Composé comme suit : Mme Deborah Taylor Ashford, Vice-Présidente, assurant la présidence; M. Chittharanjan Felix Amerasinghe; M.

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Transcription:

TRIBUNAL ADMINISTRATIF Jugement No 880 Affaire No 986 : MACMILLAN-NIHLÉN Contre : Le Secrétaire général de l'organisation des Nations Unies LE TRIBUNAL ADMINISTRATIF DES NATIONS UNIES, Composé comme suit : Mme Deborah Taylor Ashford, Vice-Présidente, assurant la présidence; M. Chittharanjan Felix Amerasinghe; M. Kevin Haugh; Attendu qu'à la demande de Maryrose MacMillan-Nihlén, ancienne fonctionnaire de l'organisation des Nations Unies, le Président du Tribunal a, avec l'accord du défendeur, prorogé successivement aux 31 août et 30 novembre 1996 et aux 28 février, 31 mai et 31 août 1997 le délai pour l'introduction d'une requête devant le Tribunal; Attendu que, le 29 août 1997, la requérante a introduit une requête dans laquelle elle priait notamment le Tribunal : "...

- 2-2.... d'ordonner au défendeur de l'indemniser... en lui versant la somme de 20 000 dollars des États-Unis, qui représente le surcroît de traitement et indemnités qui lui aurait été dû si son poste avait été reclassé à la classe G-7 à compter du 1er décembre 1991, et en lui versant en outre la somme de 5 000 dollars des États-Unis pour le préjudice matériel qu'elle a subi..." Attendu que le défendeur a produit sa réplique le 13 février 1998; Attendu que la requérante a déposé des observations écrites le 29 avril 1998; Attendu que les faits de la cause sont les suivants : La requérante est entrée au service de l'office des Nations Unies à Genève en février 1961 comme commis d'administration. Le 1er octobre 1962, elle a été mutée au Siège des Nations Unies à New York, où elle a reçu un engagement à court terme comme commis dactylographe de classe GS-2A pour la durée de l'assemblée générale. Le 3 octobre 1972, la requérante est rentrée au service de l'organisation des Nations Unies avec un contrat à court terme d'un mois comme commis sténodactylographe de classe GS-3. Cet engagement a été prolongé et converti en un engagement de durée déterminée le 3 décembre 1972. La requérante a reçu un engagement permanent le 1er décembre 1974 et a été promue secrétaire de classe GS-4 le 1er avril 1975. Elle a été affectée à deux missions de maintien de la paix du 1er janvier 1977 au 15 février 1979 et du 13 mai 1979 au 21 juillet 1983 respectivement. Elle a ensuite été affectée à une série de postes temporaires. Le poste de la requérante a été reclassé à la classe GS-5 sur la base de nouvelles normes de classement avec effet au 1er janvier 1985. Le 4 avril 1988, la requérante a été nommée assistante administrative au Département des questions politiques spéciales, de la coopération régionale, de la décolonisation et de la tutelle. Elle a été promue à la classe GS-6 le 1er octobre 1988. Elle est partie à la retraite le 31 décembre 1995.

- 3 - Le 25 septembre 1991, une définition de l'emploi occupé par la requérante à la classe GS-6 a été soumise aux fins de classement en application de la circulaire ST/AI/358 du 31 juillet 1989. Le 30 décembre 1991, la requérante a été informée que le Service de la rémunération et du classement des emplois avait confirmé le classement de son poste à la classe GS-6. Le 10 mars 1992, la requérante a contesté cette décision de classement. Le 5 juillet 1994, le Service de la rémunération et du classement des emplois a présenté son rapport, où il concluait que le classement du poste de la requérante à la classe GS-6 était approprié, au Comité de recours en matière de classement des emplois d'agent des services généraux à New York (ci-après dénommé le Comité de recours). Le Comité de recours a adopté son rapport le 3 avril 1995. Ses conclusions et sa recommandation se lisaient en partie comme suit : "Conclusions :... 16.... Tout en notant que les attributions du poste comportaient des fonctions administratives générales ainsi que des fonctions ayant trait au personnel, le Comité a constaté que 75 % du travail se rapportait à l'administration du personnel. De l'avis du Comité, les responsabilités administratives générales du poste, décrites à la section 2 e) de la définition d'emploi, ne justifiaient pas une classe plus élevée. 17. En examinant les attributions du poste relatives au personnel, le Comité a estimé que les fonctions décrites dans la définition d'emploi étaient comparables à celles qui sont décrites dans la définition d'emploi repère pour la classe GS-6 (questions de personnel). Le Comité a cependant remarqué que certaines des tâches invoquées par la requérante à titre d'exemples dénotaient une classe plus élevée.... De l'avis du Comité, ces exemples n'étaient pas conformes à la définition du travail des agents des services généraux approuvée par la Commission de la fonction publique internationale. Il apparaît à ce propos que la requérante a été appelée, dans certains cas, à remplir des fonctions d'un niveau plus élevé en raison de ses aptitudes personnelles et des exigences du service... Tout

