ANNEXE 2 LES DOCUMENTS RADIOPHONIQUES : ANALYSE LINGUISTIQUE ET EXPÉRIMENTATION DOSSIER 2.1. Les modalités d analyse FICHIER 2.1.2

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ANNEXE 2 LES DOCUMENTS RADIOPHONIQUES : ANALYSE LINGUISTIQUE ET EXPÉRIMENTATION DOSSIER 2.1 Les modalités d analyse FICHIER 2.1.2 L analyse linguistique INTRODUCTION Nous avons mis dans l annexe 2 les 12 documents ayant servi de base à l expérimentation. Pour chaque document de l expérimentation, on trouvera : 1) une fiche d analyse, pensée en fonction du critère d intercompréhension, avec les éléments suivants : la transcription, avec les conventions graphiques rendant compte de la structure syntaxique, de la prononciation et de la prosodie (voir ci-dessous les conventions de transcription) ; une translation du document à l écrit et une transposition en italien. une présentation situationnelle du document ; une analyse linguistique du document (nature et fonction du texte, planification textuelle, typologie du lexique, structures syntaxiques). La description mettra en relief certaines particularités intrinsèques du document et des points relevant d une analyse contrastive. une description technique et linguistique (durée de l extrait et de ses sous-parties, qualité de l enregistrement, débit, pauses, hésitations, etc.) ; 2) la transcription des entretiens de l expérimentation avec nos deux informateurs G. et C. 75

2.1.2.1. Données situationnelles Nous précisons la source du document (type de radio, date, et heure), l identité des locuteurs qui dans la transcription seront désignés par L 1 L n, et leur statut dans l échange communicatif, autant d éléments importants pour le décodage du message. 2.1.2.2. Données linguistiques L analyse linguistique s attache à décrire le texte aux niveaux macro-textuel et micro-textuel, en soulignant en particulier ce qui est susceptible de poser un problème à la compréhension pour des italophones. 2.1.2.3. Niveau macro-textuel pragmatique nature et fonction communicative du texte thème général planification : découpage en séquences notées S qui sont des macro-unités discursives ayant une unité thématique et/ou pragmatique, et en énoncés E qui ne correspondent pas à la phrase, mais à des unités plus petites déterminées par leur fonction communicative et discursive. Nous utilisons pour ce faire des concepts d analyse du discours provenant de plusieurs écoles travaillant en pragmatique ou sur l analyse du discours : énoncés et propositions, rhème/thème et progression thématique, notion de présupposé et d implication, notion de fonction communicative et d acte de parole, de fonction discursive, etc., dans la mesure où ces concepts ont déjà franchi le cadre des études théoriques où ils sont nés et sont entrés dans le champ de la didactique. Mais notre analyse est éclectique et vise seulement à mettre en lumière la logique du texte en utilisant ceux des concepts qui apparaissent utiles pour notre description à un moment donné, afin de pouvoir relier d éventuelles erreurs en compréhension à ce niveau général de l organisation textuelle. Par exemple, nous utilisons le symbole E pour désigner un énoncé. Mais un énoncé peut recouvrir plusieurs propositions, il correspond donc à un ensemble discursif, d ampleur moindre que la séquence, défini par un thème ou un objectif commun. 76

2.1.2.4. Niveau micro-textuel sémantique et stylistique A. Le lexique La définition du «mot» nous a posé problème. Nous avons bien sûr exclu les comptages automatiques de l ordinateur qui estime qu un mot est une suite de graphèmes séparés par deux blancs. Nous avons adopté un critère, personnel, en comptant comme mot tout signe ou ensemble de signes doté d un signifié ou d un rôle spécifique dans le discours. Les déterminants (même avec l apostrophe comme l ), les pronoms, les prépositions sont comptées comme mots, au même titre que les mots pleins (substantifs, verbes, adjectifs). Ainsi, les nombres sont présentés en un seul bloc, car il suffit de ne pas comprendre un seul de ses composants singuliers pour perdre la valeur finale du constituant. De même, les locutions prépositionnelles ne sont pas démembrées (au pied de = un mot), car en compréhension, il ne suffit pas de comprendre le mot pied, si on ne le met pas en relation avec la structure morphologique de la locution qui introduit un SN. Et le même raisonnement vaut pour les locutions adverbiales comme pas du tout (1 mot). Les noms composés, propres ou communs, comptent pour un seul mot si leur signifié ne peut être déduit à partir de la somme des signifiés comme par exemple : compte rendu ou Ile de France qui désigne une région géographique précise de la France; en effet il ne suffit de connaître les substantifs île ou France pour accéder au sens. Il en est de même pour Massif Central : les deux éléments du nom composé sont interprétables, mais le référent de l ensemble à savoir le nom d une région montagneuse du centre de la France - ne peut être complètement déduit. Mais table de cuisson en revanche compte pour trois mots : il est vrai que c est le groupe dans son ensemble qui désigne un objet particulier, mais le sens est déductible des composants. Pour les noms propres de personne, nous avons cependant divisé nom et prénom, le nom pouvant être complètement opaque alors que le prénom appartient à un paradigme lexical et peut être plus facilement reconnu, et qu il arrive que soit utilisé le nom sans le prénom ou vice versa. Les verbes sont présentés avec le pronom complément qui les accompagne dans le cas des verbes pronominaux, et sous leur forme conjuguée (auxiliaire + participe, marques de personne) car les marques de la flexion et de l accord (personne, mode, temps, forme active/passive) ne peuvent être dissociées du lexème pour une bonne compréhension du texte, même si elles peuvent ne pas être perçues toutes en même temps ; dans ce cas, il y a une compréhension partielle. Par contre, les différentes formes morphologiques d un même verbe (variation de personne, de temps, de mode ou de forme 77

