Chapitre 13 Propriétés magnétiques

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Transcription:

Chapitre 13 Propriétés magnétiques Les matériaux magnétiques sont utilisés dans beaucoup d applications. Les principes derniers les propriétés magnétiques sont discutés dans ce chapitre.

Origines du comportement magnétique Une charge électrique en mouvement (le spin et le mouvement orbital des électrons) engendre un champ magnétique autour d elle-même. Les électrons peuvent former de petits dipôles mantiques qui réagissent à un champ magnétique extérieur appliqué. Un aimant peut être considéré d avoir deux pôles: pôle nord et pôle sud. Les lignes de champ magnétique émergent du pôle nord pour converger au pôle sud. La puissance d un champ magnétique H, qui mesure la magnitude et la direction du champ, détermine la force agissant sur les dipôles magnétiques. L alignement d un matériau magnétique (limaille de fer) peut tracer les lignes de champ (flux de champ) d un aimant.

Pour l espace entourant la source du champ magnétique H (A m -1 ), il y a une induction magnétique B (T: tesla): μ o est la perméabilité du vide: 4π10-7 T m A -1 ou Wb m -1 A -1 1 T = 1 Wb m -2 =N A -1 m -1 Wb (weber): unité SI du flux magnétique. Pour un matériau qui occupe cet espace: μ est la perméabilité du matériau L induction magnétique représente l intensité du champ magnétique à l intérieur du matériau. Comparaison avec la polarisation électrique d un matériau sous l effet d un champ électrique: P=αE (ou J=σE) (ou D=εE)

L induction magnétique peut s écrire d une autre façon pour montrer la contribution du matériau à l induction: M (A m -1 ) est la magnétisation du matériau qui représente le champ magnétique induit associé avec le matériau. La perméabilité relative du matériau est définie comme: et sa susceptibilité magnétique: On obtient: χ = M / H μ r = 1+ χ

Le signe et la magnitude de χ séparent les matériaux en différentes classes: Diamagnétique: χ < 0 et petite, indépendante du champ extérieur; le matériau est expulsé du champ magnétique extérieur. (supraconducteur: diamagnétique parfait, M=-H, χ=-1, B=0) Paramagnétique: χ > 0 et petite (10-5 10-2 ), indépendante du champ extérieur; le matériau est légèrement attiré vers le champ magnétique extérieur. Ferromagnétique: χ > 0 et grande (10-2 10 6 ), dépendante du champ extérieur; le matériau est très fortement attiré vers le champ magnétique extérieur.

Le spin et le mouvement orbital des électrons engendrent des moments magnétiques dus au spin (magnétisme de spin: +µ B ou -µ B ) et des moments magnétiques orbitaux (magnétisme orbital: mµ B - m est le nombre quantique magnétique ). Magnéton de Bohr: µ B =(eh/4π m e ) Dans un matériau diamagnétique, tous les électrons sont appariés et le moment magnétique total est nul. Le champ magnétique appliqué cause une déformation des orbitales de manière que la circulation des électrons crée un champ magnétique qui s oppose au champ extérieur, ce qui diminue le champ magnétique à l intérieur du matériau. Dans un matériau paramagnétique, il y a des électrons non-appariés (métaux de transition, etc.) et le moment magnétique total n est pas nul. Sous l effet du champ magnétique appliqué, ces moments magnétiques élémentaires d origines de spin et d orbital, tendent à s aligner avec le champ extérieur, ce qui augmente l intensité du champ à l intérieur du matériau. Le paramagnétisme est déterminé par les propriétés des atomes individuels. L effet diamagnétique existe, mais il est submergé par l effet dominant du paramagnétisme.

Dans un matériau ferromagnétique, l interaction coopérative entre les moments magnétiques des atomes individuels sont à l origine de l attraction forte. Au niveau thermodynamique, une interaction d échange, qui tend de garder les spins alignés en parallèle ( ) et une interaction de dipôles magnétiques qui favorise l alignement antiparallèle ( ) des spins font la compétition.

Des électrons dans les sous-couches d et f sont aussi nécessaires pour le ferromagnétisme (fer, nickel, cobalt).

En absence d un champ magnétique, la magnétisation spontanée existe dans de petits domaines qui sont séparés par des parois (paroi de Bloch). Dans chaque domaine les spins s alignent dans une même direction, mais l orientation des dipôles magnétiques change d un domaine à l autre., ce qui fait que la magnétisation totale est nulle. En appliquant un champ magnétique, les dipôles magnétiques s orientent avec le champ en déplaçant les parois; la magnétisation se développe.

Une comparaison des différents effets magnétiques

Induction magnétique en fonction du champ extérieur Pour les matériaux paramagnétiques et diamagnétiques, l induction magnétique augmente de façon linéaire avec la puissance du champ extérieur.

Pour les matériaux ferromagnétiques, après la première magnétisation atteignant la valeur maximale B s (induction à saturation, correspondant à un seule domaine ferromagnétique), une boucle d hystérésis est observée en variant le champ extérieur alternativement entre +H et H. Les deux autres grandeurs importantes sont B r (induction rémanente) et H c (champ coercitif).

La boucle d hystérésis est déterminée par la facilité de la réorientation des moments magnétiques et du réarrangement (réapparition et déplacement) des domaines magnétiques. L aire de la boucle d hystérésis représente l énergie dépensée pour ces changements au cours d un cycle complet de variation du champ extérieur (dissipée sous forme de chaleur).

Matériaux ferroélectriques doux: boucle d hystérésis étroite (H c faible), induction magnétique varie rapidement avec le champ extérieur (à haute fréquence), B s élevé, utilisés dans des applications nécessitant ces propriétés (ex. transformateurs). Matériaux ferroélectriques durs: boucle d hystérésis large (H c élevé, > 1000 Am -1 ), induction magnétique reste stable (fort B r ), utilisés dans des applications comme aimants permanents..

Le produit BH représente l énergie requise pour la démagnétisation (désaimantation) du matériau par unité de volume. Il est calculé à partir du 2e quadrant de la boucle d hystérésis. BH max est une mesure de la puissance d un aimant permanent.

Dépendance en température de la magnétisation C: constante de Curie; T C : température de Curie; T N : température de Néel

Pour un matériau paramagnétique, χ diminue avec l augmentation de T à cause de l agitation thermique qui réduit l alignement des moments magnétiques (individuels) le long du champ extérieur. Pour un matériau ferromagnétique, χ diminue avec l augmentation de T à cause de l agitation thermique qui réduit l alignement des moments magnétiques dans les domaines. Au-dessus de T C, l énergie thermique est suffisante pour détruire l alignement coopératif et le matériau devient paramagnétique.

Dans un matériau anti-ferromagnétique, les moments magnétiques de spin dans les couches adjacentes ont la même intensité et s orientent de façon antiparallèle, ce qui donne une χ nulle ou très faible.

Dans un matériau ferrimagnétique (ex. Fe 3 O 4 ), les moments magnétiques de spin s orientent de façon antiparallèle comme dans un antiferromagnétique. Cependant, les moments magnétiques dans les couches en alternance n ont pas la même intensité de sorte qu il y a une magnétisation spontanée comme dans un ferromagnétique.

La mesure de Θ, constante de Weiss, permet de faire la distinction entre les matériaux paramagnétiques (Θ=0), ferromagnétiques (Θ >0) et antiferromagnésiennes (Θ<0)