ETUDE NATIONALE sur la POPULATION «INFIRMIERE en SANTE au TRAVAIL»

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2015 ETUDE NATIONALE sur la POPULATION «INFIRMIERE en SANTE au TRAVAIL» Nathalie Laroche Anne Barrier Sylvie Ode 19/05/2016

Table des matières Introduction...3 Le Groupement des Infirmières de Travail (GIT)...3 Contexte et objectifs de cette étude...3 Contexte...3 Objectifs...4 L échantillon...4 Le questionnaire...5 Profil des répondants...6 Le genre, l âge...6 L ancienneté IDE...6 L inscription à l Ordre National des Infirmiers, adhésions et syndicat...6 Le cadre de l exercice en santé au travail...7 Le type de service de santé au travail...7 L ancienneté en santé au travail...8 Le statut...9 Le rattachement hiérarchique...9 La fiche de poste...9 La formation...10 Le type de formation reçue...11 Formations universitaires diplômantes...11 Formations non diplômantes...12 Des formations enrichissantes?...12 L exercice de la profession...14 L activité des infirmiers en santé au travail...14 La participation à la vie de la structure...15 Le CHSCT...15 Les enquêtes après accident de travail...15 Le Document Unique...15 La Fiche d Entreprise...15 Les entretiens infirmiers définis par l article R4623-31 du code du travail :...16 Les relations entre les salariés et les infirmiers...16 Les consultations spontanées et la veille sanitaire...17 Les motifs...17 L orientation...17 1

La veille sanitaire...17 L impact de la réforme de la santé au travail sur le quotidien...18 Un impact limité parfois au détriment d actions de terrain...18 Le travail en équipe pluridisciplinaire...18 Une bonne collaboration avec le médecin du travail...18 Une ouverture vers les structures extérieures à étendre...18 Les groupes de travail...19 Contribution au développement de la santé au travail...19 Actions d éducation et de formation...19 Rapport infirmier...20 Autonomie - indépendance professionnelle...20 Informations relativement suffisantes...20 Les points forts et les points d amélioration...21 Les points forts...21 Parmi les points à améliorer...21 La reconnaissance...21 La formation...22 L activité, le rôle propre...22 Conclusion...23 2

Introduction Le Groupement des Infirmières de Travail (GIT) Le Groupement des Infirmiers du Travail (GIT), est une association professionnelle "loi 1901", créée en 1987 par des infirmier(e)s d'entreprise pour rompre leur isolement, échanger savoirs et savoir-faire et se préparer aux évolutions de la profession infirmière exerçant auprès de la population au travail. Le GIT représente la profession des infirmiers du travail, auprès du Ministère du Travail et de l Emploi, des organisations syndicales, de l Ordre National des Infirmiers, des Centres Hospitaliers Universitaires. Contexte et objectifs de cette étude Contexte Les infirmiers et infirmières exerçant en santé au travail sont des professionnels de santé soumis au Code de Santé Publique. Le Code du Travail réglemente la Santé au Travail et la protection des travailleurs. La Loi de Modernisation Sociale de 2002 introduit la pluridisciplinarité et formalise le passage d une logique de réparation des accidents de travail et des maladies professionnels à une logique de prévention des risques professionnels. La réforme de la Santé au Travail de 2011 rénove le cadre réglementaire des services de santé au travail pour l adapter à leurs nouvelles missions. Le dernier référentiel de formation des études d infirmier, entré en vigueur en 2009, donne un grade Licence aux nouveaux diplômés. 3

