(A. Lévy Bridgeur n 766 octobre 2003) B - La 4ème couleur forcing Nous avons étudié précédemment le rôle de la 4ème couleur. Avant d'aborder les développements, voici un rappel des spécificités de cette enchère : 1) La 4ème couleur est auto-forcing. Le répondant garantit un 3ème tour d'enchères sauf si l'ouvreur a déclaré la manche. 2) Il est possible de s'arrêter avant la manche si et seulement si la 3ème enchère du répondant est inférieure ou égale au palier de 2SA. 3) L'ouvreur peut être amené à faire une 3ème enchère mensongère, tant en force qu'en distribution, lorsque son expression est collée à la 4ème couleur et ce, uniquement dans cette situation. C'est à partir de ces trois principes que nous allons construire notre sujet. Remarque : Il y a de nombreuses séquences qui conduisent à utiliser la 4ème couleur forcing, chacune ayant ses signes distinctifs. Nous limiterons notre étude aux cas où le répondant a fait une enchère au palier de 1 à son premier tour d'enchères. Il y a huit séquences possibles. Chacune mérite un traitement particulier. Après la réponse de 1 : 1-1 Et 1-2 Après la réponse de 1 : 1-1 - 1-2 1-2 Et 2-2 Après la réponse de 1 : 1-1 - 2-2 2-2 Et 2-3
A - L'attitude de l'ouvreur Après deux tours d'enchères, la main de l'ouvreur est encore très mal définie. Une redemande au palier de 2 donne, a priori, une notion de distribution bicolore, dans laquelle au moins neuf cartes sur treize sont connues, mais dans une zone assez floue, entre 12 et 18 points d'honneurs. Une redemande au palier de 1 (1 ou 1 ) est encore plus ambiguë, allant d'une main parfaitement régulière jusqu'à des distributions extrêmes et ce, dans une zone encore plus large, de 12 à 19 points d'honneurs. Armé d'un minimum de 11 points d'honneurs, le répondant a besoin de précisions pour se diriger vers le meilleur contrat. L'ouvreur va essayer de le renseigner, tant en force qu'en distribution, en suivant des critères de priorité : Soutien de la majeure du répondant. Enchère à Sans-Atout. Répétition d'une de ses deux couleurs. Soutien de la quatrième couleur. I - Le soutien de la majeure du répondant. Vous connaissez le principe : avec trois cartes dans la majeure de son partenaire, l'ouvreur va, en priorité, indiquer ce soutien, en précisant sa zone de points. Le répondant n'ayant pas promis cinq cartes dans sa couleur, l'ouvreur n'a pas le droit de sauter au palier de 4. a. Avec trois cartes dans la zone 12-14 : soutien sans saut. Exemples : 1) R 9 6 5 V 9 5 R X 8 4 A D 2 Chaque chose en son temps. Indiquez en priorité vos trois cartes à Cœur, ce renseignement peut suffire au bonheur de votre partenaire. Sinon, il saura vous demander si vous détenez une garde à Trèfle (voir plus loin). 2) D V 9 8 R 9 5 A D V 6 3 4 2 Une main plus agréable que la précédente, mais insuffisante pour justifier un saut à 3. b. Avec trois cartes dans la zone de l'ouverture de 1SA : soutien à saut : R X 9 3 A V 4 A R 7 4 2 8 3 C'est une enchère précise, qui garantit le singleton dans la quatrième couleur (ou chicane, si distribution 4-3-6-0). c. Dans la zone supérieure, c'est-à-dire à partir de 18 points d'honneurs. L'ouvreur aura, le plus souvent, précisé la force de sa main à son deuxième tour d'enchères par un saut à 2. Exemple : A D V 6 R D 4 A R X 8 3 2
5 Les chances de découvrir un fit huitième sont suffisamment importantes pour imposer la manche dès la redemande de l'ouvreur. La définition de l'expression de ces soutiens ne devrait pas constituer une nouveauté pour aucun d'entre vous. Mais tout n'est pas si simple. Si le soutien à saut ne peut se concevoir que dans le cadre étudié quelques lignes plus haut, il n'en va pas de même pour le soutien au palier de 2. On parle alors d'absence de réciprocité : Avec trois cartes dans la majeure du répondant, dans la zone 12-14, l'ouvreur exprime son soutien par une enchère de 2 ou 2. Mais cette enchère peut et doit se faire avec deux cartes, dans l'impossibilité de faire une meilleure enchère. Cette notion de "moins mauvais mensonge" reviendra souvent dans cet exposé. Exemples : 1) D 9 7 4 D 5 1-1 - 7 3 2 1-2 - A R V 9 2 Aucune enchère n'est parfaite et en choisir une autre (2SA, 2 conventionnel ou 3 ) peut avoir des conséquences désastreuses : 2SA Cela conduirait soit à jouer 3 Sans-Atout de la mauvaise main, soit à jouer la mauvaise manche. Deux mains banales du répondant : a) V 8 2 A R V 8 7 R 6 D 8 3 Joué par Sud, le contrat de 3 Sans-Atout peut chuter sur l'entame à Carreau. Joué par Nord, le contrat n'est en danger que sur une entame à Pique suivie d'une contre-attaque à Carreau. b) R V 6 A R V 8 7 6 5 D 8 3 Dix levées de tête à l'atout Cœur, une ou deux de chute au contrat de 3 Sans-Atout, c'est un accident aussi stupide que facile à éviter. 2 conventionnel Quelques bons joueurs ont pris le parti de sacrifier le sens naturel de cette enchère pour réserver cette dernière à la description des mains régulières comportant deux cartes à Cœur et dénuée d'arrêt à Carreau. Mais cela oblige alors à mettre dans le même sac les bicolores 5-5 Trèfle-Pique de première et deuxième zones, en sautant à 3. Ce défaut de zone peut coûter très cher en séquence de chelem, très fréquente dès qu'un fit à Trèfle ou à Pique est découvert. Exemples : 1-1 - 1-2 - 2 Avec : A R 8 7 6 7 9 5 A R X 6 5
