Discours de Pascal BUGIS, maire de CASTRES Voici dans son intégralité le discours de Pascal BUGIS, maire de Castres, à l occasion de la cérémonie du 14 juillet : Mon Colonel, Mesdames, Messieurs en vos grades et qualités Mesdames, Messieurs, L histoire de Castres est marquée par une présence militaire quasi permanente depuis le 17ème siècle. C est donc peu de dire qu il s agit de liens anciens, forgés dans les moments de paix comme dans les temps de conflit que notre pays a connus durant cette longue période. Des régiments de cavalerie et d artillerie se sont succédé à Castres et leur souvenir demeure jusque dans le nom de nos rues, dans nos édifices comme une partie de l actuel Parc des expositions, que les plus anciens appellent toujours le Parc à fourrages. En effet, la Ville soucieuse,déjà en 1874 de voir se pérenniser cette présence militaire, s était engagée à fournir à l État un certain nombre de terrains et de bâtiments comme la caserne de Lardaillé, l atelier de Laden, la poudrière de Mélou, les terrains de manœuvre
de Lardaillé et du Causse, qui s ajoutent à sa participation un siècle plus tôt à la construction puis à l extension de la caserne dite de Villegoudou sur les bords de la Durenque. Le XXème siècle a vu la création du 8e RPIMa en Indochine, et son installation à Castres, en 1963 comme vous venez de le rappeler, mon Colonel. Et il y a très précisément 20 ans, le 5 juillet 1997, sur la Place Jean- Jaurès, la Ville de Castres est devenue la marraine de son propre régiment, ce qui constitue une exception en France parmi les Villes marraines de Régiment. Je veux, à mon tour, saluer les efforts conjoints du Général Reglat, qui était alors chef de corps, et de mon prédécesseur. 20 ans que chaque homme du 8 porte sur sa manche le blason de Castres, 20 ans que les deux devises, «Debout» (pour la Ville) et «Volontaire» (pour le régiment) ont formalisé leur histoire commune. Nous avons souhaité célébrer cet anniversaire de façon importante, tant il s agit pour nos 2 institutions d un compagnonnage profond et sincère. Et nous avons souhaité le faire ici, sur cette place de l Albinque où nous étions rassemblés, il y a 3 ans, pour lui conférer le nom de Pierre Fabre. Pierre Fabre, qui a, lui aussi, marqué durablement l histoire de notre Ville, dont il demeure comme le Régiment l un des symboles.
Ce moment que nous partageons, aujourd hui avec la population de Castres, est naturellement marqué par les circonstances. En effet, une partie importante du Régiment est engagée dans différents théâtres d opération, tant à l extérieur que sur le sol de la patrie. En 20 ans, les missions confiées aux hommes du 8 ont été modifiées, comme l ont été la situation nationale et internationale. En 20 ans, les moyens dont dispose le Régiment ont, eux aussi évolué bénéficiant des avancées technologiques, dans un environnement budgétaire également contraint et dont il faut craindre qu il le reste, voire qu il s aggrave. En 20 ans, le Régiment s est aussi, il faut le souligner, plus féminisé. En 20 ans, le 8 a vu revenir à lui plusieurs chefs de corps qu il avait connu jeunes capitaines ou lieutenants-colonels. Ils ont marqué, de leur personnalité et de leur engagement, la vie du Régiment comme d une certaine manière celle de la Ville. Et pour certains d entre eux, l ensemble de l Armée française. Le Régiment leur doit beaucoup et il me semble être de mon devoir de rappeler leurs noms, ici et maintenant. Au général Claude REGLAT, initiateur de ce parrainage et qui est aujourd hui Président de l Amicale des Anciens, a succédé le général Martial de BRANQUILANGES.
Le général Michel STOLLSTEINER, alors Colonel, a accompagné mes premiers pas de Maire Le Général Jean-Pierre BOSSER, l actuel chef d Etat-major de l Armée de Terre, a officié jusqu en 2003 où les généraux Didier BROUSSE, Vincent GUIONIE, Jacques ARAGONES ont successivement pris le commandement. Les Colonels Philippe du CHAXEL, Eric CHASBOEUF et Vincent TASSEL vous ont précédé Colonel Frédéric DANIGO. Le 29 juillet prochain, vous passerez le commandement au Colonel Bertrand DEBRAY, au terme de 2 ans, comme le veut l usage. Commémorer ce parrainage, renouveler l engagement, fort, qui nous unit, nous amène à prendre conscience des réalités, multiples, qui construisent notre lien au Régiment : Dans cette relation, il y a bien sûr le temps des cérémonies, des prises d armes, des commémorations. Le temps comme aujourd hui du Défilé du 14 juillet où, en ce jour de fête nationale, le Régiment honore sa ville, et où la Ville rend hommage à ses soldats. Car ce sont bien les siens. Ceux qui vivent ici, qui y ont un foyer, qui représentent avec leurs épouses et leurs enfants plus de 3000 personnes. Ceux qui sont une composante sociale et économique participant à l équilibre de la ville.
Beaucoup de militaires nous le disent, mon Colonel, car même la Grande Muette parle parfois, ils nous le disent et on les croit : à Castres, ils se sentent bien, intégrés, parties-prenantes de la vie quotidienne. Et les Castrais, de même, sont bien sûr fiers de leur régiment, mais surtout heureux de cette présence, facile, tranquille, naturelle. Dans les écoles, dans les associations et les clubs sportifs, dans les services publics, les entreprises et les commerces, dans la rue, le 8 est chez lui à Castres. Au point que de retour à la vie civile à la fin de leur carrière, beaucoup choisissent de rester ici pour continuer à tisser les liens qui se sont créés. Ce n est pas l active Amicale du 8 qui me contredira Et puis il y a l autre réalité, celle qui est inaccessible à tous ceux qui ne portent pas l uniforme. Celle du combat, celle de l engagement, celle de la mission. Vous servez. Vous servez, et là ce n est plus d une ville qu il s agit mais d un pays, d une Nation, de la défense des valeurs qui constituent l idéal républicain. Vous servez, et parfois jusqu au sacrifice. Personne ici n a oublié Uzbin. Personne n a oublié ceux qui sont tombés ce jour-là, ni ceux qui sont tombés, sur d autres terrains, avant ou après, au seul nom du devoir.
Vous servez, force de projection, régiment d élite, sur tous les théâtres extérieurs. Kosovo, Afghanistan, Mali, Gabon, Centrafrique Et puis vous servez aussi, de façon bien plus étonnante au vu de ce qu ont longtemps été vos missions, pour assurer la sécurité immédiate des Français, au sein de l opération Sentinelle. Dans nos rues, sur nos places, dans les gares et les aéroports, vous guettez l improbable délire meurtrier de ceux qui veulent détruire notre civilisation, notre mode de vie. Pire, de protecteur, vous devenez cible, au même titre que l ensemble des forces de l ordre, policiers et gendarmes. Mission complexe, épuisante mais ô combien précieuse. «Dans la guerre, disait Clausewitz, tout est simple, mais le plus simple est difficile». Dans la guerre contre le terrorisme, tout est difficile. Ces menaces, qui il y a 20 ans commençaient à peine à poindre, se sont durablement installées et les militaires occupent une place importante dans les dispositifs de sécurité sur tout le territoire national. Vous êtes le rempart de nos vies quotidiennes, face à un ennemi invisible.
Comme l ensemble de nos compatriotes, les Castrais vous en savent gré. Et vous disent aujourd hui par ma voix, leur reconnaissance, par ce simple mot : MERCI