Objectifs Dans ce contexte d évolutions majeures pour la profession, le GIT a souhaité mener une étude nationale auprès des infirmiers et infirmières exerçant en santé au travail afin de : connaître plus précisément le cadre d exercice actuel des infirmiers et infirmières de santé au travail, évaluer les changements intervenus dans la profession depuis la réforme de la santé au travail et dégager des points forts et des pistes d amélioration pour accompagner l évolution de la profession Le GIT a fait appel à un consultant extérieur pour réaliser un questionnaire et mesurer les grandes tendances. Ce questionnaire auto administré, a été soumis entre le 16 juin et le 5 juillet 2015, via un lien URL, au réseau des IDE du GIT en leur demandant de le relayer auprès de leurs collègues. L échantillon Dès le début du projet, le GIT a été confronté à la réalité du cadre d exercice des infirmiers en santé au travail. En effet, les infirmiers de santé au travail exercent dans des configurations statutaires très diverses : service autonome (SA), salariés d une entreprise adhérant à un service interentreprises (EASIE), service de prévention de la fonction publique, salariés d un service interentreprises (SIE),. Or, le Ministère de la Santé, le Ministère du Travail via la Direction Générale du Travail et de l Emploi, et l Ordre National des Infirmiers n ont pas de vision claire du nombre et de la répartition des professionnels qui exercent en santé au travail. 4

La profession infirmière s est dotée d un ordre professionnel en France en 2006 1. L inscription des infirmiers à l ONI distingue l exercice libéral, salarié de la fonction publique (hospitalière, territoriale ou de l Etat), ou du secteur privé. L exercice de la profession en santé au travail est intégré à l ensemble du secteur privé. Par ailleurs, nous constatons que tous les infirmiers ne sont pas encore inscrits à l ordre. C est pourquoi nous avons choisi de diffuser notre questionnaire via notre réseau d adhérents en appelant chacun à le relayer largement auprès de leurs collègues. L échantillon ne prétend donc pas être représentatif de la profession. Le questionnaire Le questionnaire se compose de 77 questions fermées et de 2 questions ouvertes. Il s intéresse au profil des répondants, à leur formation, à l exercice professionnel et son cadre, à l impact de la réforme de la santé au travail et au travail en équipe pluridisciplinaire. Enfin une dernière rubrique (questions ouvertes) interroge les répondants sur les points forts et les points d amélioration de leur profession. Nous avons pu exploiter 684 questionnaires complétés correctement sur 693 reçus. Nous en délivrons ci-dessous les grandes orientations. Les résultats sont exprimés en pourcentages. 1 Loi n 2006-1668 du 21 décembre 2006 portant création d'un ordre national des infirmiers 5

Profil des répondants Le genre, l âge Les répondants sont majoritairement des femmes (91%) ayant plus de 40 ans (66%) - 43% ont plus de 50 ans. L ancienneté IDE En moyenne, l ancienneté dans l exercice de la profession d infirmier est de 23 ans. La santé au travail est rarement le premier poste occupé après l obtention du diplôme d état d infirmier : une large majorité (56%) exerçait en service hospitalier avant d intégrer la santé au travail, devant les soins à domicile (13%). L inscription à l Ordre National des Infirmiers, adhésions et syndicat Parmi les répondants : o 52% sont inscrits à l Ordre National des Infirmiers o 30% sont adhérents au GIT association professionnelle o 11% sont syndiqués. o 6% sont habilités IPRP. 6

Le cadre de l exercice en santé au travail Le type de service de santé au travail Les infirmiers qui ont répondu au questionnaire se répartissent comme suit : o 1/3 exerce en service autonome (SA), o 1/3 en entreprise adhérant à un service interentreprises (EA- SIE) o 1/3 en service interentreprises (SIE). Nous constatons que 66 % des infirmiers de santé au travail exercent en entreprise et prennent en charge les salariés de leur établissement versus 27 % en service interentreprises qui prennent en charge les salariés des TPE/PME. Figure 1 : les différents cadres d'exercice des infirmiers de santé au travail 7

