Inondation de la cave du 5 rue de l'aiguillerie à Montpellier

Inondation de la cave du 5 rue de l'aiguillerie à Montpellier Rapport final BRGM/ RP-59285-FR Décembre 2010 V. Petit

Étude réalisée dans le cadre des opérations de Service public (ou projets de Recherche) du BRGM Ce document a été vérifié par : Y. Caballero date : 10/02/2011 Ce document a été approuvé par : M. Audibert date : 25/02/2011 Le système de management de la qualité du BRGM est certifié AFAQ ISO 9001:2008. Mots clés : En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante : PETIT V. (2010) Inondation de la cave du 5 rue de l'aiguillerie à Montpellier. Rapport BRGM/RP-59285- FR, 12 p., 3 fig. BRGM, 2010, ce document ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l autorisation expresse du BRGM.

Synthèse Dans le cadre de l'appui à la police de l'eau fourni par le BRGM aux administrations, le SIDPC de l'hérault a demandé d'examiner le cas d'une inondation de cave au 5 rue de l'aiguillerie à Montpellier. Un recueil d'informations et deux visites des lieux n'ont pas permis de conclure précisément sur l'origine des eaux. Il semble toutefois peu vraisemblable que ce soit une montée des niveaux de la nappe au-dessus de la cote du fond de la cave en raison du manque de relation avec les précipitations atmosphériques, et du niveau de la nappe nettement plus bas à proximité. Il est conseillé d'améliorer le dispositif d'évacuation des eaux par un deuxième puisard placé au niveau le plus bas de la cave et de l'humidité ambiante par une ventilation de la cave. Il est recommandé par ailleurs d'effectuer un contrôle des fondations. 3

Sommaire 1. Introduction... 5 2. Contexte et historique... 5 2.1. SITUATION... 5 2.2. CONTEXTE HYDROGEOLOGIQUE... 6 2.3. HISTORIQUE DES PROBLEMES D'EAU AU 5 RUE DE L'AIGUILLERIE... 6 2.4. AUTRES INFORMATIONS... 8 3. Visites du site... 9 3.1.1. Visite du 8 octobre 2010... 9 3.1.2. Visite du 2 novembre 2010... 10 3.1.3. Communication téléphonique du 09/12/2010... 10 3.1.4. Communication téléphonique du 16/12/2010... 10 4. Conclusion... 11 5. Bibliographie... 12 Liste des illustrations Illustration 1: Plan de situation... 6 Illustration 2 : Petite venue d'eau du coté du 7 rue de l'aiguillerie... 9 Illustration 3 : Humidité à la base des murs.... 10 4

1. Introduction Suite à un courrier de Mme Thérond au préfet de l'hérault, concernant une montée d'eau dans sa cave au 5, rue de l'aiguillerie à Montpellier, le SIDPC a sollicité le BRGM pour un appui à la police de l'eau sur ce cas par un courrier du 27 septembre 2010. Cet avis repose sur : - les observations réalisées lors des visites du site le 8 octobre et le 2 novembre 2010 ; - les informations communiquées par Madame Thérond, le professeur Dasy, Vinci et Librairie Gibert ; - la documentation disponible au BRGM (Banque des données du sous-sol, carte géologique de Montpellier n 990, Atlas hydrogéologique du Languedoc-Roussillon (2006) ; - des informations sur les précipitations fournies par Météo-France sur le site http://climat.meteofrance.com/chgt_climat2/climat_france 2. Contexte et historique 2.1. SITUATION La cave inondée est celle de l'immeuble du 5 rue de l'aiguillerie, à proximité de la Préfecture de l'hérault et de la Place Jean Jaurès à Montpellier (Illustration 1). 5

Illustration 1: Plan de situation 2.2. CONTEXTE HYDROGEOLOGIQUE Les formations géologiques du cœur de Montpellier sont constituées par des sables marins déposés pendant l'astien (Pliocène). Cette formation est de manière générale, constituée par des sables jaunâtres, plus rarement grisâtres ou roux, irrégulièrement grésifiés et souvent recouvert de limons et de marnes jaunâtres. Le caractère lenticulaire et la présence irrégulière des niveaux marneux à argileux rend la stratigraphie d'ensemble "sableux" complexe. Ces formations, alternant les formations perméables et moins perméables, sont potentiellement aquifères : de nombreux puits assurent les besoins en eau jusqu'à la fin du XVIII e siècle (débits de quelques m 3 /h). Trois de ces anciens puits sont localisés à proximité de la rue de l'aiguillerie. Ils confirment la présence d'un aquifère superficiel sous le site. 2.3. HISTORIQUE DES PROBLEMES D'EAU AU 5 RUE DE L'AIGUILLERIE En l'absence d'un suivi régulier, la tentative de reconstitution de l'historique des inondations de la cave fournit les éléments suivants : Avant 1960 : Pas d'information. Dans les années 60, des travaux sont entrepris. Une canalisation collectant les égouts du 3 et 5 rue de l'aiguillerie et du 5 rue Foch est installée. Ces travaux font suite à des problèmes d'évacuation des eaux usées. A la même période, le sol de la cave est cimenté et un puisard (deux selon la facture) est mis en place dans une pièce de la cave (à gauche en entrant dans la cave). Il mesure 40x40 cm en surface et 50 cm de profondeur. On remarque que ce puisard n'a pas été placé dans la partie la plus basse de la cave (la cave de droite est plus basse). Le couloir entre la cave du n 3 et du n 5 de la rue de l'aiguillerie est bouché ; une conséquence non prévue est une réduction de la ventilation qui a augmenté l'humidité dans la cave. Entre 1960 et début 2010 : des problèmes de venues d'eau se produisent de temps en temps, mais sont jugés peu importants par la propriétaire Mme Thérond. 6

