Alimentation et état nutritionnel des bénéficiaires de l aide alimentaire :

Documents pareils
Caisse Primaire d Assurance Maladie de La Charente

LE GRAND LIVRE Du. Pr Jean-Jacques Altman Dr Roxane Ducloux Dr Laurence Lévy-Dutel. Prévenir les complications. et surveiller la maladie

En savoir plus sur le diabète

L obésité et le diabète de type 2 en France : un défi pour la prochaine décennie. DANIEL RIGAUD CHU de Dijon

MARS rapport d analyse. étude de la situation nutritionnelle des enfants vus par Médecins du Monde à Mayotte

N.-B. 18 à 34 24,3 28,1 20,1 24,4. 35 à 54 36,7 23,0 31,6 49,3 55 à 64 18,7 18,7 21,3 16,9 65 et plus 20,3 30,2 26,9 9,4

Projet de grossesse : informations, messages de prévention, examens à proposer

ntred 2007 Résultats de l étude Description des personnes diabétiques

I - CLASSIFICATION DU DIABETE SUCRE

LE PSORIASIS ET SES CO-MORBIDITES PARTICULIEREMENT LE DIABETE

Développement d une application pilote

Surveillance des toxi infections alimentaires collectives

Tâche : Comparer l étiquette de produits alimentaires afin de connaître leur valeur nutritive.

Le VIH et votre cœur

Actions prévues pour l année à venir & synthèse des actions menées durant l'année écoulée

L hygiène alimentaire en EPHAD

Le jeune diabétique à l école

GRENADE / GARONNE 30 janvier Centrale de Restauration MARTEL Maryse LAFFONT, Diététicienne

Diabète. Entretenez votre capital santé!

CAHIER DES CLAUSES TECHNIQUES PARTICULIERES

Rentrée 2014 Francine Eichenberger Diététicienne

RÈGLEMENT DU RESTAURANT SCOLAIRE

CAHIER DES CHARGES Bourse «Avenir Recherche & Soins»

L AGROALIMENTAIRE DANS BROME-MISSISQUOI C EST: 124 ENTREPRISES PLUS DE 1000 EMPLOIS

«Cette action contribue au PNNS». À CHÂTEAU THIERRY

Février Sondage sur les français et leur pharmacie. Date : 05 mars 2013 OpinionWay, 15 place de la République, Paris. Tél :

Surveillance des toxi-infections alimentaires collectives

SANTÉ. E-BOOK équilibre. stop. cholesterol diabete hypertension. Réduire le cholestérol, l hypertension et le diabète SANS MEDICAMENT!

Réseau Diabhainaut Programme Osean Enfant Document d Information pour les Parents

Challenges. Seniors. des. Dossier de presse. Village santé

Liste des auteurs et remerciements

Auriol : le service public de la Restauration scolaire

TRANSPORT ET LOGISTIQUE :

La nouvelle réglementation européenne relative à l hygiène des aliments: «Paquet Hygiène»

p. 4 à 8 90 % des diabétiques ont un diabète de type 2

RESTAURANTS SCOLAIRES COMMUNAUX RESTAURANT DU CENTRE DE LOISIRS SANS HEBERGEMENT «RÉGLEMENTATION RELATIVE AU FONCTIONNEMENT»

L APS ET LE DIABETE. Le diabète se caractérise par un taux de glucose ( sucre ) trop élevé dans le sang : c est l hyperglycémie.

region guide sante bis:mise en page 1 05/03/13 09:24 Page1 Guide pratique à l attention des professionnels de santé URPS DE BIOLOGIE MÉDICALE PACA

éviter UNE RÉCIDIVE APRÈS UN ACCIDENT VASCULAIRE CÉRÉBRAL AVC

BREF Thématique L EMPLOI DES SENIORS EN ILE-DE-FRANCE

Sommaire de la rubrique «Faire un don du sang» Site Internet des villes région Pays de la Loire FAIRE UN DON

Assemblée Générale ASSOCIATION DES MAIRES RURAUX DU PUY-de-DÔME. La nouvelle règlementation Nutrition pour les cantines scolaires

Le test de dépistage qui a été pratiqué à la

Le test de dépistage qui a été pratiqué à la

Uniterres. Rapprocher l aide alimentaire et les producteurs locaux

CAHIER SPÉCIAL Nathalie Ferron

Professeur Patrice FRANCOIS

Sécurité et insécurité alimentaire chez les Québécois : une analyse de la situation en lien avec leurs habitudes alimentaires

