musee-mine.saint-etienne.fr. Dossier enseignant. Mineurs d ici et d ailleurs. Collège - Lycée

04 77 43 83 26 musee-mine.saint-etienne.fr Dossier enseignant Mineurs d ici et d ailleurs Collège - Lycée Collection Puits Couriot / Parc-Musée de la Mine Service médiation Puits Couriot / Parc-Musée de la Mine 2016

PRÉSENTATION DE L'ANIMATION L exploitation du charbon a nécessité une main-d œuvre importante. Aujourd hui encore, l univers de la mine reste associé à l histoire des populations immigrées qui se sont succédées au fond. Cette visite guidée thématique permet de contextualiser les vagues d immigration. Elle offre aux élèves une manière d appréhender le quotidien, la diversité des parcours et l importance de la contribution de ces populations étrangères au développement économique de la France. Pour un meilleur confort de visite, la classe est divisée en deux groupes, chacun guidé par un médiateur culturel. Cette animation d une durée d 1h45 se déroule en deux temps : Le musée se réserve le droit de changer l ordre des séquences. L atelier peut se dérouler avant ou à la suite de la visite. Visite du site et de la galerie reconstituée : 1h15 «Au jour», c est à dire en surface, les bâtiments du Puits Couriot permettent d appréhender la taille de telles installations minières et leur besoin de main d oeuvre. Dans la galerie de mine reconstituée, les élèves découvriront les conditions de travail des mineurs immigrés. Visite des nouveaux espaces d exposition permanente : 30 mn Les nouvelles salles d exposition donnent à voir plusieurs documents, affiches, maquettes, qui renvoient à l histoire des migrations à la mine, d origines étrangère ou coloniale. Sommaire du dossier Le présent dossier est conçu pour vous permettre de préparer votre visite ou d aller plus loin par la suite. I. Affiche italienne «Enrôlement de mineurs pour la France» p. 3 II. Chronologie de l immigration à la mine p. 4 III. Le point de vue des Charbonnages de France sur la main-d oeuvre immigrée p. 5 IV. Le contrôle des travailleurs étrangers p. 6 V. Bibliographie et webographie p. 19 À noter Si vous réalisez un questionnaire pour vos élèves, vous pouvez nous consulter en amont afin qu il soit en cohérence avec la visite proposée. Au cours de la visite, les médiateurs privilégient les explications et les échanges avec les élèves, les questionnaires sont à remplir à l issue de la visite. 2

I. Affiche italienne «Enrôlement de mineurs pour la France» Affiche de recrutement pour les Charbonnages de France, en direction de la main d oeuvre italienne, Editions Paul Martial, Paris, 1947, Collections Puits Couriot / Parc-Musée de la Mine. 3

