Monsieur le Préfet, Directeur général de la Sécurité civile et de la Gestion des crises,

Documents pareils
Organisation de la gestion de crise à Mayotte. Préfecture de Mayotte- SIDPC Mise à jour août 2011

DOSSIER DE PRESSE Contacts presse

Le niveau 3 - alerte canicule correspond à une vigilance météorologique orange pour le paramètre canicule.

1 - Qu est-ce qu une mission, comment déterminer son contenu et qui va les accomplir?

CONVENTION DE PARTENARIAT ENTRE L AMF ET RTE

PLAN COMMUNAL DE SAUVEGARDE COMMUNE DE PUNAAUIA PARTIE 2: OPERATIONNELLE

Plans de secours NOMBREUSES VICTIMES

Séquence 1 : La place du MSP et de l ISP

Assemblée publique annuelle novembre 2011 Trois-Rivières, QC. allocutions de

P.A.R.M. (Permanencier Auxiliaire de Régulation Médicale) Quelle est cette profession de santé Méconnue et non reconnue?

politique de la France en matière de cybersécurité

3F4/2 Modalités de renfort en personnels dans les domaines non sanitaires

Mise en œuvre d'un dispositif de vidéosurveillance nocturne du cœur de ville

«seul le prononcé fait foi»

Plan ORSEC. du département du Finistère

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. MINISTÈRE DE l'emploi ET DE LA SOLIDARITE. Paris, le

REGLEMENT INTERIEUR du RESTAURANT SCOLAIRE de la COMMUNE de LINXE

Intervention de Marisol Touraine. Ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes

Paris mardi 28 février 2012

Convention relative : - aux échanges de données d'exploitation et de sécurité routière - à la gestion des crises routières. pour le département de

P.C.S. Plan Communal de Sauvegarde

PASS sports vacances. Sommaire

BANQUE CENTRALE DU CONGO

Prévention LES ENJEUX DE LA PREVENTION. Infos INTRODUCTION : SOMMAIRE :

Circulaire n 5051 du 04/11/2014

Au profit des apprentis du bâtiment et des travaux publics

PRESENTATION DU RAPPORT DU GROUPE DE TRAVAIL DU CONSEIL NATIONAL DE L AIDE AUX VICTIMES SUR LA PRISE EN CHARGE DES VICTIMES EN URGENCE

Le risque inondation : comment s en protéger?

«LA SÉCURITE ÉCONOMIQUE TERRITORIALE»

NOTE ANNEXE EXEMPLES CONCRETS DE DIFFICULTES EN MATIERE DE VIDEOSURVEILLANCE

Monsieur le Préfet, j ai porté une grande attention sur le chapitre relatif à la sauvegarde de l emploi et au développement économique.

Responsabilité civile et pénale de l instituteur

CONVENTION DE MISE A DISPOSITION SALLES COMMUNALES EMILE ROUSSEAU

Violence au travail Un organisme national

Intervention de Monsieur le Préfet de police Réunion «Ambassadeurs visibles» Seul le prononcé fait foi

Division Espace et Programmes Interarméeses. État tat-major des armées

SERVICES TECHNIQUES CENTRE HOSPITALIER. d AURILLAC. 1er congrès de l AFGRIS

Dossier de presse. Exercice cyclone : «ZANNO 2014» Les services de l État et leurs partenaires se préparent à la saison cyclonique

RENDEZ-VOUS D AUTOMNE DE L ADRECA. 17 novembre 2003

DISPOSITIF FEMMES EN TRES GRAND DANGER BILAN D UNE ANNÉE D EXPÉRIMENTATION

INAUGURATION DU CESU Centre d Enseignement des Soins d Urgence

Un poste central de sécurité, pour quoi faire? XVII e rencontres nationales du GP Sup Clermont-Ferrand - 24 et 25 juin 2004

