Fig. 1 Les trames viaires et agraires des centres de colonisation de Boufarik, Chebli et Bouinan en Mitidja centrale.

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Transcription:

1 Le but de cet article est d étudier la morphologie agraire du centre de la Mitidja, autour de la plus ancienne colonie française de cette plaine, celle de Boufarik, fondée en 1835, et de noter un essai, très imparfait, de mise en cohérence des trames agraires de trois colonies : Boufarik, Chebli et Bouinan. Sur le plan typomorphologique, cette étude conduit à situer la morphologie des fondations françaises d Algérie plus près du modèle médiéval de colonisation que du modèle nord-américain ou australien contemporain. Fig. 1 Les trames viaires et agraires des centres de colonisation de Boufarik, Chebli et Bouinan en Mitidja centrale.

2 Les trames agraires de Boufarik Le site de Boufarik est marqué par la convergence des oueds et des zones de marécages, principalement au nord de l emplacement choisi pour installer le camp d Erlon puis la ville de Boufarik. La pente va du sud au nord et l écoulement est gêné, au nord du site de Boufarik, par des zones basses marécageuses qui expliquent les débuts difficiles du nouveau village. Le site du camp s explique par la nécessité de disposer d un point militaire le long de la route qui conduit d Alger à Blida. Ce choix devait ensuite entraîner toute une série de décisions d implantation, routes, centre de colonisation et enfin trames agraires dans un milieu assez peu favorable. Fig. 2 Le site d implantation de la colonie de Boufarik (les fonds colorés soulignent les emplacements et les aires d extension des trames du lotissement agraire colonial ; en bleu, les zones marécageuses).

3 Le centre et le périmètre de colonisation Le périmètre de colonisation a été dessiné autour de la future ville, et il représente, avec la concession Borély-Lasapie, une superficie considérable. Une carte de 1845 le figure, et montre que l implantation du site a nécessité, avant même le dessin des trames agraires encore inexistantes, le tracé des routes et, probablement aussi, d un grand fossé d écoulement au nord du site. Fig. 3 Carte de 1845. Le périmètre de colonisation est décidé mais les trames agraires ne sont pas encore réalisées. En revanche, la concession dite Borély-Lasapie est déjà actée et ses limites précisées.

4 Le document suivant est une carte redessinée, qui reprend les informations sur le périmètre de colonisation dans les années 1850, et montre le type de lotissement projeté. On y reconnaît les trames t1 et t2, isoclines, issues de l orientation de la croisée des voies et de la ville de Boufarik, et, au nord-est du périmètre de colonisation, une trame aux orientations composites, dans la zone la plus soumise aux contraintes hydrologiques. Fig. 4 Le plan de lotissement de Boufarik redessiné d après les documents des années 1852-1856.

5 Le centre lui-même est une fondation qui adopte le plan dit à demi Neuf Bisach, parce que la place n est pas centrale mais déplacée sur un des côtés latéraux, ici à l ouest, du côté du camp militiare d Erlon. Dans ce que nous avons lu, les renseignements sur le lotissement urbain ne sont pas présentés de façon cohérente et précise : le village aurait été prévu pour 20 à 40 familles ; mais on lit aussi que le lotissement urbain comprenait 502 lots d un tiers d hectare (ce qui fait 165 ha! il ne peut s agir du lotissement initial). Fig. 5 Le site urbain de Boufarik en 1960 (carte IGN). 6 Les trames de lotissement t1 et t2 Le centre de colonisation de Boufarik est encadré par deux trames agraires qui présentent la particularité d être distinctes mais de respecter la même orientation que celle de la fondation urbaine. Leur identification est permise à la fois par cette identité d orientation et par la répétition, dans chacune d elle, de parcelles de 4 ha (ou de 8 ha) qui correspondent au module de l assignation des terres. Chaque colon recevait en effet un, deux ou trois modules de 4 ha, selon l importance de sa famille. La trame t1 est une trame en cinq unités intermédiaires sous forme de cinq bandes parallèles et de même largeur (400 m), au sein de laquelle il est possible de restituer des unités subintermédiaires de 400 x 200 m soit 8 ha.

