HISTORIQUE DE LA PROMOTION DE LA FEMME ET DU GENRE Les grandes dates de l intégration de la femme dans le processus de développement Le concept du genre est le résultat d un long voyage théorique et pratique dans la poursuite d un développement durable, équitable et égalitaire. Plusieurs évènements qui se dégagent à plusieurs niveaux, ont marqué l histoire du genre. Au niveau national Le Burkina Faso suit l évolution au niveau régional et actuellement une politique nationale genre a été élaborée et adoptée. Emancipation de la femme, promotion de la femme, égalité entre l homme et la femme, intégration de la femme dans le développement, renforcement du rôle de la femme dans le développement, genre, voici du vocabulaire que nous entendons. Ces concepts ne peuvent être définis sans se référer à leur évolution au niveau mondial, mais pour le cas qui nous intéresse, il s agit de se pencher spécifiquement sur le cas du Burkina Faso qui a suivi ce mouvement. 1
1 ) Pendant la période coloniale, le législateur est confronté au problème du mariage forcé. Le décret Mendel sera pris pour exiger le consentement de la femme. Le concept de l émancipation de la femme se rapporte aux conditions sociales et surtout à ce problème de mariage. L action des missionnaires va être prépondérante. Ils créent les premiers centres sociaux destinées à préparer les femmes des premiers responsables à jouer pleinement leur rôle. Leur action est également à la base de²la création des premières associations féminines. Sous la loi cadre, la lutte du Rassemblement Démocratique Afrique (RDA) pour l émancipation des peuples et le rôle que les femmes ont joué permet à une femme, Madame Ouézzin Coulibaly, d être dans le premier gouvernement, 1956-1957. Les occidentaux puis les cadres formés à la même école qu eux, vont influencer le schéma d éducation des femmes et des hommes. Les filles sont amenées à développer des réflexes domestiques : cuisine, broderie, puériculture. La conséquence a été leur marginalisation dans les domaines stratégiques tels que le commerce, la technologie (expl.). L accent est mis sur la formation des hommes en vue d un changement qualitatif axé sur les secteurs stratégiques. 2
2 ) Après l indépendance en 1960, l évolution des question de femmes, s est traduite par des projets spécifiques dans l éducation, la santé et également par la réalisation d études descriptives sur les femmes. Sur le plan méthodologique, les actions ont été menées de manière disparate et isolée sans une réelle vision stratégique. A partir de 1975, année internationale de la femme, une volonté politique s est manifestée par la définition des options politiques en faveur des femmes. Les associations féminines ont connu une éclosion. Elles se sont mobilisées pour sensibiliser la communauté aux problèmes des femmes. Le développement de la coopération avec les agences internationales et la volonté politique de prise en compte des femmes se sont accrus. A l avènement de la révolution en 1983, la dynamique de la prise en compte des femmes a été plus visible malgré les reproches faits à certaines actions taxées de spectaculaires ou de folkloriques. Des actions nouvelles et osées ont été initiées à l échelle nationale. La «condition 3
féminine» devient un problème social et politique. On voit une présence plus active des femmes sur la scène politique. Aussi des barrières psycho- socio culturelles ont été levées surtout concernant : - L accès des femmes à des professions traditionnellement réservées aux hommes (chauffeur, mécanicien, maçon, hautcommissaire, police, armée) ; - Le renforcement des associations à bases communautaires ; - La parole donnée aux femmes sur la scène du débat politique ; - La prise en compte des questions liées aux femmes sur le plan macro-économique ; - L amorce d une mobilisation sociale autour de la question des femmes. A partir des années 1990, la notion de genre a fait son apparition au Burkina Faso, par la Coopération canadienne qui a organisé une formation des ONG et créé un réseau «Genre et Développement». Le concept Genre est entré dans le langage officiel des autorités du Burkina Faso à partir de la conférence de Beijing en 1995. 4