COMMISSIONS DE SECURITE ET D'ACCESSIBILITE DANS LES ETABLISSEMENTS RECEVANT DU PUBLIC

Commission pour la consolidation de la paix Configuration pays République centrafricaine

retour d expérience accident ferroviaire de Brétigny-sur-Orge (91), le 12 juillet 2013 RETOUR D EXPÉRIENCE DE L ACCIDENT...2

Commission Structures

LAURENT FABIUS, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES

PPMS. Ce recueil de tableaux vous guidera dans la conception et dans la présentation du PPMS de l établissement. Plan Particulier de Mise en Sureté

Les procédures médico-légales d hospitalisation

L hébergement d urgence en Loire-Atlantique

Memento sur le service

sommaire dga maîtrise de l information LA CYBERDéFENSE

Conseil Français de Réanimation Cardio-pulmonaire (CFRC) Recommandations pour l organisation de programmes de défibrillation

MINISTÈRE DU TRAVAIL, DES RELATIONS SOCIALES, DE LA FAMILLE, DE LA SOLIDARITÉ ET DE LA VILLE MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SPORTS ADMINISTRATION

- =? - Liberté. Égalité. Fraternité. RÉpunuquE FneNçelsE. Le Ministre de I'Intérieur, de looutremer et des Collectivités territoriales

DEMONSTRATION DE FONCTIONNEMENT DU DÉFIBRILLATEUR

TNS. BFM LE GRAND JOURNAL Le 14/01/ :17:51 Invité : Thierry VANDEVELDE, fondateur VEOLIA FORCE

COMPTE RENDU DU CONSEIL MUNICIPAL. Séance du 29 décembre 2008

TABLEAU DE BORD DES REFORMES PAR PRIORITE

Unis contre la violence conjugale et intrafamiliale. Plan d action stratégique en matière de violence conjugale et intrafamiliale

Les textes et règlements

ENJEUX, PRATIQUES ET RÉGLEMENTATION EN ASSURANCE AUTOMOBILE : UNE COLLABORATION RÉUSSIE ENTRE L AUTORITÉ ET LE GAA

D.I.C.R.I.M. DOCUMENT D INFORMATIONS COMMUNAL SUR LES RISQUES MAJEURS LES BONS REFLEXES EN CAS DE RISQUES MAJEURS

PROFIL DE POSTE DU CONDUCTEUR AMBULANCIER SMUR :

Information de l acquéreur ou du locataire. Obligations du vendeur ou du bailleur

Jean Pierre THIBAULT / DREAL Aquitaine / Stratégie nationale

Intervention de Marisol TOURAINE. Ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des. femmes. Maison de Santé Pluridisciplinaire

Qu est-ce qu un risque majeur? graves dommages grand nombre de personnes

Introduction. Le Canada est un pays qui donne son plein rendement.

CHAPITRE 6 PROTECTION STATUTAIRE ET ASSURANCE GROUPE RESPONSABILITE CIVILE PROFESSIONNELLE

Réforme de la politique de la ville. Rencontre territoriale (Auvergne, Bourgogne, Rhône-Alpes) Lyon - 8 juillet 2014

RISQUES MAJEURS. Notice d information sur la prévention des risques majeurs À NIORT. Toutes les informations sur

Projet de loi n o 20

Service Municipal d Accueil Postscolaire

Agenda 21, charte de développement durable et gestion du risque inondation Nicolas Bauduceau CEPRI

Guide de procédures. Situations d urgence au Nunavik

Mémoire relatif au Règlement sur le dépannage et le remorquage des véhicules sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal

GROUPE SCOLAIRE GUYOT DESSAIGNE REGLEMENT INTERIEUR DU RESTAURANT SCOLAIRE

Dans ce nouveau siècle, aussi inégalitaire que le précédent mais aussi riche

RECOMMANDATIONS OFFICIELLES - DEFIBRILLATEURS AUTOMATISES EXTERNES

Décrets, arrêtés, circulaires

LE PIRE DES DANGERS C EST D IGNORER QU ON EST EN DANGER

Comment surmonter le plafond de verre dans la fonction publique?