La façon de subdiviser cette parcelle de 8 ha est double. La photographie aérienne témoigne de l importance de la division dans le sens longitudinal (nord-sud), attesté par le document précédent, ce qui donne deux parcelles de 400 x 100 m. au sein de l unité subintermédiaire. Cette forme de subdivision convient au drainage en multipliant les canaux de sens sud-nord. Mais on a aussi des indices d une possible division de l unité en deux parcelles carrées de 200 par 200 m. Fig. 6 Le détail du lotissement de la trame t1 à l ouest de Boufarik, avec les bandes intermédiaires est-ouest, les unités subintermédiaires de 8 ha (ici différenciées par les couleurs) et les parcelles de 4 hectares, bases de l attribution. La trame t2, dans son aspect actuel sur la photographie aérienne, est un damier dont on reconnaît encore quelques-unes des unités carrés d origine au sud de la ville actuelle, d une mesure de 200 m de côté, soit 4 ha. 7 Un essai de systématisation de la forme de la planification La carte générale de la figure 1 montre que la fondation de Chebli (1854) et celle de Bouinan (1857), une vingtaine d années après la fondation de Boufarik, ont été l occasion d une tentative de systématisation de la morphologie planifiée, via la diffusion de l orientation par le réseau routier local. La systématisation repose sur plusieurs éléments : - un cadre routier rectangulaire a été dessiné, avec les voies v1 au nord, v2 au sud, v3 à l ouest, et v6 à l est ; - les centres de colonisation de Chebli et Bouinan ont été situés le long des voies v1 et v2 et leur dessin respecte l orientation dictée par la voie ;

- à partir de chaque centre, on observe la mise en place d une croisée de voies issue du centre de colonisation ; il s agit de v1-v3 à Boufarik, de v1-v5 à Chebli et de v2-v4 à Bouinan. - ces croisements locaux diffusent l orientation en ordonnant les trames t1, t2, t3 et t4, (puis l extension de t6 sur le territoire de Houch el Bey). 8 Les centres de Chebli et Bouinan diffèrent peu entre eux. Chebli est un village rectangulaire avec place centrale, Bouinan un village de plan carré également avec place centrale. Chebli a reçu un plan rectangulaire de 600 x 250 m soit 15 hectares. Bouinan, un plan carré de 400 m de côté, soit 16 hectares. Fig. 7 Comparaison des plans des centres de colonisation de Chebli et de Bouinan, à la même échelle. L église est à chaque fois située au sud et orientée au sud. 9 Le lotissement agraire de Chebli et Bouinan (trames t4 à Chebli et t3 à Bouinan sur la figure 1) ne respectent la régularité de la division qu à proximité du village. La figure suivante donne le relevé des structures intermédiaires et des modules de la planification agraire de la trame t4 à Chebli. On a utilisé trois modules : le module vert émeraude (fig. 8) mesure 250 x 600m soit 15 ha ; le module rose mesure 300 x 600 m soit 18 ha et le module bleu 535 x 300 soit 16,05 ha. Très vite le principe de régularité mis en place dans le découpage autour du village paraît céder le pas au profit d une mosaïque nettement plus aléatoire d unités intermédiaires. Si l on peut tenir compte de possibles transformations intervenues depuis un siècle et demi qui auraient pu oblitérer le lotissement d origine, on peut aussi penser que la difficulté à assigner les terres, à trouver des candidats et à les maintenir sur place peut aussi rendre compte du moindre achèvement de la forme rurale et de l oubli des périodicités du plan initial. Dans ce

