LES DOULEURS VAGINALES LORS DES RELATIONS SEXUELLES

LES DOULEURS VAGINALES LORS DES RELATIONS SEXUELLES Conception : Danielle Bédard, sexologue clinicienne Mise en page : Rachèle Bélanger

I l est courant d entendre que les premières relations sexuelles peuvent être source de douleurs pour les femmes 1. Souvent elles sont transitoires. Avec le support d un partenaire adéquat, les douleurs se transformeront en inconfort pour faire place à des sensations acceptables et éventuellement plaisantes. Pour d autres, les douleurs persisteront ou apparaîtront après une période de sexualité satisfaisante. Aussi, bien que les douleurs physiques soient réelles, d autres facteurs y seraient reliés tels : les facteurs émotifs, relationnels ou circonstanciels. Parmi les éléments pouvant contribuer à l apparition de douleurs, nous retrouvons : SUR LE PLAN PHYSIQUE La présence d un hymen qui rend difficile toute insertion vaginale. Du vaginisme qui peut survenir à la suite de l expérimentation d une sensation désagréable ou douloureuse. Par réflexe de protection, les muscles autour du vagin se contractent pour se protéger. Ainsi, la peur de la douleur peut induire à elle seule une plus grande contraction et interférer avec la montée de l excitation. Toute tentative d insertion viendra augmenter la contraction et les douleurs. L insertion est parfois impossible. Des réactions allergiques aux spermicides, aux condoms en latex ou aux produits d hygiène féminine. Des infections vaginales, ITSS, maladies gynécologiques ou des problèmes neurologiques qui augmentent la sensibilité et le risque de douleurs lors des relations. Le manque de lubrification peut causer de l irritation lors de toute insertion. Cela peut être aussi être dû à des facteurs psychologiques, relationnels ou circonstanciels. 1 Les douleurs toucheraient une femme sur cinq de moins de 30 ans et elles pourraient être d origine mixte (Sophie Bergeron, Directrice du Laboratoire d étude de la douleur gynécologique, UQAM), 2013.

FACTEURS PERSONNELS (émotifs, cognitifs et expérientiels), RELATIONNELS ET CIRCONSTANCIELS Le corps, les émotions et la pensée ne font qu un lors des relations sexuelles. Voici quelques facteurs qui interfèrent avec une réponse sexuelle menant à une relation satisfaisante : FACTEURS PERSONNELS (émotifs, cognitifs et expérientiels) Désir sexuel ambivalent. Une personne peut avoir le goût d aller vers l autre, mais se retenir de s impliquer sexuellement par crainte d une grossesse, d une ITSS, ou parce qu elle a des doutes sur sa relation. Le corps se replie alors sur lui-même. L insécurité mine le déroulement normal de la relation sexuelle. Méconnaissance du corps, manque d expérience au niveau d insertion vaginale (insertion de tampon, insertion digitale). Gêne de la nudité, pudeur, inconfort au contact du corps de l autre, dédain. Hésitation, incertitude, anxiété liées à l inexpérience et la découverte de la nouveauté. Se mettre une pression de performance : vouloir l atteinte de l orgasme à tout prix et être centrée sur le coït plutôt qu être centrée sur la qualité de la relation, s observer plutôt que vivre la relation. Entretenir un doute sur soi : se sentir en compétition avec les ex-amies de l autre, avoir une image négative de son corps, ne pas se percevoir comme quelqu un de désirable. Être déconcentrée (avoir la tête ailleurs, être dans ses pensées) plutôt que connectée à son corps, aux sensations, à l autre et au déroulement de l activité sexuelle. Des séquelles d expériences antérieures désagréables ou traumatiques.

