SOMMAIRE. BMCE Banking Papers



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SOMMAIRE EXECUTIVE SUMMARY 2 LE 10 ANS D'ÉVOLUTION 9 1. EVOLUTION DU SYSTÈME BANCAIRE MAROCAIN 9 1.1. La réforme bancaire de 1993, pourquoi? 9 - Une réforme des marchés de capitaux pour offrir de nouvelles sources de financement 9 - Une allocation des prêts encadrée 9 - Un taux d'endettement du Trésor critique 9 - Une banque centrale manquant d'autonomie 9 - Hausse des créances en souffrance 10 - Des taux d'intérêt élevés 10 1.2. Une participation active du secteur bancaire au processus de modernisation économique 11 - Une augmentation des guichets et des ouvertures de comptes bancaires 11 - Une part croissante des dépôts sont non rémunérés 12 - Les dépôts MRE en hausse depuis 2001 13 - La croissance de l'actif bancaire tirée par la hausse importante des dépôts 13 - Les crédits aux particuliers, source de croissance des crédits à l'économie 14 - Le Produit Net Bancaire profite du rythme accru de l'octroi des crédits à l'économie 14 - Cependant, les crédits restent peu développés par rapport aux dépôts 15 - Le paiement monétique n'est usité que par une clientèle relativement aisée 16 - Une augmentation du taux de contentieux qui pénalise les revenus bancaires 17 - Le résultat net reste tributaire de l'effort de provisionnement 19 - Un système bancaire qui respecte les normes prudentielles 19 2. ETUDE CONCURRENTIELLE DU SECTEUR BANCAIRE MAROCAIN 21 - Un secteur fortement concentré 22 - Une relative stagnation au niveau de l'évolution des parts de marché dépôts 23 - Un acteur se positionne comme la Banque de l'entreprise 25 - Les banques étrangères allouent une plus grande partie de leurs dépôts aux crédits 26 - Une activité monétique dominée par BMCE Bank et la BCP 26 - Une forte concurrence entre Attijari Wafa et la BCP au niveau du PNB 27 - La qualité du portefeuille engagements reste problématique 28 - BMCE Bank enregistre de bonnes performances sur le segment des MRE et des crédits immobiliers 29 ANNEXES 30 REFERENCES BIBILIOGRAPHIQUE 33 1

Executive Summary Depuis les années 90, le système financier marocain est en pleine mutation. Menées conjointement avec le processus de libéralisation, ces multiples réformes ont pour but de rationaliser le fonctionnement des marchés. Les conséquences pour l'économie marocaine ont été de plusieurs ordres : baisse sensible des taux d'intérêt, meilleure allocation des crédits, financement de l'etat à partir du marché domestique Pour le secteur bancaire, la réforme de la loi bancaire de 1993 a marqué le début d'un nouveau cycle avec le désencadrement du crédit, les nouvelles procédures de provisionnement et une application plus stricte des règles prudentielles. L'ensemble de ces mesures ont été bien accueillies par le marché puisqu'elles ont permis un développement remarquable des différents agrégats du secteur bancaire. Le nombre d'agences bancaires, le montant des dépôts et des crédits octroyés et le Produit Net Bancaire ont augmenté de près de 100%. 1. CARACTÉRISTIQUES DU SECTEUR BANCAIRE MAROCAIN Un taux de dépôt élevé qui se traduit par un excès de liquidité. Comparativement à son niveau de développement, le Maroc présente un rapport dépôt/habitant élevé. Ramené à un échantillon composé de douze pays en transition, ce nombre est près de deux fois supérieur à la moyenne. Les rapatriements en devises des MRE, qui représentent 28% du montant total des dépôts, ne peuvent expliquer qu'une partie de cette différence. Le manque d'instruments financiers évolués, l'absence d'investissement ou de réinvestissement et l'attrait de la clientèle pour une forte liquidité de l'épargne sont des éléments autrement plus significatifs. Ainsi, la bancarisation croissante du pays s'est accompagnée d'une mutation dans les modes de consommation de produits bancaires. Désormais, le principal moyen de dépôt est le compte chèque : 58% des dépôts sont non rémunérés. Cette évolution pose un problème majeur : le comportement du ratio de liquidité. Les dépôts à terme diminuent grandement alors que l'exigible à court terme est en hausse. Dans un contexte de convergence vers les critères du Comité de Bâle, la liquidité excessive du marché bancaire marocain est un véritable obstacle. Le potentiel de développement du secteur bancaire est encore important. Mais il faut offrir de nouveaux instruments financiers à la clientèle et convaincre celle ci de l'intérêt d'une réallocation de l'épargne. PIB/Habitant (milliers euros) 14 12 10 8 6 DÉPÔT BANCAIRE ET REVENUS PAR HABITANT, 2004 Slovaquie R2 = 0,7993 Slovénie Hongrie Rep. Tchèque Russie 4 Turquie Tunisie Bulgarie Bosnie 2 Serbie Maroc Egypte 0 2,5 3 3,5 4 Logarithme Dépôt bancaire/habitant Source : Banques Centrales, BMCE Bank 2