L ancienneté en santé au travail La majorité des répondants a plus de 10 ans d ancienneté dans la fonction d infirmier de santé au travail. Ceux qui ont de 4 à 10 ans ou plus d anciennenté, restent au même poste dans plus de la moitié des cas (de 56 à 61 %). Figure 2 : répartition de l'ancienneté dans l'exercice en santé au travail A noter : La réforme des services de santé au travail de 2011 a favorisé une augmentation significative du nombre d embauche d infirmiers dans les SIE. La moitié ayant moins de 4 ans d ancienneté au poste y figure. 8

Le statut Les infirmiers se disent pleinement reconnus comme professionnel de santé (82%) et ont une place clairement définie dans la structure (70%). Le statut des infirmiers et infirmières de santé au travail est très diversifié : o agents de maîtrise 33%, o employé 25% o cadre 24 % o technicien 18% Il n existe pas de lien significatif entre la catégorie socioprofessionnelle, l ancienneté dans la fonction, le poste, l âge ou encore le cadre de l exercice qui explique cette disparité de statut. Le rattachement hiérarchique Les 3/4 des répondants disent dépendre sur le plan technique du médecin du travail et la moitié est rattachée administrativement à la Direction des Ressources Humaines ou au service hygiène sécurité de la structure où ils exercent. La fiche de poste Pour mener à bien leur mission 72% des répondants disposent d une fiche de poste, seuls 43% d entre eux ont été consultés pour son élaboration. 9

La formation Depuis janvier 2012 2, la formation en santé au travail est obligatoire pour les infirmiers qui souhaitent exercer dans ce secteur d activité. Si ces derniers n ont pas suivi de formation, l employeur a obligation de les former dans l année qui suit leur recrutement. La Circulaire de la DGT ne précise ni le contenu ni la durée de cette formation. Le GIT dont l un des objets est «de se préparer aux évolutions de la profession infirmière exerçant auprès de la population au travail» est depuis 1987 partenaires des équipes pédagogiques des formations universitaires destinées aux infirmiers exerçant en santé au travail. Ces formations sont sanctionnées généralement par un Diplôme Universitaire ou Inter Universitaire, ou encore une Licence. Depuis 2009 et la mise en œuvre du processus LMD, le diplôme d état d infirmier confère le grade licence aux titulaires du diplôme. Une formation spécialisante complémentaire en santé au travail ne peut s entendre qu intégrée à ce processus et donc délivrer un diplôme supérieur au grade licence. L ensemble des formations infirmières évoluent et convergent toutes vers des masters professionnels, ou de recherche afin de développer les pratiques avancées, et les sciences infirmières. Le GIT s est par conséquent intéressé dans cette étude à la formation complémentaire des professionnels infirmiers exerçant en santé au travail. Par ailleurs, le développement professionnel continu (DPC 3 ) est obligatoire pour l ensemble des professions de santé réglementées par le code de la santé publique dont les infirmiers. 2 Décret no 2012-135 du 30 janvier 2012 relatif à l organisation de la médecine du travail «Art. R. 4623-29. L infirmier recruté dans un service de santé au travail est diplômé d Etat ou a l autorisation d exercer sans limitation dans les conditions prévues par le code de la santé publique. Si l infirmier n a pas suivi une formation en santé au travail, l employeur l y inscrit au cours des douze mois qui suivent son recrutement et favorise sa formation continue. 10

Le type de formation reçue Formations universitaires diplômantes En 2007 4, on estimait à moins de 10% les infirmiers de santé au travail formés à l université. Ils seraient aujourd hui 57%, d après notre étude, a avoir bénéficié d une formation universitaire diplômante. De plus, 90% des infirmiers recrutés en santé au travail depuis moins de 4 ans ont bénéficié d une formation diplômante. Type de formation diplômante VAE 14,00% DIU 40,00% Master 2,00% Licence 44,00% Figure 3 : type de diplôme universitaire A ce jour, les formations existantes proposent des diplômes universitaires ou des licences dont le contenu, la durée, et les critères d évaluation sont très hétérogènes. Les résultats de l étude révèlent la nécessité de l élaboration d un programme de formation universitaire commun et cohérent avec l évolution des pratiques professionnelles. 3 La loi HPST (Loi n 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires) instaure l obligation de développement professionnel continu (DPC) des professionnels de santé. Selon l article 59 de cette loi, le DPC a pour objectifs «l évaluation des pratiques professionnelles, le perfectionnement des 4 Démographie des personnels infirmiers en santé au travail - Enquête Dr Albouy 06/2008-7,5 % des personnels infirmiers en exercice sont titulaires d un DIUST (Diplôme interuniversitaire de santé au travail) ou d une licence professionnelle de santé au travail (soit 171 diplômés sur la population étudiée). 11

