Ministère du Développement Rural et de 3'Environnement Direction de la Recherche Formation Vulgarisation Coopération Française «Fascicule 5» La gestion de l'irrigation des rizières Marc Lacharme Juin 2001
Objet du présent document et remerciements L'ensemble du document «mémento technique de riziculture pour la vallée du fleuve Sénégal» consiste en une compilation des différents résultats de la recherche (ADRAO, CNRADA, PSI Coraf ) et des connaissances acquises sur le terrain par différents acteurs (Programme de Développement des Semences, AGETA..) mis en forme pour être accessibles aux vulgarisateurs, techniciens et producteurs de la vallée du fleuve Sénégal. Il est constitué de différents dossiers dans lesquels sont donnés des conseils très pratiques aux producteurs pour leur permettre de porter leurs rendements à des niveaux élevés et à des coûts acceptables. Ces dossiers sont actuellement au nombre de 10 Quelques principes d'aménagement des rizières Le plant de riz : données morphologiques et cycle de la plante La préparation des sols pour la riziculture La mise en place des cultures (variétés, dates de semis, modes de semis) La gestion de l'irrigation des rizières La fertilisation minérale du riz Le désherbage des rizières Récolte et post récolte à l'exploitation Le contrôle de la salinité dans les rizières La production de semences certifiées, règles à suivre à l'exploitation. Des dossiers supplémentaires pourront être rajoutés par la suite. Objectif du module: «La gestion de l'irrigation des rizières» A la fin de ce module, la personne formée doit être capable de: > gérer son irrigation selon les phases du cycle du riz. > adopter des modes d'irrigation différents selon la salinité des sols. Les coûts de pompage de l'eau (carburant et entretien/amortissement des motopompes et ouvrages d'irrigation) représentent une des charges principale de la riziculture qu'il faut donc essayer de gérer au plus prés. Pour l'ensemble du document, mes remerciements vont tout particulièrement à : Sidi Ould Taleb Moctar, agronome et responsable du Centre de Contrôle de la Qualité des Semences et Plants pour les nombreuses discussions techniques et l'amitié dont il m'a fait part. Claude Dancette, agronome, chercheur au CIRAD en poste au PSI Coraf, pour les idées, les corrections et les photos qu'il m'a permises d'utiliser. Arnaud Clément, du Centre Français du Riz, pour la correction de mon manuscrit. Patrick Fouga, agronome coopérant français, pour sa relecture minutieuse. Et à l'ensemble des personnes avec lesquelles j'ai eu des contacts de travail en Mauritanie. «Mémento Technique de Riziculture», Marc Lacharme 2001
1. Les règles de base de la gestion de l'irrigation 4 1.1 Le rôle de la nappe d'eau 4 1.2 Conditions de base pour pouvoir réaliser une gestion efficiente de l'irrigation 4 2 Les phases critiques du riz et besoins en eau 5 2.1 Avant culture ; 5 2.1 La phase de germination levée 5 2.2 La phase de tallage 5 2.3 La phase reproductive 6 2.4 La phase de formation du grain 6 3. Le cas particulier des sols salés 6 4. Schémas de gestion de l'eau (niveau de la lame d'eau) 7 «Mémento Technique de Riziculture», Marc Lacharme 2001
La gestion de l'irrigation dans les rizières 1. Les règles de base de la gestion de l'irrigation 1.1 Le rôle de la nappe d'eau La nappe d'eau permanente dans les rizières irriguées a deux rôles fondamentaux : la lutte contre les adventices (cf. chapitre désherbage). Elle permet d'empêcher le développement des plantes non aquatiques et limite fortement le développement de nombreuses graminées aquatiques. le maintien de conditions d'humidité et de température favorable à la culture de riz. La lame d'eau crée un micro climat dans la culture de riz (humidité de l'air plus élevée.et volant thermique) 1.2 Conditions de base pour pouvoir réaliser une gestion efficiente de l'irrigation L'eau d'irrigation a un coût assez élevé (coût de pompage) et il convient de s'assurer de sa meilleure efficience. Certaines conditions sont à remplir: Un bon planage des parcelles (cf. chapitre aménagement des périmètres) : ce planage permet de maintenir dans l'ensemble de la parcelle Sa lame d'eau au niveau recherché. Un mauvais planage aura comme conséquence : de maintenir dans certaines zones une lame d'eau très importante avec comme conséquence une mortalité des jeunes plants, une diminution du tallage et une sensibilité accrue à la verse. de maintenir dans d'autres zones une lame d'eau nulle avec comme conséquence un fort développement des adventices, des attaques plus importantes par le Borer et des problèmes d'alimentation hydrique de la plante. Enfin un bon planage permet des économies conséquentes d'eau d'irrigation. Une possibilité aisée de vidange des parcelles : ii.convient de pouvoir rapidement vider totalementles parcelles pour : faciliter la germination des plants. améliorer l'enracinement des plants. réaliser certains travaux devant être réalisés en à sec. (Exemple ; traitement post levée au Propanii + 2-4-D). réaliser des vidanges de parcelles pour lutter contre la salinité (cf. chapitre lutte contre la salinité). assécher la parcelle en vue de la récolte. Mémento Technique de Riziculture», Marc Lacharme 2001 4
