Pour une économie politique de la sécurité routière Laurent Carnis - GARIG Séminaire Économie de la Sécurité Routière 30 Janvier 2008 - La Défense 1
Économie et sécurité routière : une antinomie insurmontable? 1. Des traditions marquées (sociologie, psychologie et ingénierie) : de la mécanique sociale aux systèmes techniques 2. Les effets du triptyque classique en sécurité routière : véhicule conducteur - infrastructure 3. Une démarche pas toujours comprise et qui rebute : les obstacles à la monétarisation des enjeux. La vie a t-elle un prix? 4. Une approche disciplinaire caricaturée : la notion de coût a t-elle un espace en face des représentations sociales, des relations mécaniques et des rapports de pouvoir? 2
L approche économique en sécurité routière est-elle indispensable? 1. Ne pas la limiter à des approches classiques du calcul économique et des enjeux de comptabilité, ou s inscrivant dans une approche a-institutionnelle 2. Ne pas la réduire à des champs d investigation existants (économie de la santé, économie des transports, économie de l assurance ) mais en la constituant comme champ d investigation à part entière (économie de la sécurité dans les transports) (+ passerelles / sûreté) 3. Ne pas la circonscrire aux effets du tout sur la partie (Eco SR) (activité économique, prix du pétrole, organisation des entreprises) 4. Ne pas se focaliser aux effets de la partie sur le tout (SR Eco) (réduction des accidents de la route sur l activé économique des réparateurs automobiles, sécurité et industrie automobile) 3
Quelques pistes à considérer ou à reconsidérer 1. Étude systématique des implications de l allocation de moyens rares à des fins spécifiques (stratégie d évitement des contrôles routiers, implications des régimes d indemnisation, design organisationnel d une force de police spécialisée) 2. Combiner choix individuels, action collective et cadre institutionnel (règle de responsabilité et accidents de la route, association d usagers (motards, automobilistes, victimes) et revendications, actions locales et nationales de sécurité routière) 3. Démarche systémique et dynamique : conceptualiser et identifier les processus d interaction du Tout sur les parties, les parties sur le Tout, et les parties sur les parties (système de gouvernance de sécurité routière, évolution de la réglementation, sécurité routière et environnement, sécurité routière et dépendance énergétique) 4
La nécessité de s inscrire dans une démarche d économie politique 1. Ni autonomie, ni hétéronomie de l économique par rapport au politique et au social, mais imbrication et hybridation des processus à l œuvre 2. Penser l intervention publique par l approche économique (activité de réglementation, mise en œuvre de la politique publique, quels sont les objectifs, quels sont les instruments d intervention mobilisés ) 3. Conceptualiser l action politique ( acceptabilité des interventions, les articulations entre le décideur et l exécutant, coordination entre les différents niveaux d intervention (verticaux et horizontaux, les activités de lobbying ) 4. Analyser les actions privées en prenant en compte le cadre institutionnel 5. Intégrer les dynamiques et les interactions au sein du système 5
Les outils mobilisables Différentes corpus théoriques éprouvés et mobilisables :. L analyse économique du droit (Law and Economics). Les enseignements des choix publics (Public Choice). Les apports du néo-institutionnalisme économique Les méthodes d investigation :. L approche qualitative (monographie, approche comparative, entretiens, recherche de terrain, théorisation, conceptualisation). L approche quantitative (statistique, modélisation économétrique, sondage ). L approche mixte. La dimension internationale (comme terrain d investigation, regards croisés, compétences, mesures mises en œuvre). 6
Quelques concepts clés 1. L institution : ensemble de règles formelles et informelles (au sens de North), en quelque sorte les règles du jeu 2. L organisation : association plus ou moins formalisée d individus en vue de la réalisation d un but commun (action organisée, entreprise, bureaucratie) 3. Les prix, revenus, coûts et préférences : dimension monétaire et psychique 4. Les actions et les interactions : dynamique, les influences, le rôle de l information, les mécanismes de coordination, la division du travail, les effets externes, approche marginaliste 7
Quelques pistes de recherche Les régimes de régulation du risque et leur conséquences sur la gestion du risque routier : ordre institutionnel et système de gouvernance (systèmes d indemnisation des victimes d accidents de la route ; programmes de contrôle automatisé de la vitesse) Les articulations entre les interventions publiques et les choix privés en matière de gestion du risque routier : convergence, opposition, coopération, imbrication, hybridation La mise en œuvre des politiques publiques et leur analyse : équilibre politique et équilibre économique, acceptabilité, équité, éthique, sécurité-sûreté 8
Pensées conclusives Une nécessité : Il n y pas de réelles oppositions à développer une approche économique en sécurité routière. Au contraire, c est une nécessité. Faire preuve d originalité : Ne pas se limiter à des approches classiques mais oser développer de nouveaux questionnements Reconnaître son importance : L approche économique comme méthode d analyse et pas seulement comme étude d une dimension parmi d autres d un objet d étude Structurer et coordonner les efforts de recherche : Constituer un champ d investigation en tant que tel : objet central d investigation et non question annexe d un autre problème Faire face à la complexité de manière pragmatique : penser les interactions entre le public et le privé par l économie politique 9