Le secteur bancaire limite son positionnement sur l'entreprise En comparaison à de nombreux pays à niveau de développement équivalent, le secteur bancaire marocain ne redistribue qu'une faible partie de l'épargne qui lui est confiée. La structure même de cette épargne, composée en grande partie de dépôts non rémunérés, et l'adaptation des banques aux nouvelles règles prudentielles limitent le potentiel d'expansion des crédits. Dès lors, le secteur bancaire a comprimé son apport aux entreprises, et plus particulièrement les PME, réputées pour leur absence de solvabilité. La redistribution de l'épargne dans le secteur productif manque ainsi de performance. COMPARAISON PRÊTS/DÉPÔTS, 2004 176% 178% 124% 106% 99% 99% 88% 68% 77% 54% 58% 61% 61% 46% Turquie Jordanie Liban Egypte Rep. Tchèque Maroc Slovénie Bulgarie Slovaquie Serbie Bosnie Hongrie Tunisie Russie Source : Banques Centrales, BMCE Bank EVOLUTION DE LA COMPOSITION DES CRÉDITS pour mieux se développer sur le marché des particuliers 16% 5% 11% 18% 6% 15% 18% 6% 17% 26% 5% 16% 5% 18% Le crédit aux particuliers est désormais le créneau porteur pour les banques. Moins risqués que le crédit aux entreprises, les prêts immobiliers et les crédits à la consommation sont des sources de revenu très appréciables pour les banques. En moins de cinq ans, la part des prêts immobiliers dans le total des crédits octroyés est passée de 11% à 18%. Des banques encore trop dépendantes des revenus issus des intérêts Les banques marocaines doivent veiller à bien développer les revenus non issus des intérêts, matérialisés par les commissions et les frais financiers. En effet, leur part est bien trop mineure, en comparaison de nombreux pays en transition. De plus, la baisse régulière de la marge d'intermédiation force les banques à développer de nouvelles sources de revenus. Par ailleurs, le secteur bancaire marocain parvient à maintenir un niveau peu élevé du coefficient d'exploitation, en raison d'un coût de la main d'œuvre modéré. 19% 48% 19% 43% 21% 39% 17% 18% 34% 23% 38% 2001 2002 2003 2004 A juillet 2005 Crédits de trésorerie Crédits immobiliers Autres Crédits à l équipement Crédits à la consommation REVENU NON ISSU DES INTÉRÊTS ET COÛT D'EXPLOITATION, 2004 Pologne Slovénie Hongrie Slovaquie Maroc 0% 20% 40% 60% 80% Revenu non issu des intérêts Coûts d exploitation/revenu Source : Banques Centrales, BMCE Bank 3

Malgré cet attrait offert par le segment des particuliers, il est nécessaire que le secteur bancaire marocain adopte une approche intégrée dans le cadre du plan Emergence et s'implique davantage dans la reconstruction du tissu productif. Dès lors, l'explosion du Produit Net Bancaire s'explique par le développement des crédits Face à ce manque de développement des frais et commissions bancaires, la croissance du PNB, proche de 100%, trouve son origine dans la forte hausse des crédits octroyés. La très forte corrélation, caractérisée par un taux de corrélation de 0,94, entre ces deux agrégats confirme notre analyse. PNB Md. DH CROISEMENT PRODUIT NET BANCAIRE ET CRÉDITS ÀL'ÉCONOMIE POUR LE SYSTÈME BANCAIRE 19 18 17 16 15 14 13 12 11 10 R 2 = 0,9409 9 120 140 160 180 200 220 240 260 Crédits à l'économie, Md. DH Mais la qualité du portefeuille crédit pèse sur la rentabilité La faible qualité du portefeuille crédits et l'effort de provisionnement conséquent qui s'en suit ont fortement limité la rentabilité du secteur bancaire marocain. Ce phénomène est amplifié par une certaine frilosité des banques, résultat d'une volonté de converger vers les règles prudentielles liées à Bâle II. Une nécessaire adaptation du système judiciaire pour soutenir l'expansion des crédits Malgré des rencontres régulières entre le GPBM, Bank Al Maghrib et le Ministère de la Justice, le secteur bancaire marocain est confronté à la lenteur des procédures judiciaires, entraînant des niveaux élevés de contentieux tout en limitant les possibilités de recouvrement. Dans le même temps, il convient de rassurer le client afin de l'encourager à investir dans des outils d'épargne alternatifs. La justice doit alors s'adapter à l'approfondissement du système financier et bancaire en offrant un nouveau cadre de transaction. 0,50% Egypte RÉSULTAT NET / TOTAL ACTIF, 2004 2,49% 2,00% 1,74% 1,40% 1,30% 1,23% 0,83% 0,65% Slovénie Maroc Slovaquie Rep. Tchèque Pologne Bulgarie Hongrie Russie Source : Banques Centrales, BMCE Bank 4

2. EVOLUTION CONCURRENTIELLE DU SECTEUR BANCAIRE A un niveau plus concurrentiel, ces dernières années ont surtout été marquées par de vastes mouvements de restructuration dont le dernier en date concerne la prise de contrôle du CIH par la CDG. Un secteur bancaire dominé par trois acteurs Attijari Wafa, la BCP et BMCE Bank concentrent plus de 74% des actifs, des fonds propres, du PNB et des dépôts du secteur des banques commerciales. Ces chiffres placent le Maroc comme l'un des pays en transition où règne la plus forte concentration bancaire. Les trois autres banques commerciales, BMCI, CDM et SG, culminent, ensemble, à moins de 23% de parts de marché. PART DE MARCHÉ DES TROIS PREMIÈRES BANQUES COMMERCIALES, DÉPÔTS TOTAUX, 2004 74% 60% 55% 55% 45% 43% Un marché oligopolistique Malgré l'entrée en vigueur de la loi bancaire de 1993 et la volonté permanente des pouvoirs publics de renforcer la concurrence entre établissements bancaires, ceux-ci ont continué à réagir en cartel. Ainsi, les positions concurrentielles ont très peu évolué ces dernières années au niveau des dépôts et des crédits octroyés. Synthétiquement, la BCP, délestée du monopole de l'etat, perd progressivement du terrain au niveau des dépôts non rémunérés et dépôts MRE pour en gagner au niveau des crédits à l'économie. BMCE Bank, des atouts à faire valoir Dans un marché où Attijari Wafa et la BCP se livrent à une concurrence frontale, BMCE Bank adopte un positionnement alternatif mettant en avant ses spécificités. Disposant d'un réseau étoffé à l'étranger, BMCE Bank enregistre une progression significative de ses parts de marché sur le segment des MRE. En multipliant les opérations de séduction à l'égard de cette clientèle, la Banque est parvenue à dépasser son image d'établissement de l'entreprise. De même, sur le marché du crédit immobilier, BMCE Bank a constaté une forte hausse de sa part de marché, tout en respectant son positionnement de banque citoyenne. En effet, l'adossement à des fonds de garantie publics a ouvert la voie de l'accès au logement à de nombreux ménages aux revenus modestes. Maroc Rep. Tchèque Slovénie Slovaquie Hongrie Bulgarie Mais les points d'excellence de BMCE Bank concernent le taux de contentieux ainsi que l'équipement en produits monétiques. 5

