aix en juin PRÉLUDE AU FESTIVAL D AIX MUSIQUE DE CHAMBRE MOZART Avec les compliments de Haydn ACADÉMIE DU FESTIVAL D AIX 20 JUIN 2015 21H30 hôtel maynier d oppède
MUSIQUE DE CHAMBRE MOZART Avec les compliments de Haydn Quatuor Van Kuijk Nicolas Van Kuijk Sylvain Favre-Bulle Grégoire Vecchioni François Robin alto celle Quatuor Furiant Stefano Mesaglio Vlad Popescu Gregor Hrabar Nika Švarc alto celle Quatuor Semplice Murat Anil Erginol Yaren Budak Beste Tiknaz Modiri Burak Ayrancı alto celle
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) Divertimento en ré majeur, K.136 (1772) Allegro Andante Presto quatuor van kuijk Ludwig van Beethoven (1770-1827) Quatuor à cordes n 2 en sol majeur, op.18 n 2 (1800) Allegro Adagio cantabile Allegro Tempo I Scherzo : Allegro Allegro molto, quasi presto quatuor furiant Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) Quatuor à cordes n 14 en sol majeur, op.10 n 1, K.387 (1782) Allegro vivace assai Menuetto : Allegro (Allegretto) Andante cantabile Molto allegro quatuor semplice aix en juin
Wolfgang Amadeus Mozart Divertimento en ré majeur, K.136 (1772) Allegro Andante Presto C est au début de l année 1772, après un séjour en Italie et de retour à Salzbourg, que Mozart, âgé de seize ans, compose les trois divertissements K.136, 137 et 138, sans doute destinés à des soirées privées au sein de grandes maisons salzbourgeoises. Apparu au milieu du 18 e siècle, le divertissement, ou divertimento, hérite de la suite instrumentale : destiné, comme cette dernière, à un groupe d instruments solistes si Mozart dédie initialement ces pages à un quatuor, il en conçoit par la suite une version pour petit orchestre à cordes, il s en distingue toutefois par un caractère plus léger. Le Divertimento K.136 évoque ainsi le style galant, alors en vogue, caractérisé par un rythme harmonique simplifié et un accompagnement allégé, privilégiant notamment la basse d Alberti où la mélodie est soutenue par de simples arpèges répétés à la basse. En trois mouvements, la pièce, peut-être inspirée de sinfonias entendues en Italie, obéit à une structure vif / lent / vif et, malgré la mention «divertimento» probablement accolée à titre posthume, se présente comme un quatuor à cordes. Le premier mouvement, alerte, s inscrit dans une forme sonate exposition, développement, réexposition et déploie un thème aussi enlevé qu entraînant dans un brillant ré majeur établi par la récurrence des deux pôles principaux de la tonalité : la tonique ré et la dominante la. Après un bref développement, instable, en mineur, le thème principal, signalé par la nuance forte, fait son retour. Tout d élégance, le deuxième volet multiplie notes liées et appoggiatures (procédé d écriture très expressif consistant à inclure une note d ornement, étrangère à l accord sur lequel elle s appuie) au gré d un tendre balancement à trois temps. L ouvrage se clôt sur un Presto virtuose, à la partie centrale fuguée (entrée successive des mêmes motifs, comme en cascade) qui précède le retour de la tonalité initiale, ré majeur. Anne Le Nabour
Ludwig van Beethoven Quatuor à cordes n 2 en sol majeur, op.18 n 2 (1800) Allegro Adagio cantabile Allegro Tempo I Scherzo : Allegro Allegro molto, quasi presto La série des quatuors de l op.18, composés de 1798 à 1800, est une commande du prince Joseph Franz Maximilian Lobkowitz. Lobkowitz est l employeur d un ami de Beethoven, le iste Karl Amenda. Ce dernier est par ailleurs précepteur auprès des enfants de Constance Mozart. Concernant les genres particulièrement exigeants que sont la symphonie et le quatuor à cordes, Beethoven trouve son inspiration chez ses deux aînés viennois Mozart et Haydn Haydn dont il est l élève à Vienne de 1792 à 1794. Les Quatuors à cordes, op. 18 sont contemporains des deux Quatuors op.77 de Haydn, dédiés eux aussi au prince Lobkowitz, et beaucoup ont noté des correspondances entre l op.18 n 2 de Beethoven