Dès lors, on constate un engagement des autorités à la prise en compte du Genre dans toutes les actions de développement. La dynamique de l approche genre a pris de l ampleur sur le terrain ; aujourd hui, certains partenaires techniques et financiers du Burkina Faso en font une conditionnalité à leur financement. La volonté politique s est traduite aussi par l adoption de textes, la définition de stratégies et politiques sectorielles (expl. Politique Nationale de la Promotion de la Femme) et la mise en place d un cadre institutionnel (Ministère de la Promotion de la femme entre autres). Les manifestations de genre au Burkina Faso Les femmes constituent environ 52% de la population au Burkina Faso. Cependant quels que soient les domaines/ secteurs d activités considérés, elles restent nettement défavorisées 5
par rapport aux hommes, ceci se traduisant par des inégalités de genre. Ci-dessous des exemples illustratifs. Agriculture : c est l activité principale des femmes en milieu rural ; elles ont des difficultés d accès aux ressources et aux bénéfices. Par exemple: accès au foncier : la terre qui constitue un use fruit pour les femmes qui se voient prêtées les terres les plus pauvres ou celles laissées en jachère. Ces terres peuvent leur être retirées à tout moment. Education : - Scolarisation : sous scolarisation de filles, déperditions scolaires. Faible taux de scolarisation des filles 34,60% par rapport aux garçons 47,70% pour le primaire (1999-2000). L enfant de sexe masculin a 3 fois plus de chance d accéder au secondaire que la fille. - Alphabétisation : analphabétisme, manque d instruction-obscurantisme des femmes 24,8% chez les hommes, 12,9% chez les femmes (1998). - Formation : les femmes sont handicapées par les pesanteurs socio culturelles et la non prise en compte de leur spécificité. Accès à l emploi : en milieu urbain 58,9% de la population est occupé e soit 61,2% d hommes et 38,8% de femmes. En milieu rural 93,0% de la population est occupée soit 45,9% d hommes et 6
54,1% de femmes (ED 98-99). La majorité des salariés est constituée d hommes 79,9% contre 20,1% de femmes. Les femmes sont peu représentées dans les catégories de la fonction publique. En 2002 les femmes sont au nombre de 13 331 contre 42 432 pour les hommes. Il faut retenir également qu en dix (10) ans, l effectif des femmes dans la fonction publique burkinabè est passé de 8431 en 1992 à 13331 en 2002. Secteur privé : hommes 62,6% femmes 37,4% Avec 58,1% des effectifs, les femmes constituent la majorité des acteurs du secteur non structuré. Santé : difficultés d accès aux services de santé, mortalité maternelle élevée, difficulté des femmes pour l achat des produits prescrits par les ordonnances, nombreux interdits alimentaires. Pratiques traditionnelles néfastes à la santé des femmes à cause des pesanteurs sociologiques et culturelles qui attribuent à la femme un statut inférieur à celui de l homme (domination patriarcale) : toutes les formes de violences faites aux femmes et aux jeunes filles et affectant leur santé telles : - Le mariage forcé et précoce, les grossesses précoces, multiples et rapprochées, le lévirat - les mutilations génitales féminines dont l excision - les violences physiques : coups et blessures/les bastonnades, le viol et les 7
brutalités sexuelles, et psychologiquesmorales faites aux femmes au sein de la famille et au lieu de travail ; verbales, qui portent atteintes au mental, au droit à la parole ; - l exclusion des femmes et des jeunes filles hostiles au lévirat, au mariage forcé - La surcharge de travail que connaît la femme (18 heures de travail par jour) à cause de l inégale répartition des tâches entre garçons et filles au sein de la famille. - Les stéréotypes dans les paroles et dans le comportement des hommes. Justice : la non application effective des textes édictés en faveur des femmes constitue un obstacle à leur promotion socio-politicoéconomique. Toutes les discriminations basées sur le sexe qui ont été répertoriées, sont enracinées dans notre culture et constituent de sérieux handicaps à la pleine participation de la femme et de la fille aux actions de développement. 8
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Dessin : «au départ, il y avait l injustice!» 10
Calendrier 2004-RECIF/ONG-BF Genre et lutte contre la pauvreté Dessin : «la surcharge de travail de la femme, vrai handicap à son épanouissement» 11
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