L ACCORD DU PARTICIPE PASSÉ EN FRANÇAIS MODERNE

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Transcription:

Rapports / Het Franse Boek 55,1 (1985), pp. 22-28. L ACCORD DU PARTICIPE PASSÉ EN FRANÇAIS MODERNE Frank Drijkoningen Dans cet article nous nous proposons de considérer les règles déterminant l accord du participe passé en français moderne. Les grammaires d usage donnent plusieurs règles différentes, chacune spéficiant dans quels cas le participe passé s accorde et dans quels cas il ne s accorde pas. Ces règles sont parfois assez générales, mais on a souvent besoin d indications supplémentaires pour régler des cas spécifiques. Nous sommes d avis que ces règles peuvent être améliorées, c est-à-dire rendues plus générales. En particulier, nous voulons montrer ici que, en utilisant quelques sous-théories développées dans le cadre de la grammaire générative-transformationnelle, l on peut décrire l accord du participe passé par une seule et unique règle. La grammaire générative-transformationnelle, telle que décrite par exemple dans Chomsky (1981) connaît un bon nombre de sous-théories, qui ne nous concernent par spécialement dans le cadre de cet article. Néanmoins, deux sousthéories se révèlent être d importance primordiale pour la description de l accord du participe passé. Il s agit de la sous-théorie des traces et de la sous-théorie des rôles thématiques. La sous-théorie des traces propose de retenir la position d origine d un élément déplacé par transformation. Si l on part d une structure profonde comme (1) on dérive la structure (2) après l application de la transformation qui déplace les mots interrogatifs. (1) Tu as vu qui. (2) Qui i tu as vu t i. La trace t retient la position d origine de qui et les indices indiquent qu on a affaire à la même entité. Nous utiliserons le terme lié pour la relation indiquée par les indices. La trace t est liée à son antécédent qui. Pour obtenir une phrase correcte il faut appliquer une deuxième transformation, celle d inversion, pour dériver la structure superficielle (3). (3) Qui i t j as-tu j vu t i. La sous-théorie des traces est à considérer comme une conséquence logique de la théorie transformationnelle et ne vise rien d autre que de réaliser formellement la possibilité de voir en structure superficielle les positions d où les éléments déplacés proviennent. La sous-théorie des rôles thématiques veut que le verbe indique les rôles que son sujet et ses objets jouent du point de vue plutôt sémantique. Dans une phrase déclarative active le sujet est en général un agent (quelqu un qui fait l action exprimée par le verbe), l objet direct un thème (quelqu un ou quelque chose qui subit l action exprimée) et l objet indirect une cible (la personne ou la chose qui reçoit ou qui profite de l action exprimée). La phrase (4) en est un exemple.

(4) Jean < agent > donne un cadeau < thème > à Marie < cible > Les rôles sont déterminées en structure profonde et les transformations ne sont pas capables de les changer. La transformation passive par exemple réarrange les éléments de la phrase, mais les rôles thématiques déjà attribués ne changent pas, cf. (5). (5) Un cadeau < thème > est donné à Marie < cible > par Jean < agent > La sous-théorie des rôles thématiques formalise donc des notions sémantiques assez élémentaires qui en soi n ont rien de spécifiquement génératif. Ce qui est important pour nous c est que son intégration dans le modèle nous permet d en dire plus long sur le problème de l accord du participe passé. Dans ce qui suit nous voulons développer la règle d accord à partir des cas que nous considérons centraux pour notre raisonnement. C est plus loin seulement que nous montrerons brièvement que cette règle est capable de décrire également les cas spécifiques. Or, nous considérons comme cas centraux les règles suivantes: I. Le participe passé conjugué avec être s accorde en genre et en nombre avec le sujet du verbe. Il y a deux cas: A. Etre utilisé comme verbe marquant le passif. (6) La porte est ouverte par Jean. B. Etre utilisé comme verbe marquant le temps composé de certains verbes intransitifs. (7) Elle est arrivée. II. Le participe passé conjugué avec avoir s accorde en genre et en nombre avec son objet direct quand cet objet le précède. (8) La fille que j ai vue. (9) Je les ai vus. III. A. Le participe passé des verbes réfléchis ou réciproques (conjugués avec être) s accord en genre et en nombre avec le pronom quand celui-ci est objet direct. (10) Ils se sont vus. (11) Ils se sont nui. B. 1. Le participe passé des verbes pronominaux propres (conjugués avec être) s accord en genre et en nombre avec le sujet. (12) Elle s est évanouie. 2. Il existe quelques exceptions. (13) Elle s est arrogé des droits. De ces différentes règles nous aimerions faire une seule règle en nous basant sur l idée que chaque fois que le participe passé s accorde, l objet direct est impliqué d une manière ou d autre. Commençons par la règle II. Les structures profondes associées aux phrasesexemples (8) et (9) sont respectivement (14) et (15).