Désintérêt, manque d implication dans sa vie sexuelle. Laisser à l autre la responsabilité du déroulement de la relation. Ne pas prendre sa place et participer. Se sentir en conflit de valeur. Par exemple, en se sentant coupable d être active sexuellement, car cela est contraire aux valeurs familiales ou encore en ayant des pratiques sexuelles contre ses valeurs morales ou religieuses. Être en questionnement sur son orientation sexuelle, ce qui amène un malaise et peu d excitation sexuelle. FACTEURS RELATIONNELS La relation est conflictuelle, insatisfaisante, il y a absence de sentiment amoureux le cœur n y est pas. Non consentement dû à la présence de violence psychologique ou verbale dans la relation : pression sexuelle, dénigrement, dévalorisation sur le plan sexuel, demande de pratiques non voulues, etc. Se sentir contrôlée par l autre qui mène le rythme et le déroulement des relations sexuelles sans égard pour les préférences ou les limites de la partenaire. Il n y a pas d ajustement, la personne se sent au service de l autre. Manque de lubrification par des préliminaires insuffisants (moins de 20 minutes) et tentatives de pénétration trop hâtive. N éprouver que de l affection pour un partenaire peut s avérer insuffisant pour déclencher une réponse sexuelle. L émotion sera idéalement connectée au corps pour que l attraction sexuelle crée une ouverture à des rapprochements plus intimes. Se soumettre aux demandes sexuelles de l autre, sans désir, pour lui faire plaisir, pour faire baisser les tensions dans le couple ou par peur de le/la perdre ne tient pas compte du corps. L excitation ne pourra pas se déployer, les changements physiologiques internes seront incomplets et l insertion sera désagréable. Être en panne de désir est un

signal dont il faut tenir compte, car la répétition ne fera qu augmenter les douleurs. Manque de communication pour signifier à l autre les préférences ou les désintérêts dans les approches. Manque de présence, de chaleur, la relation est mécanique et routinière. FACTEURS CIRCONSTANCIELS Intimité déficiente (aire ouverte, endroit public ou passant, auto), gêne d être entendus ou surpris. Présence d autres personnes à proximité pouvant savoir la nature des activités (parents, colocataires, etc.) ce qui brise le sentiment d intimité. Vivre une période comportant un grand stress, de grandes préoccupations, le corps ne réagit pas comme à l habituel car la libido est temporairement à la baisse. Avoir des relations sexuelles en état d intoxication peut interférer avec une réponse sexuelle normale. Répétition de relations sexuelles douloureuses dans l espoir que tout rentre dans l ordre de soi-même. Les répétitions ne feront qu augmenter l anticipation négative et interféreront avec le désir ainsi que la montée de l excitation. Il y aura renforcement des difficultés. COMMENT AMÉLIORER TA SEXUALITÉ DES ÉLÉMENTS AIDANTS POUR VIVRE UNE SEXUALITÉ SAINE ET ÉPANOUIE Prends le temps de développer une réflexion sur ce que tu veux vivre comme expérience sexuelle et les conditions qui te semblent bonnes pour toi. Il est important de clarifier pour toi-même si tu éprouves une réelle attirance sexuelle envers l autre avant de développer une intimité physique.

Orientes-toi vers un(e) partenaire qui correspond à des traits de personnalité qui t attirent, avec qui tu te sens en confiance et de qui tu te sens estimée. Une communication fluide et ouverte est souvent un signe que chacun(e) se sent libre d être soi-même et se sent acceptée de l autre. Règle tes conflits et implique-toi pour demander des changements dans ta relation si tu es insatisfaite. Donne-toi des conditions acceptables pour permettre d être à l aise dans le contexte où la relation sexuelle se déroule. Si tu es constamment préoccupée par la crainte d être surprise tu n es pas totalement disponible à ce qui se déroule. Ceci limite l abandon corporel et le plaisir. Accepte que la sexualité comporte des apprentissages comme toutes les autres sphères de la vie. Développe une approche par étapes et discutes-en avec ton ou ta partenaire. Cela peut contribuer grandement à diminuer l anxiété et à développer un sentiment de confiance et d aisance. Si tu n es pas vraiment disponible pour être présente à l autre, fais-le savoir. Ne t oblige pas à un rythme qui ne te convient pas ou ne te pousse pas à répondre au désir de l autre si la relation est désagréable. Tu peux mettre fin à une relation dans laquelle tu ne te sens pas valorisée ou qui ne te convient pas. Respecte tes limites. Subir ne rime pas avec plaisir, chacun(e) a le droit de vivre une sexualité plaisante et valorisante. Implique-toi dans le développement de ta sexualité, elle t appartient. La sexualité est évolutive et peut s améliorer avec des ajustements qui tiennent compte de tes besoins et de tes attentes. Tu peux prendre le temps de choisir un partenaire avec qui tu as des affinités et qui est ouvert(e) à ce que tu veux vivre.

