OBSERVATOIRE DE LA SECURITE ALIMENTAIRE DU SUD-EST (OSASE) BULLETIN D INFORMATION MARNDR/DDASE/CNSA Vol. #17 Période couverte : Avril-juin2013 Publication juillet 2013 Sommaire Résumé exécutif (p.1-2) Pluviométrie (P 2-3) Analyse de la disponibilité alimentaire (P.3-4) - Analyse de l accessibilité (p.4) Recommanda tions (p.5) RESUME EXECUTIF En avril 2013, le Département du Sud-est a été classé en phase 3 de l IPC * (cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire). Cette situation de crise a touché environ 130,000 habitants qui représentent la majorité des ménages pauvres. Deux mois après, soit juin 2013, une amélioration de la situation de sécurité alimentaire de la population a permis au département d accéder à la phase deux (2), qui est plutôt un état de stress par laquelle les ménages pauvres et plus pauvres sont encore les plus concernés. Cette légère amélioration est due, entre autres, à l incidence positive des récoltes de la campagne agricole de printemps, de la production de fruits tels la mangue et l arbre véritable, des travaux à haute intensité de main-d œuvre et de l aide alimentaire. Fig1. Montagne la Voute/Parcelle de mais semée en avril (photo prise en juin pluviométrie abondante. Ce qui a eu un effet bénéfique, particulièrement, sur la production de haricot et de maïs. Dans d autres zones où un déficit hydrique a été observé, des pertes de l ordre de 30 % ont été enregistrées lors de la récolte de haricot. En effet, même si les précipitations ont été mal réparties, les communes situées au centre du Département, telles que Marigot, Cayes-Jacmel, ont bénéficié d une Les activités de travaux à haute intensité de main d œuvre menées par le MARNDR /DDASE et ses partenaires ont contribué à une Fig 2. Montagne La Voute/parcelle de haricot (Photo prise en juin) amélioration de l accès des ménages aux aliments par rapport à la période précédente. (Voir tableau 1). Cependant, la durabilité de cette amélioration, tant au niveau de la disponibilité des aliments qu à celui de leur accessibilité, est relativisée à cause de la présence de la grippe aviaire aux Anses-à-Pitres, de la sécheresse dans certaines régions (La Vallée, Cote de Fer, Montagne la voute, Grand-Gosier), et de l éventuel passage de cyclones.
En effet, le prix de la livre de viande a subi une hausse d environ 25% au marché de Jacmel. Certaines familles refusent de consommer du poulet et des œufs importés. D autre part la sécheresse pourrait entrainer une perte considérable, allant jusqu à 40% de la production du maïs. Afin de maintenir le Département dans cette phase 2 de l IPC, il faudrait établir une vigilance constante au niveau de la Frontière haïtiano-dominicaine, créer des petites entreprises familiales d aviculture, renforcer le secteur de la pêche par le biais des lacs collinaires, encourager la culture de tubercules et de racines lors de la saison agricole d été, intensifier les programmes de formationinformation-sensibilisation relatifs à la saison cyclonique, encourager les camps d été pour les enfants scolarisés. Ces camps compenseraient l absence de cantines scolaires pendant les vacances d été. PLUVIOMETRIE D avril à juin, la répartition géo Fig.3 : Pluviométrie par commune - avril-mai 2013 spatiale des précipitations n a pas été uniforme sur tout le Département. Dans la partie centrale, notamment à Marigot, Cayes-jacmel et une partie de la commune de Jacmel, les pluies ont été abondantes et bien réparties. Dans la pointe Ouest, les communes des Côtes-de-Fer, Bainet, La Vallée ont cependant, reçu moins de pluies que la normale. (Fig.3). Sur le versant Est, cette saison pluvieuse a été tardive et a commencé vers le 21 avril. Durant le mois de mai, fait inhabituel, la pluviométrie a été la plus élevée aux Anses-à-Pitres, soit 210 mm de pluie. Au mois de juin, à Grande Rivière, 223 mm de pluie ont été enregistrés alors que seulement 25 mm ont été observés dans la section de Savane du Bois. Cette mauvaise distribution des précipitations aura des conséquences néfastes sur la production du maïs et la mise en place de la campagne d été. En général, la pluviométrie de janvier à mai 2013 est inférieure à la moyenne des précipitations des quatre dernières années (fig.4.) A titre d exemple, les pluies enregistrées au cours du mois de mai 2013 accusent une baisse de 38% par rapport à la moyenne des quatre dernières années. Ce déficit hydrique représente un indicateur clé qui permet d apprécier le niveau de récoltes de printemps 2013 par rapport à celles de 2012. Fig.4 : Comparaison de la pluviométrie de janvier à mai 2013 par rapport à la moyenne des quatre dernières