Une fois passé l'écueil du choix de l'ouverture, la main de l'ouvreur est bien définie par une répétition des Piques sans saut. 1-1 - 1-2 - 3 Avec : A R 8 7 6 7 9 5 A R X 6 5 Insuffisante pour une redemande à saut à 2 sur 1 (qui, je le rappelle, ne décrit pas une distribution 5-5), la valeur de la main justifie un saut à 3 au troisième tour d'enchères. Le répondant sera mieux placé pour juger ses cartes face à l'une ou l'autre séquence. 3 Cette fois-ci, c'est un mensonge indiscutable et dangereux. Une répétition d'une des deux couleurs de l'ouvreur au palier de 3 allonge cette couleur, de quatre à cinq cartes ou de cinq à six cartes (voir précisions dans le chapitre consacré à ces répétitions, avec les inévitables exceptions à la règle). Bref, il est logique de choisir l'enchère la plus économique comme "moins mauvais mensonge" et de laisser le répondant lever l'ambiguïté au tour suivant (voir plus loin). Remarques 1 - On retrouve cette indétermination du soutien avec deux ou trois cartes dans une seule autre séquence : 1-1 - 2-2 2 De nouveau, sans tenue Cœur, l'ouvreur sera amené à dire 2 avec deux ou trois cartes. Exemple : D 5 9 6 R 8 6 4 2 A D V 5 2 - Votre seule chance de bien maîtriser cette idée du "moins mauvais mensonge" est de ne pas oublier le principe n 3, que je vais répéter : Lorsque la troisième enchère de l'ouvreur est collée à la quatrième couleur forcing, sa définition est imprécise, tant en force qu'en distribution. 3 - Une petite question test : combien de cartes à Cœur l'ouvreur a-til promis dans la séquence : 1-2 2 Le troisième principe répond à la question. L'enchère de 2 n'est pas collée à la quatrième couleur. Elle garantit trois cartes à Cœur, dans la zone 12-14. En corollaire, c'est l'enchère de 2 qui supporte, et elle seule, le poids du mensonge possible (voir plus loin, répétitions). Exemple : A D 5 4 X 9 A D V 7
7 4 3 2 II - Les enchères à Sans-Atout Cette fois-ci, il y a trois zones à couvrir : a. La zone 12-14. De loin la plus fréquente. b. La zone 15-17, à distribution irrégulière. c. La zone 18-19. Rare, elle mérite un traitement particulier. a. La zone 12-14 Par l'enchère de 2SA, l'ouvreur va donner une image plus précise de son jeu, mais elle remplit plusieurs conditions : 1. Moins de trois cartes dans la majeure du partenaire. 2. Une tenue dans la quatrième couleur, dont le minimum a été arbitrairement fixé à Valet-10 troisièmes. 3. Une distribution régulière, ou 5-4-3-1, mais avec une vraie tenue. 4. Jamais avec dix cartes entre les deux couleurs de l'ouvreur, ni 5-5, ni 6-4, même avec une bonne tenue de la quatrième couleur. Exemples : 1-1 - 1-2 - 2SA Avec : R D 9 7 A 6 D 9 2 R 9 6 2 Ou R V 7 4 5 A D 8 D X 8 5 3 Mais : 1-1 - 1-2 - 2 Avec : D V 6 5 V 6 3 A R 9 D 8 7 Priorité aux trois cartes à Cœur et non à la tenue Carreau. 1-1 - 1-2 - 3 Avec : A V X 4 7 V 8 4 A R 9 6 5 Une meilleure approche de la main, avec cinq beaux Trèfles et une tenue Carreau fantomatique. A 8 7 4 3 R 4
A R X 6 5 2 1-1 - 1-2 - 3 Pas question, dans un premier temps, d'orienter les enchères vers un contrat à Sans-Atout. Cette jolie main doit vous faire penser, en priorité, à la manche ou au chelem à Trèfle. Une simple question de feeling. b. La zone 15-17 Elle est exprimée par un saut à 3SA, enchère qui garantit : Une distribution irrégulière, inférence de la non ouverture de 1SA, avec, le plus souvent, un singleton dans la première couleur du répondant. Une tenue sérieuse dans la quatrième couleur, avec une restriction : le cas particulier de l'as troisième, qui sera traité dans le chapitre consacré au soutien de la quatrième couleur. Exemples : 1-2 3SA Avec : D X 8 4 7 A R V 6 5 A D 4 1-1 - 2-2 - 3SA Avec : 7 A V 9 R D 9 6 5 A D 8 2 c. La zone 18-19 Si l'on devait obéir à une équivalence de la force de la main et du palier de son expression, il faudrait sauter à 4SA. Face à une enchère aussi élevée, quoique précise, le répondant va se retrouver dans une situation inconfortable et même carrément inextricable lorsqu'il possède soit un unicolore sixième ou septième, soit un soutien qu'il n'aura pas pu exprimer précédemment. Comment devrait-il continuer avec : 7 A D 8 7 6 4 R 9 5 R 3 2 Dans la séquence : 4SA Ou encore avec : R X 8 4 A 9 7 3 2 R 4 A 5
Dans la même séquence? C'est insoluble. Devant ce problème d'espace, une solution a été adoptée : le 2SA mini-maxi. A son troisième tour d'enchères, en réponse à une quatrième couleur, l'ouvreur va regrouper dans l'enchère de 2SA deux zones de mains : Une zone classique et fréquente : 12-14. Une zone inhabituelle : 18-19. Exemple : A X 9 3 6 5 A R 8 5 A R 2 2SA A ce stade des enchères, le répondant enchérit en face d'une main banale de première zone. Il n'a aucune raison de penser au cas marginal de la main forte de l'ouvreur. L'ouvreur devra donc lever l'ambiguïté par un tour supplémentaire d'enchères. Exemples : 1) 2SA - 3SA - 4SA Le répondant déclare la manche en face d'une main présumée de première zone. Il peut avoir entre 11 et 18 points d'honneurs. L'ouvreur doit faire une proposition quantitative à 4SA. 2) 2SA - 3-4 - 4-4SA -... - 5SA L'enchère de 3 est une proposition d'exploration du chelem, mais toujours en face d'une main présumée 12-14 (voir plus loin). Si l'ouvreur est dans la zone 18-19, le petit chelem est certain, le grand chelem est à envisager sérieusement. En voyant son partenaire prendre le capitanat et avoir les moyens de faire une enchère de grand chelem, le répondant comprendra la situation. Remarque L'affaire, qui n'est déjà pas si simple, se complique lorsque l'ouvreur possède trois cartes à Cœur, avec ou sans arrêt à Trèfle. Exemple : R D X 4 A D 5 A R 9 6 7 5 On ne dispose d'aucun palier correct pour exprimer à la fois la force, la distribution régulière et le soutien par trois cartes à Cœur. Le 2SA mini-maxi va résoudre ce problème, en deux temps. Une séquence révélatrice : 2SA - 3SA - 4
