Les problématiques du producteur concernant les protéines Dominique ROMELOT AXEREAL

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Transcription:

Les problématiques du producteur concernant les protéines Dominique ROMELOT AXEREAL

des protéines trop élevées aux protéines trop faibles Message rappelé aux producteurs pendant 25 ans : ne pas dépasser le seuil critique de 11,5% de protéines. Conseils de fertilisation azotée conçus avec objectif de protéines inférieur à 11,5% en tentant de viser le rendement proche du maximum. Base des conseils : - 1/ calcul d une dose optimale pour le rendement (méthode du bilan) - 2/ minoration de cette dose pour maîtriser les protéines (cf. synthèse ARVALIS 2004 d essais azote conduits de 93 à 03)

Evolution des conseils Exemple de la zone sud d AXEREAL (Berry) - Dans les années 90 : grilles de conseils standards en fonction des types de sols et d objectifs de rendements potentiels. - Depuis la mise en place des 4èmes programmes d action en zones vulnérables, nécessité de concevoir des conseils individualisés à la parcelle (plusieurs milliers de conseils de doses d azote, basés sur la méthode des bilans (logiciel EPICLES (INVIVO)), avec la justification du calcul.

Exemple grille de préconisation de doses d azote (Berry, 2004) Préconisation de doses totales d azote sur orge de printemps brassicole Sol EXEMPLE GRILLE DE PRECONISATION DE DOSES D AZOTE (BERRY, 2004) PRECONISATIONS DE DOSES TOTALES D AZOTE SUR ORGE DE PRINTEMPS BRASSICOLE (précédent céréales et antéprécédent colza) Argilo-calcaire irrigué Sable irrigué Argilo-calcaire moyen non irrigué Sable non irrigué Limon argileux ou argilo-cal. prof. Limon / limon sableux Argileux (précédent céréales et antéprécédent colza) Objectif/Potentiel rendement (Qx/ha) Dose totale conseillée (u/ha) forme solide 65/70 qx 110 u sol moyennement profond/ 120 u sol superficiel 60 qx 105 u 55 qx 95 u 65 qx 100 u 60 qx 90 u 60 qx 100 u 55 qx 90 u 70 qx 90 u 65 qx 80 u

Résultats/ Constats Evolution des teneurs en protéines au cours des 10 dernières années, au niveau national et dans le Berry : - Orge d hiver : protéines assez bien contenues - Orge de printemps : variabilité plus grande entre années, avec parfois des années avec teneurs trop élevées et d autres avec des teneurs trop faibles

Variabilité des teneurs en protéines des orges (Berry) Variabilité et et évolution des rendements et teneurs en protéines des orges de de brasserie (Berry) R 04 R 05 R 06 R 07 R 08 R 09 R 10 R 11 R 12 R 13 Moy. Orge hiver Rdt (q/ha) 73 76,5 74,2 63,9 68,2 69,5 67,8 63,2 68,8 68,6 69,4 +/-7 q +/-10% Prot (%) 10 9,9 10,0 10,5 10,4 10,6 10,5 10,8 10,6 9,7 10,3 Dose N (u/ha) 142 137 134 137 138 134 131 132 118 137 134 Orge printps Rdt (q/ha) 55 49,5 47,8 40,2 56,1 63 50,3 41 63,5 57,0 52,3 +/-11 q +/-20% Prot (%) 10,6 11,4 10,9 12,0 9,7 10 11,3 12,6 9,8 8,9 10,7 Dose N (u/ha) 113 104 101 106 105 111 111 106 102 111 107 (Source : enquêtes culturales AXEREAL zone Berry) Orge d hiver : protéines entre 9,7 et 10,8 %. 4 années/ 10 avec des protéines faibles 0rge de printemps : de 8,9 à 12,6 %; 2 années sur 10 avec des protéines trop élevées et 4 sur 10 avec des teneurs trop faibles

Questions posées par les producteurs : 1/ N est-on pas allé trop loin dans la maîtrise des protéines en appliquant des doses d azote trop faibles au risque de d une pénalisation du rendement? Les protéines faibles s observent lors d années à bons rendement (phénomène de dilution) mais également lors d années à rendements dans la moyenne pluriannuelle (dose d azote insuffisante?) alors que les protéines trop élevées s observent lors d années à rendements faibles et fins de cycle avec échaudage et non pour des doses d azote excessives. 2/ Avec les variétés plus récentes, en orge d hiver et de printemps, plus productives et ayant moins tendance à «faire des protéines», ne pourrait-on pas augmenter les doses d azote?