Les Jeudis de l'europe

SOMMAIRE I. INTRODUCTION 4 II. SOURCES D INFORMATION 5

Programme DPC des infirmiers

Diabète de type 1 de l enfant et de l adolescent

Anémie et maladie rénale chronique. Phases 1-4

lire les Étiquettes et trouver les sucres cachés

Allégations relatives à la teneur nutritive

Surveillance des troubles musculo-squelettiques dans les Bouches-du-Rhône

Consommez moins de sodium pour réduire votre pression artérielle. Information sur le sodium alimentaire.

Charte PNNS Groupe CASINO Résultats

Programme «maladie» - Partie II «Objectifs / Résultats» Objectif n 2 : développer la prévention

SURVEILLANCE DES SALARIES MANIPULANT DES DENREES ALIMENTAIRES

ÉVALUATION DE LA PERSONNE ATTEINTE D HYPERTENSION ARTÉRIELLE

I. PRESENTATION DE LA CHAIRE

Faites marcher votre cerveau, il a besoin d exercice!

Mairie de SAINT DIDIER SOUS RIVERIE Téléphone : Télécopie : MARCHE PUBLIC DE FOURNITURES COURANTES ET SERVICES

Consultation publique

Teneur en glucides des produits de la Réunion. 15 décembre 2011

Restauration collective. quelques aspects réglementaires

Appel à projets 5,2. Se déplacer Se nourrir Se loger Le reste

PROGRAMMES DONT LES UNIVERSITES PARTENAIRES SONT DIPLOMANTES. N.B : DIPLOME DE TECHNICIEN SUPERIEUR(DTS) : équivaut au BAC+2

INDICE DE FRÉQUENCE DES ACCIDENTS DE SERVICE

Un poste à votre mesure!

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

La version électronique fait foi

Annonce. Beyrouth, le 4/6/2013. La Doyenne. Nina SAADALLAH. UNIVERSITE LIBNAISE Faculté de Santé Publique Décanat

1 er MASTER CONCEPT «UN MONDE UNE SANTE»

Le traitement pharmacologique du diabète de type 2 : que devez-vous savoir?

Mise au point. Dossier. Zoom. Moi, mon diabète, mon entourage. Observance aux règles d hygiène de vie et au traitement

Liste des diplômes français généralement comparables au niveau du Diplôme d études collégiales en formation technique

La prise en charge de votre artérite des membres inférieurs

ÉDUCATION Côtes d Armor. Collèges publics. Charte de la restauration collective DIRECTION JEUNESSE PATRIMOINE IMMOBILIER

Le diabète en France L épidémie silencieuse du XXI ème siècle. Optimiser la prise en charge du diabète afin de limiter son expansion et son coût

ENQUETE DE SATISFACTION

Informations préliminaires sur le poste. Informations générales sur la mission

MASTER (LMD) INGENIERIE DE LA SANTE

LIGNE MÉTIER RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET BIOTECHNOLOGIE DES SERVICES POUR RÉPONDRE À VOS ENJEUX MÉTIER

Education Thérapeutique (ETP)

MAÎTRISER LA LECTURE DES ÉTIQUETTES NUTRITIONNELLES

Cursus de Master en Ingénierie de la Production Alimentaire. Une autre façon d accéder au métier d ingénieur

MON LAIT ISSU DE VACHES NOURRIES AUX OGM?

Télé-expertise et surveillance médicale à domicile au service de la médecine générale :

L information nutritionnelle sur les étiquettes des aliments

DOSSIER DE CANDIDATURE

Contenu. Introduction. Établissement des priorités pour l élaboration des indicateurs. Retrait de certains indicateurs. Répondants au sondage

Hygiène, sécurité et équilibre alimentaires dans les accueils collectifs de mineurs (ACM)

Activité 38 : Découvrir comment certains déchets issus de fonctionnement des organes sont éliminés de l organisme

DUT Statistique et Traitement Informatique des Données (S.T.I.D.)