- 4 - en appréciant la qualité de la contribution apportée par la requérante aux travaux du Service administratif, le Comité a conclu que son examen se limitait nécessairement aux fonctions et responsabilités du poste spécifiées dans la définition d'emploi NO4997. Le Comité a estimé que ces fonctions et responsabilités étaient compatibles avec les définitions de classe et de facteur de la norme de classement à la classe GS-6. Recommandation : 19. Le Comité recommande en conséquence que le poste soit maintenu à la classe GS-6 dans le groupe professionnel relatif à l'administration (2.A.12)." Le 3 janvier 1996, le Sous-Secrétaire général à la gestion des ressources humaines a communiqué le rapport du Comité de recours à la requérante et informé celle-ci de ce qui suit : "1. Conformément à l'instruction administrative ST/AI/358 du 31 juillet 1989, le Comité de recours, après avoir examiné la documentation qui lui avait été soumise à propos de votre recours, m'a présenté ses conclusions et sa recommandation. 2. Après avoir examiné les informations relatives à votre emploi, les renseignements donnés dans votre mémorandum de recours et dans vos mémorandums ultérieurs datés des 22 mai 1992, 31 août 1992 et 9 août 1994, l'analyse fournie par le Service du régime commun et de la rémunération et vos observations sur le rapport de ce service, le Comité de recours a conclu que les fonctions de votre poste étaient compatibles avec les définitions de classe et de facteur de la norme de classement à la classe GS-6. Le Comité m'a recommandé en conséquence que le poste soit maintenu à la classe GS-6 dans le groupe professionnel relatif à l'administration. 3. J'ai approuvé cette recommandation, comme il est indiqué dans la notification de classement ci-jointe...." Le 29 août 1997, la requérante a introduit devant le Tribunal la requête mentionnée plus haut. Attendu que les principaux arguments de la requérante sont les suivants : 1. Le Comité de recours a fait erreur en limitant son examen du

- 5 - classement du poste de la requérante aux fonctions et responsabilités de son poste spécifiées dans la définition d'emploi pertinente et en s'abstenant de prendre en considération les fonctions qu'elle exerçait effectivement à la suite de la restructuration de son bureau et le haut niveau auquel elle les exerçait. 2. L'Administration a mis un retard excessif à examiner le cas de la requérante, la privant pendant ce temps de la possibilité de rechercher d'autres moyens de poursuivre sa carrière. Attendu que les principaux arguments du défendeur sont les suivants : 1. La décision discrétionnaire du défendeur relative au classement du poste de la requérante a été prise régulièrement après un examen indépendant effectué par un organe de recours spécialisé. 2. Le retard avec lequel il a été statué définitivement sur le recours de la requérante n'a causé aucun préjudice à la requérante, de sorte que la décision de ne pas reclasser son poste n'a pas violé ses droits. suivant : Le Tribunal, ayant délibéré du 6 au 31 juillet 1998, rend le jugement I. Le premier grief de la requérante est que l'organe de recours a commis des erreurs dans le classement de son poste après qu'elle eut fait appel auprès du Sous-Secrétaire général à la gestion des ressources humaines; son deuxième grief est qu'il y a eu, dans l'examen de son recours, un retard excessif par suite duquel elle a subi un préjudice matériel. II. Les deux principales questions qui se posent en l'espèce sont les

- 6 - suivantes : i)l'organe de recours le Comité de recours en matière de classement des emplois d'agent des services généraux à New York a-t-il omis d'examiner dûment le poste de la requérante, de sorte que le poste est resté classé G-6? ii) Le défendeur a-t-il tardé indûment à communiquer à la requérante sa décision sur le recours? III. Le Tribunal a clairement établi dans sa jurisprudence que le classement des emplois relevait du pouvoir discrétionnaire du défendeur (Cf. jugement No 541, Ibarria (1991), par. II). En conséquence, le Tribunal ne substituera pas son jugement à celui de l'administration. Cependant, la décision de classer un poste peut être examinée par le Tribunal si, en la prenant, le défendeur a abusé de son pouvoir discrétionnaire. Le Tribunal examinera une décision discrétionnaire s'il y a eu irrégularité de fond par exemple, erreur de fait ou de droit, irrégularité de procédure par exemple, retard excessif, ou parti pris, discrimination ou autres facteurs non pertinents. IV. Le Tribunal examinera d'abord la question de savoir si l'examen effectué par l'organe de recours a abouti à un abus de pouvoir discrétionnaire. La requérante prétend que, bien qu'elle ait fourni des éléments de preuve indiquant qu'elle faisait un travail d'un niveau supérieur à celui de la classe G-6, le Comité de recours a classé son poste à la classe G-6. Dans le rapport qu'elle a établi pour le Comité de recours à la demande de celui-ci, l'administration a déclaré qu'elle avait pris ces éléments en considération mais avait néanmoins maintenu le classement. Dans son rapport du 3 avril 1995, le Comité de recours a déclaré que, "tout en appréciant la qualité de la contribution apportée par la requérante aux travaux du Service administratif," il avait conclu que "son examen se limitait nécessairement aux fonctions et responsabilités du poste

