Installée depuis vingt-sept ans dans le fort de

32 RÉALISATION SEL ÉTANCHÉITÉ.INFO #33 mars 22 Étanchéité liquide au sommet d une tour hertzienne Ouvrage marquant du paysage de l Est parisien, la tour TDF de Romainville a fait l objet en février 21 d une réfection de son étanchéité. Un chantier complexe où les problèmes d accessibilité, de sécurité et d approvisionnement ont conduit au choix d une étanchéité liquide à base de polyuréthane. ER Les intervenants Maître d ouvrage TDF DPAT Maître d œuvre Vasconi Associés Architectes Entreprise d étanchéité Sertec Produits d étanchéité Sika Primaire d accrochage Il s agit d un primaire époxydique bicomposant en phase aqueuse permettant de renforcer l adhérence de l étanchéité sur la membrane bitumineuse existante. Cette couche peut être appliquée à l aide d un rouleau à poils courts, d une brosse ou d un airless (système non pressurisé). Installée depuis vingt-sept ans dans le fort de Romainville (93), la tour TDF conçue par l architecte Claude Vasconi souffrait depuis quelque temps de fuites à répétition. Située à une centaine de mètres au-dessus du sol, l étanchéité de la cinquième et dernière plate-forme n assurait plus son rôle, de même que la chape de protection en béton largement fissurée. «Le propriétaire rencontrait des problèmes d infiltrations d eau dans les pièces du niveau inférieur», précise Jean-Pierre Lherbette, responsable de la région Île-de-France chez Sika. À l intérieur, des salles de supervision bardées d écrans et une batterie de serveurs informatiques qui font de cette tour l un des centres névralgiques de la télédiffusion française. D où la décision par TDF, maître d ouvrage et exploitant, de lancer des travaux de réfection sur cette toiture aussi vertigineuse que stratégique dont la dizaine d antennes et de paraboles émettent et reçoivent les principaux signaux de radio-télévision. Pour l entreprise Sertec en charge du chantier, le choix d une nouvelle étanchéité devait répondre à une triple équation : faciliter le traitement des nombreux points singuliers, ne pas nécessiter le recours à la flamme, en raison notamment de la présence de câbles électriques, et enfin ne pas générer un apport trop lourd en matériaux. Compte tenu de ces contraintes, le choix s est porté sur un système d étanchéité liquide monocomposant à base de résine polyuréthane. Une solution qui présentait en outre l avantage de tolérer des conditions d humidité relativement élevée lors de son application tout en permettant une mise hors d eau rapide. Destruction de la dalle en béton Première étape de cette opération de réhabilitation : la démolition de l ancienne chape béton. «Un mois a été nécessaire pour parvenir à évacuer l ensemble des gravats consécutifs à la destruction de la couche de protection. Les décombres étaient descendus par ascenseur, unique moyen de transport à disposition des étancheurs», signale Jean-Pierre Lherbette. Après déblayage de la zone, l ancienne étanchéité bitumineuse a été

ÉTANCHÉITÉ.INFO #33 mars 22 SEL RÉALISATION 33 03 04 05 réparée, poncée mécaniquement puis nettoyée à haute pression en partie courante et en relevés. Comme pour l évacuation des déchets, la livraison des matériaux d étanchéité s est effectuée par l ascenseur. «Seules la première coursive et ses retombées d étanchéité, zones les plus délicates du projet, ont été rénovées», détaille Éric Nantais de Sertec. Deuxième étape du chantier : la mise en œuvre de la résine. Une fois la préparation de support effectuée, un primaire époxydique en phase aqueuse a été appliqué sur l ensemble de la surface. Pour ce chantier, le complexe a également été renforcé par une armature non tissée en fibre de verre qui permet d augmenter la résistance du système, notamment sur des toitures dégradées. Celle-ci est immédiatement marouflée dans la première couche de résine. «Cette étape est essentielle pour un résultat optimal. Il s agit aussi d éviter l apparition d éventuelles cloques liées à l humidité», explique Éric Nantais. L ensemble a ensuite reçu deux couches de finition également à base de polyuréthanne pour former un complexe d environ 2,2 mm d épaisseur. Plutôt classique, ce mode de mise en œuvre a toutefois été largement compliqué par la présence des équipements techniques et le caractère exigu de la plate-forme. «Dans certaines zones quasi inaccessibles, les étancheurs ont parfois été contraints de travailler en position allongée pour appliquer le produit», signale le responsable de Sertec. garde-grèves métalliques Troisième et dernière étape : la réalisation d une nouvelle chape en béton. Cette dernière a été coulée sur une natte drainante posée directement sur le revêtement d étanchéité. Du fait de l absence d entrée d eaux pluviales (EEP) sur la coursive en réfection, des garde-grèves métalliques ont été posés en périphérie, au droit des retombées. «Ces sortes de crapaudines servent de coffrage à la chape rapportée et permettent l écoulement des eaux de pluie vers la seconde coursive située en contrebas», précise Éric Nantais. Pour l heure, seule la première des deux coursives de la toiture a été rénovée. Un chantier qui a déjà demandé à lui seul deux mois de travaux. À terme, c est l ensemble de la plate-forme qui devrait être refait à neuf. l Du haut de ses 140 mètres, la tour TDF domine les communes de Romainville et des Lilas situées dans l Est parisien. L ancienne membrane bitumineuse a fait l objet d une préparation minutieuse : ponçage mécanique et nettoyage à haute pression. 03 Application du primaire : une résine époxydique en phase aqueuse. 04 Les conditions d accès et les nombreux câbles électriques rendaient le recours à une étanchéité liquide quasi incontournable. 05 Mise en œuvre de l étanchéité liquide à base de polyuréthane.