Circulaire de la DACG n CRIM 08-01/G1 du 3 janvier 2008 relative au secret de la défense nationale NOR : JUSD C

SÉCURITÉ DES FEMMES DANS LES TRANSPORTS EN COMMUN. Plan national de lutte contre le harcèlement sexiste et les violences sexuelles

Schéma Régional d Intelligence Economique (SRIE) de la région CENTRE

LE STATIONNEMENT DES GENS DU VOYAGE DROITS ET DEVOIRS DES MAIRES. Etienne COLSON, avocat au barreau de Lille - Mars

APPEL A CANDIDATURES

BULLETIN OFFICIEL DU MINISTÈRE DE LA JUSTICE

FICHE N 23 : QU EST-CE QUE LE DEFENSEUR DES DROITS? QUELLES SONT SES MISSIONS?

Le stationnement irrégulier de véhicules appartenant à la communauté des gens du voyage.

Le Domicile Collectif FTVS ( Foyer de Transition à la Vie Sociale)

I. - LES FAITS NÉCESSITANT LA MISE EN ŒUVRE DE LA PROCÉDURE SPÉCIFIQUE D URGENCE A.

Commune de QUINT FONSEGRIVES 31130

Discours d ouverture de Michèle Bourque présidente et première dirigeante Société d assurance-dépôts du Canada Ottawa mercredi 6 février 2013

LA SECURITE DE VOTRE ENTREPRISE

INAUGURATION LABORATOIRE DE THERAPIE CELLULAIRE 16 FEVRIER 2012 DOSSIER DE PRESSE

La responsabilité juridique des soignants

FORMATION AUX PREMIERS SECOURS

informations pratiques

Transcription:

Discours de M. Bernard CAZENEUVE, ministre de l Intérieur IFRASEC «Retour d expériences sur les attentats du 13 Novembre 2015» Maison des sapeurs-pompiers 17 décembre 2015 Monsieur le Préfet de police, cher Michel CADOT, Mesdames et Messieurs les élus, Monsieur le Préfet, Directeur général de la Sécurité civile et de la Gestion des crises, Amiral, commandant le Bataillon des marins-pompiers de Marseille, Mon Général, commandant la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris, Mon Colonel, Président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, Messieurs les directeurs et directeurs adjoints de SDIS, Mesdames et Messieurs les officiers supérieurs, sous-officiers, sapeurs, Mesdames et messieurs les représentants des associations agréées de sécurité civile, Mesdames et Messieurs les urgentistes hospitaliers, 1

Il y a un peu plus d un mois, les actes barbares commis à Paris et à Saint- Denis par des terroristes djihadistes ont entraîné la mort de 130 victimes innocentes et en ont blessé, souvent grièvement, les marquant à vie, des centaines d autres. Ces femmes et ces hommes ont été pris pour cible pour la simple et unique raison qu ils partageaient un moment d amitié et de convivialité à la terrasse d un café, dans une salle de concert ou bien aux abords d un stade de football. Jamais jusqu alors nous n avions eu à affronter sur notre sol des attaques terroristes d une telle ampleur et d une telle abjection. Cet événement organisé par l IFRASEC vous a conduits, tout au long de cette journée, à partager l expérience de cette tragédie avec tous les acteurs de la sécurité civile qui se trouvaient, le 13 novembre et les jours qui ont suivi, sur le terrain. Je veux évidemment en cet instant leur rendre un hommage appuyé. Quand on est ministre de l intérieur, on sait que l on devra faire face durant l exercice de son mandat à des crises de toute nature. C est une responsabilité lourde. C est une responsabilité qui oblige. Mais c est une responsabilité que l on sait pouvoir assumer avec le soutien, l engagement et la compétence de l ensemble des forces qui composent le ministère de l intérieur : administration préfectorale, policiers, gendarmes, sapeurs-pompiers ces près de 500000 hommes et femmes qui veillent toute l année à la sécurité et à la protection des Français. Ces derniers mois, notre pays n a pas été épargné par les crises, qu elle qu en soit la nature : attentats de janvier, inondations dans le sud de la France, crash de la Germanwings, feux de forêts, drames routiers Face à 2