II. Chronologie de l immigration à la mine 1 1689 : Colbert fait appel à environ 200 mineurs liégeois pour installer et faire fonctionner des manèges à chevaux (vargues ou hernaz) dans les mines de Decize, dans le Nivernais. 2 1780 : Le bassin de la Loire est le premier bassin charbonnier de France. 1800-1850 : Apogée des mines stéphanoises, présence ponctuelle d ouvriers italiens, hongrois ou espagnols. 3 1894-95 : Incidents entre ouvriers français et ouvriers italiens à Saint-Chamond. Vers 1880-1910 : Présence notable de mineurs étrangers dans la Loire (Grecs, Espagnols, Maghrébins, Italiens) en particulier pour la Compagnie de Villeboeuf 4. 1912 : Accords entre la France et le Royaume du Maroc (alors sous protectorat français) pour l obtention de main d oeuvre. 1914-1918 : Première Guerre mondiale. Le besoin de main d oeuvre dans l industrie et notamment la mine augmente, alors que nombre de jeunes hommes partent au Front. L industrie a recours, massivement, à la main d oeuvre étrangère et coloniale. Pour gérer leur recrutement, l état crée plusieurs organismes : le Service d Organisation des Travailleurs Coloniaux (le SOTC, qui s occupe aussi de recruter une abondante main d oeuvre chinoise) et le Service de la Main d Oeuvre Étrangère (SMOE). Pendant les années 1920, l hécatombe de la guerre et les besoins de la reconstruction font de la France le premier pays d immigration au Monde, si l on rapporte le nombre d immigrès à la population du pays. 1917 : Création, en France, de la carte d identité, d abord uniquement pour les étrangers. 1919 : Signature de la Convention de Varsovie, entre la Pologne et la France, «relative à l émigration et à l immigration», pour l envoi de main d oeuvre. 1924 : Création de la SGI, Société Générale d Immigration, par les syndicats patronaux, notamment le Comité Central des Houillères de France. Elle va monter des campagnes de recrutement à l étranger. La SGI gère notamment le très important bureau de recrutement de Myslowice, en Silésie Polonaise, et organise des filières d immigration qui font passer beaucoup de futurs mineurs polonais par la ville de Toul avant d être répartis dans les différents bassins miniers français 5. 1928 : 20% de la population de Saint-Étienne est étrangère, contre 7 % au niveau national. 1932 : Loi sur la préférence nationale : Du fait de la crise économique, l état décide de privilégier 1942 : Catastrophe de la Chana, à Saint-Étienne, due à un coup de poussier (67 morts dont 18 musulmans). 1956 : Fondation de la Sonacotra, Société nationale de construction de logements pour travailleurs, dont les foyers hébergeront de très nombreux travailleurs immigrés, principalement algériens. 1968 : Circulaire Marcellin : premières restrictions à l immigration. 1974 : Début de la politique de regroupement familial. 1 Sources principales (pour les autres sources, voir les notes ci-dessous) : -Gauthier Catherine, D ici et de là-bas. Timezrit/Saint-Étienne, mémoires de mineurs, Saint-Étienne, Unesco, Éditions du Puits Couriot, -Parc-Musée de la mine, coll. «Patrimoines du Bassin de la Loire», 2014 -Site internet de la Cité nationale d histoire de l immigration : http://www.histoire-immigration.fr/ 2 Robert-Armand Planchar, La machine de Decize, Louis XIV et les Liégeois, Cefal, 2013 3 Association généalogique de la Loire, Essai de recensement des accidents mortels survenus au XIX e siècle dans les mines de houille de l arrondissement de Saint-Étienne (Loire), décembre 1993. 4 Archives nationales du monde du travail, Caisse Autonome des Ouvriers Mineurs, Paris LOIRE. dossier cote : 2010 012 0403-2070 5 PONTY J. (Dir.) Polonia, des Polonais en France depuis 1830, catalogue de l exposition, co-édition Cité nationale de l histoire de l immigration/montag. 2011 4

III. Le point de vue des Charbonnages de France sur la main-d oeuvre immigrée Ces deux documents du milieu du XX e siècle, sont extraits de rapports d activité des Houillères du Bassin de la Loire, faisant partie des Charbonnages de France, entreprise d État crée lors de la nationalisation des mines en 1946. Ils mettent en lumière l enjeu important que représentent les questions de main d oeuvre dans le secteur minier, les stratégies de recrutement à l échelle internationale, ainsi que quelques jugements de valeur sur les travailleurs des différentes nationalités. Il s avère difficile de recruter et de stabiliser les milliers de travailleurs nécessaires au bon fonctionnement de l industrie minière. La mention de l Office National d Immigration 1 rappelle la longue histoire des politiques publiques de recherche de main d oeuvre étrangère. Rapport de gestion, Houillères du Bassin de la Loire, 1948, pages 6 et 7, collection Parc-Musée de la Mine Rapport de gestion, Houillères du Bassin de la Loire, 1951, p. 16 1 L Office National de l Immigration (ONI) dépendant du ministère du Travail, a été créé par le général de Gaulle le 2 novembre 1945. L ONI a le monopole du recrutement en France des travailleurs étrangers. Faisant suite à des organismes publics de ce genre ayant existé par exemple pendant la Première Guerre mondiale, l ONI est l ancêtre de l actuel OFII (Office de l immigration et de l intégration). 5

