Introduction Projet Mosabio Rapport d essai 2015 Le projet Mosabio a été proposé en 2011 par un groupe de travail comprenant AGRIDEA, Agroscope et le FiBL. Il s inscrit dans le contexte du déficit de l offre indigène des produits biologiques alors que le marché est en pleine expansion. Ainsi, presque deux tiers des produits en bio sont importés. Afin de favoriser les reconversions en agriculture biologique, le projet Mosabio vise à répondre à certaines questions techniques et économiques telles que le travail réduit du sol, le semis direct ou encore l utilisation d engrais verts pour des fermes avec peu de /sans bétail. Ce projet comporte une partie scientifique (essai exact à Agroscope ACW Changins), une partie pratique (essais chez des agriculteurs) et une partie de diffusion des connaissances. Faute de financement, la partie scientifique n a pas encore pu être menée à Agroscope ACW Changins. Deux agriculteurs impliqués dans le projet Mosabio participent aux activités du réseau «travail réduit du sol» du FiBL. Ils bénéficient ainsi des échanges interpersonnels possibles au sein de ce réseau. Comme annoncé en 2013, deux essais «on farm» ont été menés en 2014 et 2015, à Estavayer-le-Lac et Meyrin. Le but était de comparer la pression des mauvaises herbes et les rendements obtenus après un travail réduit du sol à ceux obtenus après un labour classique. En plus, en 2015, deux niveaux de fumure azotée ont été appliqués dans l essai d Estavayer-Le-Lac sur blé. A Meyrin, étant donné qu il y avait du soja, il n y a pas eu de variantes de fumure azotée. 1. Essai «on farm» chez Patrice Marmy, Estavayer-le-Lac FR 1.1. Caractéristiques du sol En automne 2013, des analyses de la teneur en humus ont été effectuées bande par bande à Sol-Conseil. Des analyses similaires seront répétées à la fin 2016. 1.2. Plan d essai Carte de visite Matière Organique [%] ph CaCO3 Granulométrie Argile [%] Silt [%] Sable [%] Eléments réserve P [mg/kg] K [mg/kg] Mg [mg/kg] Moyenne des parcelles 3.5 6.8 traces 12.6 30.2 57.1 99.3 196.7 76.8 L essai comprend quatre bandes de 15 m de large : deux bandes avec travail réduit du sol à max. 10 cm de profondeur. deux bandes avec labour classique à 18 à 20 cm de profondeur. Bande Travail du sol Fumure m 3 /ha Fumure kg N /ha Bande 1 Travail réduit Lisier (2 x): 52 ~184 N tot ~83 N disp Bande 2 Lisier (1 x): 26 ~93 N tot ~42 N disp Dates d épandage 20.03.2015 1 2 3 4 Bande 3 Labour Lisier (1 x): 26 ~184 N tot classique ~83 N disp Bande 4 Lisier (2 x): 52 ~93 N tot ~41.6 N disp 20.03.2015 page 1 / 7
Rendemenblé (dt/ha) 1.3 Itinéraire cultural1.3. Itinéraire cultural Labour Précédent Travail du sol 30.09.2014 et 08.10.2014: Déchaumeur Rauh à pattes d oies (2 x) Soja 08.10.2014: labour 18-20 cm Préparation du lit de semences 09.10.2014 : herse rotative (1 x) 09.10.2014 : herse rotative (1 x) Semis du blé Densité de semis 09.10.2014 : variété Lorenzo 300kg/ha Désherbage mécanique Herse-étrille (3 x) 10.0.2015 30.03.2015-10.04.2015 Récolte 10.07.2015 : bonnes conditions, réalisée à la moissonneuse-batteuse 1.4. Commentaires 1.5. Résultats La densité de semis effective du blé était de 300 kg/ha. Or il était prévu de ne semer que 200 à 220 kg/ha Cette densité de semis excessive est due à un problème de semoir. La mise en place du blé après le soja a été assez facile, après le labour comme après le travail réduit du sol. Durant l automne et l hiver, il n y eut pas ou peu de différences visuelles entre les deux bandes sur travail réduit du sol et les deux bandes sur labour. Dès mi-avril 2015, le blé dans les bandes 1 et 4 (= qui avait reçu deux apports de lisier) était par contre un peu plus vert que le blé des bandes 2 et 3 (= qui n avait reçu qu un apport de lisier) Le 26 juin 2015, l état final de propreté du champ fut noté. Le blé des bandes 1 et 2 (= sur travail réduit du sol) avait un tout petit peu plus de graminées (surtout le pâturin commun) que le blé des bandes 3 et 4 (= sur labour), mais la différence était minime. En raison du printemps et du début d été chaud et très sec, la récolte eut lieu déjà le 10.07.2015. Comme en 2014, il n y eut pas de différences de rendement entre les bandes 1, 2 et 3 (=environ 55 dt/ha) ; par contre, la bande 4 donna un rendement plus élevé (= 64 dt/ha). Ce rendement plus élevé dans la bande 4 est probablement dû au sol, qui doit être plus fertile à cet endroit. C était déjà comme cela en 2014. Il n est donc pas vraiment possible de tenir compte du résultat de la bande 4 pour faire des commentaires pertinents. Concernant les bandes 1 à 3, on constate que les résultats obtenus sont pratiquement identiques : très peu de différences en ce qui concerne la pression des mauvaises herbes et pas de différences de rendement. La double dose de lisier n a pas produit de rendement plus élevé que la simple dose, peut-être en raison de la sécheresse. 60.0 55.7 Rendements du blé en 2015 56.3 50.0 40.0 30.0 20.0 24.2 28.9 10.0 0.0 Labour classique page 2 / 7