LICENCE ADMINISTRATION PUBLIQUE. DROIT, ECONOMIE, GESTION

L hôpital dans la société. L expérience du CHU de Paris, l AP HP. Pierre Lombrail, Jean-Yves Fagon

Transcription:

Alimentation et état nutritionnel des bénéficiaires de l aide alimentaire : Etude Abena 2011-2012 et évolutions depuis 2004-2005 C. Vincelet 1 D. Grange 1, K. Castetbon 2, G. Guibert 1, M. Vernay 2, H. Escalon 3, A. Delannoy 1, V. Féron 1 1 ORS Île-de-France 2 Unité de surveillance et d épidémiologie nutritionnelle (InVS - Université Paris 13) 3 Institut national de prévention et d éducation pour la santé Aide Alimentaire : Les enjeux de demain. 15 mars 2016 1

Contexte Une première étude Abena réalisée par l InVS en 2004-2005 portant sur l alimentation et l état nutritionnel des bénéficiaires de l aide alimentaire Depuis, le contexte économique et social et l organisation de l aide alimentaire ont évolué Contexte de crise économique Amélioration de l aide alimentaire : quantité, diversité, qualité des aliments distribués Reconduction de l étude Abena en 2011-2012 Partenariat scientifique et financier ORS Île-de-France, InVS, Inpes et DGCS 2

Objectifs Décrire les profils sociodémographiques, l alimentation et l état nutritionnel des personnes ayant recours à l aide alimentaire en 2011-2012 Comparer la situation avec celle observée en 2004-2005 3

Schéma de l étude 6 zones géographiques Marseille Grand-Dijon Paris Seine-Saint-Denis Hauts-de-Seine Val-de-Marne 2 types d aide alimentaire Distribution de denrées à emporter Distribution de repas Recensement des structures de distribution Tirage au sort de structures puis de bénéficiaires au sein des structures sélectionnées 4

Recueil des données Structures de distribution d aide alimentaire nov. 2011- avril 2012 Questionnaire en face à face Mesures anthropométriques et de la pression artérielle Critères d inclusion Avoir 18 ans ou plus Centres d examens de santé des CPAM ou centres municipaux de santé nov. 2011- juin 2012 Examen clinique et biologique (mesures anthropométriques et de la pression artérielle, prise de sang) Etre en mesure de comprendre le contenu et les enjeux de l étude Parler suffisamment le français (ou aide d un interprète) Ne pas avoir un autre membre du foyer déjà inclus dans l étude 5

Recueil des données Questionnaire Caractéristiques sociodémographiques, environnement familial et social Approvisionnement alimentaire et recours à l aide alimentaire Consommations alimentaires Insécurité alimentaire Santé et accès aux soins 6

Recueil des données Mesure poids et taille / Pression artérielle Prise de sang Glycémie Cholestérol, triglycérides Hémoglobine, ferritine Hémoglobine glyquée Vitamines A, D, B9, B12, β-carotènes, fer sérique et transferrine 7

Echantillon et analyses statistiques Effectifs et taux de participation 2004-2005 2011-2012 * Nb Taux particip. Nb Taux particip. Questionnaires 1 164 77,3 % 2 019 44,1 % Examens de santé 257 27,0 % 422 22,4 % * En 2011-2012, sur les 4 territoires communs avec Abena 2004-2005 : 1 387 questionnaires et 310 examens de santé Analyses statistiques réalisées sur données pondérées avec prise en compte du plan de sondage Analyses des évolutions entre 2004-2005 et 2011-2012 8

Des indicateurs de santé qui n évoluent pas favorablement Abena 2004-2005 obés : 11,5% obés : 29,6% 36,6% 24,2% 80 71,4 80 80 % 60 40 53,2 17,6 35,1 % 60 40 48,5 39,3 % 60 40 20 35,6 36,3 20 20 11,9 8,9 0 Hommes Femmes 0 Hommes Femmes 0 Hommes Femmes Surpoids Obésité Hypertension artérielle Diabète Augmentation des prévalences de l obésité et de l hypertension artérielle 9

Et qui restent préoccupants en 2011-2012 Population générale (ENNS 2006-2007) 57,2% (obés. : 16,1%) 41,4% (obés. : 17,6%) 34,2% 27,8% 6,2% 3,3% 80 71,4 80 80 % 60 40 53,2 17,6 35,1 % 60 40 48,5 39,3 % 60 40 20 35,6 36,3 20 20 11,9 8,9 0 Hommes Femmes 0 Hommes Femmes 0 Hommes Femmes Surpoids Obésité Hypertension artérielle Diabète (hyperglycémie à jeun et/ou traitement antidiabétique) 10