Évènements récents (2010). Description / Commentaires Contexte météorologique Vers le 10 ou 12 juillet : début de la montée des eaux dans la cave de droite dont le sol est plus bas, 18 juillet : - la cave est entièrement inondée, - à proximité, Place Jean Jaurès, le local souterrain d'edf est inondé et doit être pompé. Avant la montée des eaux, les précipitations sont faibles (1 mm le 9 juillet). 24 août : eau dans la cave de droite. L'eau suinte à la base des murs des 2 caves. Il n'y a pas eu de précipitations durant les 23 jours qui ont précédé l'évènement. 7

13 et 14 septembre : inondation cave. Des précipitations plus conséquentes ont été observées une semaine avant l'évènement (45 mm environ répartis sur 2 jours). 2.4. AUTRES INFORMATIONS Travaux : Il n'y a pas eu de travaux à proximité récemment d'après la propriétaire. Voisinage : - la cave voisine du 3, rue de l'aiguillerie est au même niveau et n'est jamais inondée, - l'autre cave voisine du 7, rue de l'aiguillerie vient d'être carrelée, - le parking de la Préfecture dispose de 5 niveaux de parking en sous-sol, représentant une douzaine de mètres de profondeur. Il y a une pompe de relevage automatique en cas de remontée des niveaux d'eau, mais son historique de fonctionnement montre qu'elle ne se déclenche jamais (informations de Vinci Park), - librairie Gibert : présence d'un puits sec. Divers : Pas de trace de chlore dans l'eau de la cave d'après Véolia. L'eau ne provient vraisemblablement pas du réseau d'eau potable. 8

3. Visites du site 3.1.1. Visite du 8 octobre 2010 Lors de la visite du 8 octobre, les observations suivantes ont été relevées : - venues d'eau visibles dans la petite pièce coté 7 rue de l'aiguillerie, où le sol est légèrement plus haut : l'eau suinte dans l'angle formé entre deux murs sur une hauteur de 10 cm (Illustration 2) à un débit très faible (0.1 l/h?). Ce niveau d'eau est plus haut que dans le reste de la cave ; il indique une déconnexion hydraulique avec les autres niveaux dans la cave. Il peut s'expliquer par les formations géologiques imperméables discontinues dans les formations astiennes et qui sont à la base de nappe d'altitude différente. - base des murs et sol à proximité des murs humides dans l'ensemble de la cave (Illustration 3). Cette localisation est classique dans la mesure où l'imperméabilisation est moindre le long de cette jonction. - eau à 10 cm de profondeur dans le puisard. Donc, l'eau n'est pas en charge sous la chape de ciment du sol. Eau propre. Pas d'odeur. A la date du 19 octobre, la cave est sèche et le niveau d'eau est à une quarantaine de cm de profondeur. - cave peu ventilée. - pas d'humidité au centre des pièces. Position de la petite venue d'eau Illustration 2 : Petite venue d'eau du coté du 7 rue de l'aiguillerie 9