34 RÉALISATION ÉTANCHÉITÉ.INFO #33 mars 22 Un géant hospitalier bâti sous asphalte Débuté en juillet 2009, le chantier du nouveau CHU - Picardie continue d avancer. Avec ses 41 000 m 2 d étanchéité en toitures dont la majorité en asphalte coulé, la gestion de la chaîne logistique a été déterminante pour tenir les délais. ER Conçu par le cabinet d architecture parisien AART Farah Architectes Associés en collaboration avec Coteba Développement, le nouveau CHU -Picardie en cours de construction s inscrit dans le cadre d un vaste programme de modernisation de l ancien hôpital lancé en 20. Réalisé par un groupement constitué de filiales de Bouygues Construction, il regroupera les activités de médecine, de chirurgie et d obstétrique jusqu alors dispersées sur quatre sites de l agglomération amiénoise. Ces différents services seront rassemblés dans un complexe de 172 000 m², ce qui en fait actuellement l un des plus importants chantiers hospitaliers de France. Le projet architectural intègre la restructuration des équipements existants et la construction de 120 000 m² de bâtiments neufs, le tout réalisé presque exclusivement en béton. Près de 80 000 m 3 seront coulés pour l opération. Unique ouvrage métallique du site, le hall d accueil coiffé d un large auvent est aussi le seul geste monumental de cette architecture. Une sobriété assumée par les concepteurs qui revendiquent le pragmatisme et la rationalité de leur projet dont ils ont également souhaité limiter l impact visuel. Le résultat est un ensemble de constructions plutôt basses qui développent une impressionnante surface de toits-terrasses : près de 41 000 m² répartis sur une soixantaine de toitures, soit l équivalent de six terrains de football. Un chantier colossal mais aussi particulièrement exposé, la construction de Le hall d accueil Contrairement au reste de la construction, la toiture du hall d entrée est réalisée à partir de bacs acier nervurés fixés à une charpente métallique traditionnelle. Ces bacs soutiennent un isolant en laine de roche (120 mm) servant de support à une membrane synthétique en PVC renforcée d une armature polyester. «C est principalement pour des raisons esthétiques que ce revêtement couleur acier a été privilégié», indique Xavier Korysko, chef d agence Smac à (80). Au total, pas moins de 5 000 m 2 d étanchéité synthétique ont été mis en œuvre sur cet ouvrage qui se développe sur plusieurs niveaux et dessert les pôles majeurs d hébergement. Avec ses 172 000 m 2, le nouveau CHU d est actuellement l un des plus vastes chantiers hospitaliers de France. Volontairement sobre et rationnel, l architecture du complexe développe près de 41 000 m 2 de toituresterrasses. 03 et 04 Mis en œuvre sur un écran d indépendance, l asphalte est coulé sur une épaisseur de 17 mm. 0 5 L isolation inversée est assurée par des panneaux en mousse de polystyrène extrudé (XPS) protégés par une couche de gravillons.