(14) La fille j ai vu que. (15) J ai vu les. Ces structures profondes sont changées par la transformations MOUVEMENT-WH et PLACEMENT DE CLITIQUE qui déplacent respectivement le mot relatif et le pronom personnel (cf. Kayne (1977)). Par la théorie des traces les structures superficielles associées à (14) et (15) sont alors: (16) La fille que i j ai vu t i. (17) Je les i ai vu t i. Dans cette structure les traces comportent la même information que les mots avec lesquels elles sont liées. Ainsi, la trace de (16) comporte l information {+féminin, +singulier} et celle de (17) {-féminin, -singulier}. La formulation traditionnelle qui se base sur l objet direct qui précède est repris dans ces structures par le fait d avoir une trace dans la position de l objet. Dans le cadre que nous utilisons nous pouvons donc dire que le participe passé s accorde s il est suivi d une trace liée à l objet direct. (18) ACCORD (VERSION I) Quand dans la structure superficielle le participe passé est suivi d une trace, le participe s accorde avec cette trace si et uniquement si: a) l auxiliaire est avoir. b) la trace est liée à un objet direct. Cette règle prédit correctement que l accord ne se fait pas quand l objet direct suit le verbe, comme il le fait ordinairement. La règle prédit également que l accord ne se fait pas quand le participe passé est suivi d une trace qui est liée à l objet indirect. La règle (18) couvre donc les cas déterminés par la règle II. Elle n en diffère pas fondamentalement, mais remarquons qu elle se base sur les fait qu un élément a été déplacé plutôt que sur le fait que l objet direct précède. Cette différence peut sembler triviale, mais c est cette différence qui nous sert comme point de départ dans le développement d une règle plus généralisatrice. Considérons maintenant la règle III A. Les structures associées aux phrases comportant un pronom réfléchi ou réciproque sont comparables à celles des phrases comportant des pronoms personnels. C est pourquoi Kayne (1977) propose de les dériver par une transformation comparable à PLACEMENT DE CLITIQUE (PLACEMENT DE SE), de sorte que les structures superficielles associées aux phrases-exemples (10) et (11) sont respectivement: (19) Ils se i sont vu t i. (20) Ils se i sont nui t i. Selon la règle III A l accord se fait dans (19) et ne se fait pas dans (20). En fait la règle III A suit la même intuition que la règle II; elles se concentrent toutes les deux sur un pronom qui précède. Il nous semble logique de rendre compte de ctte intuition dans la description. Au lieu de baser la formulation de la règle d accord sur l auxiliaire, nous préférons nous baser sur la généralisation sous-jacente à l intuition exprimée dans les règles II et III A. Si nous nous passons de la référence à l auxiliaire, la règle (18) devient moins spécifique tout en couvrant un plus grand champ. Nous reformulons (18) comme suit:

(21) ACCORD (VERION II) Quand dans la structure superficielle le participe passé est suivi d une trace, le participe passé s accorde avec cette trace si et uniquement si la trace est liée à un objet direct. Considérons maintenant la règle I A. L analyse transformationnelle (traditionnelle) d une phrase passive donne la dérivation suivante pour la phrase-exemple (6). (22) Jean ouvre la porte. (23) La porte i est ouvert t i par Jean. La transformation prend soin que le sujet est déplacé vers la fin de la phrase et que l on insère la préposition par. Elle déplace également l objet direct qui devient le sujet dans la structure superficielle. La règle I A réfère à ce sujet, qui a été un objet dans un stade antérieur de la dérivation. Une grammaire traditionnelle n est pas capable de tenir compte de ce genre d information, qui, dans une analyse transformationnelle, est retenue à l aide de la trace. La trace correspond à l ancien objet direct. Pourtant, la règle (21) n est pas non plus capable d incorporer cette information telle quelle, car elle dit que l accord se fait à partir de la structure superficielle. Or, en structure superficielle la trace est bien liée à un sujet. Le moyen de résoudre ce problème nous est offert par la théorie des rôles thématiques, qui, comme nous l avons indiqué plus haut, ne peuvent pas être changés par les transformations. Jusqu ici nous avions des exemples de constructions où l object direct correspond au thème. Mais le thème peut se trouver également dans la position du sujet, notamment dans une construction passive. Si nous nous basons maintenant sur la notion de thème, nous pouvons faire une généralisation sur les objets directs des règles II et III A (ou bien la règle (21)) et les sujets à rôle de thème de la règle I A. Nous proposons donc la règle suivante: (24) ACCORD (VERSION DEFINITIVE) Quand dans la structure superficielle le participe passé est suivi d une trace, le participe s accorde avec cette trace si et uniquement si la trace est liée à un antécédent qui a le rôle thématique de thème. Considérons finalement les accord réglés par I B et III B. Nous les prenons ensemble parce qu elles relèvent de la même généralisation selon Burzio (1981). Avant de pouvoir considérer le problème posé pour l accord, il nous faut faire une digression sur ses propositions. Burzio (1981) constate qu il existe plusieurs sous-classes de verbes don t les sujets s analysent comme des compléments du verbe. Onus considérons ici les trois classes les plus importantes, dont les exemples représentatifs sont arriver, s évanouir et se casser. Ces trois classes se distinguent entre elles par l existence d un verbe correspondant ou non, qui oppose se casser à s évanouir et arriver, cf. les exemples (a) de (25) à (27), ainsi que par la présence du pronom se ou non, qui oppose arriver à s évanouir et se casser, cf. les exemples (b) de (25) à (27). (25) (a) Jean casse la fenêtre (b) La fenêtre se casse. (26) (a) * L émotion évanouit Jeanne. (b) Jeanne s évanouit.