Formations non diplômantes Les infirmiers exerçant en santé au travail ont bénéficié de formations complémentaires non diplômantes (pour 83% d entre eux), le plus souvent en relation directe avec les risques professionnels et les besoins de la structure où ils exercent. Il en reste 7% qui déclarent ne pas avoir suivi de formation Des formations enrichissantes? La circulaire de la DGT 5 précise que la formation des infirmiers en santé au travail «doit permettre aux infirmiers en entreprise d enrichir leurs missions puisqu ils sont des acteurs de la santé en entreprise et que leur connaissance fine des salariés, des lieux et des processus de travail doit être mise au service de la santé au travail et de la prévention des risques professionnels». Les répondants estiment que les formations reçues sont enrichissantes (86%) et la moitié seulement se pense suffisamment formée pour assurer son rôle, ses missions et assumer ses responsabilités (58%). Pour se sentir à l aise dans leur exercice professionnel, les répondants estiment nécessaires de connaître les postes de travail (88%), pour les étudier et les analyser (85%) et également de connaître les risques professionnels (86%) pour les évaluer (83%). Des connaissances en ergonomie (76%), sur les TMS (71%) et en psychologie du travail (75%) sont jugées nécessaires, et cela avant les entretiens infirmiers santé travail (73%). La conduite de projet (53%) et la capacité à présenter ou discuter un rapport d étude (54%) sont également citées. 5 Circulaire DGT/n 13 du 9 novembre 2012 relative à la mise en œuvre de la réforme de la médecine du travail et des services de santé au travail 12

Ces compétences sont en effet utiles pour proposer des actions de prévention en relation avec les risques professionnels identifiés et analysés, collectivement lors de campagne de prévention comme individuellement lors des consultations infirmières. 13

L exercice de la profession L activité des infirmiers en santé au travail A travers cette enquête les infirmiers disent avoir librement accès aux postes de travail (77%). Les entretiens santé au travail infirmiers 6 représentent aujourd hui 61% de l activité des infirmiers des SIE et presque 20% de l activité des infirmiers des entreprises (SA ou EA-SIE). Les tâches administratives et l assistance aux visites médicales (convocations examens complémentaires, etc.) occupent la moitié du temps des infirmiers des entreprises alors que dans les SIE disposant de personnel administratif, ces tâches représentent 11% de leur temps. 6 Décret no 2012-135 du 30 janvier 2012 relatif à l organisation de la médecine du travail «Art. R. 4623-31. Un entretien infirmier peut être mis en place pour réaliser les activités confiées à l infirmier par le protocole prévu à l article R. 4623-14. Cet entretien donne lieu à la délivrance d une attestation de suivi infirmier qui ne comporte aucune mention relative à l aptitude ou l inaptitude Médicale du salarié. «L infirmier peut également, selon les mêmes modalités, effectuer des examens complémentaires et participer à des actions d information collectives conçues en collaboration avec le médecin du travail et validées par lui dans le respect des règles liées à l exercice de la profession d infirmier déterminées en application de l article L. 4311-1 du code de la santé publique. «Art. R. 4624-16. Le salarié bénéficie d examens médicaux périodiques, au moins tous les vingt-quatre mois, par le médecin du travail. Ces examens médicaux ont pour finalité de s assurer du maintien de l aptitude médicale du salarié au poste de travail occupé et de l informer sur les conséquences médicales des expositions au poste de travail et du suivi médical nécessaire. «Sous réserve d assurer un suivi adéquat de la santé du salarié, l agrément du service de santé au travail peut prévoir une périodicité excédant vingt-quatre mois lorsque sont mis en place des entretiens infirmiers et des actions pluridisciplinaires annuelles, et, lorsqu elles existent, en tenant compte des recommandations de bonnes pratiques existantes. 14