Depuis les années 90, la banque a toujours fait preuve d'une gestion maîtrisée du portefeuille des engagements, la plaçant au premier plan du secteur bancaire. Comme le montre le graphique ci dessous, BMCE Bank est l'unique banque commerciale à se maintenir en deçà de la droite de tendance (carrés verts), prouvant une vraie culture de la gestion du risque sur la période 1996-2004. CROISEMENT ENTRE LES PARTS DE MARCHÉ CRÉDITS ET LES PARTS DE MARCHÉ CRÉANCES EN SOUFFRANCE Parts de marché créances 0,3 0,25 0,2 0,15 0,1 R 2 = 0,7759 Au niveau des produits monétiques, BMCE Bank est leader sur l'équipement en cartes de paiement. La Banque récupère également des parts de marché sur les transactions monétiques avec une augmentation de près de 3 points de pourcentage entre le second et troisième trimestre 2005. Enfin, BMCE Bank dispose d'un atout de taille avec ses deux filiales BMCE Capital Gestion et BMCE Capital Bourse. Secondes sociétés de bourse et de gestion d'actifs en termes de parts de marché, la multiplication des synergies entre ces entités et BMCE Bank permettra d'occuper de nouveaux marchés, avec en filigrane, la réallocation de l'épargne. 0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25 0,3 Parts de marché crédits 6

3. PERSPECTIVES DU SYSTÈME BANCAIRE MAROCAIN Attijari Wafa mettra du temps avant de profiter à plein de la fusion Le groupe Attijari Wafa traverse une phase de consolidation liée à la fusion. La rationalisation de la gestion et la mise en commun des produits nécessitera une longue période d'adaptation. Malgré des résultats semestriels en hausse pour le premier semestre 2005, soulignant les premiers effets de la fusion, le PNB par agence est en baisse entre 2003 et 2004. Dès lors, Attijari Wafa s'adaptera sur le moyen terme ; la concurrence saura-t-elle en profiter? La BCP, plus agressive sur le marché des entreprises La BCP diversifie fortement son portefeuille clientèle en se positionnant désormais comme la banque de l'entreprise et de la PME. Les crédits à l'économie ont augmenté de 15,3% lors du premier semestre 2005, enveloppe additionnelle consacrée entièrement à l'entreprise. Dans le même temps, les dépôts ont connu une hausse limitée à 8,9%, ce qui a permis au coefficient d'emploi de croître de 2,9 points. Ces efforts soulignent la volonté de la BCP (i) d'allouer une part supérieure des dépôts aux crédits afin de présenter un coefficient d'emploi plus en rapport avec la moyenne du secteur bancaire et (ii) de compenser ses importantes pertes de marché sur des segments qui lui ont toujours été fidèles, les dépôts MRE et les crédits immobiliers. Ainsi, insister sur le marché des entreprises mais aussi du crédit à la consommation et des prêts aux sociétés de financement permettra de renforcer la position leader de la BCP. Les autres banques commerciales devront rester vigilantes par rapport à cette marge de manœuvre non négligeable dont dispose la BCP. Le CIH, en devenir Le rapprochement entre la CDG et le CIH marque le début d'une nouvelle ère pour l'organisme de financement spécialisé. Leader sur un segment particulièrement prometteur, le crédit aux particuliers, le CIH récupère progressivement les parts de marché perdues depuis le scandale des créances douteuses. L'arrivée d'un actionnaire étranger de référence marquerait la fin de l'épuration des comptes du CIH et permettra à l'organisme de récupérer une partie de sa crédibilité. Le CIH deviendrait alors un concurrent redoutable pour les banques commerciales. Un secteur qui devrait continuer à se restructurer Le rachat de Wafabank par la BCM n'est que la suite, et non la fin, du vaste mouvement de restructuration entamé dans les années 90. La pertinence de ces évolutions s'explique par la structure même du marché bancaire marocain. Oligopolistique, il souffre de l'absence d'une concurrence réelle. De ce fait, la conquête de parts de marché par le biais d'opérations de rachat et d'acquisition se justifie pleinement. A moyen terme, la mise en place d'une nouvelle réglementation, encourageant la concurrence entre banques, validera les modèles de croissance interne. Le cadre d'exercice des banques commerciales marocaines devrait donc continuer à évoluer dans les années à venir. 7

Une nouvelle réforme en phase de gestation La nouvelle réforme de la loi bancaire s'inscrit dans la continuité. L'évolution du secteur bancaire national, la nécessité d'adapter la réglementation aux nouvelles normes bancaires internationales et le renforcement de la supervision et du contrôle du secteur bancaire par Bank Al Maghrib constituent les principaux points de cette réforme. Ainsi, les autorités publiques ont l'intention de renforcer l'autonomie des organes de supervision ainsi que la clarification de leur responsabilité afin de faire face à l'exposition au risque systémique. Il est à signaler que la mise en place d'un statut de banque centrale moderne va encourager la crédibilité de la politique monétaire et le maintien d'un cadre macro-économique stable. Enfin, il est attendu de cette nouvelle réforme un raffermissement de la lutte contre le blanchiment des fonds illicites. Un approfondissement du marché financier Une diversité géographique et fonctionnelle Il est attendu des banques marocaines une extension géographique pour couvrir les régions non bancarisées et un développement des autres métiers bancaires liés à la bancassurance, le conseil, l'ingénierie financière et le e-banking. La forte présence des banques étrangères sur le marché marocain permettra de disposer d'une expertise dans ces différents domaines. Le marché bancaire marocain a connu de profondes mutations ces dix dernières années. Mais celles ci restent plus liées au cadre d'exercice et à la diversification de l'offre qu'à une réelle évolution de la structure concurrentielle. Dans le même temps, la nécessaire adaptation du contexte judiciaire et législatif devrait améliorer l'efficience des banques et assainir la relation entre celles-ci et leurs clients. L'objectif est clair : encourager l'épargne et offrir de nouveaux instruments de placement. Afin de faciliter le financement des entreprises et d'offrir de nouveaux instruments d'épargne à la population, la nouvelle réforme (i) a facilité la création de Fonds de Placements Collectifs en Titrisation (FPCT) destinés à transformer les créances en valeurs mobilières et (ii) se propose de mettre en place un marché des opérations à terme pour les actions. 8