4 est l'enchère déclic. Le doute est levé et le répondant évalue son jeu dans la séquence muni de nouvelles informations. III - La répétition de la première couleur a. Sans saut Souvent utilisée par défaut d'information utile à faire passer, c'est une enchère fourre-tout, qui n'allonge pas nécessairement la couleur répétée. On parle d'une enchère R.A.S, rien à signaler... pour le moment. Voici trois exemples, les deux premiers concernant une ouverture en majeure et le troisième une ouverture en mineure. 1) X 4 A D 6 4 3 9 5 2-2 - A R 7 6 2 Deux cartes à Pique seulement, pas de tenue Carreau, la répétition des Cœurs s'impose. Vous remarquerez qu'on retrouve la notion d'enchère collée à la quatrième couleur avec, à la clef, la possibilité d'un simili-mensonge. De temps à autre, le mensonge est beaucoup plus important, car il va porter sur la force de la main. 2) R 5 A D 8 7 5 8 5 2-2 - A R V 3? L'ouvreur se retrouve devant un problème d'enchère insoluble et le choix du moins mauvais mensonge se présente de nouveau. Répondre 2, choisir donc l'enchère collée à la quatrième couleur, est le seul moyen de pouvoir corriger le tir au tour suivant. Certains bons joueurs peuvent vous conseiller de sauter à 3 pour zoner à tout prix la main de l'ouvreur. Mais la tromperie qui porte sur le sixième Cœur est un mal irréparable, aussi bien pour le choix de la meilleure manche que pour l'orientation de la séquence vers un chelem qui, avec un atout de moins que prévu, risque d'être ridicule. L'image d'une distribution 6-4-2-1 qui va être gravée dans l'esprit du répondant sera indélébile et rien n'est plus différent qu'une main semirégulière, comme celle de notre exemple ci-dessus, et une main comme celle-ci : R 4 A D V 8 6 5 6 A R 9 5 Ce n'est donc pas un choix à envisager. D'autres experts vont utiliser l'enchère de 3, soutien de la quatrième couleur, pour se sortir de ce pétrin. Reportez-vous au chapitre qui lui est consacré et force sera d'admettre que les renseignements ainsi transmis donnent, encore une fois, une image définitivement fausse de la main. Encore une option à rejeter. Quant aux enchères à Pique ou à Sans-Atout, personne ne devrait même y penser. Bon. Une fois admise cette notion de moins mauvais mensonge, je ne prétends pas que la suite des enchères va être maîtrisée à la perfection. Mais l'important est de suivre toujours la même démarche, d'admettre que dans le cadre du système, tout ne peut pas être précisé dès le troisième tour d'enchères et de juger s'il faut reparler, au risque de dépasser le palier de sécurité. Reprenons notre exemple dans la situation la plus embarrassante, celle où le répondant bondit à la manche sur 2. 2-2 -
2-3SA Le répondant a vraisemblablement cinq cartes à Pique, un arrêt à Carreau, dans une zone variable, entre 12 et 17-18H. Le déclarant a donc une alternative : Passe, très pessimiste et unilatéral. 4SA, quantitatif, 17-18H, avec le risque d'être un palier trop haut. Je vous conseille fortement cette deuxième option. Il faut, tôt ou tard (!), enchérir son jeu. Avec un minimum de 29 points d'honneurs, réaliser dix levées n'est pas hors de portée et vous entraîne à optimiser votre jeu de la carte! 2-2 - 2-4 L'ensemble de la séquence du répondant est exceptionnel, pour n'avoir pas exprimé le soutien à Cœur au tour précédent. Il faudrait en déduire une main avec trois petits Cœurs ou le Valet troisième, de 15-16 points d'honneurs (avec plus, dire 3 sur 2 ). Dans l'exemple choisi, il y a un problème de qualité d'atout, compensé par une masse de points d'honneurs qui tourne autour de 32-33. A l'ouvreur de décider de reparler, par 4, sans perdre de vue que 6 Sans-Atout peut être le meilleur contrat. 3) Intéressons-nous à un autre début de séquence : Si l'enchère de 2 étudiée plus haut garantit trois cartes à Cœur dans une main de première zone (pas de mensonge quand l'enchère n'est pas collée), la répétition de la couleur d'ouverture, 2, est indéfinie, tant en force qu'en distribution. On se retrouve confronté au problème, devenu classique, du moins mauvais mensonge. Exemples : R D 7 6 V 9 A R X 9 6 7 5 Une main sans histoire. Pas de soutien de trois cartes à Cœur, pas de tenue Trèfle, l'ouvreur est tout à fait à l'aise pour répéter ses Carreaux cinquièmes. Transformez maintenant le 6 de Carreau en 6 de Trèfle : R D 7 6 V 9 A R X 9 7 6 5 Vous voilà contraint, par défaut, de répéter une couleur de quatre cartes et l'enchère de 2 vous serait naturellement venue à l'esprit, à la table, avant même la lecture de cet article. La difficulté retombe sur les épaules du répondant, qui doit intégrer cette possibilité d'une répétition de couleur quatrième dans le développement des enchères. A lui de rester vigilant, de faire tinter la sonnette d'alarme chaque fois que la troisième enchère de l'ouvreur juxtapose l'emploi de la quatrième couleur. Préciser la force de la main n'est pas, non plus, toujours possible. Il y a quelques mois, dans le grand défi "ménages" orchestré par Toto Käss, une main avait plongé les concurrents dans le plus grand désarroi. Voici l'objet du litige : A R V 5 A X A D 9 5 6 5 4