1.6. Discussion-conclusion En conclusion, cet essai bien maîtrisé par l agriculteur est encourageant, il montre qu en 2015 le travail réduit a donné d aussi bons résultats que le labour. 1.7. Photos de l essai Blé d automne après travail réduit Blé d automne après labour classique Vue de la parcelle : à gauche les procédés sur travail réduit, à droite les procédés sur labour classique, pratiquement aucune différence visible à l œil. (17.04.2015) page 3 / 7
2. Essai «on farm» chez François Haldemann, Meyrin GE 2.1. Caractéristiques du sol L analyse des sols a été faite le 17 mars 2014 à Sol-Conseil. En moyenne, les bandes sur lesquelles ont été faits les essais présentent 1.7% de matière organique et 14.8% argile. Le pourcentage de matière organique est similaire entre 0-10cm et 10-20cm de profondeur. Les données de 2014 seront comparées avec celles de 2016. Carte de visite Matière Organique [%] ph CaCO3 Granulométrie Argile [%] Silt [%] Sable [%] Eléments réserve P [mg/kg] K [mg/kg] Mg [mg/kg] Moyenne des parcelles 1.7 8 10 14.8 34.7 50.4 53.3 176.0 311.5 2.2. Plan d essai L essai a été réalisé en bordure du champ. Il a été divisé en 4 bandes de 12 m de large : deux bandes avec travail réduit du sol à max. 10 cm de profondeur. deux bandes avec labour classique à 20 cm de profondeur Bande Travail du sol Fumure Bande 1 Aucune fumure Bande 2 Bande 3 Labour classique Bande 4 1 2 3 4 2.3. Itinéraire cultural Précédent Semis engrais vert hivernal Sans labour Maïs-grain Labour 31.10.2014 Semis direct du seigle fourrager, après le broyage de la paille et un déchaumage à pattes d oies. Travail du sol 15.04.15 et 30.04.15 : déchaumeur à dents 30.04.15 : labour classique 20 cm Préparation lit de semences Semis du soja 12.05.2015 Herse rotative combinée avec le semis 12.05.2015 : variété Aveline Densité de semis 160kg/ha de soja Aveline et 100kg/ha avoine d automne avec un semoir à céréales (1 soc sur 2 a été fermé), interligne 26 cm Fumure Aucune fumure Désherbage mécanique 29.05.15: herse étrille 01.06.15:sarclage avec sarcleuse à pattes d oies Irrigation 10.08.2015, 40l/m 2 Googlemap Récolte 10.09.15 réalisée à la moissonneuse -batteuse 2.4. Commentaires En avril 2015, le seigle à faucher en vert était dense et bien développé sur les bandes 3 et 4 (= sur labour classique), alors qu il était lacunaire et chétif sur les bandes 1 et 2 (= sur travail réduit du sol). Or, en automne 2014, après la moisson du maïs-grain, le seigle à faucher en vert a été implanté de la même manière sur les 4 bandes, à savoir par semis direct après le broyage des pailles de maïs et un léger déchaumage avec des pattes d oie. La différence visible en avril 2015 est donc due aux différences de travail du sol en avril 2014 ; à cette date, les bandes 1 et 2 avaient été travaillées superficiellement sans retournement, alors que les bandes 3 et 4 avaient été labourées à 22 cm de profondeur. Cette différence est peut-être due à une disponibilité plus grande en azote dans le procédé «labour classique», une page 4 / 7
meilleure structure du sol en surface, une pression des limaces plus faible, ou une combinaison de ces différents facteurs. Le soja a été semé le 12.05.2015 avec en association de l avoine d automne sur l ensemble de l essai. François Haldemann souhaitait tester ainsi la capacité de l avoine d automne de concurrencer les adventices, en s inspirant des résultats des essais effectués à ce sujet par le FiBL en Suisse romande Sur travail réduit, la levée du soja a été plus irrégulière que dans les bandes labourées. En août 2015, la pression des adventices était plus forte sur travail réduit (bandes 1et 2) que 3 et 4 labourées (voir tableau). Dès fin août, le soja alors presque sec a subi un éclatement des gousses en raison des chaleurs extrêmes. Cet éclatement était de la même importance dans le procédé «travail réduit» que dans le procédé «labour classique». Cela a contribué à faire chuter son rendement. Ces chaleurs extrêmes amenèrent également, comme partout en Suisse, une