La dernière décennie a été marquée par une accélération des réformes entreprises par le gouvernement marocain. Celles-ci ont eu pour objectif la mise en place d'instruments favorisant le développement du secteur privé et l'adaptation de l'économie nationale aux standards internationaux. C'est dans ce cadre que s'est inscrite la volonté de réformer le secteur bancaire, évolution initiée en 1993 et qui connaît aujourd'hui sa phase finale. 1. EVOLUTION DU SYSTÈME BANCAIRE MAROCAIN 1.1. La réforme bancaire de 1993, pourquoi? Les pouvoirs publics ont souhaité moderniser un secteur bancaire caractérisé par plusieurs déséquilibres. Une réforme des marchés de capitaux pour offrir de nouvelles sources de financement La réforme réglementaire du secteur financier, entamée en 1993, a institué la création des OPCVM, la privatisation de la société gestionnaire de la bourse de Casablanca, la création de marchés intermédiaires et la mise en place d'un organisme de surveillance veillant à la transparence des opérations de marché. Cette réforme a permis de lancer véritablement les marchés de capitaux avec pour résultats : - La capitalisation boursière a connu une forte hausse entre 1992 et 1996, en passant de 20 Md.DH à 120 Md.DH suite aux diverses augmentations de capital opérées. - Le volume des transactions est passé de 500 MDH à 10 Md.DH. - Entre 1995 et 1999, le montant total des actifs gérés sous OPCVM est passé de 500 MDH à 45,5 Md.DH. Une allocation des prêts encadrée Jusqu'en 1991, le volume des prêts et de la masse monétaire était contrôlé directement par l'encadrement des crédits. Ce système a limité les activités bancaires en fixant, annuellement, le nombre d'emprunts émis, induisant ainsi un impact négatif sur l'efficacité des banques et de leur compétitivité. L'une des nouveautés de la réforme de 1993 a été le désencadrement du crédit. Il a permis aux secteurs financiers et monétaires de contribuer efficacement à la croissance économique tout en assurant l'ensemble des services nécessaires aux acteurs du marché. Un taux d'endettement du Trésor critique Par le passé et afin d'équilibrer son budget, le Trésor empruntait directement de la banque centrale sans, nécessairement, rembourser la totalité des créances contractées. Ce comportement favorisait l'inflation et perturbait les équilibres macroéconomiques du pays. Pour remédier à cette situation, les pouvoirs publics ont imposé au Trésor l'émission d'adjudications publiques tout en s'engageant à honorer ces obligations. Une banque centrale manquant d'autonomie La banque centrale opérait sous la surveillance du Ministère des Finances, l'empêchant d'avoir un contrôle réel sur la politique monétaire du pays et, principalement, l'inflation. En vue de maintenir une relative stabilité des prix, les pouvoirs publics ont confirmé et renforcé le rôle de surveillance de la banque centrale. Désormais, Bank Al-Maghrib a la possibilité de superviser les établissements de crédit ainsi que toute filiale ou entité présentant des liens juridiques ou financiers avec un organisme bancaire. 9

Hausse des créances en souffrance Les banques marocaines souffraient et souffrent encore des problèmes de solvabilité liés au risque clientèle. De ce fait, elles ont recours à une mobilisation importante de leurs ressources afin de provisionner ces créances ; ce qui a pour effet de limiter leur marge de manœuvre. En réponse à ce phénomène, les créances en souffrance ont été assujetties à des normes rigoureuses et strictes, aussi bien au niveau de leur classification que de leur couverture par les provisions constituées. NOUVELLE CLASSIFICATION DES CRÉANCES EN SOUFFRANCE Créances Mois Provisions Pré douteuses 3-6 20% Douteuses 6-12 50% Compromises >12 100% Des taux d'intérêt élevés Source : Bank Al Maghrib Par leur niveau particulièrement élevé, les taux d'intérêts appliqués par les banques affectaient aussi bien le comportement des prêteurs que celui des emprunteurs, entraînant ainsi une baisse du PIB. De ce fait, l'esprit de la réforme de 1993 était de créer une forte concurrence entre les banques marocaines afin d'entraîner une baisse des taux d'intérêts. Mais en dépit de ces multiples efforts entrepris par les pouvoirs publics, les taux d'intérêts demeurent élevés par rapport aux attentes des consommateurs. 12% 10% 8% 6% 4% 2% L'ÉVOLUTION DES TAUX D'INTÉRÊT 11,24% 11,14% 9,22% 8,87% 10,05% 9,09% 8,48% 8,09% 7,83% 0% 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Source : Bank Al Maghrib La modernisation du secteur bancaire s'est donc appuyée sur plusieurs paramètres : - L'amélioration des circuits de financement par le renforcement de la concurrence entre les organismes financiers. - La suppression des distorsions biaisant l'affectation des ressources. - Une meilleure couverture du risque pour un système financier marocain plus solide. 10