Quel que soit le cadre de l exercice, les activités en milieu de travail occupent 15% du temps de travail des infirmiers. On notera que 9% des infirmiers déclarent n avoir aucune activité en milieu de travail. Pour 90% des infirmiers qui exercent en entreprise, les soins infirmiers aux salariés représentent 10 à 15% de l activité. Les actions d éducation collective et de formation des salariés représentent 8% du temps de travail des répondants La participation à la vie de la structure Le CHSCT Les infirmiers et infirmières déclarent prendre part au CHSCT à 73% bien que n étant pas membre de droit. Les enquêtes après accident de travail Les infirmiers des EA-SIE participent aux enquêtes après accident à 75% et ceux des SA à 40%. Les infirmiers des SIE, plus éloignés des postes de travail y concourent à hauteur de 3%. Le Document Unique Les répondants déclarent avoir pris part à L élaboration du Document Unique dans 32% des cas. La Fiche d Entreprise Globalement, 33% des répondants sont amenés à rédiger des Fiches d Entreprise et c est majoritairement en SIE que les infirmiers les rédigent (60%). 15

Les entretiens infirmiers définis par l article R4623-31 du code du travail : Les infirmiers des SIE réalisent des entretiens infirmiers santé travail (99%). Cette activité représente près de 60% de leur temps de travail. En entreprise, SA (27%) ou EA-SIE (36%), les EIST, lorsqu ils sont mis en place (38%), occupent 20% de l activité. La formation à l entretien infirmier, spécifique à l exercice en santé au travail, est jugée nécessaire par 73% des répondants. Les répondants déclarent que les conditions de ces entretiens sont réunies pour 70% d entre eux (lieu, protocole et débriefing), et qu ils ont participé à l élaboration du protocole avec les médecins du travail. A noter, ¼ des infirmiers réalisent ces entretiens sans temps dédiés au débriefing avec le médecin du travail. Pour les répondants la durée moyenne d un entretien doit être de 30 minutes Les relations entre les salariés et les infirmiers Tout mode d exercice confondu, 94%.des infirmiers accès au dossier médical en santé au travail des salariés. Dans les différents services, il existe une bonne relation entre les salariés et les infirmiers. Ces derniers sont 88% à connaitre les postes de travail des salariés pris en charge. Dans 73% des cas, les salariés peuvent consulter librement l infirmier de santé au travail sur leur temps de travail. Pour les salariés des TPE/PME pris en charge par un service interentreprises, cet accès libre sur le temps de travail est plus difficile voire impossible dans les pratiques actuelles. 16

Les consultations spontanées et la veille sanitaire Les motifs Ces consultations spontanées sont par ordre d importance motivées par : Surveillance, suivi de santé 92 % Conseils santé 83 % Conseils Travail 76 % Examens complémentaires 76 % «Urgences» 75 % Reprise du travail 68 % Autres soins divers 67 % Dans 74 % des cas elles donnent lieu à un échange avec le médecin du travail. L orientation A l issue de ces consultations spontanées, dans 69% des cas l infirmier oriente le salarié vers un autre professionnel de santé. La veille sanitaire Les services de santé au travail ont un rôle de veille sanitaire. Ces consultations spontanées des salariés sont l occasion de repérage des «signaux faibles». Si 58% de ces consultations spontanées sont inscrites dans le dossier médical du salarié, il en reste 42% qui ne le sont pas, cela représente une perte importante de données de veille sanitaire. 17