LA RELATION SEXUELLE SAINE Une relation sexuelle saine devrait se dérouler dans des conditions de qualité, avec un désir sexuel partagé et consenti, dans un sentiment de confiance où chacun a sa place. En voici quelques éléments : Sentiment de sécurité : Se sentir en confiance avec l autre et se sentir libre d être soi-même sans crainte d être blessé(e) physiquement ou émotionnellement. Chacun sent que l autre ne tentera pas d induire une pratique sexuelle non désirée. Respect : Chacun se sent accepté avec ses différences et se sent libre d être soi-même. Il y a reconnaissance des droits à l égalité à une sexualité valorisante et plaisante. Les limites posées par chacun seront respectées. Communication : Les échanges sont ouverts et significatifs sur la sexualité. La communication sexuelle traduit de l agrément et de la complicité à vivre de l intimité corporelle. Équilibre : Il y a un souci d avoir une sexualité qui tienne compte des attentes et besoins personnels tout en favorisant l évolution du couple. Contraception/Protection : Il y a utilisation de contraception et de pratiques sexuelles sécuritaires pour éviter les risques de grossesse et d ITS. Qualité de présence : Chacun(e) est présent(e) à l autre. Les échanges entre les partenaires traduisent une implication positive pour que la relation soit agréable. La relation est chaleureuse, chacun(e) se sent choisi et valorisé(e).

Consentement : Être pleinement en accord et vouloir le développement de l intimité physique et sexuelle. Même s il peut y avoir de la gêne, il n y a pas d hésitation importante. Conditions favorables : La relation se déroule dans des lieux favorables à l intimité et avec une durée qui convient aux deux partenaires. SUR LE PLAN PHYSIQUE Une contraception adéquate aide à diminuer l anxiété reliée à la possibilité de devenir enceinte et l utilisation du condom sécurise face aux risques d ITS Le port de tampons hygiéniques lors des menstruations habitue le corps à une insertion dans le vagin Faire des exercices de Kegel permet de développer le contrôle des muscles autour du vagin. Les muscles du vagin sont ceux que tu devrais contracter si tu voulais arrêter l écoulement de l urine lorsque tu es à la toilette. L exercice consiste à contracter vos muscles, à maintenir quelques secondes pour les relâcher au maximum. Au début tu peux faire l exercice alors que tu urines pour bien repérer les muscles. Par la suite, il est recommandé de répéter les exercices à d autres moments. Tu peux faire 3 séries de 15 contractions/ décontractions par jour pour augmenter la qualité des décontractions. S il n y a pas d amélioration, d autres solutions complémentaires peuvent être envisagées avec des consultations auprès de professionnels en santé sexuelle.

CONSEILS POUR LES FEMMES ATTEINTES DE DOULEURS VULVO-VAGINALES «Tiré du site du laboratoire d étude de la douleur gynécologique / Université du Québec à Montréal.» www.er.uqam.ca. Voici quelques conseils pratiques qui vous aideront à maîtriser la douleur. En suivant les suggestions suivantes, vous remarquez peutêtre un soulagement de la douleur. Une fois que votre douleur sera maîtrisée, nous vous recommandons de continuer à les suivre pour prévenir l irritation.

LESSIVE Utilisez du détergent approuvé par les dermatologues pour vos sous-vêtements ou tout autre type de matériel/vêtement qui entre en contact avec la région vulvaire (ex., bas de pyjama, vêtement d exercice, serviette de bain); Purex et Clear sont des exemples de type de détergent approprié. Utilisez seulement le tiers ou la moitié de la quantité recommandée de détergent par brassée. Vos autres vêtements peuvent être lavés avec le détergent de votre choix. Évitez d utiliser de l assouplisseur et/ou de l eau de javel pour vos sous-vêtements ou sur tout autre type de matériel/vêtement qui entre en contact avec la région vulvaire. Évitez d utiliser de l assouplisseur en feuille sur les vêtements/matériaux qui entrent en contact avec la région vulvaire. Rincez deux fois vos sous-vêtements ou tout autre type de vêtement qui entrent en contact avec la région vulvaire. Si vous utilisez des détachants sur les items qui entrent en contact avec la région vulvaire, trempez et rincez-les dans l eau claire pour ensuite les laver dans votre cycle régulier (en suivant les instructions précédentes) afin d éliminer le détachant le plus possible.