1.2. Une participation active du secteur bancaire au processus de modernisation économique Les réformes financières entamées en 1993 ont eu pour principal objectif la mise en place d'un cadre réglementaire propice au développement de la bancarisation. Ainsi, la décennie écoulée a connu une augmentation des guichets et des ouvertures de comptes bancaires, un développement remarquable des dépôts et des crédits et une extension de la monétique. Une augmentation des guichets et des ouvertures de comptes bancaires Le réseau d'implantations bancaires a connu un développement continu entre 1993 et 2004. Ainsi, le nombre d'agences bancaires est passé de 1 246 à 2 043 au terme de l'année 2004. Rapportés à la population totale, ces chiffres ont évolué d'un guichet bancaire pour 21 100 habitants à un guichet pour 15 000 habitants. Mais ce niveau reste bien en deçà des standards internationaux. 29 201 Algérie NOMBRE D'HABITANTS PAR GUICHET BANCAIRE, 2004 18 348 15 000 11 968 11 391 A. Saoudite Maroc Jordanie Tunisie 4 540 4 158 3 602 3 517 2 767 2 384 Liban Source : Bank Al Maghrib L'implantation bancaire demeure fortement concentrée sur l'axe Casablanca-Kenitra. Celuici regroupe plus de 42,5% des agences. A ce titre, il convient de signaler que la métropole économique accapare, à elle-seule, près de 30% des guichets bancaires. Royaume Uni Japan Canada Suisse France Toutefois, l'engouement récent des banques pour la clientèle des particuliers laisse présager un vaste mouvement d'ouvertures d'agences au niveau national. Plusieurs établissements ont annoncé leur volonté d'augmenter leur présence sur le territoire. Par ailleurs, les banques marocaines ont nettement renforcé leur présence à l'étranger afin de mieux répondre aux besoins des Marocains Résidant à l'etranger. Le nombre d'implantations est passé de 58 en 1998 à plus de 132 en l'espace de quatre ans. Les banques marocaines se concentrent sur les pays où réside une forte population de MRE : France, Espagne, Belgique et Allemagne. Malgré ces évolutions, le potentiel de développement du secteur bancaire reste très important. En effet, le taux de bancarisation reste proche de 20% de la population, en deçà de nombreux pays à niveau de développement comparable. Ainsi, la Tunisie dispose d'un système bancaire relativement développé avec un taux de bancarisation parmi les plus élevés en Afrique, atteignant 40%. La Jordanie et le Liban bénéficient également d'une maturité relative du secteur bancaire en raison d'un rôle pivot dans le Proche-Orient. Cependant, il convient de préciser que de nombreux pays en transition d'europe de l'est connaissent des marchés bancaires peu matures. En Bulgarie, à fin 1999, plus de 90% des dépôts étaient concentrés dans les caisses d'épargne. Aujourd'hui encore, le taux de bancarisation n'atteint que 25% de la population, les espèces représentent plus de 80% des moyens de paiement, le chèque n'existe pas et la carte bancaire commence tout juste à se développer. En Russie, le taux de bancarisation est estimé à 10%, un niveau qui reste très faible pour un pays en forte croissance économique. 11

Une part croissante des dépôts non rémunérés EVOLUTION DES DÉPÔTS AUPRÈS DU SYSTÈME BANCAIRE, EN Md.DH Le système bancaire a fourni d'importants efforts pour mobiliser l'épargne nationale, ce qui a permis une croissance régulière des ressources collectées, passant de 143,7 Md.DH en 1995 à 318,2 Md.DH en 2004, soit une croissance annuelle moyenne de 8,27%. 144 73 152 74 170 82 184 91 270 255 223 202 148 133 113 100 318 296 186 167 Mais la nature des dépôts a connu de profonds changements depuis 1995. La part des dépôts non rémunérés est en constante progression, passant de 51% du total des dépôts à 58,4% en 2004. 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Dépôts Dont dépôts non rémunérés Source : Bank Al-Maghrib EVOLUTION DE LA COMPOSITION DES DÉPÔTS Ainsi, les dépôts à terme ont progressivement laissé la place aux comptes chèques. Si les dépôts totaux ont doublé entre 1996 et 2004, les dépôts à terme n'ont augmenté que de 50% et les comptes chèques de 156% du fait d'une bancarisation croissante de la population. 12 15 32 37 12 14 32 38 12 13 13 13 13 13 13 14 14 14 14 14 14 14 14 31 32 33 34 35 37 38 39 37 36 35 34 31 30 14 40 28 En omettant les dépôts des MRE, la composition des dépôts domestiques connaît les mêmes changements. La population nationale modifie ses habitudes bancaires avec une part décroissante des dépôts à terme. La capacité de mobilisation de l'épargne par le système bancaire est amoindrie. 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Dépôts à terme Comptes chèques Comptes courants Comptes d epargne Autres dépôts COMPARAISON DÉPÔTS / PIB, 2004 115% De ce fait, si cette évolution favorise la rentabilité bancaire en limitant les intérêts déboursés et en augmentant les revenus issus de la gestion des comptes, elle fragilise, dans le même temps, la situation prudentielle des banques, plus particulièrement au niveau de leur capacité de prêt. Egypte 72% 72% 66% Slovénie Maroc Rep. Tchèque 50% 47% 46% 42% Bulgarie Hongrie Turquie Bosnie 31% 29% Slovaquie Tunisie 19% 15% Serbie Russie Au niveau international, le développement remarquable des dépôts durant la dernière décennie place le Maroc dans une situation privilégiée. Ainsi, le ratio Dépôts / PIB s'élève à 72%, juste derrière l'egypte et la Slovénie. Source : Banques Centrales, BMCE Bank Relativement au PIB, le secteur bancaire marocain parvient donc à mobiliser des ressources conséquentes. De ce fait, il peut s'appuyer sur des actifs de qualité. 12