Mais des évolutions encourageantes Baisse de la fréquence de l anémie ferriprive : 7,6% chez les femmes en âge de procréer 16,1% en 2004-2005 3% en population générale (ENNS 2006-2007) Baisse de la fréquence des déficits sévères en vitamine D (<10ng/ml) 60 40 46,6 % 45,3 Hommes Femmes 20 Abena 2004-2005 : 69,3% 80,5% 0 Hommes Femmes Population générale* : 3,6% 5,9% * ENNS 2006-2007 11

Des fréquences de consommations alimentaires faibles Fruits et légumes < 3,5 fois 3,5 à 5 fois 5 fois par jour Population générale (ENNS 2006-2007) 12,4% Produits laitiers < 3 fois 3 fois > 3 fois par jour 30,1% Viande, poisson, œufs < 1 fois 1 à 2 fois > 2 fois par jour 50,3% 12

Malgré de légères améliorations Fruits et légumes < 3,5 fois 3,5 à 5 fois 5 fois par jour Abena 2004-2005 0,6% 1,6% Produits laitiers < 3 fois 3 fois > 3 fois par jour 3,3% 12,8% Viande, poisson, œufs < 1 fois 1 à 2 fois > 2 fois par jour 37,4% 57,0% 13

Un allongement de la durée du recours à l aide alimentaire Pourcentage d usagers selon la durée du recours à l aide alimentaire 2 ans 6 mois à 2 ans < 6 mois Abena 2004-2005 Recours 2 ans 35,4% 33,1% 34,5% 14

Des approvisionnements caractérisés par la place importante de l aide alimentaire Plus de la moitié des usagers des structures denrées avaient uniquement recours à l aide alimentaire pour : Les conserves et le lait UHT (55,5% contre 30% en 2004-2005) Les denrées non périssables (54% contre 22% en 2004-2005) Pour les fruits et légumes frais, 77% avaient recours à l aide alimentaire et à d autres sources Pour la viande, la charcuterie et le poisson, plus de 40% n avaient jamais recours à l aide alimentaire pour s en procurer Attentes exprimées : ouverture continue sur l année, diversité des aliments, participation aux activités 15

Des profils sociodémographiques précaires 22,2% des bénéficiaires de 55 ans et plus (contre 15,0% en 2004-2005) 44,2% des bénéficiaires sans diplôme ou niveau primaire (contre 58,5% en 2004-2005) 33,8% de familles monoparentales dans les structures «Denrées» (proportion inchangée depuis 2004-2005) 2,3 euros par personne et par jour pour les dépenses alimentaires (2,6 euros en 2004-2005) Plus de 10% des usagers sans couverture maladie 16

Conclusion Quelques améliorations encourageantes Evolution favorable de certains marqueurs biologiques de l état nutritionnel Légères améliorations de la consommation de certains aliments favorables à la santé Mais des motifs de préoccupation qui persistent Prévalences des pathologies liées à la nutrition particulièrement élevées Ecarts importants entre les consommations alimentaires et les recommandations nutritionnelles 17

Conclusion Ces constats incitent à renforcer les actions menées auprès de ces populations : Poursuivre l amélioration de l aide alimentaire et adapter l aide aux besoins identifiés : nature des denrées (diversité, priorités, logistique), période d ouverture des structures, formation des bénévoles Renforcer les actions de prévention et de dépistage auprès de ces populations 18

Remerciements Aux usagers de l aide alimentaire ayant accepté de participer à l étude Aux structures de distribution d aide alimentaire ayant accepté que l enquête ait lieu dans leur structure Aux personnels des Centres d examens de santé des CPAM (Paris, Dijon, Marseille et Bobigny), ainsi que leurs laboratoires Aux personnels des Centres municipaux de santé (Malakoff, Vitry-sur-Seine, Champigny-sur-Marne, Gennevilliers, Nanterre), ainsi que leurs laboratoires A l Institut de biologie et de pathologie du Centre hospitalier universitaire de Grenoble A la Caisse nationale d assurance maladie des travailleurs salariés et le Centre technique d appui et de formation des Centres d examens de santé Synthèse et rapport disponibles sur les sites internet de l ORS Île-de-France, de l InVS et de l INPES 19