ÉTANCHÉITÉ.INFO #33 mars 22 RÉALISATION 35 03 Projet AART Farah Architectes Associés l hôpital mobilisant certains jours jusqu à huit cents personnes. Le système d étanchéité retenu devait donc combiner à la fois une bonne résistance et une relative rapidité d exécution compte tenu des délais imposés. À l arrivée, le choix s est porté sur un revêtement indépendant en asphalte modifié par élastomère SBS associé à une isolation inversée. Près de 30 000 m² de toitures vont ainsi être traités avec ce matériau. «Nous avons opté pour un système plus rapide à mettre en place que le revêtement bitumineux prévu au départ, indique Nabil Erraoud, conducteur de travaux au sein de l agence Smac de Sarcelles (95) en charge des travaux d asphalte. En une journée, une équipe d étancheurs réalise 500 m² d étanchéité en asphalte, c est beaucoup plus rapide que la pose d une étanchéité bicouche traditionnelle.» Autre argument en faveur du procédé : l isolation inversée permet de protéger l ouvrage des agressions mécaniques en cours de chantier. Celle-ci est assurée par des panneaux en mousse de polystyrène extrudé (XPS) de 100 mm d épaisseur, affichant une résistance élevée à la compression. Conformément à son DTA, l isolant est posé en quinconce directement sur l asphalte lui-même coulé en indépendance sur une épaisseur de 17 mm. Une protection meuble (gravillons) est ensuite venue compléter le système. L enjeu de l approvisionnement Échelonnée sur une période de dix-huit mois, la pose de l asphalte a contraint les équipes de Smac à respecter un planning serré. Pour Nabil Erraoud, «le principal enjeu a résidé dans l approvisionnement du chantier difficile d accès». Les chiffres parlent d eux-mêmes : 180 000 heures de travaux programmées, 1 600 tonnes 04 05 Les intervenants Maîtrise d ouvrage CHU -Picardie Mandataire maître d ouvrage H4 Valorisation Maîtrise d œuvre AART Farah Architectes Associés Maîtrise d œuvre technique Coteba Développement Groupement Quille (mandataire), Norpac, Bouygues Bâtiment Île-de-France, Brézillon et ETDE Entreprise d étanchéité Smac, agences de Sarcelles et d Produits d étanchéité Novasphalte (revêtement indépendant en asphalte modifié, Smac) et Baryphalte (revêtement d étanchéité bicouche mixte, Smac). Feuilles bitumineuses (Axter) Membranes synthétiques en PVC (Sika) Produits d isolation Mousse de polystyrène extrudé, Jackodur KF/DS 300 (Jackon)

36 RÉALISATION ÉTANCHÉITÉ.INFO #33 mars 22 «Sur une semaine, vingt semi-remorques assuraient quotidiennement la livraison de matériaux d étanchéité. Et, en période de pointe, les cadences étaient multipliées par deux» 06 07 Un mastodonte de la santé Le nouveau complexe réunira les services de médecine, de chirurgie et d obstétrique jusqu alors répartis sur quatre sites différents. Le projet s étend sur un terrain de 36 ha et comprend la construction 172 000 m 2 de bâtiment dont 50 000 m 2 en réhabilitation. Coût total toutes dépenses confondues : 550 millions d euros Chiffre clés : - 4 600 agents et 1 270 médecins, internes et étudiants ; - 1 238 lits et places ; - 3 plots architecturaux d hospitalisation de 400 lits chacun environ, en verticalité d un plateau technique unitaire ; - 175 salles de consultation ; - 4 scanners et 3 IRM ; - 30 salles d opération, réparties en 2 blocs opératoires ; - 1 500 000 repas servis annuellement ; - 2 350 tonnes de linge lavées annuellement ; - 3 100 places de parking environ, dont 800 places en souterrain et 600 en silo aérien. d asphalte, 4 100 m 3 d isolant, 3 600 tonnes de gravillons et 6 500 m² de dalles sur plots ont été nécessaires pour équiper la plupart des toitures-terrasses du CHU. «Sur une semaine, vingt semi-remorques assuraient quotidiennement la livraison de matériaux d étanchéité. Et, en période de pointe, les cadences étaient multipliées par deux», ajoute le conducteur de travaux. Pour les 11 000 m² d étanchéité restante sur support béton, les solutions suivantes ont été mises en œuvre : 7 500 m² de revêtement bicouche mixte (membrane bitumineuse et asphalte modifié par élastomère SBS) ont été posés en indépendance sur une partie des terrasses accessibles ainsi qu au rez-de-chaussée du bâtiment. Enfin, 3 500 m² d étanchéité bicouche en bitume SBS posés en semi-indépendance sont venus équiper les terrasses inaccessibles autoprotégées. Débuté en juin 2009, les travaux du CHU doivent s achever cette année pour une ouverture prévue en juin 23. L établissement comptera alors plus de 1 200 lits, 30 salles d opération et 1 270 médecins, ce qui le classe déjà parmi les nouveaux géants de la santé nés de la politique française de regroupement des structures hospitalières. l 06 Près de 80 000 m 2 de béton ont été coulés pour la construction de l hôpital. 07 La toiture en bacs acier du hall d accueil est étanchée à l aide d une membrane synthétique fixée mécaniquement.