active/passive) sont décomptées séparément. On pourra donc trouver dans le tableau : allait /est allé / vais. Le problème a été également l étiquetage des mots, et nous avons adopté une classification traditionnelle, d autant plus que notre analyse est manuelle et non informatisée : noms propres et communs, adjectifs qualificatifs ou non qualificatifs (accompagné d un autre déterminant) : un autre problème verbes adverbes ou locutions adverbiales divisés en adverbes circonstanciels (temps, lieu, manière, moyen, etc.), adverbes de quantité ou d intensité (beaucoup, très, tout, etc), adverbes modaux (interrogation, négation, certitude, doute, probabilité, etc.), les articulateurs de discours (par conséquent, alors, etc). déterminants articles, démonstratifs, possessifs, indéfinis et quantificateurs, interrogatifs et exclamatifs, numéraux prépositions et locutions prépositionnelles conjonctions de coordination et de subordination interjections (voilà, tiens) Toutefois nous avons conscience que cette classification est imparfaite. Par exemple une conjonction de coordination peut jouer un rôle d articulateur de discours et non pas de coordination à l intérieur de la phrase. C est souvent le cas de et ou de mais. De même certains adverbes de temps jouent un rôle comme articulateurs de discours (et puis). En fait l étiquetage pose souvent un problème de catégorisation que les linguistes eux-mêmes n ont pas toujours résolu. Mais pour notre propos qui est d avoir une vision rapide de la constitution morphologique d un texte, cela n a pas d incidence majeure. Nous ferons une analyse précise, si le besoin s en fait ressentir, au moment où nous trouvons une erreur en compréhension. Nous avons également adopté une terminologie sujette à caution en parlant de mots pleins. Nous avons fait entrer dans cette catégorie uniquement les noms, adjectifs et verbes. Or tous les autres mots ne sont pas de simples outils : certains adverbes ou prépositions ont un poids sémantique important. Inversement le verbe être servant de copule a un poids sémantique inférieur. La mesure des mots pleins est en réalité une façon de percevoir la variété lexicale du texte. Le lexique est analysé de la façon suivante : 78

classement sur la base des critères de transparence /opacité avec l italien ; classement par catégories morphologiques, en commençant par les mots pleins (substantifs, adjectifs, verbes), puis les mots outils (adverbes, déterminants, pronoms, prépositions, conjonctions, interjections) ; calcul du nombre de mots différents par rapport à l ensemble des mots du texte, pour avoir une mesure de la charge lexicale et de la difficulté du texte, exprimé en pourcentage (arrondi) ; calcul du nombre de mots pleins différents (noms, adjectifs, verbes sauf être) par rapport à l ensemble des mots exprimé en pourcentage (arrondi) ; calcul du nombre de mots pleins différents par rapport à l ensemble des mots pleins (grande variété ou faible variété lexicale) ; niveaux de langue ; champs lexicaux (sens des mots et implicites culturels) ; expressions figées ; usages stylistiquement marqués. NB. Les calculs sont effectués sur la base de la translation écrite, dans laquelle ne figurent pas les pauses pleines (bon, euh, hein, eh bien). B. La syntaxe constructions des phrases (simples, complexes, etc.) cohésion textuelle (réseaux référentiels, temps verbaux) particularités syntaxiques non transparentes. 2.1.2.5. Données techniques Nous précisons en particulier le problème de la vitesse d élocution dans la mesure où c est bien là un des facteurs de trouble majeur pour la compréhension. Cette vitesse est mesurée en syllabes/seconde, et sera précisée pour chacune des sous-parties qui ont une unité discursive. La mesure en phonèmes par seconde qui aurait été plus exacte était trop onéreuse pour notre propos qui n est pas celui d un spécialiste de prosodie. Nous avons conscience que les syllabes n ont pas toutes le même poids et donc le même temps d émission, mais nous avons besoin d un ordre de grandeur qui nous permettent de comparer les documents entre eux plutôt que de mesures exactes. Avec une mesure syllabique, sont 79

pris en considération également les faux départs, les hésitations, les phénomènes de resyllabation, dont il faut tenir compte car c est sans doute là une source de difficulté pour l auditeur non natif. Le temps des pauses à l intérieur du discours toutefois n a pas été soustrait, si bien que les valeurs obtenues pour le débit sont nécessairement inférieures à ce qu elles devraient être. Mais la variation ne devrait pas être très grande, car les documents ne sont pas très longs, et la durée des pauses dans l ensemble ne l est pas non plus. L indice est donc suffisant dans notre perspective pour évaluer la difficulté d un texte par rapport à un autre en terme de vitesse d élocution. Nous analyserons le type d intonation uniquement s il y a des faits saillants à remarquer. 80