CHOIX DE VÊTEMENT Portez des sous-vêtements blancs, 100% coton pour permettre à l air d entrer et à l humidité de sortir. Ne portez pas de sous-vêtement lorsque possible; par exemple durant la nuit. Évitez de porter des collants pleine longueur; des collants qui montent jusqu aux cuisses ou aux genoux sont recommandés. Évitez les pantalons ou jeans serrés qui pourraient mettre de la pression sur le vagin. Évitez le spandex, le lycra ou tout vêtement serré lorsque vous vous entraînez. Enlevez promptement tout vêtement mouillé comme les maillots de bain ou vêtement d exercice. CONSEILS HYGIÉNIQUES Utilisez du papier de toilette blanc, non recyclé, non parfumé et des serviettes hygiéniques ou tampons 100 % coton. Évitez d utiliser des produits parfumés comme de la mousse de bain, des produits hygiéniques pour les femmes (serviettes hygiéniques ou tampons), crèmes ou savons entrent en contact avec la région vulvaire. Évitez d utiliser dans la région vulvaire des déodorants féminins en aérosol, de la vaseline ainsi que des savons colorés. Évitez les douches vaginales. Lorsque vous prenez un bain ou une douche, n utilisez pas de savon avant la toute fin et évitez d en appliquer directement sur la région vulvaire.

Utilisez des savons doux comme Dove et Ivory. Évitez d avoir du shampoing dans la région vulvaire. Lavez la région vulvaire avec vos mains et de l eau; les savons peuvent assécher et irriter la peau; les serviettes de bain peuvent être également trop rudes pour la peau vaginale. Lavez la région vulvaire avec l eau froide ou tiède. Tapotez votre vulve pour la sécher, ne frottez pas. Évitez de raser la région vulvaire. Il est important de conserver la région vulvaire sèche; si vous êtes régulièrement humide, gardez une seconde paire de sous-vêtement dans un petit sac pour vous permettre de les changer lorsqu ils deviennent humides durant l école ou au travail. Si vous souffrez d infections vaginales, évitez d utiliser les crèmes non prescrites qui pourraient irriter la peau sensible de la vulve. Demandez plutôt à votre médecin de vous prescrire des médicaments systémiques ou oraux (ex., Di Flucan). Évitez les exercices qui mettent une pression directe sur le vagin comme les randonnées en bicyclette ou l équitation. Limitez les exercices intenses qui créent beaucoup de friction dans la région vulvaire. Utilisez un «ice pack» enroulé dans une serviette pour soulager la région vulvaire. Inscrivez-VOUS à des sessions de yoga pour apprendre des techniques de relaxation et de respiration. Évitez de vous baigner dans les piscines qui ont une concentration de chlore élevée. Évitez de prendre des bains à remous publics.

SUGGESTIONS POUR AVANT ET APRÈS LES RELATIONS SEXUELLES Utilisez avant la pénétration un lubrifiant qui est soluble dans l eau; KY liquide ou Astroglide en sont des exemples si vous trouvez que ces lubrifiants vous irritent ou vous assèchent lors des relations sexuelles, utilisez une huile végétale pure (comme Crisco en huile ou solide) qui ne contient aucun agent chimique et qui est soluble dans l eau (ATTENTION : ne pas utiliser ces huiles avec le condom). Un anesthésique topique peut vous aider avant les relations sexuelles; demandez à votre médecin une prescription : Xylocaine est un exemple. EMLA est une autre option qui est accessible sans prescription. Pour soulager vos sensations d irritation et de brûlure après les relations sexuelles, prenez un bain froid ou tiède ou encore un bain de bicarbonate de soude (4-5 c. à table, 1-3 fois par jour de 10 à 15 minutes). Appliquez de la glace ou un «ice pak» enroulé dans une serviette à main pour soulager les sensations de brûlure après les relations sexuelles. Appliquez du Zincofax sur la région vulvaire pour soulager les sensations de brûlure après les relations sexuelles. Urinez (pour prévenir les infections) et rincez la région vulvaire avec de l eau froide après vos relations sexuelles.

POUR AMÉLIORER TES CONNAISSANCES SUR LA SEXUALITÉ, IL EXISTE DES SITES INTERNET CRÉDIBLES : www.masexualité.ca www.elysa.uqam.ca www.doctissimo.com http://groupeelva.org/ www.passeportsante.net N hésite pas à consulter la sexologue des Services psychosociaux et de santé du Cégep. Tu peux prendre rendez-vous au local A-005 du Rond-Point (situé sous la cafétéria).

BIBLIOGRAPHIE Dr. Steben, Marc, La douleur coïtale, MedActuel FMC, 2003 www.er.uqam.ca/nobel/berger: Conseils pour les femmes atteintes de douleurs vulvo-vaginales. Laboratoire d étude de la douleur gynécologique, UQAM www.masexualité.ca www.pilule.telequebec.tv : Émission du 8 mars 2012 «Quand le sexe fait mal : les douleurs gynécologiques»