Cyclone à la Jamaïque d Alexander Mackendrick La mutinerie 1 2 3 4 5 6 7 8.a 8.b 9 10 11
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37.a 37.b 38.a 38.b
Analyse de la séquence 1 Le premier plan de la séquence est un plan semi-subjectif avec Alberto en amorce (plan 1). Puni à plusieurs reprises à la place des enfants, Alberto refuse de plus en plus l autorité de Chavez. Debout sur la dunette espace du pouvoir il semble déjà prendre la place de son supérieur : il surplombe l équipage, dont on comprend qu il suit ses ordres, et le bateau, filmé en plan de demi-ensemble. Lorsque Zac fait son entrée, en amorce, la contre-plongée donne d abord l impression qu il est sous la domination d Alberto (plan 2). Mais Zac conteste l ordre qu a donné Alberto de mettre le canot à la mer. Dès lors, une série de champs/contre-champs va opposer Zac et Alberto cadrés en plan rapprochés (plans 3-7). Et si Zac, filmé en plongée, semble encore être dominé par Alberto, en contre-plongée, le visage et les gestes de ce dernier expriment moins de fermeté (plans 3 et 5). C est d ailleurs Zac qui est filmé avec l équipage en profondeur de champ derrière lui (plans 4 et 6). Mais Zac ne parle pas espagnol et a besoin d Alberto pour se faire entendre. C est ce qui va permettre à Alberto de reprendre l ascendant : son visage retrouve son assurance et il confirme, d un simple regard, l ordre qu il a donné à l équipage (plan 7). Il retrouve ainsi sa position dominante initiale, soumettant Zac à sa décision, aux même titre que les autres (plan 8.a // plan 1). Zac tente alors de se soustraire à sa domination en allant trouver les autres membres de l équipage (plan 8.b). Et, en effet, le panoramique qui l accompagne ne cadre plus Alberto en amorce ; pourtant, ce plan en plongée se trouve soumis au regard d Alberto, filmé en contre-plongée au plan suivant (plan 9). L affrontement entre les deux hommes est rétabli à l identique que précédemment (plan 9-10 // plans 6-7), marqué par un passage du plan de demi-ensemble au plan américain sur Zac. L arrivée de Chavez, sortant de sa cabine, va mettre fin à ce duel (plan 11). Mais, filmé en plongée, il n apparaît plus comme la figure d autorité à laquelle tout le monde se soumettra : au contraire, sa présence va transformer le duel en mutinerie générale La plongée sur Chavez est encore plus accentuée lorsqu il entre sur le pont dans le plan suivant : ce plan semi-subjectif le place sous la férule d Alberto en amorce, qui a pris sa place à la dunette (plan 12.a). Mais Alberto, qui doute peut-être de sa légitimité, quitte la dunette pour revenir se poster sur un pied d égalité (plan 12.b). Chavez monte d ailleurs l escalier de la dunette et cesse d être filmé en plongée (plan 13). Au contraire, c est son équipage qui est en plongée derrière lui désormais, tandis qu il le surplombe en plan rapproché. Secondé par Zac, Chavez occupe donc bien la place du chef. Mais il tourne le dos à son équipage et, derrière lui, dans la profondeur du champ, Alberto, de dos, regroupe l équipage : le duel Zac/Alberto s est généralisé, deux forces sont désormais en présence, dos-à-dos. Par ailleurs, Zac s oppose de plus en plus au capitaine (plans 13 et 15) et, pendant ce temps deux raccords dans l axe permettent d approcher l équipage en plan moyen (plans 14 et 16) : celui-
ci n est alors plus filmé en plongée mais à hauteur d hommes, comme libéré de l autorité de Chavez. Le capitaine perd tout soutien alors que ses hommes s unissent Ne parvenant pas à s imposer devant Zac, il va descendre de la dunette pour s imposer face à ses hommes (plan 17.a). Or, sur le pont, il est à égalité avec eux et l affrontement est devenu une mutinerie générale (plan 17.b) : la composition du plan suit une ligne médiane verticale, le long du mât, qui sépare les hommes en deux groupes (même si ce ne sont pas ces deux groupes qui s affrontent). Zac, quant à lui, occupe une place "en marge", à l avant plan gauche de l image. Chavez est désormais isolé, et la caméra le filme bientôt en plan américain, seul face deux pirates en amorce, dont Alberto qui lui a réclamé "la clé pour les mousquets" (plan 18). Ce dernier le domine par sa taille et sa position, et Chavez ne parviendra à s imposer que par la force, en le frappant d un coup de point dont la violence est mise en valeur par un raccord (plan 19.a) et un rapide panoramique suivant Alberto projeté dans les haubans (plan 19.b). Le coup de poing marque le début d une bagarre opposant l équipage au capitaine et son second (plans 20-27). Mais si Chavez est filmé en plans de demi-ensemble, de dos, et progressivement en plongée (plans 20, 22, 24 et 26), Zac, d abord filmé en plongée, est peu à peu filmé en contre-plongée, de face, et en plans de plus en plus rapprochés (plans 21, 23, 25 et 27). D abord en amorce dans les plans montrant Chavez au combat (plans 20, 22 et 24), il abandonne peu à peu le capitaine (plan 26). Personnage en marge des deux camps, il se détache et s impose peu à peu pour prendre la situation en main Ainsi, lorsque le capitaine est capturé par l équipage, il l assomme et passe de l arrière plan au premier plan (plan 28). S en suit un gros plan de son visage, amplifiant sa présence (plan 29). C est alors qu Alberto, qui avait disparu depuis le coup de poing qu il avait reçu, surgit, fendant le groupe des pirates qui ont cessé de combattre (plan 30.a). Sa réapparition marque un retour à la relation duelle qui l opposait à Zac au début de la séquence. Face à Alberto filmé en plan moyen et en contre-plongée (plan 30.b), Zac, en plan demi-ensemble et en forte plongée, semble perdre l autorité qu il vient d acquérir (plan 31). Mais, lorsqu il désarme Alberto, son bras en amorce en fait une présence redoutable (plan 32). Ainsi face au groupe d Alberto et des hommes d équipage (plans 32, 34 et 36), il parvient à s imposer : les plongées et plans de demi-ensemble (plans 31 et 33) cédent la place aux plans rapproché et contre-plongées (plans 35 et 37.a). Sa domination établie sur l équipage, Zac va désormais l exercer sur Chavez qu il aide à se relever (plan 37.b) : un raccord dans l axe permet de le montrer, en contre-plongée, au-dessus du capitaine (plan 38.a). Et lorsqu il le conduit aux fers, on ne voit plus que ses jambes et ses mains, apparaissant une nouvelle fois comme une force irrésistible. David Lagain