Un des concurrents a détourné le problème par une redemande à 2SA, sur la réponse de 1, pendant que les trois autres se retrouvaient confrontés à ce problème répétitif. Que faire dans la séquence : Trois réponses différentes (2, 2, 3 ) prouvent bien que le développement des enchères sur la quatrième couleur n'a pas été systématisé. L'application du principe du "moins mauvais mensonge" vous permet d'avoir une attitude constante, avec réajustement de la zone au tour suivant. Vous avez compris la démarche, en voici un nouvel exemple : 2-3SA - 4SA (*) (*) 18-19. Remarque La répétition de la première couleur de l'ouvreur, sans saut mais au palier de 3, promet un minimum de cinq cartes, dans une zone floue. Exemples : 1-1 - 1-2 - 3 Avec : A V 9 6 8 3 7 5 A R 9 5 2 Pas de mensonge lorsque vous disposez d'une bonne enchère naturelle. Ou encore avec : R D 5 4 7 R 3 A R V 9 8 6 Si l'ouvreur est amené, au tour suivant, à faire une enchère à Sans- Atout, le répondant en déduit que ce retard à exprimer un arrêt des Carreaux s'explique par la priorité donnée à la description d'un bicolore 6-4. b. Avec saut Après la complexité de la répétition sans saut, je vous propose de vous détendre avec une enchère très précise, tant en force qu'en distribution. Une image très nette, d'une jolie main 6-4, exceptionnellement 7-4, va se dessiner. Exemples : 3 Avec : A D 8 6 R 4 A D V X 7 3 9 Ou encore :
2-2 - 3 Avec : A D 8 6 R 4 A D V X 7 3 9 Dire 2 ne rendrait pas justice à ce magnifique jeu de 14 points d'honneurs. IV - La répétition de la deuxième couleur Encore une définition de longueur précise, dans une zone assez variable. Cette répétition garantit cinq cartes et le répondant a donc la certitude d'enchérir en face d'un bicolore au moins 5-5, voire 6-5, dans le cas des bicolores mineure-majeure (sauf le bicolore Trèfle- Pique, 5-5 ou 6-5). Remarques 1. Cette répétition entraîne un processus forcing de manche. L'ouvreur devra donc se demander s'il a les moyens de donner cette précision sur sa distribution. 2. A partir de 17 points d'honneurs, un bicolore 5-5 à honneurs concentrés peut, dès la redemande, être traité comme une main forcing de manche. Dès lors, la répétition de la deuxième couleur avec saut a peu de raison d'être et exprimera, dans la majorité des cas, des mains particulièrement excentrées, pour le moins 6-5. Les exemples : 1) 7 A V X 6 4 8 5 2-2 - A R V 8 3 3 Aucun souci pour décrire ce bicolore. La connaissance de ce cinquième Trèfle peut être la clef de la découverte d'un fit neuvième, de manche ou de chelem. 2) 9 A R 9 7 6 D 5 2-2 - D 8 6 4 2 2-2 ou 2SA 3 Imposer la manche avec une ouverture aussi faible en points d'honneurs n'est pas raisonnable. La seule chance de s'arrêter à 2 Sans-Atout ou mieux, à 3 Trèfles, est de répéter vos Cœurs, comme si vous possédiez un bicolore 5-4. 3) sans intervention avec intervention D 9 8 7 4 1 1-4 A R V X 6 3 4 R 7 2 vulnérabilité indifférente Il est mieux anticipé d'ouvrir de 1, à condition d'être fermement décidé à décrire le bicolore. 1 4) A D V 8 6 4
A R X 6 5 2 9 3 Tout est dit. V - Le soutien de la quatrième couleur Il est temps de définir l'emploi de cette enchère, déjà abordé plusieurs fois tout au long de cet article. Il est légitime de penser à donner un sens conventionnel au soutien d'une couleur artificielle. Comparer la quatrième couleur à un Cue-Bid virtuel est une idée assez juste. Il y a beaucoup de similitudes entre les deux séquences : 1-1 - 1-2 Et 1 1 1-1 - 2 Répondre à un Cue-Bid par un Cue-Bid, c'est indiquer une main positive sans bonne enchère naturelle descriptive. Regardez une autre séquence, en intervention cette fois-ci : 1 1-2 - 3 Que montre l'enchère de 3? Elle renvoie la balle au partenaire, en indiquant une bonne intervention, au moins la valeur d'une ouverture, dans une distribution régulière. En opposition à ce parallèle, il ne faut pas oublier que la quatrième couleur peut être naturelle et qu'il est possible de découvrir un fit huitième tardif. L'ensemble de ces considérations nous permet de définir le soutien de la quatrième couleur comme suit : 1. Il est réservé aux ouvertures de deuxième zone, de 15 à l8h. 2. C'est une enchère naturelle, quatre cartes, avec une tolérance pour un soutien dans trois cartes, exactement l'as troisième. 3. Il implique toujours un singleton (ou une chicane) dans la première couleur du répondant. Le cas particulier de la quatrième couleur à sera traité plus tard. Exemples : 1) A R 9 6 7 R D 9 5 A X 8 6 3 Mais : 2) R V 6 3 9 A D 7 3 R X 7 4 2SA 3) A X 8 5 4 A R V 6 4 A 7 6 3 (main positive, demande de complément à ) Mais : 4) A V 5 4 6 R D 9 6 4 A D 8 3SA Et : 5) A R D 3
D R D 8 5 2 8 6 5 2 La découverte de l'éventuel fit 4-4 à Cœur est prioritaire. L'enchère de 3 est obligatoire avec quatre cartes à Cœur, toutes zones confondues. Dans cet esprit, de nombreux experts n'acceptent pas l'alternative de l'as de Cœur troisième et je vous conseille de faire comme eux. B - L'attitude du répondant La troisième enchère du répondant est régie par les deux principes incontournables, dictés au début de ce chapitre : 1. Le répondant n'a JAMAIS le droit de passer, sauf sur l'enchère de 3SA de l'ouvreur. 2. Dès que la troisième enchère du répondant dépasse le palier de 2SA, la séquence devient forcing de manche. Autrement dit, pour proposer de s'arrêter avant la manche, le répondant doit, s'il le peut, faire une enchère inférieure ou égale au palier de 2SA (une exception : la séquence 1-2 - 2-2SA Est forcing, voir plus loin). I - Les enchères non forcing du répondant Soyons clair et net, même si c'est une vérité de La Palice : pour que le répondant ait la possibilité de faire une enchère non forcing, l'ouvreur doit lui laisser l'espace de s'exprimer au palier de 2. On peut déjà en déduire que l'enchère de 2SA de l'ouvreur entraîne un processus forcing de manche avec, comme prix à payer, la possibilité de se retrouver à jouer 3 Sans-Atout avec 23 points d'honneurs, 12 en face de 11. J'insiste sur le caractère réciproque du principe : toute troisième enchère du répondant exprimée au palier de 2 est non forcing et donc limitée à 11 points d'honneurs. a. L'enchère de 2 Elle n'est possible que dans une séquence : 2-2 Exemple : R 9 A D 9 8 4 D 8 3 6 5 2 Cinq cartes à Cœur, ou six d'une qualité insuffisante pour justifier une répétition à saut directement sur l'enchère de 1, pas d'arrêt à Trèfle : la main est, somme toute, bien définie. L'ouvreur est maître du destin de la séquence. b. L'enchère de 2 On la retrouve dans deux utilisations différentes : 1. Répétition de la couleur du répondant