Cependant, il convient de garder en mémoire que (i) le niveau des dépôts s'explique, en partie, par le faible réinvestissement des déposants et (ii) que ces dépôts sont majoritairement non rémunérés. EVOLUTION DE LA PART DES DÉPÔTS MRE Les dépôts MRE en hausse depuis 2001 69% 70% 70% 70% 70% 72% 72% 71% 72% 72% Malgré une baisse relative de la part des dépôts MRE rapportée aux dépôts totaux, leur valeur absolue a quasiment doublé entre 1996 et 2004 pour approcher 81 Md.DH. A fin 2004, les dépôts non rémunérés détenus par les MRE auprès des banques marocaines se sont élevés à 45,7 Md.DH, soit 24,6% du total des comptes créditeurs à vue. L'année 2001 a été une période charnière. Elle a marqué la reprise des retours estivaux des MRE. Ainsi, entre les années 1996 et 2000, la croissance des rapatriements en devises des MRE a été de 30,6% alors que pour la période s'étalant de 2000 à 2004, ce chiffre a été de 41,5%. Fort logiquement, cet accroissement des retours a renforcé l'utilisation des comptes chèques, les MRE ayant des besoins de consommation sur le territoire. A partir de 2001, la part des comptes chèques dans les dépôts MRE a cru de 7 points, la part des dépôts à terme connaissant une décrue similaire. La croissance de l'actif bancaire tirée par la hausse importante des dépôts Le total bilan du secteur bancaire est passé de 197 Md.DH en 1996 à 407 Md.DH en 2004, soit une hausse annuelle moyenne de 7,12%. Cette évolution s'explique, principalement, par l'aisance des trésoreries bancaires, la baisse des taux d'intérêt ainsi que par le renforcement des comptes à vue. Par ailleurs, la progression du volume des réserves ainsi que les opérations d'augmentation du capital des banques ont contribué à la progression du total bilan. 31% 30% 30% 30% 30% 28% 28% 29% 28% 28% 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Dépôts à terme Comptes courants RÉPARTITION DES PLACEMENTS MRE 1% 2% 2% 2% 2% 3% 3% 3% 3% 54% 56% 55% 54% 54% 52% 49% 47% 44% 44% 42% 43% 44% 43% 46% 48% 50% 53% 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Comptes chèque Dépôts à terme Compte sur carnet EVOLUTION DU TOTAL BILAN, EN MD.DH 407 371 356 282 272 252 236 216 197 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Source : GPBM 13

Les crédits aux particuliers, source de croissance des crédits à l'économie Les crédits distribués sont passés de 128,7 Md.DH en 1995 à 247,3 Md.DH en 2004, soit une progression annuelle moyenne de 6,74%. Au terme de l'exercice 2004, les crédits à l'économie accordés par les banques se sont élevés à 58,3% de leurs emplois. Cette évolution s'est accompagnée du développement des crédits à moyen et à long terme. Ceux-ci n'ont toutefois bénéficié qu'à un nombre limité d'opérateurs, essentiellement le secteur secondaire et les particuliers sous forme de crédits destinés au financement de l'habitat et à la consommation. Le secteur tertiaire constitue 65% du total des crédits alloués par les banques, suivi par le secteur secondaire avec 26,8% et finalement le secteur primaire avec seulement 8,2%. Les crédits accordés par les banques ont également noté une transformation de leur structure. La part du crédit immobilier est passée de 11% à 15% en moins de quatre ans. EVOLUTION DE LA COMPOSITION DES CRÉDITS Il convient de préciser que la crise de confiance traversée par le CIH a favorisé le transfert des crédits immobiliers vers les banques commerciales. En effet, entre 2002 et 2005, la part du CIH dans le total des crédits immobiliers accordés aux particuliers est passée de 34,2% à 23,1%. Mais plus que le secteur immobilier, c'est l'ensemble du segment des particuliers qui symbolise les nouvelles sources de croissance des crédits bancaires. Plus facile à encadrer que les firmes, la clientèle individuelle offre une marge de rentabilité supérieure. Malgré ce constat, les crédits alloués aux entreprises continuent à représenter plus des deux tiers de l'encours total accordé au secteur privé. Les banques se sont ainsi mobilisées pour une meilleure allocation des ressources collectées en développant leurs politiques de crédit avec une double dimension : financer les secteurs productifs de l'économie nationale et veiller à améliorer la qualité des engagements et des risques encourus. Le Produit Net Bancaire profite du rythme accru de l'octroi des crédits à l'économie 16% 5% 11% 19% 18% 6% 15% 19% 18% 6% 17% 21% 26% 5% 17% 18% 16% 5% 18% 23% La période post application de la réforme de 1993 a connu une croissance remarquable du PNB. Celui-ci a augmenté de 85% entre 1996 et 2004, soit un rythme annuel moyen de 7,13%. 48% 43% 39% 34% 38% EVOLUTION DU PRODUIT NET BANCAIRE ET MONTANT DES CRÉDITS À L'ÉCONOMIE, MD.DH 2001 2002 2003 2004 A juillet 2005 Crédits de trésorerie Crédits à l équipement Crédits immobiliers Crédits à la consommation Autres 20 18 16 PNB Crédits à l économie (échelle de droite) 290 270 250 230 En effet, si l'augmentation du montant total des crédits a été de 10,5% par an, le financement bancaire de l'acquisition de biens immobiliers a connu un accroissement près de trois fois supérieur avec un taux annuel moyen de 25,5%. 14 12 10 8 210 190 170 150 130 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Source : GPBM 14