DISPONIBILITE Selon le compte rendu de la rencontre de la table sectorielle agricole du mois de juin, la production globale de haricot pour cette campagne de printemps accuse une perte d environ 30%. De plus, une baisse de rendement d environ 40% pour le maïs est prévue. Malgré cette constatation, la disponibilité en aliment s est légèrement améliorée durant les mois de mai et de juin par rapport à la période précédente qui correspond à une période de soudure. Car dans les communes de Marigot et de Cayes Jacmel, la récolte du haricot a été satisfaisante et même supérieure à celle du printemps de 2012. Cette amélioration est également due à la récolte d igname et à la production de fruits tels que les mangues, l ananas, la grenadine, l avocat, les citrus et les fruits d arbre véritable. La présence de produits agricoles locaux s est donc accrue sur les différents marchés du Département. C est l un des facteurs qui ont contribué a déclassé le Sud-est de la phase 3 à la phase 2 de l IPC. Cependant, les réserves de stock alimentaire restent faibles. Il faut s attendre, à partir du mois de septembre, à une détérioration de cette situation, surtout chez les ménages pauvres qui dépendent exclusivement du marché pour leur approvisionnement. Pendant les mois d avril et de mai, la distribution de l aide alimentaire a été de 831tonnes métriques pour 46,667 ménages bénéficiaires. ACCESSIBILITE L accès aux aliments s est accru au cours de la période étudiée par rapport à la période précédente. Les prix des produits alimentaires locaux ont subi une baisse suite à la récolte de printemps. Au cours du mois de juin, cette baisse s est encore accentuée. Au marché de Fonds-Jean-Noël (Marigot), la marmite de six livres de haricot se vend à 200 gdes et à 150 gdes au marché de Mare - Rouge (Anses à Pitre). Par contre le prix de la marmite de 6 livres de riz importé à affiché une tendance à la hausse. Le prix de la livre de poisson et de viande a subi aussi une hausse suite à la présence de la grippe aviaire aux Anses-à-pitre. Fig.5 Prix moyen des produits alimentaires de base dans le Sud-est L accès aux revenus s est aussi amélioré grâce aux travaux à haute intensité de main d œuvre entrepris par le MARNDR /DDASE et ses partenaires. Ces activités ont touché 17,403 bénéficiaires provenant des ménages pauvres dans les différentes communes du département (voir tableau 1). Les travaux d amélioration des pistes agricoles suite à leur détérioration lors du passage des cyclones Isaac et Sandy en 2012, ont permis de faciliter l accès physique aux marchés.
Tableau 1. Pourcentage de ménages bénéficiaires des travaux d'himo d octobre 2012 à juin 2013 Nombre de ménages Communes Nombre de pauvres et très Pourcentage de ménages bénéficiaires pauvres par pauvres et très pauvres communes COTE DE FER 2581 5951 43,37% BAINET 1419 17516 8,10% LA VALLÉE 1005 3914 25,68% JACMEL 3365 11209 30,02% CAYES-JACMEL 429 5611 7,65% MARIGOT 2698 15586 17,31% BELLE ANSE 2208 8085 27,31% GRAND-GOSIER 927 2398 38,66% THIOTTE 1720 1816 94,71% ANSE-A-PITRE 1051 5458 19,26% TOTAL 17403 77544 22,44% SITUATION NUTRITIONNELLE La situation nutritionnelle des enfants de moins de 5 ans ne semble pas suivre la même tendance au niveau de toutes les communes. Elle est plus préoccupante dans les communes de Belle Anse et de Grand Gosier qui, de Janvier à mai 2013, présentent des chiffres qui dépassent les seuils d alerte fixés par l OMS. Tandis que les communes de côte de fer et d Anse à Pitre tendent à connaître une amélioration depuis le mois de mai 2013. Source: ACDIVOCA,2013
RECOMMANDATIONS Les ménages pauvres du Département du Sud-est se trouvent actuellement dans une situation de stress. Surtout que la NOAA (National Oceanic And Atmospheric Adminitration) a annoncé une saison cyclonique de 2013 avec une activité supérieure à la normale. Pour éviter une aggravation de leur état de sécurité alimentaire et nutritionnelle, certaines mesures devraient être adoptées comme : - Promouvoir la culture de racines et tubercules pour la saison d été. - Encourager la création d entreprises familiales d aviculture. - Intensifier les programmes de maitrise de l eau et de pêche par le biais des lacs collinaires. - Intensifier les travaux de protection de bassins versants, de berge de rivières et de correction des ravines. - Procéder au curage de canaux d irrigation et de drainage pour faciliter l écoulement des eaux de ruissellement. - Encourager des programmes de camps d été pour les enfants scolarisés. Ceci constitue un palliatif vu l absence de cantines scolaires durant les vacances d été. - Former, informer et sensibiliser la population sur les mesures à prendre avant, pendant et après le passage d un cyclone. - Positionner des stocks de réserve de produits de première nécessité, d eau, de nourriture et de médicaments dans les communes éloignées et enclavées. - Renforcer les activités d éducation nutritionnelle à l échelle communautaire ; - Renforcer les activités de dépistage actif de la malnutrition dans les communautés ;