cas la diffusion de la géométrie due aux axes (v1 et v6 de la figure 1) pourrait avoir été fortuite, par diffusion de proche en proche et non par par l effet de la distribution planifiée des terres et des lots aux colons. Fig. 8 La trame agraire de Chebli (t4) avec ses axes et ses trois modules d unités intermédiaires. 10 Cet essai de systématisation de la forme planifiée, par la médiation des voies, s arrête là. Il n y a pas, comme c est le cas dans le système colonial du township nord américain, d extension infinie du quadrillage (les trames des centres voisins sont complètement différentes, Rovigo, Souma, Béni Mered), pas plus qu il n y a calage de l orientation sur les coordonnées géographiques (l axe Boufarik Chebli ou v1 de la figure 1 est orienté à 87 et non 90 ). Cet essai ne peut donc pas être lu comme une volonté (même une volonté qui aurait été contrariée) de tenter un système géoréférencé. C est un dispositif strictement local, imparfaitement réalisé (le rectangle des voies n est pas fermé du côté de Souma). Il n affecte pas la logique territoriale ou communale de la colonisation et malgré leur réunion dans une orientation identique, les centres de colonisation restent individualisables et leurs propres trames agraires isoclines bien circonscrites. Le critère principal est ici le respect des limites communales qui montre que les plans de lotissement n ont pas dépassé les périmètres de colonisation, lesquels ont une relation étroite avec la fixation des limites des nouveaux territoires, devenues l origine des nouvelles communes. 11 En outre, un sondage dans les différentes plaines du nord de l Algérie montre que nulle part ailleurs on n a tenté quelque chose de semblable, le lotissement ayant toujours été réalisé au moyen de trames d orientation variable, pensées indépendamment dans le cadre communal. L effet de géométrie qui l emporte souvent, dans la Mitidja par exemple, n est dû qu à la

multiplication de ces initiatives locales dont la juxtaposition provoque la goémétrisation quasi continue de l espace rural de la plaine. 12 Conclusion 1. La région de Boufarik, choisie pour être le tout premier site de colonisation de la Mitidja, a fait l objet, une vingtaine d années après la fondation de Boufarik, d une tentative de systématisation de la planification, lorsque les deux autres centres de colonisation ont été créés à partir d un cadre routier rectangulaire qui les a réunis et orientés. Le résultat est que les trames agraires de lotissement des trois centres sont isoclines bien que distinctes et séparées entre elles. Mais c est un simple effet de géomètre, et non pas l amorce d un plan concerté et cohérent des formes de la colonisation. 2. Malgré cet essai de mise en cohérence des trames agraires de trois centres de colonisation, le schéma viaire et parcellaire n a pas été imposé à l ensemble de la plaine, de même qu il n est pas devenu le point de départ d un quadrillage d axes qui aurait rappelé les limitations romaines ou, de façon plus contemporaine, qui aurait emprunté son modèle au quadrillage géoréférencé du range and township system nord-américain, ou au modèle équivalent mis en place en Australie. Au contraire, d autres particularités conduisent à rapprocher les trames agraires de la Mitidja centrale des trames agraires médiévales : le rapport entre les trames et les limites communales, qui indique une conception au sein d un territoire circonscrit ; le mode de division en trames localisées, et le mode de subdivision en bandes ou en damiers qui évoquent les mêmes modes de lotissement que ceux utilisés au Moyen Âge. Les trames agraires coloniales de l Algérie participent donc d un modèle de fondation assez courant, qu on rencontre surtout à partir du XIIe siècle, et dont les illustrations sont les trames de certaines fondations de Gascogne et d Italie du Nord. 13 Bibliographie G. Chouquer, septembre 2012 Tarik BELLAHSENE, La colonisation en Algérie : processus et procédures de création des centres de peuplement. Institutions, intervenants et outils, thèse Université de Paris VIII, 2 tomes, Vincennes et Saint-Denis 2006, 619 p. Tome 1 disponible sur internet. Abdelkrim BITAM, L héritage des tracés d époque coloniale française en Algérie face au projet urbain, dans Projets de paysage, le 20 juillet 2011 ; http://www.projetsdepaysage.fr/fr/l_heritage_des_traces_d_epoque_coloniale_francaise_en_alger ie_face_au_projet_urbain Cet intéressant article qui traite du cas de Boufarik, ne porte que sur les aspects formels de la composition urbaine. L auteur cherche à expliquer la géométrie du plan par l histoire de l art. On n y mentionne pas, par exemple, la taille du lot urbain. Boualem TOUARIG, Ce que fut le système colonial, sur le site Mémoire Algérienne, http://memoire.xooit.fr/t583-ce-que-fut-le-systeme-colonial.htm