La ventilation du PNB pour l'année 2004 montre la prépondérance de la marge d'intérêt, 78% du PNB. La marge sur commissions, 11,4%, et le résultat des opérations de marché, 9,24%, ne représentent qu'une part secondaire. 6,2 EVOLUTION DE LA MARGE D'INTERMÉDIATION BANCAIRE 5,6 Dès lors, il existe une très forte corrélation entre la hausse du PNB et le montant des crédits octroyés matérialisée par un taux de corrélation proche de 0,95, soit une quasi-proportionnalité. Sur la période 1996-2004, le revenu des banques est donc resté tributaire des intérêts perçus à l'issue de l'octroi de crédits à l'économie. En conséquence, les banques ont été affectées par la baisse de la marge d'intermédiation, proche de 25%. Ce recul est attribuable à l'intensification de la concurrence, d'une part, et la baisse des taux d'intérêts, d'autre part. Mais ce constat est à nuancer. Le niveau de la marge d'intermédiation reste plus élevé au Maroc que dans les principaux pays de la zone Euro. Ce phénomène s'explique, en partie, par l'importance des dépôts à vue non rémunérés dans les avoirs des banques au Maroc. Face à cette baisse inévitable de la marge d'intermédiation, l'ensemble du secteur bancaire cherche à développer les revenus issus des frais et des commissions, plus stables et plus rémunératrices que les intérêts. Enfin, les banques marocaines parviennent à bien maîtriser leurs coûts d'exploitation. Maintenus à un peu plus de 52% des revenus des banques, ce ratio est à un niveau compétitif en comparaison des banques internationales. Les crédits restent peu développés par rapport aux dépôts Le Maroc est caractérisé par un marché monétaire en surliquidité. Ainsi, le ratio Prêts / Dépôts s'élève à 66%, montrant que les crédits octroyés sont nettement inférieurs aux dépôts. Ce ratio a même chuté à des niveaux records en 2001, en raison, d'une part, de l'augmentation des dépôts MRE et, d'autre part, de la diminution des crédits alloués. 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 Source : Bank Al Maghrib REVENU NON ISSU DES INTÉRÊTS ET COÛT D'EXPLOITATION, 2004 Pologne Slovénie Hongrie Slovaquie Maroc 4,8 4,7 4,6 4,6 0% 20% 40% 60% 80% Revenu non issu des intérêts Source : Banques Centrales, BMCE Bank EVOLUTION DU RATIO PRÊTS/DÉPÔTS 66% 64% 66% 21% 68% 27% 34% 41% 44% 49% 52% 4,7 61% 61% Coûts d exploitation/revenu 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 69% 59% 59% 59% 66% 4,6 15

Ce dernier point répondait à l'entrée en vigueur des nouvelles règles prudentielles. Les banques ont nécessité un temps d'adaptation, mis à profit pour mettre en conformité les procédures d'engagements et de contrôle. Malgré ces évolutions, les banques restent fébriles du fait de l'augmentation alarmante du taux de contentieux, surtout pour les banques publiques. COMPARAISON PRÊTS/DÉPÔTS, 2004 176% 178% 124% 106% 99% 99% 88% 68% 77% 54% 58% 61% 61% 46% Au niveau international, si le Maroc arrive en milieu de tableau au niveau des prêts rapportés au PIB, il reste à la traîne en matière de crédits rapportés aux dépôts. Turquie Jordanie Liban Egypte Rep. Tchèque Maroc Slovénie Bulgarie Slovaquie Serbie Bosnie Hongrie Tunisie Russie Source : Banques Centrales, BMCE Bank Ainsi, l'épargne ne joue pas pleinement son rôle de financement de l'économie et de l'investissement. Le niveau élevé des dépôts laissait déjà supposer que les déposants privilégiaient la thésaurisation à l'investissement. La faible redistribution de ces dépôts en crédits limite la capacité d'expansion de l'économie. Le paiement monétique usité par une clientèle relativement aisée Le recours aux instruments de paiement électroniques pour le règlement des transactions continue à progresser parallèlement à la mise en place de l'infrastructure nécessaire. C'est ainsi qu'à l'issue de l'année 2004, le nombre de cartes bancaires émises au Maroc a atteint 2,2 millions et a enregistré une progression de 20,7% suite à celle de 17% réalisée en 2003. Suivant cette tendance, le nombre d'opérations effectuées par cartes, est passé de 42,5 millions en 2003, correspondant à un montant de 29,1 Md.DH, à 56,6 millions en 2004, pour une valeur de 34,2 Md.DH, soit une évolution de 33,2% en volume et 17,5% en valeur. 22 TAUX DE PÉNÉTRATION MONÉTIQUE, 2004 65 Maroc 7 5 Russie 21 75 44 43 47 35 26 26 28 27 17 Serbie Pologne Source : Banques Centrales, BMCE Bank Ces chiffres sont primordiaux car la monétique est un outil stratégique pour le système bancaire. En effet, elle permet de limiter la fuite de liquidités en maintenant le paiement dans le système bancaire. Les banques peuvent alors profiter d'une capacité d'octroi de crédits plus importante. Pour assurer la connexion entre les différents réseaux, le Groupement Professionnel des Banques du Maroc a créé le Centre Monétique Interbancaire (CMI). Bulgarie Transactions moyennes par personne équipée Valeur moyenne par transaction en Euros Pourcentage d équipement de la population 104 Hongrie 65 85 Rep. Tchèque 66 55 27 Slovaquie 67 16

Celui-ci s'inscrit dans le cadre des efforts des banques de la place visant à développer l'usage des cartes bancaires à travers : - la mise en place d'un centre unique chargé de centraliser les transactions monétiques et d'en assurer le dénouement ; - l'amélioration de la sécurité des cartes ; - le développement de l'interopérabilité des paiements par cartes. Malgré ces développements, la monétique ne fait pas encore pleinement partie du paysage bancaire marocain. Seules les catégories les plus aisées ont un recours systématique à la carte bancaire comme moyen de règlement. Un taux de pénétration très faible de la population marocaine, en comparaison d'autres pays en transition, laisse présager un important potentiel de développement de l'équipement de la population en moyens de paiement monétiques. Une augmentation du taux de contentieux pénalisant la rentabilité Au Maroc, les créances en souffrance dans le système bancaire sont passées de 10 Md.DH en 1993 à 48,1 Md.DH en 2004. Cette progression s'explique essentiellement par le renforcement des règles de classification des créances et l'assainissement du portefeuille clientèle des Organismes Spécialisés de Financement. 20 % 18% 16% 14% 12% 10% 8% EVOLUTION DU TAUX DE CONTENTIEUX 10,% Banques commerciales Système bancaire 11,% 10,% 13,% 16,% 10,% 10,% 9,% 18,% 17,% 18,% 12,% 12,% 15,% 18,% 13,% 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 19,% Dès lors, la part des créances en souffrance dans le total des crédits est passée de 11% en 1997 à 19,4% en 2004, en constante évolution. Concernant les banques commerciales, les créances en souffrance ont presque triplé durant la décennie écoulée, s'établissant à 24,3 Md.DH à la fin de l'exercice 2004. Cette hausse s'explique, essentiellement, par le niveau élevé des créances en souffrance dans des secteurs clés tels que le textile, le BTP et les activités commerciales. Ces trois branches représentent 35% du total des créances en souffrance. Ce phénomène est accentué par la concentration du risque de défaut de paiement sur les clients avec lesquels les banques sont très engagées. CRÉANCES EN SOUFFRANCE PAR SECTEUR, IMME 3% Administration 4% Autres industries 5% THC 8% SYSTÈME BANCAIRE Agriculture 11% Source : Bank Al Maghrib CRÉANCES EN SOUFFRANCE PAR SECTEUR, IMME 4% Autres industries 5% Autres secteurs 20% BTP 15% BANQUES COMMERCIALES Autres secteurs 24% Agro-alimentaire 8% THC 6% Agro-alimentaire 7% Agriculture 9% BTP 21% Hôtels 10% Hôtels 13% Commerce 13% Commerce 14% Source : Bank Al Maghrib 17