ces événements sortant de l ordinaire, notre modèle de sécurité civile a chaque fois répondu avec réactivité et avec efficacité. C était le cas le 13 novembre dernier. Sous votre direction, Monsieur le Préfet de police, le général BOUTINAUD a commandé l ensemble des opérations de secours, en coordonnant l action de près de 500 sapeurs-pompiers, de 21 équipes médicales, et des bénévoles des associations agréées de sécurité civile liées par un partenariat ancien avec la Brigade, le tout en lien étroit avec les forces de police. Je ne veux pas oublier non plus l appui des élus et des services municipaux, fortement engagés durant cette crise. Dans un environnement d une extrême délicatesse, caractérisé par la multitude des sites d intervention, et alors que les tirs continuaient parfois, le dispositif de secours mis en œuvre a été capable de prendre en charge dans des délais extrêmement rapides les premiers blessés et sous la régulation du SAMU, de procéder à leur évacuation vers les hôpitaux. Les renforts sapeurs-pompiers des départements mobilisés à titre préventif n ont pas été engagés, et à aucun moment, la couverture parisienne n a été dégradée au point de ne plus pouvoir faire face aux interventions courantes ou à un surattentat. Il faut le souligner : le dispositif a été robuste. Nous avons la chance de pouvoir compter à Paris, comme partout en France, sur des femmes et des hommes, professionnels, civil ou militaires, volontaires et bénévoles qui possèdent un sens supérieur de l intérêt général et de la solidarité, et qui par conséquent n hésitent pas à mettre leur 3

vie en péril pour protéger celle de leurs concitoyens. Tout simplement parce que c est leur mission, celle qu ils ont choisie. Les actions que vous avez conduites ont été exemplaires. Exemplaires en termes d'organisation, exemplaires en termes de technicité, exemplaires en termes de bravoure, alors que vous étiez confrontés à une situation d'une exceptionnelle violence. C est votre célérité, c est votre professionnalisme, c est votre courage aussi qui ont permis de sauver bien des vies. Je sais que cette efficacité n est pas le fait du hasard. Elle tient au travail d anticipation que vous menez depuis plusieurs années. Je m étais rendu le 4 décembre 2014 à la caserne Champerret où m avaient été présentées les modalités de réponse de la BSPP à un attentat multi sites. La préfecture de police, avec ses partenaires, se préparait depuis longtemps à cette éventualité. Un exercice avait d ailleurs été organisé le matin même des attentats. Cette efficacité tient aussi à la qualité des liens noués au quotidien entre les différents acteurs. Je pense en particulier au lien entre sapeurs-pompiers et urgentistes hospitaliers, fondamental pour assurer la qualité et la cohérence de la prise en charge des victimes. Je sais qu ici à Paris ces liens sont permanents, que le dialogue est constant pour améliorer la coordination et les opérations. Au niveau national, nous avons travaillé pendant de nombreux mois pour aboutir à la circulaire du 5 juin 2015, qui clarifie et précise le référentiel commun sur le secours d urgence aux personnes et l aide médicale urgente. 4