- 7 - spécifiées dans la définition d'emploi NO4997." Le Comité de recours était donc parfaitement au courant des éléments de preuve supplémentaires soumis par la requérante mais il a décidé de ne pas les inclure dans son appréciation sur le classement de son poste. De l'avis du Tribunal, le Comité de recours a agi régulièrement. Le Tribunal note que la circulaire ST/AI/358 prévoit clairement que le classement d'un poste doit reposer sur une définition d'emploi établie. Par conséquent, l'examen du classement d'un poste par l'organe de recours doit aussi reposer sur la définition d'emploi établie pour le poste en question. Le Comité de recours n'a pas abusé de son pouvoir discrétionnaire en décidant que la documentation qui avait été soumise indépendamment de la définition d'emploi était sans pertinence pour le classement du poste. Si elle voulait que la documentation supplémentaire soit considérée comme faisant partie de la définition d'emploi, la requérante aurait dû demander que soit établie, pour son poste, une nouvelle définition d'emploi qui aurait compris ce qu'elle disait être les fonctions et responsabilités supplémentaires afférentes à son emploi. L'établissement d'une nouvelle définition d'emploi comprenant toutes fonctions prétendument supplémentaires incombe à la fois à la requérante et à l'administration. La requérante ne peut obtenir le reclassement de son poste en montrant qu'elle a parfois exercé des fonctions d'un niveau supérieur à celles qui sont énoncées dans sa définition d'emploi. Le Tribunal conclut que le Comité de recours n'a pas abusé sur ce point de son pouvoir discrétionnaire. V. En ce qui concerne la question d'un retard excessif, le Tribunal note qu'il s'est écoulé plus de quatre ans entre le 30 décembre 1991, date à laquelle le classement du poste a été initialement confirmé à la requérante, et le 26 janvier 1996, date à laquelle la requérante a reçu communication de la décision prise par le Sous-Secrétaire général à la gestion des ressources humaines de rejeter son recours. Le défendeur prétend que ce retard a été causé

- 8 - par la requérante mais il n'a présenté aucune preuve pour établir que tel était le cas. La requérante a formé son recours le 10 mars 1992. L'additif qu'elle a présenté le 22 mai 1992 a été envoyé avant qu'aucune suite ait été donnée à son recours. Son mémorandum du 31 août 1992 était une réponse à une communication du Service de la rémunération et du classement des emplois. Il s'est écoulé près de deux ans avant que la requérante soit priée, le 20 juillet 1994, de soumettre ses observations sur les conclusions relatives à son recours, observations qu'elle a présentées dans un délai inférieur à trois semaines. Le Comité de recours a présenté son rapport près de huit mois plus tard, le 3 avril 1995. La requérante n'a été informée de la décision du défendeur concernant son recours que le 26 janvier 1996, plus de neuf mois plus tard. Le retard a donc été presque entièrement imputable à l'administration. VI. La requérante n'a pas à prouver qu'elle a subi un préjudice précis par suite de ce retard excessif. Comme le Tribunal l'a déclaré, un retard inhabituel "compromet non seulement l'administration de la justice, mais peut aussi dans certains cas infliger une anxiété et des souffrances indues à un requérant." (Cf. jugements No 353, El Bolkany (1985), et No 414 Apete (1988)). Le retard intervenu en l'espèce donne à la requérante droit à indemnité, dont le Tribunal fixe le montant à 3 000 dollars. VII. Par ces motifs, le Tribunal : 1. Ordonne au défendeur de verser à la requérante une indemnité d'un montant de 3 000 dollars. 2. Rejette toutes autres conclusions. (Signatures) Deborah Taylor ASHFORD

- 9 - Vice-Présidente, assurant la présidence Chittharanjan Felix AMERASINGHE Membre Kevin HAUGH Membre Genève, le 31 juillet 1998 R. Maria VICIEN MILBURN Secrétaire