IV. Le contrôle des travailleurs étrangers En France, depuis longtemps, les étrangers sont soumis à des contrôles. La législation en la matière se précise et se durcit à partir de la fin du XIX e siècle. En 1888, un décret impose aux étrangers de se déclarer auprès de leur municipalité de résidence. En 1893, une loi précise cette demande et en fait la condition préalable à l obtention d une permission de travailler. En 1917 est instituée une carte d identité pour les étrangers. Ce sont les services de police du ministère de l Intérieur qui gèrent l attribution de ces cartes. Les documents ci-dessous relèvent de ce type de contrôle et révélent la précision du suivi administratif et policier dont les étrangers sont l objet. Ce contrôle a permis d exercer un suivi statistique assez pointu des différentes nationalités représentées dans le bassin de la Loire. 1. «État numérique par nationalité et par profession des travailleurs étrangers», Saint Étienne, 1926 Le contrôle des travailleurs étrangers est assorti d un suivi statistique de cette population. Ce tableau de 1926 atteste de leur forte présence à Saint-Étienne dans les années qui suivent la Première Guerre mondiale : 5864 travailleurs étrangers recensés au total, cela représente environ 3% des 193 737 habitants de la commune 1. Les mines sont leurs premiers employeurs, devant la métallurgie et le bâtiment. Ces trois secteurs accueillent respectivement 48%, 27% et 14,5% de main d oeuvre étrangère. Si pendant la guerre, à Saint étienne comme dans le reste du pays, de nombreux travailleurs coloniaux, africains, asiatiques étaient présents, ceux-ci ont eu tendance à être remplacés par des ressortissants de nations européennes 2 : on trouve ainsi beaucoup d Espagnols, Italiens et Polonais. Les conventions signées par la France avec la Pologne, l Italie et la Tchécoslovaquie en 1919-1920 s inscrivent dans cette politique migratoire tournée vers l Europe. La mine se distingue cependant nettement de ce mouvement en embauchant aussi beaucoup de Marocains. Ceux-ci y constituent même la première communauté étrangère. Le tableau indique qu ils travaillent d ailleurs presque exclusivement dans les mines. Collection Puits Couriot / Parc-Musée de la Mine 1 2 Recensement de 1926, wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/saint-%c3%89tienne#d.c3.a9mographie Site de la Cité nationale de l histoire de l immigration 6

2. Quelques fiches de déclaration de résidences de mineurs étrangers Les Archives Départementales de la Loire conservent, classés à la cote «série M», de nombreuses déclarations de résidence de travailleurs étrangers et de leurs familles, établies en application du décret de 1888 et de la loi de 1893. Entre la promulgation de la loi et le milieu du XX e siècle, des personnes de 58 nationalités différentes ont été enregistrées dans le département. Dans les pages suivantes, nous présentons les fiches de déclaration de résidence, recto-verso, de quelques mineurs. à noter L utilisation de ces documents, contenant des informations personnelles, nécessite de suivre certaines règles. C est pourquoi nous avons flouté les noms des personnes. Pour se procurer une copie de ces fiches en vue, par exemple, d une utilisation en classe, il convient de se mettre directement en relation avec les services des Archives Départementales de la Loire. Pour aller plus loin Vous trouverez un dossier thématique sur le site de la Cité nationale d histoire de l immigration http://www.histoire-immigration.fr/des-dossiers-thematiques-sur-l-histoire-de-l-immigration/ enregistrer-et-identifier-les-etrangers-en-france-1880-1940 7

