Compte-rendu des journées de travail du groupe Langage : 18 mars 2005 (Creil) et 7 avril 2005 (Soissons)

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Transcription:

Compte-rendu des journées de travail du groupe Langage : 18 mars 2005 (Creil) et 7 avril 2005 (Soissons) Préambule : Ces deux journées s articulent sur un triptyque de formation : - Un rappel théorique sur la syntaxe orale des enfants d âge donné et les pistes de progression, - La création d «albums échos», avec une aide sur les projets en cours, - La réécriture d album en syntaxe adaptée, correspondant à la demande de quelques personnes. La journée de Soissons étant une suite de celle de Creil, il ne sera pas fait de distinction entre les deux lieux. Le travail du groupe académique avait commencé en 1999. Centré sur l acquisition de la syntaxe, cette étude a été menée de pair avec une recherche sur le vocabulaire. La syntaxe adaptée : Sans revenir sur l historique de ce travail, qui peut être consulté sur ce site, il est rappelé que l album en syntaxe adaptée n est pas à utiliser comme un album ordinaire, mais comme un document de l Oral. Cette distinction est importante au sens où une culture du livre peut rebuter certains à modifier le texte d auteur, avec l appréhension de l «appauvrir» ainsi. Nous ne sommes pas dans la structure de l écrit, mais dans celle de l histoire contée oralement. Et à ce titre, les techniques apportées (utilisation des pronoms, détachement du sujet ) correspondent à celles utilisées par les professionnels de l oral (conteurs, etc.). Les livres réécrits en syntaxe adaptée sont des «livres à parler». Ils se rapprochent d ailleurs des albums échos en ce qui concerne l intention, c est-à-dire proposer à l élève un récit se situant juste au-delà de ses possibilités du moment. Il ne s agit pas de restituer une construction figée, mais de réinvestir des constructions syntaxiques qu on acquiert de cette façon. L articulation : La recherche sur l apprentissage de la langue orale ne peut se passer d une réflexion sur l articulation. Les enfants de culture maghrébine dont la langue maternelle utilise trois voyelles rencontrent de grandes difficultés pour étendre leur registre phonétique. Les travaux de Jakobson donnent des pistes pour entreprendre une progression dans l apprentissage de l articulation, notamment en s appuyant sur des comptines utilisant les paires distinctives. (ici lien vers les comptines et imagiers du site) On peut donc utiliser simultanément ces trois outils : Pour la phonétique et l articulation : les comptines. Pour le vocabulaire : l imagier. Pour la syntaxe : les textes réécrits. CR_LEM_18-03_07-04 2005.doc Page 1

Le vocabulaire : Les albums échos, écrits en syntaxe adaptée, ne perdent pas de vue les listes de mots à acquérir correspondant à un bagage lexical indissociable de la syntaxe : 750 mots à trois ans, 1750 à quatre ans, 2700 à cinq ans. Il existe une corrélation entre le nombre de mots connus à la sortie de maternelle et les aptitudes à apprendre à lire. La syntaxe et le vocabulaire vont de pair. L expérience montre que les noms et les adjectifs sont difficiles à acquérir. Les imagiers sont un document privilégié pour ce travail, et l album écho permet de partir d un support pour évoluer. Les albums échos : On peut distinguer trois types d album écho : - à la troisième personne, relate des actions vues, - à la première personne, relate des actions vécues, - du type «moi, je», «toi, tu», support au dialogue. L activité consiste à faire parler les enfants sur les photos, sans perdre de vue les objectifs de vocabulaire et de syntaxe. A partir des propos d enfants notés ou enregistrés, retenir les idées proposées et les éléments de forme. Le récit est restitué ensuite avec un enrichissement sur la structure de base, les pronoms, et le système des temps. L album du type «moi, je», correspond à une série de scénarios qui se suivent. L adulte parle, dit ce qu il fait, et incite l enfant à parler (je bois un café, et toi? qu est-ce tu fais?). La difficulté réside dans l interrogation implicite : qui est «je»? (confusion de l acteur), et la résolution passe par la jeu de questions : moi, je fais cela, et toi, que fais-tu? Les détachements. L utilisation des pronoms se rencontre notamment dans le cas de détachement du nom. Exemple : On ne risque rien parce qu il nous attrape, le maître nageur. Pourquoi effectuer un tel détachement? Tout simplement parce qu une telle structure fait partie du registre de l Oral. Elle fait partie des outils de communication, y compris pour des adultes, et son emploi a sa place dans l acquisition du langage oral. Ce qui ne signifie pas qu il faille en abuser : une phrase comme Orphée avait du mal à tourner se suffit à elle même. Par contre, elle peut être enrichie par un parce que, avec un détachement : Orphée avait du mal à tourner parce qu elle était très épaisse, la pâte. Dans cette phrase, la complexité apparaît avec parce que, ou pour que, ou pour + infinitif, qui correspondent à des niveaux de langue orale élaborés. Ecriture d albums échos. Projet de Frédérique Boucher pour des élèves de CP en grande difficulté langagière : Lien vers le fichier album-écho FB CR_LEM_18-03_07-04 2005.doc Page 2