L impact de la réforme de la santé au travail sur le quotidien Un impact limité parfois au détriment d actions de terrain La moitié des professionnels interrogés juge que les possibilités d évolution du métier se sont améliorées depuis la mise en place de la réforme. Les infirmiers ayant mesuré un changement, exercent essentiellement en service interentreprises. La réforme a impacté leur activité avec la réalisation d entretien infirmier (43%). Cependant 50% déplorent le faire au détriment des actions de terrain. Le travail en équipe pluridisciplinaire Une bonne collaboration avec le médecin du travail D une manière générale, le travail s effectue en bonne collaboration avec les différents acteurs de la santé au travail internes à la structure : Bonne collaboration médecin 92% Accès direct et en toute autonomie aux membres de l équipe pluridisciplinaire 76% Procédures de fonctionnement du service mises en place 72% Une ouverture vers les structures extérieures à étendre Le contact direct avec les intervenants externes de prévention ou de réinsertion, est encore assez faible (55% répondent ne pas avoir de relation avec un réseau externe à leur structure). Cependant, 75% des répondants travaillent en réseau, soit interne soit externe à leur structure. 18

Les groupes de travail La participation des infirmiers ou infirmières à des réunions d équipe pluridisciplinaire ou de travail est très variable. On remarque tout de même que les infirmiers récents dans le poste ou la fonction s intègrent davantage à ces réunions. En EA-SIE ils sont 61% à participer aux groupes de travail Handicap, RPS, TMS, séniors,. On constate que 43% des infirmiers déclarant ne jamais participer à des réunions d équipe pluridisciplinaire travaillent en EA-SIE. Globalement, 52% des répondants déclarent ne jamais ou très rarement participer à des groupes de travail sur le handicap, les RPS ou les TMS. Contribution au développement de la santé au travail Actions d éducation et de formation Les répondants consacrent 15% de leur temps aux activités en milieu de travail et 8% aux actions d éducation collectives et de formation des salariés. Ce sont essentiellement : o Campagne de prévention 49% o Formation des SST 36 % et utilisation du DEA 31 % o Consultations infirmières thématiques 36% o Formation PRAP 17% o Formation à la prévention des RPS 17% o Formation à la Prévention du risque chimique 12 % 19

Rapport infirmier Les infirmiers rédigent un rapport annuel de leur activité dans 53% cas. Le plus souvent, il est présenté ou diffusé : o au CHSCT dans 49 %, o au dirigeant d entreprise 44%, o au responsable santé au travail 39%, o au CE 22 % o au MIRTMO 10%. Parmi les 47 % qui ne rédigent pas de rapport d activité, 59 % déclarent qu il est intégré à celui du médecin du travail. Autonomie - indépendance professionnelle Les répondants déclarent se sentir suffisamment autonome et indépendant pour dispenser des soins de qualité (87%). Cependant seulement 30 % répondent «Tout à fait» et 57% «Plutôt oui». Informations relativement suffisantes De même, 75% estime disposer d informations suffisantes sur l organisation du travail et/ou sur les postes de travail des salariés correctement. o 19% «tout à fait», o 56% «plutôt oui» o 22% «plutôt non». 20

Les points forts et les points d amélioration A la fin du questionnaire, deux questions ouvertes étaient proposées : 1. Citez les points les plus satisfaisants de votre exercice en santé au travail 2. Citez les points que vous aimeriez voir s améliorer dans votre exercice en santé au travail. Les points forts Les points forts évoqués spontanément par les répondants sont l autonomie professionnelle, et les relations avec les salariés qui leur apportent reconnaissance, confiance et considération pour les conseils et l accompagnement qu ils leur prodiguent. Les bonnes relations de collaboration avec le médecin du travail, le travail en équipe pluridisciplinaire et la diversité des tâches sont aussi sources de satisfaction. Parmi les points à améliorer La reconnaissance La reconnaissance de la spécificité et des compétences nécessaires à l exercice auprès de la population au travail est nettement un point à améliorer pour les professionnels répondants. Les répondants citent spontanément : La reconnaissance de leur activité en entreprise 31% La reconnaissance salariale 14% Le statut de l infirmier Santé Travail 7% La valorisation du rôle propre infirmier 6% La reconnaissance des formations diplômantes 6% 21