1-2 - 2-2 Séquence identique à la précédente. Rien à ajouter. 2. Soutien de la majeure quatrième de l'ouvreur 2 / - 2 Réfléchissons. Quel type de mains peut avoir ce répondant pour soutenir les Piques de son partenaire, après un détour par la quatrième couleur forcing, sans chercher ensuite à imposer la manche? Avec une main, donc, de 11 points d'honneurs, il ne peut détenir quatre cartes à Pique, sinon il aurait soit bondi à 4 sur 1, soit fait une proposition de manche par un soutien direct et non forcing au palier de 3 (3 sur 1 ). Le choix entre ces deux enchères dépend du jugement de la main. Du coup, le soutien différé à 2 montre une main plutôt régulière, avec exactement trois cartes à Pique et pas de tenue à Trèfle. Exemple : R 8 4 A V 8 6 D V 3 9 5 4 A l'ouvreur de juger s'il doit passer ou continuer les enchères, selon la force de son jeu. c. L'enchère de 2SA Très précise, elle garantit une tenue dans la quatrième couleur et, par inférence, promet cinq cartes dans la majeure. Les cas d'utilisation de cette séquence sont plus nombreux. En voici un exemple : 1-1 - 1-2 - 2-2SA Avec seulement quatre cartes à Cœur, le répondant aurait dit 2SA sur 1. L'ouvreur, qui peut, je vous le rappelle, n'avoir que deux cartes à Cœur, a le choix de : Passer avec deux cartes à Cœur et une ouverture minimum. Dire 3 (ou passer), avec trois cartes à Cœur et une ouverture minimum. Dire 3SA avec deux cartes à Cœur et une main non minimum. Dire 4 (ou 3SA), avec trois cartes à Cœur et une main non minimum. II - Les enchères forcing du répondant a. Le soutien d'une des deux couleurs de l'ouvreur II serait trop long et fastidieux de recenser toutes les séquences, mais un principe général est à mettre en évidence : c'est le seul moyen, en l'absence d'une expression du fit forcing au tour précédent, de déclencher l'exploration du chelem dans la couleur enfin soutenue. Exemples : 1) 2 / / /SA - 3 En face d'un ouvreur qui a, dans un premier temps, limité sa main, le répondant a encore de bons espoirs de chelem à Pique. Une main cohérente du répondant : A D 7 6 A 9 8 7
R 3 2 A 8 2) 2-2 - 3-4 Le fit à Trèfle est affirmé, la valse des contrôles peut commencer. 3) 2-2 - 2-3 Vous avez choisi de jouer la séquence : 2-3 Comme l'expression d'un soutien limite avec trois atouts, il est temps de dévoiler vos batteries, en vue d'un chelem à Cœur. Exemple : A 9 7 5 4 R D 4 2 A 3 R 8 4) 2-2 - 2SA - 3 Exemple : A V 8 6 5 8 A 7 6 A D 9 4 3 Sans-Atout, 4 Piques, 5 Trèfles, 6 Trèfles : tout est encore possible. En tout cas, il faut éviter les coupures de courant. b. Le fit dans la majeure du répondant a été découvert 2-3 Exemple : R 4 A D V 7 5 R 8 A V 5 Vous avez bien travaillé vos séquences de chelem, c'est le moment de les mettre en application. Attention, dans la séquence : 1-1 - 1-2 - 2-3 Le répondant envisage le chelem en face d'un partenaire qui peut n'avoir que deux cartes à Cœur. Sa couleur est probablement sixième. Exemple : R 3 A V X 7 5 2 R 8 A V 5 c. La répétition de la majeure avec saut
Toujours sixième, ce n'est pas nécessairement une proposition de chelem Exemple : R D 9 8 6 4 6 A 6 4 2-2 - D V 3 2-3 d. La répétition de la quatrième couleur Les informations reçues ne sont pas suffisantes. Le répondant voudrait en savoir plus. Séquence type : 1-1 - 1-2 - 2-3 Le répondant a besoin soit d'un arrêt à Carreau, soit d'une confirmation sur le soutien à Cœur (deux ou trois cartes). L'ouvreur va pouvoir définir son jeu avec précision : 1. Avec trois cartes à Cœur et sans arrêt Carreau -> 3. 2. Avec trois cartes à Cœur et l'arrêt Carreau -> 3SA 3. Avec deux cartes à Cœur sans arrêt Carreau -> 3 Avec deux cartes à Cœur et l'arrêt Carreau, il aurait dit 2SA sur 2. La répétition de cette quatrième couleur s'envisage, le plus souvent, avec des mains régulières. Exemple : A V 6 A R 8 6 6 4 2 V 9 3 e. La nomination de la manche Le répondant a reçu l'information utile. C'est le plus souvent une conclusion, sauf si l'ouvreur a un surcroît de force. C - Les séquences particulières I) - 1-1 Cette quatrième couleur forcing se distingue des autres par plusieurs aspects. Les points communs - Forcing pour un tour. - Conventionnelle, elle ne garantit pas quatre cartes à Pique, sans les dénier. Les différences - Peut se faire à partir de 7-8 points d'honneurs. - Elle n'est pas auto-forcing. - L'ouvreur enchérit, en priorité, en face d'une enchère naturelle à Pique. Rappel La quatrième couleur à 1 s'utilise avec trois types de mains : a. Sans quatre cartes à Pique Elle rejoint alors la vraie quatrième couleur, avec ses caractéristiques : Un minimum de 11 points d'honneurs. Auto-forcing. Absence d'enchère naturelle satisfaisante. Exemples : 9 6 3 A 7 R D X 7 2 A 8 5