Projets supports : - la ferme (3 ème personne) - le pain (1 ère personne) - la visite d une boulangerie (3 ème personne) Difficultés rencontrées : - le choix des temps à utiliser (mélange de passé et de présent) 2 albums (proposition de M. Boisseau) : 1 au présent, 1 au passé (visite d une boulangerie, 3 ème personne)) - les détachements, pas assez de reprise du G.N. - le choix des pronoms pour les albums à la 3 ème personne (correction par M. Boisseau), exemple : dans l album sur la ferme, utilisation de nous à la place de ils et on (car davantage d implication). Réécriture de livres. Un travail a été entrepris par deux équipes pour réécrire en syntaxe adaptée le livre «Le petit homme à la pomme» Janosch, Ed Nord-Sud, pour les grands. Première équipe : réécriture au présent. Objectifs : Pronoms : IL / ELLE / ILS / ELLES. Temps : PRESENT / PASSE COMPOSE FUTUR / FUTUR ANTERIEUR / CONDITIONNEL Complexités : PARCE QUE QUAND / GERONDIF / PENDANT QUE QUE / DE + INFINITIF QUI Relatif POUR + INFINITIF : POUR QUE TELLEMENT QUE C est un petit homme. Il est content d avoir un pommier parce qu il pourra manger des pommes quand elles auront poussé. Voilà, c est le printemps. Y a plein de fleurs sur les pommiers des voisins. Mais le petit homme, il est triste parce que son pommier, il n a pas de fleur. Ca y est, les pommes, elles ont poussé sur les pommiers des voisins. Quand il se promène, le petit homme, il voit les voisins qui récoltent leurs pommes. Le soir, en se couchant, le petit homme, il est un peu triste parce que son pommier, il ne fait pas de pomme. Il aimerait tellement avoir une pomme, même une toute petite pomme. Pendant qu il dort, le petit homme, y a une fleur qui pousse sur son arbre. Quand il voit la fleur, le petit homme, il a peur qu elle s envole quand y a du vent. Alors il la protège avec sa main pour qu elle se transforme en pomme. Comme il est content, le petit homme! Y a enfin une belle pomme rouge sur son pommier. CR_LEM_18-03_07-04 2005.doc Page 3