(27) (a) * Le train arrive Paul. (b) Paul arrive. Les trois classes ont en commun qu elles choisissent être comme auxiliaire et que le rôle thématique du sujet superficiel est thème. En effet, ni la fenêtre, ni Jeanne, ni Paul ne participent activement dans l action exprimée par le verbe. Il s y ajoute un comportement syntaxique différent des autres verbes que nous ne pouvons pas traiter ici (voir Burzio). Ces différents arguments lui font proposes la dérivation suivante pour les exemples donnés: (28) (a) e V NP (où e indique que le sujet n est pas spécifié) (b) NP i (se) V t i. Cette dérivation reprend une partie de la transformation passive, la partie qui antépose l objet direct. Nous avons ici donc des cas où l objet direct profond se trouve dans la position du sujet superficiel, une situation comparable à celle dans une phrase passive. La particularité de cette constructions par rapport au passief réside dans le fait que la morphologie passive n a pas été insérée. Alternativement on peut éventuellement insérer un pronom se. Si nous reprenons maintenant le problème de l accord, nous voyons que la règle (24) couvre les cas décrits par I B et III B: (29) Jeanne i est arrivé t i. (30) Jeanne i s est évanoui t i. Ainsi la règle (24) décrit les cas centraux de l accord. Elle prédit également le cas illustré dans la règle III B 2. Le verbe en question est suivi de son objet direct, le thème. Il n y a donc pas de trace après le participe passé. La nouvelle règle proposée, (24), a comme caractéristiques essentielles qu elle est formulée indépendamment de l auxiliaire choisi et qu elle se base sur la présence d une trace liée à un antécédent à rôle de thème. Elle est à la fois plus simple et plus généralisatrice que les règles traditionnelles. Elle trouve un complément logique dans une sous-théorie sur le choix de l auxiliaire, présentée également dans Burzio. Il propose que le verbe être est choisi di une relation existe entre le sujet et un élément (une trace et/ou un pronom) dans le syntagme verbal. Avant de conclure que (24) correspond à tous les faits concernant l accord, nous voulons brièvement indiquer un problème possible avant d illustrer brièvement la description de quelques cas spécifiques. Le problème possible concerne les phrases du type (31). (31) La fenêtre a cassé. Il semble le plus logique de dériver (31) de la même façon que (25) (b), à part l insertion de se. Si cette dérivation est valable, (31) serait une exception pour la sousthéorie du choix de l auxiliaire indiquée plus haut. Elle serait également une exception à la règle d accord proposée. Une solution alternative serait de dériver (31) d une autre façon que (25) (b), par exemple en analysant le sujet superficiel comme sujet profond. Dans cette description les deux problèmes se résoudraient facilement. Onus ne croyons pas qu il soit souhaitable d approfondir ce problème dans le cadre de cette contribution. Nous nous contentons de dire que, au cas où la règle (24) connaît des

exceptions, ces exceptions seront liées à des exceptions de la sous-théorie du choix de l auxiliaire. En guise d illustration des cas spécifiques nous donnons ici quelques structures superficielles munies de trace si une analyse standard les présuppose. Entre parenthèses nous avons indiqué la prédiction de la règle (24). (32) (a) Elle s est couvert (-accord) le visage. (b) Il est arrivé (-accord) plusieurs personnes. (c) Cet article i s est vendu (+accord) t i à Paris. (d) J en i ai trouvé (-accord) trois t i. (e) Ce vin les i a eu (-accord) vite grisé (+accord) t i (f) La maison i a été (-accord) construit (+accord) t i (g) Les violonistes que i j ai fait (-accord) venir t i. (h) Les chansons que i j ai entendu (-accord) jouer t i. (i) Les violonistes que i j ai entendu (+accord) t i jouer. Nous n avons pas trouvé d exemple qui puisse former un contre-exemple pour la règle développée, exception faite éventuellement pour (31). Pour terminer, nous sommes d avis que (24) est plus générale que les différentes règles traditionnelles complétées d indications spécifiques et qu elle rend mieux compte des intuitions des locuteurs parlants. Nous concluons également que dans le cadre de la grammaire générative-transformationnelle l accord du participe passé peut être considéré comme un reflet morphologique d un changement syntaxique mettant en cause l objet direct à rôle de thème. Bibliographie des ouvrages cités Burzio, L., 1981. Intransitive Verbs and Italian Auxiliairies. Ph.D. Diss. MIT. Chomsky, N., 1981. Lectures on Government and Binding. Foris, Dordrecht. Kayne, R., 1977. Syntaxe du français. Le cycle transformationnel. Seuil, Paris.