Je pense bien évidemment à la contribution apportée par les associations, liées par un partenariat ancien avec la Brigade, qui ont été très présentes sur le terrain le 13 novembre et dont les bénévoles ont été confrontés à des situations auxquelles ils n étaient pas complètement préparés. Cette habitude de travailler ensemble est fondamentale pour agréger, en situation de crise, les moyens et les compétences de chacun. Cette mise en commun des forces doit s inscrire dans le cadre de la chaîne opérationnelle définie par les dispositions ORSEC : au maire ou, dans les crises les plus graves, au préfet la direction des opérations et la coordination générale ; aux sapeurs-pompiers le commandement des opérations de secours et la coordination des moyens publics et privés de secours engagés sur le théâtre de crise. Ces principes ne sont pas arbitraires. Ils ont un sens et une utilité confirmés lors de chaque crise : ils permettent de garantir la lisibilité, la cohérence et donc l efficacité des actions conduites, sous la direction des préfets. C était le cas le 13 novembre. Mais comme après toute crise, un retour d expérience est nécessaire. Un événement d une telle ampleur interroge forcément nos pratiques, nos principes d actions, nos organisations. Je sais que vous n avez pas attendu pour engager ce travail, puisque dès les premiers jours après les attentats, des échanges avaient déjà lieu entre la BSPP e et le SAMU de Paris. 5

Vous conduisez vous-même une démarche globale, Monsieur le Préfet de police, avec l ensemble des services et des acteurs placés sous votre autorité. Le directeur général de la sécurité civile et de la gestion de crises a lui aussi établi une feuille de route conjointe avec le ministère en charge de la santé sur tous les sujets relevant de la coordination entre blancs et rouges. D autres initiatives sont prises, s agissant par exemple du volet spécifique de l accompagnement dans la durée des victimes et de leurs proches, ou du fonctionnement du Centre interministériel de crise. Je serai bien évidemment très attentif aux réflexions issues de ces travaux et aux propositions visant à améliorer davantage encore nos dispositifs de réponse pour faire face à de nouveaux événements. L événement qui nous réunit ce jour apportera une pierre de plus à l édifice. Vous me permettrez donc de ne pas préjuger du fruit de ces réflexions mais de partager néanmoins avec vous sujets de réflexion et d attention. Notre réflexion doit tout d abord dépasser le cadre strictement parisien. Paris est une cible, nul ne l ignore, mais la menace est nationale. Nous savons tous que si la doctrine opérationnelle mise en œuvre sera la même, les capacités d intervention ne sont pas dimensionnés de façon identique dans tous les territoires, y compris pour ce qui concerne les forces de l ordre, les moyens de police technique ou scientifique, ou encore de médecine légale. 6

Or aucun de nos concitoyens n accepterait un traitement différencié suivant son lieu de résidence. Nous devons un même niveau de protection à tous les Français. A cet égard, je veux saluer les initiatives déjà prises par de nombreux départements pour intégrer pleinement cette problématique d attentats éventuellement multiples. Je sais que les représentants des départements des Bouches-du-Rhône, du Nord, de la Vienne ou du Rhône ont présenté leurs démarches. Il faut poursuivre ce travail, adapter la planification en conséquence et tester sur le terrain, au moyen d exercices réguliers, la pertinence de ces dispositions opérationnelles. Il faut nous assurer de la capacité effective à projeter des renforts ou des équipes spécialisées en soutien des départements, partout en France. C est le sens du message que j ai passé aux préfets de zone et aux préfets de départements lorsque je les ai réunis lundi dernier. C est le sens de la démarche initiée dans les zones de défense de Paris et du Sud-est pour élaborer un nouveau contrat territorial de réponse aux risques et aux menaces, par une approche globale des enjeux et des moyens d intervention. Nous devons également travailler à améliorer l information du public en période de crise. Dans de telles crises, les appels sont aussi nombreux que les inquiétudes sont grandes. Des messages doivent pouvoir être rapidement diffusées à nos concitoyens pour qu ils se conforment aux 7

