quasar.

Astronomie 4 ième E 13 7 Conclusion : Vous venez de faire parler la lumière des astres aussi lointains soient-ils. Mais ce n est pas tout, vous avez appris que la matière agit sur la lumière que ce soit par sa température ou sa composition chimique, par exemple. Ces activités vous permis de constater que la lumière porte en elle une quantité d information énorme. Elle équivaut pour les astronomes à une vértiable mine d or. De toutes les branches de la physique, rien n a le plus interpelé l homme durant des siècles que l étude de la lumière.