et l op.77 n 1 de Haydn, tous deux parfois surnommés quatuors des «compliments». Beethoven semble s ingénier à reproduire les bonnes manières haydniennes pour les nier aussitôt. Le quatuor s ouvre sur un thème fragmenté : trois motifs séparés par de courts silences. Le second thème est de caractère tout aussi galant. Par rapport à Haydn, Beethoven surprend ici par sa grande volubilité mélodique et une tendance à se sentir à l étroit dans le cadre formel auquel il se soumet. La fragmentation d un thème en motifs sur lesquels va reposer toute la structure d un mouvement est pour ainsi dire une spécialité beethovénienne. Ces motifs sont parfois réduits à un simple geste instrumental : les notes répétées piquées ou détachées, les figures d ornement littéralement raclées sur la corde sont autant d éléments qui n ont plus rien de la courtoisie galante et «rococo». Le second mouvement prolonge l «irrévérence» amorcée dans le premier : un joyeux Allegro interrompt l Adagio cantabile en son centre, lui opposant un passage en doubles croches staccato (détachées). Dans le mouvement suivant, les quatre parties se livrent à de vifs échanges de petites cellules de trois notes. Ce Scherzo s autorise un passage rapide et facétieux de si majeur à do majeur et d autres modulations qui n ont rien de courtois, ni de confortable. S en suit un finale «déboutonné», selon les mots mêmes de Beethoven : l enjouement de la sérénade s y mêle au sérieux d imitations, auxquelles les quatre protagonistes participent ici aussi à égalité. Sofiane Boussahel aix en juin
Wolfgang Amadeus Mozart Quatuor à cordes n 14 en sol majeur, op.10 n 1, K.387 (1782) Allegro vivace assai Menuetto : Allegro (Allegretto) Andante cantabile Molto allegro Écrit en 1782, le Quatuor à cordes n 14, parfois sous-titré «le printemps», est l un des six Quatuors à cordes, op.10 dédiés par Mozart à Haydn en 1785. Mozart avait redécouvert les ressources du contrepoint en étudiant les œuvres de Bach et Haendel grâce à son ami et protecteur le baron van Swieten. L écriture du Quatuor à cordes n 14 est dense, travaillée, elle marque l entrée de Mozart dans sa période de maturité. Mozart y joue fréquemment avec les dissonances et les effets de tension qui en découlent : ce quatuor est, davantage que les autres quatuors de l op.10, une œuvre d expérimentation et de recherche. Le contraste permanent, qui parcourt toute l œuvre, entre la sinuosité du chromatisme et un diatonisme mélodieux est déjà contenu en germe dans le thème initial du premier mouvement. Très vite, ce thème fait l objet d un développement, qui, s opérant de manière contrapuntique, repose sur l une des figures chromatiques contenues dans le thème. Étrangeté et instabilité déterminent ainsi le caractère de ces épisodes qui ne cessent de changer de tonalité, suggérant chaque fois l attente d une résolution. Avec un Menuet en deuxième position, ce Quatuor à cordes n 14 fait figure d exception, car la «norme» qui vient d être instituée dans les quatuors à cordes et symphonies est celle du Menuet précédant le finale. Le thème de ce second mouvement est composé d une étrange gamme chromatique ascendante, où chaque note piano est suivie d une note forte. Le Trio central apporte un contraste sombre et inquiétant. Le troisième mouvement, Andante cantabile, contient des passages où les harmonies sont agencées de façon à désorienter l auditeur. Le finale réalise une synthèse toute mozartienne du style fugué un motif de quatre notes fait l objet d un «travail» polyphonique reposant sur de nombreuses «imitations» et d éléments thématiques qu on croirait venus tout droit du buffa un second thème plein d humour. Rappelons que L Enlèvement au sérail a été créé quelques mois auparavant. Comment ne pas percevoir, dans ce cas, chez Mozart, l influence de l opéra sur sa musique instrumentale? Sofiane Boussahel
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