consignes de prudence. Des réponses doivent pouvoir être apportées à leurs interrogations. Cela suppose à la fois de disposer des capacités techniques pour répondre à leurs appels (ceux reçus par la préfecture de police se sont élevés à plusieurs dizaines de milliers le 13 novembre dernier), et avoir recours à des moyens de communication diversifiés. De ce point de vue, j ai demandé qu une réflexion soit engagée au plan national sur les missions et l organisation des cellules d information du public activées par les préfets en situation d urgence, afin de garantir à tout moment et sans délai une capacité de réponse téléphonique. Par ailleurs, le Premier Ministre a demandé d accélérer le développement d applications mobiles d information aux populations, en cohérence avec le Système d alerte et d information des populations (SAIP). Le directeur général de la sécurité civile doit me faire des propositions en ce sens, en lien avec le Service d information du Gouvernement. Troisième point d attention : la prise en charge des victimes, qui est un volet à part entière de ce type de crise. La cellule interministérielle d aide aux victimes placée sous l autorité du Premier Ministre et activée au Quai d Orsay en cas de crise terroriste, a fait la preuve de son efficacité. Le ministère de l intérieur a contribué à son fonctionnement, avec la présence d un détachement formé par la Sécurité civile et la direction centrale de la police judiciaire, déployé au centre de crise du MAE, à l Ecole militaire et à l Institut médico-légal. Un retour d expérience spécifique est en cours. Il faut clairement préciser l articulation entre cette cellule et les préfectures, notamment en cas d attentats en province. 8

L amélioration du système d identification et de suivi des victimes est de ce point de vue une priorité que nous partageons avec la ministre de la santé, afin de disposer, au niveau national, d un outil performant, utilisé par tous les acteurs de la chaîne de secours et du monde judiciaire, et qui permette la cohérence du suivi des victimes. Quatrième point d attention : la sécurité des personnels de secours et de sécurité dans de telles situations. J ai souligné tout à l heure le courage des premiers intervenants. Face à une menace d une intensité inédite, il est nécessaire d aborder ce sujet dans vos retours d expérience. Enfin, je voudrais insister sur un dernier sujet qui me tient particulièrement à cœur, celle de la responsabilisation de nos concitoyens pour en faire des acteurs de leur propre sécurité. La capacité de résilience d un pays ne peut dépendre des seuls services de secours, aussi efficaces et compétents soient-ils et ils l ont été le 13 novembre dernier. Nos concitoyens doivent être davantage acculturés aux risques, être sensibilisés et formés aux gestes qui sauvent et se préparer à être surpris, en adoptant les bons comportements. Il nous faut collectivement changer de dimension pour que l objectif de la loi du 13 août 2004 de modernisation de la sécurité civile «faire de la sécurité civile l affaire de tous»- devienne enfin une réalité. Cela implique une action résolue des pouvoirs publics pour accompagner la formation de chaque Français à tout âge de la vie. Quand un territoire est 9

bouleversé, déstabilisé par une crise, quand certains de nos concitoyens se retrouvent dans la détresse, chacun doit pouvoir contribuer, aux côtés des pouvoirs publics, à l œuvre de solidarité et de reconstruction. Je salue donc l initiative prise par la Brigade d accueillir en janvier prochain, dans ses casernes, tous ceux qui voudront s initier aux gestes qui sauvent. Je souhaite mettre en œuvre au premier trimestre une action semblable à l échelle nationale, en partenariat avec les associations agréées de sécurité civile et la fédération nationale des sapeurs-pompiers. Car c est en impliquant les Français que nous parviendrons collectivement à mieux faire face à de tels événements. Face à la réalité de la menace, nos actions doivent être puissantes et résolues. Le Gouvernement est pleinement engagé en ce sens. Je sais qu ici, chacun d entre vous, professionnels du secours et de l urgence, a à cœur de participer à cet effort. Pour accompagner votre action, j ai obtenu du Président de la République et du Premier Ministre le renforcement des moyens de la sécurité civile. Au titre du Plan de lutte contre le terrorisme, 41 millions d euros seront ainsi dégagés pour financer l acquisition d équipements et de matériels supplémentaires qui contribueront à améliorer la couverture opérationnelle. Soyez par ailleurs certains de l attention que je porterai à vos travaux et à vos propositions. Je sais que nous partageons le même souci d apporter aux Français un haut niveau de sécurité. Je vous remercie. 10