Le but est d'éviter de jouer 3 Sans-Atout de la mauvaise main ou de découvrir un meilleur contrat en face du singleton Pique de l'ouvreur. A 6 3 R D 9 7 A V X 6 3 D 4 Suivi du soutien des Cœurs avec saut. b. Avec quatre cartes à Pique entre 7 et 11 points Dans cette zone, et même parfois avec plus, il est conseillé de donner la priorité à la majeure quatrième, avec le risque de passer définitivement sous silence la présence d'une longueur cinquième ou sixième à Carreau. Il s'agit d'une approche tactique, et non technique, pour retrouver sans détour le fit à Pique, tout en empêchant l'adversaire de nommer ses Cœurs au palier de 1. Comme chaque fois que la règle ne dicte pas l'attitude à adopter, il existe des éléments de jugement qui permettent aux bons joueurs de répondre avec discernement soit 1, soit 1. Il s'agit d'anticiper le bon déroulement de la séquence, de deviner qui doit être déclarant (problème de la bonne main en cas de fit à Pique) et s'il faut laisser ou non une porte largement ouverte à la découverte d'un contrat à Carreau. Exemples : R D 9 6 V 5 D 8 7 6 3 7 4 Aucun intérêt à introduire les Carreaux dans la séquence. En face d'une ouverture banale, les contrats de 1 Sans-Atout ou de 2 Piques sont les plus probables et barrer les Cœurs adverses peut s'avérer efficace. La réponse de 1 s'impose. A 9 6 4 8 4 R D X 9 6 5 5 Occulter de tels Carreaux n'a pas de sens. Bien enchérir, c'est nommer ses cartes, son jeu. Orienter d'emblée une telle main vers une recherche unilatérale des Piques s'apparente à une panique sans réelle motivation. Commençons par répondre 1. c. Avec quatre cartes à Pique et plus de 12 points Vous avez assez de jeu pour maîtriser une intervention à Cœur et retrouver, en situation compétitive, un fit à Pique. La réponse de 1 vous offre toutes les chances de retrouver le meilleur contrat, avec une économie d'espace pour laisser l'ouvreur se décrire. Exemples : R D 8 7 9 A D 9 4 2 R X 3 Ne faites pas une fixation sur les Piques, ils ne vont pas s'évaporer. Les contrats en mineure, aussi bien à Trèfle qu'à Carreau, sont tout aussi prioritaires, surtout avec une main irrégulière et un problème de Cœur à régler sérieusement avant de vous précipiter vers votre contrat préféré de 3 Sans-Atout. A V 9 5 R X 4 R V 8 6 D 7
Parfois, au contraire, avec une main régulière, vous avez tout à gagner à répondre 1. Il y a peu de chances d'échapper aux contrats de 3 Sans-Atout ou de 4 Piques et la seule préoccupation du répondant est de jouer de la bonne main. Avec la main ci-dessus, les quatre couleurs d'entame vous conviennent et l'issue du contrat, en cas de découverte d'un fît à Pique, peut se jouer à la première levée. L'attitude de l'ouvreur Tout va continuer comme si le répondant avait réellement nommé quatre cartes à Pique. À partir de là, la ligne de conduite de l'ouvreur est toute tracée, avec ses priorités : 1. Exprimer le fit avec quatre cartes à Pique. 2. Faire une enchère à Sans-Atout à certaines conditions. 3. Répéter ses Trèfles. 4. Soutenir les Carreaux. 5. La répétition des Cœurs. Attention! N'étant pas "protégé" par un caractère auto-forcing de cette particulière quatrième couleur, l'ouvreur se doit, alors, de préciser sur l'heure sa zone de force : Zone 1 -> 12-14(15), toute distribution. Zone 2 -» 15-17(18), irrégulier. Zone 3 -> 18-19, régulier. 1. Avec quatre cartes à Pique Dans la première zone. 12-15 La situation la plus fréquente, autour d'une distribution régulière, 4-4-2-3, ou irrégulière avec une courte à Carreau, décrite par l'enchère de 2. Exemple : A D 6 2 V 9 6 4 D 5 A D 3 Attention! Si votre système vous amène à ouvrir de 1SA ces 15 points, il n'y a rien à dire. Mais si vous avez choisi d'ouvrir de 1, n'envisagez pas une seconde de réévaluer votre main par un soutien avec saut à 3. Ce serait non seulement désavouer votre choix d'ouverture, mais aussi perdre l'avantage de cette décision et, surtout, donner alors une image fausse de votre jeu. Dans la deuxième zone. 15-18 Un saut à 3 définit cette zone, dans une distribution toujours irrégulière. Exemple : R D V 2 A 9 8 4 6 A D 7 5 On devrait même élargir cette zone jusqu'à 19 points d'honneurs, lorsqu'une des couleurs de l'ouvreur n'est pas assez fournie pour justifier une redemande à saut dès la redemande. Exemple : A D V 4 A R 7 5 R D 8 6 2 Si le répondant passe sur 1, tant mieux! Dans la troisième zone. 18-19 Inutile de vous dire qu'il est impossible de sauter à 4 en face d'un répondant qui n'a pas promis quatre cartes à Pique. De plus, il s'agit d'enchérir des mains régulières, exactement 4-4-2-3, les autres ayant été intégrées dans la deuxième zone ou justifiant une redemande de l'ouvreur avec saut. Exemple : A V 6 5
R D V 4 6 4 A R 9 On se retrouve devant un problème classique : il n'y a pas d'enchère naturelle pour exprimer le soutien à Pique. Il ne reste plus qu'à donner un sens conventionnel à une enchère peu utile et c'est l'enchère de 3 qui permet d'exprimer ce type de mains. La séquence : 1-1 3 Ne décrit pas un 6-5 Trèfle-Cœur, mais une main régulière de 18-19 points d'honneurs avec les deux majeures. Si cela vous semble trop difficile à mémoriser, inutile d'en faire une maladie. Je n'ai pas encore eu l'occasion d'utiliser cette séquence, pariez que cela ne vous arrivera pas non plus! 2. Les enchères à Sans-Atout a. 1SA Une distribution régulière, dans une zone 12-14, sans promettre une véritable tenue à Pique : telle est l'image que vous allez ainsi donner de votre jeu. Il faudra, néanmoins, éviter une redemande à 1SA avec deux petites cartes à Pique. Exemples : 9 6 3 A D V 4 V 6 5 R D 7 L'enchère de 1SA reflète bien la distribution de la main, avec le risque de finir par jouer 3 Sans-Atout en face d'un petit doubleton à Pique. Mais il n'est pas certain de trouver un meilleur contrat et, si le répondant a trois cartes à Pique, c'est alors la seule manche à jouer. 6 3 R V 4 2 D 6 A D X 6 3 L'enchère de 2 est nettement préférable à celle de 1SA. 9 5 A X 6 3 R V 8 A D 8 7 Ici, l'enchère de 2 est une marque de jugement, anticipant avec acuité le bon développement des enchères. b. 2SA Cela décrit une main de deuxième zone, 15-17, qui n'a pas été ouverte de 1SA. Le corollaire ne vous est plus étranger : la distribution 5-4- 3-1 est signée, avec un singleton Carreau et une vraie tenue Pique. Exemple : R D 5 A V 9 4 7 R D 9 8 2 c. 3SA Une enchère simple pour décrire une main régulière de 18-19H avec, en principe, un arrêt à Pique. Exemple : A V 5 R V 7 3