2 Les phases critiques du riz et besoins en eau 2.1 Avant culture Nous ne reviendrons pas sur l'intérêt d'une pré irrigation pour contrôler les adventices (cf. chapitre «Le désherbage des rizières») et pour améliorer le travail du sol. 2.1 La phase de germination levée La graine de riz doit se gorger d'eau pour germer. Elle a donc besoin d'une quantité d'eau importante. Toutefois, après s'être gorgée d'eau, pour que la germination et le tout début de Sa levée se fassent dans de bonnes conditions, la graine a besoin d'oxygène et donc de se retrouver en conditions aérobies. Une graine immergée totalement risque de s'asphyxier et de mourir. Il est donc impératif pendant 4 à 5 jours après avoir initié la germination d'exonder les parcelles tout en faisant très attention à la salinité car ce stade de la culture y est très sensible. Ensuite, le très jeune plant de riz supportera difficilement d'être complètement noyé. Il convient donc d'élever régulièrement le niveau de la lame d'eau dans les parcelles en fonction de la croissance des plants. Pour éviter toute intoxication par la salinité du jeune pl;im (stade de sensibilité très élevé), il est préférable d'éviter tout à sec pendant cette période. La gestion de l'irrigation pendant cette phase de germination lovée est donc très délicate. Observation 1 : la technique pépinière-repiquage permet plus facilement de maintenir des conditions optimales pendant la phase de germination levée car les surfaces à contrôler sont alors réduites. Observation 2 : la technique de pré-germination permet d'éviter une asphyxie des graines de riz en tout début de cycle. Cf. Chapitre «La mise en place des cultures» 2.2 La phase de tallage Cette phase peut elle-même être subdivisée en deux phases : Début tallage qui débute au stade 5 feuilles (22-23 jours après semis en hivernage) et se prolonge jusqu'à environ 45 jours après semis en hivernage. Les plants sont encore très jeunes et peu développés. Il convient à ce moment de maintenir.une lame d'eau pas trop importante (environ 5 cm). Tallage actif (à partir d'environ 40-45 jours après semis en hivernage jusqu'à l'initiation paniculaire). La lame d'eau peut alors être portée à environ 8 à 10 cm. Cette lame d'eau plus importante permettra de mieux lutter contre un développement des adventices. Pendant la phase de tallage, le riz est relativement résistant à un stress hydrique ou à la salinité. Une mise en à sec prolongé de la rizière n'aura pas d'effet direct très marqué sur le rendement. Toutefois, un tel à sec prolongé est, si possible, à éviter car : il favorisera fortement une infestation massive par les adventices. en terrain salé, il créera une concentration des sels dans la solution du sol. «Mémento Technique de Riziculture», Marc Lacharme 2001
Une lame d'eau trop élevée (supérieure à 8 cm en début tallage et à 12-13 cm en tallage actif) limitera fortement le tallage et accroîtra la sensibilité à la verse de la culture., ; -'/<} L'excès d'eau limite le tallaee du riz (dessin SAED) 2.3 La phase reproductive Cette phase débute à l'initiation paniculaire et se prolonge jusqu'à la fécondation. Le plant de riz est pendant cette phase très sensible au moindre stress hydrique et/ou à la salinité des sols. Aucun à sec ne doit survenir pendant cette période. Le niveau de la lame d'eau doit être maintenu en permanence autour de 8 à 10 cm. Une lame d'eau trop importante, surtout pendant la montaison, accroîtra la sensibilité du riz à la verse. 2.4 La phase de formation du grain Cette phase débute de la fécondation jusqu'à la maturité du grain. Au début de cette phase (remplissage du grain, grain laiteux et début de grain pâteux), il convient de s'assurer de maintenir le niveau de la lame d'eau en permanence autour de 8-10 cm. Un à sec risque d'engendrer des problèmes d'échaudage : mauvais remplissage du grain. Une lame top élevée rendra le riz plus sensible à la verse. Environ 15 jours après la fécondation, il convient d'arrêter toute irrigation afin de laisser la parcelle s'assécher progressivement jusqu'à la récolte. Il est rappelé que la durée fécondation-maturité en hivernage et quelle que soit la variété est très stable (30 jours), II est, en effet, crucial que la récolte puisse se dérouler dès maturité du grain, pour éviter des pertes importantes au champ (égrenage, dégâts des oiseaux granivores) et de qualité du produit transformé (rendement à l'usinage très sensible au retard de récolte). 3. Le cas particulier des sois salés La riziculture est la production la plus propice pour lutter contre la salinité des sols à condition d'assurer un minimum de drainage, de pouvoir laver les sols d'un excès de sels en début de culture et de pouvoir vidanger en cours de culture les parcelles pour éviter une concentration des sels dans la lame d'eau. Mémento Technique de Riziculture», Marc Lacharme 2001