La formation La formation est aussi citée comme point d amélioration. En effet, malgré les formations suivies, 42% des répondants se sentent insuffisamment formés pour assumer leur rôle et missions. On retrouve ces points cités spontanément : 13% l accès à des formations qualifiantes 5% pouvoir être formé Si la réforme précise qu une formation est obligatoire, il n est pas précisé le cadre, la durée, le contenu, ni les modalités d évaluation de ces formations. L activité, le rôle propre Les répondants souhaitent valoriser davantage leurs compétences infirmières en diminuant les tâches administratives et de reporting et en supprimant des tâches ne relevant pas de la santé au travail. 22

Conclusion Cette étude montre combien l exercice infirmier en santé au travail se professionnalise et a su s adapter aux nouveaux besoins de la santé au travail. En effet, dans l urgence à utiliser les compétences infirmières pour faire face à la pénurie des médecins du travail, la profession a su se mobiliser. Le pari de la formation aux entretiens infirmiers est à peu près gagné puisque ceux-ci sont mis en place dans les services interentreprises où exercent 1/3 des infirmiers de santé au travail. Nouvellement embauchés, ils ont pratiquement tous bénéficié d une formation universitaire. Attention toutefois leurs compétences professionnelles ne se limitent pas à l exécution d entretiens ou de tâches administratives. Cette étude montre l intérêt qu ils portent aux actions en milieu de travail, à la prévention, à la formation des salariés aux risques professionnels et à l éducation à la santé. Ces attentes répondent aux besoins identifiés des salariés et sont en cohérence avec les axes du Plan Santé Travail 3 sur la prévention. Les formations actuelles sont jugées significativement enrichissantes mais ne permettent pas à 42% des professionnels de se sentir à l aise pour assurer leurs rôles et missions. Il apparaît donc nécessaire de proposer des programmes de formation universitaire dans le cadre des sciences infirmières. L étude des signaux faibles identifiés et recueillis individuellement ou collectivement ainsi que le partage de la connaissance fine des postes, des métiers et du travail réellement effectué par les individus, concourent notamment, à l enrichissement de la recherche en sciences infirmières. Développer la compréhension du monde du travail et ses interactions sur la santé des salariés, ouvre des perspectives d évolution professionnelle vers des pratiques avancées infirmières en santé au travail ; les 23

entreprises et les salariés bénéficient alors de personnels infirmiers compétents, aux missions clairement identifiées. Enfin, cette étude montre des statuts très disparates sans aucune corrélation avec l ancienneté, les formations, l activité ou le cadre de l exercice. Les attentes pour clarifier ce sujet sont importantes : une évolution et une reconnaissance du parcours professionnel vers un niveau d expertise, et une spécialisation en santé au travail, au même titre que les infirmiers puériculteurs auprès des enfants. La profession reçoit la confiance, la reconnaissance et la considération des salariés. Elle attend maintenant plus de reconnaissance des institutions, au regard du travail et des responsabilités qu elle assume. Acteur contribuant en permanence à l amélioration des conditions de travail des salariés, il semblerait nécessaire que les infirmiers(e) soient membres de droit du CHS-CT. Le GIT a su accompagner la mise en place des formations aux entretiens infirmiers dans les universités, elle est aussi force de propositions pour accompagner la profession et se préparer aux défis futurs de la santé au travail. 24