R X 4 A R 8 Que faire avec une main similaire, mais sans tenue à Pique? Au risque de vous décevoir, je dois vous avouer qu'il n'y a pas de solution parfaite. Exemple : 9 6 3 A R 9 4 A V 7 A D 8 Quels sont les choix? Dire 3SA, pour préciser la force et la distribution, avec les avantages et les inconvénients évidents. Dire 3, à condition que le répondant ne visualise pas systématiquement un singleton à Pique, ce qui orienterait le contrat dans une bien mauvaise direction. Sacrifier l'enchère de 2 avec, comme conséquence, l'obligation d'ouvrir de 1 tous les 6-5 Cœur-Trèfle ou, bien sûr, de redemander à 2 à partir de 15-16H concentrés. Cela ne me plaît guère. Sans vous imposer mon choix, ma préférence va vers l'enchère de 3. D'une part, elle n'est pas fondamentalement fausse et, surtout, elle laisse une possibilité de rectifier le tir, à condition que le répondant reste sur le qui-vive. Comment? Par le biais, somme toute classique, de la répétition de la quatrième couleur, l'enchère de 3, sorte de relais, soit pour 3SA avec une distribution régulière de l'ouvreur, soit pour une enchère au palier de 4 avec un singleton Pique. Encore une fois, ce sont des casse-tête rarissimes, dont la résolution relève plus du plaisir intellectuel que de l'efficacité. Dire 3SA sur 1 a les mérites de la simplicité et ce n'est déjà pas si mal. 3. La répétition des Trèfles a. Sans saut Cinq ou six cartes, une ouverture faible ou moyenne, dans une distribution irrégulière, sauf le cas évoqué quelques lignes plus haut. Exemple : A 7 4 R X 9 4 8 A D 9 6 3 2 b. Avec saut Beaucoup plus précise, elle décrit un bicolore 6-4 de deuxième zone, entre 14 et 17 points d'honneurs. Exemple : 9 4 A R 8 5 X A R X 8 7 4 3 4. Le soutien des Carreaux Après une ouverture de l et une redemande à 1, il ne sera pas fréquent de trouver quatre cartes à Carreau dans la main de l'ouvreur et celui-ci devra, éventuellement, attendre un quatrième tour d'enchères pour exprimer une distribution exceptionnelle. Cette situation peut se rencontrer à partir de deux types de mains. Une distribution 5-4-4-0. Exemple : A D 7 4 A V 6 3 R D 9 7 5
Un 4-4-4-1 que l'on aura choisi d'ouvrir de l pour des raisons de qualité de couleur. Exemple : V D V 8 7 V 7 6 5 A R V 6 Mais, le plus souvent, l'expression de ce soutien révèle la présence de trois cartes à Carreau, quand l'ouvreur aura le sentiment que c'est le renseignement utile. a. Sans saut Exprimé par l'enchère de 2, il décrit, dans une zone 12-15, soit une main irrégulière avec, par inférence, un singleton (chicane) à Pique, soit une main régulière avec, comme déjà vu, deux petits Piques. Exemple : 9 A R 7 6 A D 4 V 9 7 5 3 2 Selon la localisation de ses honneurs dans les mineures, l'ouvreur doit choisir entre la répétition des Trèfles ou le soutien des Carreaux. Ici, la question ne se pose pas. b. Avec saut Il correspond soit à la main régulière de 18-19H décrite un peu plus haut (rare), soit à une main irrégulière de 15 à 18 points d'honneurs. Si la main 0-4-4-5 donnée en exemple au début de ce paragraphe est parfaitement exprimée par un saut à 3, il en est de même pour certaines distributions 5-4-3-1. Exemple : 4 A R 5 2 A D 9 A 9 8 6 4 3 5. La répétition des Cœurs Conventionnelle lorsqu'elle est exprimée avec un saut (quatre cartes à Pique et 18-19), elle décrit, au palier de 2, un bicolore 6-5 de belle facture. Exemple : 6 A V 6 5 3 7 A R D 9 6 5 On pourrait disserter pendant des dizaines de pages des avantages et des inconvénients à ouvrir de 1 plutôt que de 1. Le rôle du répondant II va devoir résoudre deux problèmes : Doit-il continuer les enchères? Quelles sont, dans l'affirmative, les enchères forcing et non forcing dont il dispose? 1. Le répondant passe Disons le tout net, la séquence ne va pas souvent s'arrêter aussi abruptement. Seule une main du répondant inférieure à 11 points d'honneurs, donc avec quatre cartes à Pique et cinq ou six Carreaux, peut faire envisager de mettre un terme à la séquence, si le contrat lui convient. Cela peut arriver après toutes les troisièmes enchères de l'ouvreur de première zone :
1-1 1SA / 2 / 2 / 2 / 2 Mais aussi, après : 1-1 3 Et : 1-1 2SA Je vous laisse le soin d'imaginer, ou d'écrire, les mains du répondant qui justifient un passe après chacune de ces séquences. 2. Les enchères non forcing Les enchères de manche Inutile d'épiloguer sur ce sujet. Ce sont des enchères conclusives, qui ne posent donc aucun problème. Au palier de 2 Les enchères de 2, 2 et 2SA sont toutes trois non forcing et seule l'enchère de 2SA est encourageante, avec sa signification la plus classique, 10-11H et une proposition de jouer 3 Sans-Atout. Remarque a. La séquence : 2-2SA N est pas une enchère d'essai, mais bien une enchère naturelle, sans quatre cartes à Pique, avec, par exemple : 9 6 D V 5 R D 8 7 3 R 7 3 b. La séquence : 2-2 N est, je le répète, ni forcing, ni même encourageante. Au vu de ses cartes, le répondant préfère l'atout Carreau! V X 6 4 A 8 6 D V X 8 7 6 Vous aussi, I présume! c. La séquence : 1SA - 2