Les phases critiques du riz, pour la salinité du sol sont : la levée la phase reproductive Le plant de riz est plus résistant pendant les phases de germination, de tallage et de formation du grain. Pourra phase de levée : On devra s'assurer que le sol aura été lavé des sels s'étant accumulés dans les couches superficielles du sol pendant la saison sèche par une ou plusieurs pré-irrigations (selon la salinité des sols) suivies de vidanges de la parcelle. Ces pré-irrigations/vidanges ont pour objet de dissoudre les sels en excès dans les couches superficielles du sol et de les évacuer hors de la parcelle. La fertilisation de fond (phosphate et potasse) ne devra alors être appliquée au plus tôt qu'au moment du semis. En effet, les vidanges successives de la parcelle risqueraient d'entraîner les éléments minéraux apportés. Dans ce cas tout apport d'azote avant semis est à prohiber. Pendant le tout début de la période de levée (du semis à 6 jours après semis), on maintiendra dans la parcelle une fine lame d'eau (1 à 2 cm) afin d'éviter un à sec des parcelles qui créerait une concentration des sels dans la solution du sol. > La technique de pré germination des semences sera alors très fortement conseillée > Les doses de semis devront être légèrement augmentées (140 kg de semences/ha) Durant la suite de la phase levée, les parcelles seront conduites comme celles non salines mais en veillant à maintenir en permanence une faible lame d'eau dans la parcelle. Pour le désherbage post levée, il est très fortement conseillé d'utiliser le LONDAX qui permet de maintenir une lame d'eau dans la parcelle. La date d'application de ce produit devra être calculée en fonction du début des pré-irrigations de dessalage : (environ 20-21 jours après la première préirrigation de dessalage) Pour la phase reproductive : II conviendra de s'assurer que la parcelle reste toujours en eau à ce stade et lui assurer une recharge régulière en eau douce comme pour une parcelle non saline. Toutefois, la concentration en sels de la lame d'eau devra avoir été diminuée au préalable par une ou plusieurs vidanges rapides et complètes de ia parcelle réalisées à la fin de la phase de tallage. Pour une variété de cycle moyen, on peut préconiser : une première vidange environ 45 jours après semis une seconde vidange environ 60 jours après semis juste avant l'initiation paniculaire. Ces vidanges seront suivies du remplissage rapide des parcelles. Enfin, au lieu d'arrêter l'irrigation environ 15 jours après fécondation et de laisser la parcelle s'assécher, il conviendra de réaliser une vidange complète environ 20 jours après fécondation pour évacuer les sels dissous dans Sa lame d'eau de la parcelle. En conclusion : Une gestion efficiente de l'irrigation dans les sols salés implique de pouvoir réaliser des vidanges rapides. Les systèmes de drainage et d'irrigation doivent être parfaitement opérationnels. 4. Schémas de gestion de l'eau (niveau de la lame d'eau) «Mémento Technique de Riziculture», Marc Lacharme 2001
Gestion de l'eau Culture d'hivernage : semis du 25/06 au 30/07 (variété Sahei 202) terrain non salé avec pré irrigation Date ^ ^ + Pro P anii Lame d'eau 100 mm- j-io Avant semis j+6 Germination levée j+20 j+25 Début îallage j+45 Taîfage actif 50 mm Apports initiaux Entretien Vidange Opérations culturales mm 3Qmm ] 50 mm - 50 mm 5Q mm i Date Lame d'eau 100 mm Initiation paniculaire J+65 Tallage actif i Montaison Floraison jrf-105 Grain laiteux Grain ppteux Grain dur Maturité À+120 Gra n mature 50 mm Apports initiaux Entretien Vidange Opérations cuiturales QOO mm ats Calcul des besoins en eau à la parcelle ; Apports initiaux (50+100+30+50) + Entretien (150+900) = 1280 mm «Mémento Technique de Riziculture», Marc Lacharme 2001
Gestion de F eau 21 jours après 1ère désalinisation Germination levée Apports initiaux Entretien (suite) Culture d'hivernage : semis du 25/06 au 30/07 (variété Sahel 202) terrain salé avec pré irrigation et traitement herbicide post levée type Londax Date Lame d'eau 100 mm Tallage actif Initiation paniculaire J+65 Montaison Floraison j+90 I j+110 l grain laiteux Grain pâteux j Grain dur Grain mâture Maturité j+120 50 mrn Apports initiaux Entretien Vidange Opérations culturales 80i nm 80 m 950 mm ^ 80 mm
Calcul des besoins en eau à la parcelle : Apports initiaux (5O+(3x 100)+100+30+50+80+80) + Entretien (150+950) = 1790 mm «Mémento Technique de Riziculture», Marc Lacharme 2001