Mais la pomme, elle grossit, elle grossit Y a plein de gens qui viennent la regarder. Le petit homme, il faut qu il la surveille. Il a peur qu on lui vole sa pomme. Quand elle est très grosse, il la cueille pour aller la vendre au marché. Mais il est obligé de la porter sur son dos parce qu elle est tellement grosse qu elle ne rentre pas dans le train. Mais, au marché, les gens, ils se moquent du petit homme et de sa pomme. Ils ne veulent pas croire que c est une vraie pomme. Alors, le petit homme, il rentre chez lui dans la nuit en emportant sa pomme sur son dos. Mais, dans ce pays, il y a un dragon qui fait peur à tout le monde. Le roi, il fait venir huit policiers pour débarrasser le pays du dragon. Les huit policiers, ils vont chercher la pomme du petit homme parce qu ils savent que le dragon, il aime bien les pommes. Ils roulent la pomme en la poussant et en la tirant jusqu au dragon. Le dragon, il se jette sur la pomme pour la dévorer. Mais elle est tellement grosse qu il étouffe et qu il meurt. Le soir, en se couchant, le petit homme, il est un peu triste parce qu il n a plus sa pomme. Mais il est soulagé parce qu elle lui donnait beaucoup de soucis, cette pomme. L année prochaine, il aimerait bien avoir une ou deux pommes, mais deux pommes pas trop grosses qui tiennent dans son panier. Difficultés rencontrées : (Témoignage de Roselyne Waterlot et Nathalie Lévêque) - «Notre intention d oraliser au plus près des illustrations nous fait obligation de transformer radicalement le texte de l auteur. De ce fait l introduction du dragon apparaît plus à la portée des élèves (pour une première approche de ce livre, cette version au présent nous semble plus simple). - Nous nous sommes interrogées : Comment les élèves reçoivent-ils les illustrations de l auteur? beaucoup d échanges contradictoires et enrichissants quant à nos différentes hypothèses d enseignants.» Seconde équipe : réécriture au passé Objectifs : Pronoms : IL / ELLE / ILS Temps : IMPARFAIT / PASSE COMPOSE : PLUS-QUE-PARFAIT / CONDITIONNEL Complexités : QUI ET QUE Relatifs QUAND / GERONDIF PARCE QUE : COMME POUR + INFINITIF : POUR QUE QUE / INFINITIF / DE + INFINITIF TELLEMENT QUE CR_LEM_18-03_07-04 2005.doc Page 4

C est l histoire d un petit homme qui avait un pommier. C était un arbre très beau. Mais il n y avait pas de pomme sur cet arbre. Au printemps, il y avait des fleurs sur les arbres des voisins. Mais pas de fleur sur le pommier du petit homme! En automne, il y avait des pommes sur les arbres des voisins. Mais pas de pommes sur le pommier du petit homme! Quand il se promenait, le petit homme, il voyait son voisin qui portait beaucoup de pommes dans son panier. Le soir, en se couchant, le petit homme, il était un peu triste parce que son pommier, il ne faisait pas de pomme. Il voulait une pomme, rien qu une pomme sur son pommier. Mais, dans la nuit, y a une fleur qui a poussé sur le pommier du petit homme. Une belle fleur! Il s occupait bien de sa fleur, le petit homme. Il la protégeait avec sa main quand y avait du vent ou du soleil. En été, comme la fleur, elle était devenue une pomme, il était content, le petit homme. C était le bonheur! C était l automne encore une fois. La pomme, elle avait grossi, grossi Elle était devenue énorme! Les voisins, ils sortaient tous de chez eux pour voir cette énorme pomme. Un jour, il l a cueillie pour aller la vendre au marché. Elle était très lourde, la pomme. Et il était obligé de la porter sur son dos parce qu elle était tellement grosse qu elle ne rentrait pas dans le train. Quand il est arrivé au marché, y a tout le monde qui s est moqué de lui. Les gens, ils disaient que c était pas une vraie pomme parce qu elle était beaucoup trop grosse. Le soir, le petit homme, il est retourné chez lui avec sa pomme sur son dos parce qu il n avait pas réussi à la vendre. Pauvre petit homme! Il était très triste. Mais, dans ce pays, y avait un méchant dragon tout vert qui mangeait tout, même les pommes. Le roi, il voulait chasser ce dragon qui faisait peur à tout le monde. Il a fait venir ses policiers et il leur a dit de donner un cadeau au dragon comme cadeau. Ils ont roulé la pomme en la poussant et en la tirant jusqu au dragon. Le dragon, il s est jeté sur la pomme pour la dévorer. Mais elle était tellement grosse qu il s est étouffé en la mangeant et qu il est mort. Bien fait pour lui! Tous les gens ils étaient contents et le petit homme aussi. Mais le soir, en se couchant, le petit homme, il pensait encore à son pommier. Il voulait encore avoir des pommes, mais des petites pommes qu il pourrait porter dans son panier. CR_LEM_18-03_07-04 2005.doc Page 5

Difficultés rencontrées : CR_LEM_18-03_07-04 2005.doc Page 6