Est tout ce qu'il y a de plus naturelle, décrivant un tricolore, le plus souvent 5-4-4-0. Son emploi est peu fréquent, la majorité des joueurs préférant, à tort ou à raison, répondre 1 avec ce type de main : D X 8 4 A V 9 7 6 V X 8 2 Au palier de 3 Si vous le voulez bien, nous allons jouer à un petit jeu. Je vous propose une série de séquences très simples et vous allez écrire sur une feuille bien blanche si elles sont forcing ou simplement encourageantes. Téléphonez ensuite à votre partenaire préféré et demandez-lui de se livrer au même exercice puis comparez vos réponses. Vous êtes prêts? Allons-y : 1) 2-3 2) 2-3 3) 2-3 4) 2-3 5) 2SA - 3 Inutile de vous chamailler si vos réponses divergent, les deux choix obéissent à une logique. L'important est de parler le même langage, en ayant conscience que vous ne pourrez pas exprimer à la fois les jeux limites, de 9 à 11 H, et les mains fortes et fittées. Pour vous simplifier la vie, mon conseil est de jouer toutes ces séquences forcing parce qu'en termes de points de match (imp), il y a plus à gagner qu'à perdre à faire ce choix. Autrement dit, toutes les enchères au palier de 3 du répondant, après le biais de l'enchère de 1, sont fortes et forcing. 3. Les enchères forcing Le principe ci-dessus énoncé raccourcit, avec bonheur, ce chapitre. En fait, il ne reste plus qu'à préciser deux enchères : a. 2 Réfléchissons, s'il nous reste encore un peu de force. Avec quatre cartes à Cœur, le répondant aurait pu dire directement, selon sa force, 2, 3 ou 4 ou, avec des ambitions de chelem, faire suivre son enchère de 1 d'un soutien des Cœurs au palier de 3. Il n'a donc pas quatre cartes à Cœur lorsqu'il utilise la quatrième couleur à 1 suivie de l'enchère de 2. C'est donc une enchère conventionnelle, par définition forcing. Dans quel but? Indiquer une force à Cœur pour jouer 3 Sans-Atout ou, tout simplement, découvrir le meilleur contrat. Exemple : 9 R D 9 A 9 8 6 4 2 R V 7 1SA - 2 Une meilleure enchère que 3, avec une couleur aussi quelconque. b. 2 La répétition de la quatrième couleur est une enchère qui perd de son utilité lorsqu'on a décidé de jouer toutes les enchères au palier de 3 forcing. Attention! Avec un bicolore 6-5 Carreau-Pique, le répondant saute à 2 sur 1 puis les répète au palier de 3. Quelques experts ont décidé d'inverser la signification des enchères de 1 et de 2 : 1 garantit quatre cartes à Pique et 2 est une
quatrième couleur stricte. Pourquoi pas? Mais comment l'ouvreur peutil préciser sa zone sur l'enchère de 2, en ayant perdu un palier d'enchère essentiel? C'est une question dont j'ignore la réponse. Bien. Séquence suivante. II - 1-2 Je suppose que tout le monde a entendu parler de cette règle simpliste : la quatrième couleur exprimée par un bicolore cher est forcing de manche. C'est simple, c'est pratique et donc adopté à l'unanimité sans vraiment savoir pourquoi. En fait, la raison est évidente. Le palier de son expression est toujours suffisamment élevé pour placer la troisième enchère du répondant au-dessus de 2SA, avec les conséquences que vous ne pouvez plus ignorer. À première vue, la séquence que je vous soumets ressemble bien à l'exception qui confirme la règle. Si les enchères se déroulent ainsi : 1-2 2-2SA Il y a une contradiction entre les deux principes : 2 est un bicolore cher et les enchères n'ont pas dépassé le palier de 2SA. Où est l'erreur? Réfléchissons ensemble. L'ouvreur vient de décrire un bicolore 5-5 Trèfle-Pique qu'il a choisi d'ouvrir de 1. Il n'a donc pas une ouverture faible et, en toute logique, il ne peut pas passer sur 2SA. Profitant de cette aubaine, le répondant peut et doit dire 2SA avec des mains très fortes pour obtenir un complément d'information et, a contrario, conclure à 3SA avec des jeux de 11 à 13 points d'honneurs sans fit. Exemple : D 5 A X 8 5 R D 9 7 5 3 1-2 - 7 2-3SA R 8 A 9 6 A V X 9 5 2 1-2 - R 9 2-2SA Bien malin celui qui peut déterminer dès le troisième tour d'enchères quel est le meilleur contrat. Attendons d'en savoir plus. Une dernière remarque qui a son importance : le principe du "moins mauvais mensonge" tel qu'il a été largement explicité précédemment ne s'applique que sur les quatrièmes couleurs économiques. Après un bicolore cher ou un changement de couleur 2 sur 1 au premier tour d'enchères, la stratégie est différente. La manche va être déclarée, l'économie des paliers n'est plus prioritaire, l'ouvreur a rarement les moyens de préciser sa zone. Pourtant, on ne peut pas mentir sur la tenue dans la quatrième couleur, ni répéter sa deuxième couleur sans l'allonger. Quelques exemples, pour y voir plus clair. 1-2 - 2-2 2SA : garantit une teneur à Pique 3 : toujours 5-5 3 : trois cartes ou un honneur second 3 : faute de mieux
2-3 3 : toujours 5-5 3 : faute de mieux 3 : trois cartes 3SA : Garantit une tenue Trèfle 1-2 - 2-3 3 : trois cartes ou un honneur second 3 : toujours 5-5 3 : faute de mieux 3SA : Garantit une tenue Trèfle Bon. Je suis sûr que vous avez compris le principe. Si vous avez réussi à lire d'une traite tout cet article, bravo pour votre constance et votre patience. Je vous conseille néanmoins de laisser reposer quelques jours et de le reprendre tranquillement, en compagnie de votre partenaire préféré. Même si vous n'êtes pas d'accord avec tout ce qui est écrit, cela vous donnera une bonne base de réflexion. À bientôt, pour la troisième couleur forcing.