Quelles réponses donner en tant que conseiller? La plus grande part de la production d orge de brasserie se trouve dans des régions concernées par la réglementation «directive nitrates» s appliquant aux zones vulnérables. De ce fait, la dose d azote à apporter doit être calculée en utilisant la méthode du bilan : - les besoins de la culture sont cadrés : Y = b (u N/q) x objectif de rendement b = 2,2 u/q ou bien 2,5 u/q avec minoration de dose Objectif de rendement = règle de la moyenne historique sur l exploitation

La règle de l objectif de rendement basée sur l historique pose un réel problème dans les régions où les rendements sont irréguliers d une année à l autre, surtout dans les sols superficiels et non irrigués. Avec le réchauffement climatique, l orge de printemps sera de plus en plus soumise à ce risque. Quand les rendements peuvent fluctuer de 45 à 65 q, avec une moyenne à 55 q, la dose calculée pour un objectif de rendement de 55 q ne permettra pas d atteindre 65 q lors des années avec des conditions climatiques favorables et elle conduira à des teneurs en protéines très faibles.

Les différents postes de fournitures d azote par le sol sont également cadrés : - reliquats azote sortie d hiver (mesurés ou estimés) - minéralisation humus du sol - minéralisation des résidus du précédent - azote fourni par la culture intermédiaire - azote fourni par les apports organiques - azote provenant de l eau d irrigation Les valeurs de ces postes sont fixées au niveau des régions (GREN) et paraissent intangibles.

Le conseiller/prescripteur qui élabore des conseils de fertilisation azotée peut et/ou doit utiliser des outils/logiciels basés sur la méthode du bilan et respectant au plus près ces valeurs et paramétrages. Le producteur doit pouvoir justifier le calcul de la dose totale prévisionnelle d azote qu il compte appliquer et ne pas la dépasser. D une dose conseillée, on est passé à une dose calculée résultant d un paramétrage normalisé, qui doit être justifiée et correspondant de fait à une dose maximale autorisée.

Exemple de calcul de la dose d azote prévisionnelle, méthode du bilan Exemple de calcul de la dose d'azote prévisionnelle, méthode du bilan Cas concret n 1 Cas concret n 1 Orge de printemps, variété Concerto, objectif de rendement 60 q sol limon, précédent pois (puis blé retourné semis novembre) Nièvre Méthode du bilan : outil de calcul EPICLES GREN Bourgogne Besoins culture Pf 2,2 u/q x rdt 2,5 u/q x rdt - 25 u 132 u 125 u azote restant après récolte Rf 20 u 20 u total besoins 152 u 145 u Fournitures reliquat azote sortie hiver Ri 29 u 35 u minéralisation humus sol Mh 45 u 35 u minéralisation résidus précédt pois Mr 20 u 20 u total fournitures 94 u 90 u Dose azote calculée 60 u 55 u

Exemple de calcul de la dose d azote prévisionnelle, méthode du bilan Exemple de calcul de la dose d'azote prévisionnelle, méthode du bilan Cas concret n 2 Cas concret n 2 Orge de printemps, variété Concerto, objectif de rendement 60 q, sol limon, précédent blé pailles enfouies Nièvre Méthode du bilan : outil de calcul EPICLES GREN Bourgogne Besoins culture Pf 2,2 u/q x rdt 2,5 u/q x rdt - 25 u 132 u 125 u azote restant après récolte Rf 20 u 20 u total besoins 152 u 145 u Fournitures reliquat azote sortie hiver Ri 6 u 25 u minéralisation humus sol Mh 45 u 35 u minéralisation résidus pailles enf. Mr - 20 u - 20 u minéralisation CIPAN Mr 15 u 15 u total fournitures 46 u 55 u Dose azote calculée 106 u 90 u

Conclusions et perspectives - 1/ Il serait judicieux de remettre un peu de souplesse dans la détermination de la dose d azote (gain de productivité) -2/ Il faudrait pouvoir disposer sur orges de brasserie d outils de pilotage, permettant de réajuster à la hausse la fertilisation azotée comme sur blé, sur la base d une modélisation des besoins et des fournitures en fonction des conditions climatiques ou d outils de diagnostic de nutrition azotée (analyses de jus de tiges, indice chlorophyllien, etc).

Conclusions et perspectives (suite) -3/ Il faut que les partenaires/organismes techniques concernés des régions brassicoles (ARVALIS, O.S., Chambres d agriculture) travaillent de nouveau sur l optimisation de la fertilisation azotée de l orge de brasserie (essais courbes de réponses aux doses d azote) dans un contexte de fournitures d azote du sol qui a changé depuis les dernières références des années 1993 à 2003 ( suite à l ajustement ou la baisse des doses d azote pratiquées notamment sur les principales têtes d assolement : colza, betterave, pomme de terre.