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Transcription:

Santé en milieu Carcéral Alves Philippe Ammane Hany Court Stéphane dos Santos Angel Etienne Léonard

18 ans Ne parle pas français Est arrivé clandestinement en suisse après un voyage de 2 ans Vit en suisse, trafiquant de drogue

Particularité de la population en milieu carcéral à Champ-Dollon. 50% entre 20 et 29 ans 85% d étrangers Barrières de communication (langue) Barrières culturelles et religieuses Personnes socialement défavorisées Problèmes d addictions (médicamenteuse, drogues, alcool, cigarette) Accès au soin limités avant l emprisonnement. 92% hommes

Un jour, il se fait interpeller par la police au bord du lac alors qu il fume un joint. N a pas de pièce d identité Emmené au poste de police Au poste, il refuse la fouille, la tension monte et Mr. D finit par frapper un policier avec une chaise. Le policier est grièvement blessé.

Suite à ces évènement, Mr. D est incarcéré à la prison de Champ-Dollon en attendant son jugement. Le lendemain de son arrivée, il est convoqué au service médical pour passer une visite d entrée. Il dit être dépendant à l héroïne, au cannabis à l alcool ainsi qu à la cocaïne. Un traitement de substitution à la méthadone est alors mis en place.

Visite d entrée Tout détenu doit voir un membre du corps médical dans les 24h suivant son arrivée. But de la visite Poursuite des traitements Gestion de la toxicomanie Dépistage de troubles psychiatriques et évaluation du risque suicidaire. Prévention des maladies infectieuses Examen physique d entrée

Une semaine plus tard, le détenu demande à voir le médecin, car il se sent nerveux.

Service médical Accès au médecin Procédure Motifs de consultation Troubles psychosomatiques Collaboration avec les gardiens Relation triangulaire

Acteurs du système de santé Médecin somaticien et médecin psychiatre Psychologue Infirmiers Gardiens Psychologue des gardiens Aumônier

Médecin Accès aux soins Équivalence des soins Confidentialité Indépendance professionnelle Compétence professionnelle

Gardiens Les gardiens comme auxiliaires de soins Présence humaine quotidienne avec les détenus, maintien de l équilibre carcéral. Conséquence d une automatisation des prisons Les gardiens comme patients Les gardiens souffrent dans leur travail 44% sont épuisés par leur travail Nombreuses répercussions sur leur vie de famille Psychologue du personnel

Aumônier Écoute les détenus sans jugement Personne avec qui on peut aller parler sans raison particulière Chambre accueillante avec café et cigarettes «Une cigarette m a conduit vers Dieu»

Le médecin diagnostique une anxiété ainsi que des troubles du sommeil. Un traitement aux benzodiazépines est prescrit. Une consultation avec un psychiatre est proposée.

3 mois plus tard Le psychiatre détecte une décompensation psychotique chez Mr. D peut être en relation avec les conditions de détention. Le détenu dit entendre des voix qui le pousse à commettre des actes violents.

5 mois plus tard Lors d un atelier, Mr. D assène un coup de marteau fatal sur la tête d un autre détenu.

Le psychiatre explique ce geste comme étant la conséquence des troubles psychotiques de Mr. D. La violence envers les policiers étaient sans doute aussi attribuable à cet état mental. Le patient est alors envoyé à l unité carcérale psychiatrique (UCP) pour bénéficier d une prise en charge adéquate.

L enquête policière touche à sa fin et le jugement est prononcé Mr. D est soumis à l article 43

Article 43 Article 43 CPS L infraction commise est mise sur le compte des troubles mentaux du détenu. La mesure est de durée indéterminée avec obligation de réévaluation par le CSP au minimum une fois par année. Le détenu est: interné avec obligation de soin dans un établissement approprié (UPMP ou Champ-Dollon) Champ-Dollon est «Approprié» par défaut en raison du manque de place dans des établissements spécialisés. Hospitalisation non volontaire. Libre avec obligation de suivi ambulatoire.

Mr. D est envoyé dans le quartier de haute sécurité du pénitencier de Bochuz où il sera interné dans l unité psychiatrique de médecine pénitentiaire pour y exécuter sa peine.

La Psychiatrie en milieu Carcéral 80% des détenus souffrent de troubles de la personnalité et 30% de troubles psychiques graves l UCP (unité carcérale psychiatrique) Séjours de courtes durée (1-2 semaines) 7 places UPMP (unité psychiatrique de médecine pénitentiaire) de Bochuz Suivis à long terme Resocialisation 7 places Personnel: une ergothérapeute et un infirmier

5 ans plus tard Le cas de Mr. D est remis en examen par le comité de surveillance psychiatrique qui rend son rapport. Le comité ne constate aucune évolution positive de l état mental.

Suite à cette mauvaise nouvelle, Mr. D tente de se suicider. Il est alors transféré en urgence à l hôpital d Yverdon. Une fois son état stabilisé, il est transféré à l unité carcérale hospitalière de l hôpital cantonal de Genève car il nécessite un suivi hospitalier pendant encore quelques semaines.

Hospitalisation En cas de besoin d hospitalisation, le médecin a le pouvoir à lui seul de faire sortir un détenu. 2 hôpitaux en suisse sont capables d accueillir des détenus (Berne et Genève) dans des unités carcérales. Toutefois en cas d urgence, le détenu est envoyé dans n importe quel hôpital pour être stabilisé avant le transfert définitif.

Le Mr. D décèdera à l UCH suite à une deuxième tentative de suicide.