maturité étalée : il y eut donc du grain vert dans le grain sec à la récolte. Etant donné le climat chaud et très sec de 2015, le rendement du soja a souffert de la concurrence pour l eau de l avoine d automne, comme d ailleurs dans les autres essais effectués en Suisse romande à ce sujet en 2015. Le rendement ne fut donc pas très élevé, à savoir 12.5 dt/ha dans l ensemble de l essai. Couverture du sol (en %) le 10.08.2015 Bandes 1 et 2 Bandes 3 et 4 Labour classique Adventices 25 5 Soja 65 85 Sol nu 10 10 2.5. Résultats Rendements du soja en 2015 Rendements soja (dt/ha) 14 12 10 8 6 4 2 12.57 12.71 Bandes 1et 2 : aucune fumure Bandes 3 et4 : aucune fumure 0 Labour classique 2.6 Discussion-conclusion Malgré une pression des adventices plus élevée dans le procédé «travail réduit» par rapport au procédé «Labour classique», le rendement fut pratiquement équivalent dans les deux procédés. Il est toutefois difficile de tirer des conclusions de ce résultat vu les conditions climatiques spéciales de l année 2015 et du niveau général de rendement très faible. page 5 / 7
1.7. Photos de l essai Vue de la parcelle : en haut, seigle fourrager lacunaire et chétif sur travail réduit, en bas seigle fourrager bien développé sur labour (02.04.2015) Soja et avoine sur travail réduit (11.06.2015) Soja et avoine sur labour classique (11.06.2015) Soja / avoine au 15.06.2015 Etat de la culture sur travail réduit (10.08.2014) Etat de la culture sur labour classique (10.08.2014) page 6 / 7
3. Conclusions générales et perspectives Le tableau qui suit résume les résultats principaux des essais chez Patrice Marmy et François Haldemann en 2014 Agriculteur P. Marmy F. Haldemann P. Marmy F. Haldemann Année 2014 2015 Culture Soja Maïs-grain Blé d automne Soja Rendement dt/ha 24 57 56 13 Labour classique 24 80 55 13 Nombre d interventions** 3 5 3 3 Labour classique 3 3 2 2 ** Depuis le déchaumage de la culture précédente (ou, selon le cas, depuis la destruction de l engrais vert) jusqu au semis de la culture Dans trois des quatre essais effectués en 2014 et 2015, il n y eut pas de différence de rendement notoire entre les bandes en travail réduit du sol et les bandes en labour classique. Dans le 4ème essai, à savoir chez François Haldemann en 2014, il y eut un rendement plus faible dans les bandes en travail réduit, dû à une très forte levée principalement de millets dans ce procédé. Autant chez François Haldemann que chez Patrice Marmy, le recours aux machines de travail du sol a été réfléchi et optimisé ; en conséquence, dans le procédé «travail réduit», il y a eu en moyenne trois interventions mécaniques entre le déchaumage de la culture précédente (ou, selon le cas, depuis la destruction de l engrais vert) jusqu au semis de la culture, alors que dans le procédé en labour classique, il y en a eu deux ; cela ne fait qu une intervention supplémentaire et non pas 3 ou 4 interventions supplémentaires, comme cela se rencontrait fréquemment il y a quelques années chez les producteurs qui commençaient à faire du travail réduit avec les moyens du bord (machines souvent pas adaptées, peu d expérience ). Chez les deux agriculteurs, ces interventions ont permis d obtenir un sol parfaitement propre juste avant le semis de la culture. Dans le procédé «travail réduit», les problèmes sont donc arrivés après, avec une levée des adventices plus importante que dans le procédé «labour classique» chez François Haldemann et un rendement du maïs prétérité en 2014, comme déjà dit plus haut. Par contre, chez Patrice Marmy, la levée des adventices n a pas été beaucoup plus forte dans le procédé «travail réduit» par rapport au procédé «labour classique». On retrouve ces deux cas de figure dans les autres essais pratiques de travail réduit du sol dans le réseau d essai du FiBL. Les différents niveaux de fumure (chez F. Haldemann en 2014 et P. Marmy en 2015) n ont pas conduit à des différences de rendement, montrant ainsi que ce n est pas toujours la fumure qui est l élément limitant. Les essais se poursuivent en 2016 dans le cadre du réseau travail réduit du sol du FiBL. En 2016, des échantillons de terre seront à nouveau prélevés aux mêmes endroits qu en 2013-2014 pour tenter d apprécier si une évolution de la teneur en humus du sol est perceptible déjà après trois ans. Les résultats des essais 2016 seront mis en valeur en commun avec les autres essais similaires du réseau d essais du FiBL Mariem Rtimi et Josy Taramarcaz, AGRIDEA Maurice Clerc, FiBL Le 10.12.2015 page 7 / 7