Archives départementales de la Loire, série M, dossier 1113_001. Recto. 8

Archives départementales de la Loire, série M, dossier 1113_001. Verso. 9

V. Bibliographie et webographie Les ouvrages cités ci-dessous sont consultables au centre de documentation du Musée de la Mine, sur rendez-vous auprès de Mireille GRIVOT au 04 77 43 83 36 ou par e.mail : mireille.grivot@saint-etienne.fr Ouvrages généraux BENGUIGUI Y., Mémoires d immigrés. L héritage maghrébin, Albin Michel,1997. BLANC-CHALÉARD M-C., Les immigrés et la France XIX e - XX e siècle, La documentation Française, 2003. BLANC-CHALÉARD M-C., Les Italiens en France depuis 1945, PUR, 2003. BLANC-CHALÉARD M-C., DUFOIX S., WEIL P., L étranger en questions du Moyen Age à l an 2000, Manuscrit Université, 2005. BLÉVIS L., Laffont-Couturier H., Jacomijn Snoep N., Zalc C., 1931, Les étrangers au temps de l exposition coloniale, Gallimard/Cnhi, 2008. BUZZI S., DEVINCK J-C., ROSENTAL P-A., La santé au travail, 1880-2006, La Découverte, 2006. COOPER-RICHET D., Le Peuple de la nuit, Mines et mineurs en France XIX e XX e siècles, Perrin, 2002. DEWITTE P., Deux siècles d immigration en France, Le point sur l intégration et la citoyenneté, La Documentation Française, 2003. FAVRY C., La cantine des Italiens, Edition Labor, 1996. GALLORO P., PASCUTTO T., SERRÉ A., Mineurs algériens et marocains, Une autre mémoire du charbon lorrain, Editions Autrement, 2011. GUILLAUME P., «Du bon usage des immigrés en temps de crise et de guerre 1932-1940», in Vingtième siècle, Revue d Histoire, n 7, 1985, p. 117-126 GUEDJ F., SIROT S., Histoire sociale de l Europe, Industrialisation et société en Europe Occidentale 1880-1970, Seli Arslan, 1997. PONTY J., Des Polonais en France de 1830 à nos jours, Cité de l Histoire de l immigration, 2011. VERRET M., L espace ouvrier, L Harmattan, 1995. Immigration et mine CEGARRA M., La mémoire confisquée. Les mineurs marocains dans le Nord de la France, Presses Universitaires du Septentrion, 1999. PLANCHAR R-A., La machine de Decize, Louis XIV et les Liégeois, Cefal, 2013. PONTY J. (Dir.) Polonia, des Polonais en France depuis 1830, catalogue d exposition, co-édition Cité nationale de l histoire de l immigration/montag, 2011 20

SANCHEZ J-M., «Avant les Polonais, les Espagnols. Une migration de mineurs vers le Nord-Pas-de-Calais», in Sylvie Aprile, Matthieu de Oliveira, Béatrice Touchelay, Karl-Miachael Hoin (dir), Les Houillères entre l état, le marché et la société, Les territoires de la résilience, XVIII e -XXI e siècles, Presses Universitaires du Septentrion, 2015. TREMPÉ R., Les trois batailles du charbon 1936-1947, Editions la découverte, 1989. Mineurs immigrés, Histoire, témoignages XIX e, XX e siècles, Institut d Histoire sociale minière/vo éditions, 2000. Sur la région BENBOUZID A., L immigration algérienne en région stéphanoise, L Harmattan, 2004. BENCHARIF L., MILIOT V., «Les zones d ombre du patrimoine» in Villes, patrimoines, Mémoires, Actions culturelles et patrimoines urbains en Rhône-Alpes, La Passe du Vent, 2000. BURDY J-P., Le Soleil noir, Un quartier de Saint-étienne, 1840-1940, Presses Universitaires de Lyon, 1989. GAUTHIER C., D ici et de là-bas, Timezrit/Saint-étienne, mémoires de mineurs, Puits Couriot/Parc-Musée de la Mine, 2013. HAMAK F., Chapuis F., Mineurs, ici., Puits Couriot, Parc-Musée de la Mine, 2014. HUARD J-L., Les Italiens, Histoire d une communauté en Rhône-Alpes, Le Dauphiné, 2012. Mémoires d exil, Photographies 1940-1970 (catalogue d exposition), Bibliothèque Municipale de Lyon, 2008. «Les mineurs immigrés dans les puits de la Loire» in Les Cahiers de l institut d Histoire Sociale Minière, n 20, 2000. «Le Bassin houiller de la Loire, Des hommes par milliers», in Bulletin de l Association des Amis du Musée de la Mine, n 37, 2004. La part prise par les travailleurs immigrés dans le développement de l industrie minière, la vie sociale du bassin de la Loire, Institut CGT d Histoire Sociale de la Loire, 2000. «Cours d initiation au français et au calcul pour personnes originaires de l Afrique du Nord», in Le Mineur de la Loire, n 117, 1978. «Laissez-vous conter» Saint-étienne cosmopolitaine, (catalogue d exposition), Ville de Saint-étienne, 2015. Récit WENZEL J-P., Tout un homme, Autrement, 2011. Webographie Site de la Cité de l Immigration Puits Couriot / Parc-Musée de la Mine 3 bd Maréchal Franchet D Esperey 42 000 Saint-Etienne Tél. 04 77 43 83 26 Fax 04 77 43 83 29 www.musee-mine.saint-etienne.fr