Illustration 3 : Humidité à la base des murs. 3.1.2. Visite du 2 novembre 2010 Les traces d'humidité dans la cave ont fortement diminué. Elles subsistent néanmoins du côté de la petite venue d'eau. Malgré plusieurs tentatives (le 2 novembre et par la suite), nous n'avons pas pu avoir accès à la cave voisine, située sous le magasin de vêtements à la droite du magasin de bandes dessinées (L'Album). Dans le puisard, l'eau est à 20 cm de profondeur, a une température de 17 C et une conductivité de 1 150 µs/cm, valeurs qui n'indiquent pas d'anomalie particulière. Nous avons eu également accès à un ancien puits situé dans la librairie Gibert à une petite centaine de mètres de distance au nord-ouest. Ce puits est sec ; le fond du puits est à environ 13 m au-dessous de la chaussée, soit largement au-dessous de la cave du 3 rue de l'aiguillerie. 3.1.3. Communication téléphonique du 09/12/2010 Mme Thérond signale la présence d'un caniveau qui a été vu lors de l'installation de la conduite d'évacuation des eaux usées dans les années 60. Il serait donc proche de la petite venue d'eau. Ce caniveau est peu visible (passage entre 2 murs). L'eau de ce caniveau n'était pas propre. 3.1.4. Communication téléphonique du 16/12/2010 Des travaux ont eu lieu fin 2009, suite à un engorgement de canalisation d'eaux usées d'appartements situés à l'arrière du n 5. L'Agence Boulenc qui a suivi ces travaux confirme que derrière le mur de séparation entre les numéros 5 et 7, il y a une canalisation "romaine" (en forme de "U") qui recueille les eaux usées de 3 appartements et d'un petit toit (15 m² maximum). Cette canalisation n'est pas visible directement, car elle est recouverte sous le sol de la cave. 10

4. Conclusion Origine des eaux : La montée des eaux se fait sur l'ensemble de la cave. Les problèmes de venues d'eau semblent avoir toujours existé même s'ils semblent plus importants actuellement. L'information de Véolia (pas de chlore dans les eaux) confirmerait qu'il ne s'agit pas d'eau du réseau d eau potable. Les eaux sont propres et ne viennent pas d'un réseau d'eaux usées. Pour autant, il ne semble pas que l'eau ait pour origine la nappe pour les raisons suivantes : - pendant les trois évènements de cet été, il n'y a pas de relation entre les précipitations et les remontées d'eau : la remontée des eaux le 24 août intervient après une période sèche (13 mm de précipitation en 2 mois). Les nappes ne remontent généralement pas en été : l'eau des précipitations est reprise par évaporation, mais la zone est anthropisée : imperméabilisation de surface, collecte des eaux pluviales, remaniement du sous-sol par les travaux urbains ; - bien que les formations géologiques sous Montpellier soient hétérogènes (alternance de formations sableuses et argileuses) et que l'aquifère ne soit pas continu pour cette raison, il semble peu vraisemblable que les venues d'eau aient pour origine la nappe car le puits "Gibert", à moins de 100 m de distance est sec. Le fond se trouve à une altitude plus basse de 10 m environ par rapport à la cave du 5 rue de l'aiguillerie. Cette observation est confortée par l'absence de venues d'eau au parking de la Préfecture ; - la venue d'eau qui suinte du mur, observée le 8 octobre se situe à une cote altimétrique plus élevée que le niveau dans le puisard. Il y a donc une déconnexion hydraulique inhabituelle dans une nappe, mais qui peut être possible ici à cause de l'hétérogénéité des terrains et des fondations qui peuvent former un mur imperméable. Propositions Confirmation du diagnostic Lors de la prochaine inondation, si la petite venue d'eau est toujours présente, faire rapidement une reconnaissance dans la cave voisine. Amélioration de la situation au 5 rue de l'aiguillerie Compte tenu de la faible ampleur de ces inondations, en fréquence et en hauteur, on peut essayer d'améliorer la situation actuelle pour cela : mettre en place une évacuation des eaux dans la cave en creusant un nouveau puisard dans la partie la plus basse de la cave avec un pompage des eaux automatique en fonction du niveau d'eau. évacuer l'humidité résiduelle par un dispositif à définir, pour favoriser la ventilation. 11

Diagnostic des fondations : Les fondations de l'immeuble sont a priori ancrées dans les terrains de l'astien. En l'absence de coupe lithologique précise sur le site, on peut supposer que les fondations reposent dans une formation composée en proportion variable de sables, marnes, limons ou argiles. Ces horizons sont sensibles à l eau de deux points de vue : - chute possible de capacité portante des niveaux argilo-limoneux saturés entraînant potentiellement un tassement localisé ; - entraînement de particules fines (sables, limons notamment par phénomène de suffosion) si les circulations d eau sont suffisantes. Ce phénomène, accentué par des travaux de pompage, peut également occasionner des tassements ponctuels par création de vides localisés dans la zone d influence des fondations. Ce contexte et les désordres constatés au n 3 de la rue de l'aiguillerie (de type basculement de la façade) conduisent à recommander un diagnostic des fondations par un bureau d étude spécialisé. 5. Bibliographie Jourdan F. (1957) Le problème de l'eau à Montpellier. Bulletin trimestriel de la Société languedocienne de géographie.2e série. Tome XXVIII. 3e fascicule. Marchal JP. (2006) - Atlas hydrogéologique des aquifères de l'hérault). Rapport final. BRGM/RP-56168-FR. Carte géologique de Montpellier - n 990. (1971) 12

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