Au-delà du risque financier, le secteur bancaire est également exposé à un risque juridique important : - Les lenteurs de l'appareil judiciaire limitent la part recouvrée de ces créances. - L'utilisation abusive par les mauvais payeurs de la nouvelle procédure de redressement judiciaire leur permet de ne pas honorer leurs obligations de remboursement des crédits bancaires. Mais il convient de garder en mémoire que le manque d'une définition claire et précise des procédures de crédit ne facilite pas l'amélioration de la qualité du portefeuille clientèle. Seules quelques rares banques ont entamé un processus de réflexion autour du processus d'octroi et l'uniformisation des produits proposés à la clientèle. Mis en parallèle avec de nombreux pays en transition, le Maroc souffre de la comparaison au niveau du taux de contentieux. En Slovaquie, les créances en souffrance constituent 7,8% du total des créances, une part nettement inférieure à celle enregistrée au Maroc. Concernant le taux de couverture des créances, il a atteint 85,2%. En Turquie, la part des créances en souffrance dans le total des crédits est passée de 13% en 2003 à 6,2% en 2004. La réduction des créances en souffrance des banques publiques (de 36% à 12%) ainsi que la baisse des taux d'intérêt nominaux ont contribué à cette bonne performance. Cependant, il convient de préciser que le secteur bancaire marocain dispose d'une assise plus stable que le secteur bancaire tunisien où les taux de contentieux et de couverture s'établissent, respectivement, à 23,6% et à 50,5% pour l'année 2004. EVOLUTION DES CRÉANCES EN SOUFFRANCE DE L'ENSEMBLE DU SYSTÈME BANCAIRE 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 1995 1993 Encours des créances en souffrance en Md. DH 48,1 43,2 38 35,7 35,8 29 21,1 16,6 13 10 Créances en souffrance/total des crédits 19,4% 18,4% 17,6% 17,1% 17,5% 15,6% 12,6% 11% - - Créances en souffrance/total bilan 11,3% 10,9% 10,3% 10,2% 11,2% 9,9% 7,7% 6,8% 5,5% 5,1% Créances en souffrance/pib 10,8% 10,3% 9,5% 9,3% 10,1% 8,3% 6,1% 5,2% 4,7% 4,1%x Source : rapports annuels de Bank Al Maghrib 18

Le résul tat net tributaire de l'effort de provisionnement Le résultat net agrégé du secteur bancaire a augmenté de manière régulière entre 1996 et 2001. Mais l'entrée en vigueur, en décembre 2002, de règles de provisionnement des créances plus rigoureuses a poussé les banques à fournir un effort de provisionnement exceptionnel. En effet, entre 2000 et 2003, les provisions de l'ensemble des banques commerciales ont cru de plus de 85% en passant de 8,7 à 16,1 Md.DH. Les créances en souffrance ont été couvertes à hauteur de 72% en 2003 contre 66% en 2000. Ceci a eu pour conséquence immédiate de pénaliser le résultat net, entraînant une baisse significative de 49,6% en 2002. Cette morosité a persisté en 2003, avec un déficit atteignant 791 MDH. En 2004, après la période d'adaptation aux nouvelles règles prudentielles, le secteur bancaire a renoué avec les bénéfices. Ceux-ci se sont établis à 3,22 Md.DH. EVOLUTION DU RÉSULTAT NET ET DES PROVISIONS DES BANQUES COMMERCIALES, MD.DH 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 1,8 6,2 PN( Banque Commerciales) Provision (échelle de droite) 2,4 6,9 2,6 7,9 8,8 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 RÉSULTAT NET / TOTAL ACTIF, 2004 1,23% 1,8 1,30% 2,9 8,7 3,2 1,40% 11,7 1,7 1,74% 12,9 17,7 16,1 1,7 2,00% 3,2 2,49% 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 La rentabilité des actifs est estimée à 0,83%, taux qui est relativement faible. Ceci s'explique par le mauvais emploi des ressources des banques. En d'autres termes, les actifs bancaires ne sont pas générateurs de profits conséquents. Un système bancaire respectant les normes prudentielles 0,50% Egypte 0,65% Slovénie 0,83% Maroc Slovaquie Rep. Tchèque Pologne Bulgarie Hongrie Russie Source : Banques Centrales, BMCE Bank Parallèlement à la libéralisation de l'activité bancaire, les règles prudentielles ont été hissées au niveau des normes internationales et étendues aux sociétés de financement. En plus du relèvement du capital minimum, le coefficient de solvabilité a ainsi été porté à 8% et le coefficient de liquidité à 100%, alors que le coefficient maximum de division des risques a été limité à 20%. EVOLUTION DU RATIO DE SOLVABILITÉ 12,6% 12,6% 12,2% 11,7% 11,3% 12,1% 11,5% 11,4% 11,1% 10,2% 10,6% 9,6% 19931994 1995 1996 19971998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Source : Bank Al Maghrib 19