FICHE CHRONOLOGIQUE : Mémoire de la 2GM

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FICHE CHRONOLOGIQUE : Mémoire de la 2GM Les dates clés Problématique : Comment ont évolués les mémoires de la 2GM depuis 1945? I-) Emergence et apogée du mythe résistancialiste (1945-fin des années 1960) A / La libération et l élaboration du mythe résistancialiste (1944-1946) - Mise en place du GPRF (Gouvernement provisoire de la République française) de 1944 à 1946. D.G à sa tête jusqu à janvier 1946, démissionne avant la fin du GPRF. - L épuration mené par le GPRF puis la IVème République (épuration légale ou sauvage) => origine d un conflit mémoriel durable, certains trouvent trop excessives, d autres trop clémente - 1944-1946 : D.G va définir les points clés de la représentation de la Guerre avec le GPRF. Privilégie réconciliation nationale au dépend de la vérité historique. (discours 26 août 1944, cf fiche références). Le GPRF annule toute la législation de Vichy à portée politique comme la législation raciale. - 9 août 1944 : ordonnance qui proclame l illégitimité du régime de Vichy, faite par le GPRF - 11 novembre 1945 : cérémonies sont l occasion de célébrer la concorde nationale et la victoire. + marquante et + importante date car dans l esprit des gaullistes, 1 seule guerre de 30 ans. 1 ère cérémonie marquante : Mt Valérien, lieu où Allemands avaient fusillés des résistants, on y dépose la dépouille de 15 français qui représentent toutes les catégories de victimes de la guerre (résistants, déportés, militaires ) - 1944-1946 : communistes crées le partie des 75 000 fusillés, (faux car seulement environ 30 000), but : gagner du poids politique, se présenter comme la principale force de la résistance, faire oublier le pacte germano-soviétique d août 1939. B / La IVème République (1946-1958) mène une politique d apaisement aux résultats inégaux - 1948 : 2 statuts votés pour les déportés. 1= le statut des déportés et internés de la Résistance. 2= Internés et déportés politiques (dont les juifs). - 1949 : loi qui définit la qualité de résistant et qui définit les moyens pour la faire reconnaître - 1951 : loi qui fixe le statut des «personnes contraintes au travail en pays ennemi». Concerne-les requis du STO (mis en place par l Allemagne en 1943) - 1947 : première loi d amnistie : concerne les délits secondaires, passe de 40 000 à 13 000 condamnés pour des faits de résistance - 1951 et 1953 : lois d amnistie qui élargissent à la quasi-totalité des crimes commis durant l occupation dans le cadre de la collaboration, en 1956, plus que 62 en prison - 1953 : polémique sur les lois d amnistie car procès lié au massacre du village d Oradour-Sur-Glane, sur les 21 coupables, 12 «malgré-moi», donc conflit mémoriel : doit-on ou non les condamner? finalement condamnées puis amnistiés. - 1947 : Début de Guerre Froide, renforce la politisation des mémoires de la 2GM. En France en 1947, gouverne le tripartisme ( MRP, SFIO, PCF) - Mai 1947 : communistes renvoyés du gouvernement car il s agit d une des closes pour bénéficier du plan Marshall. C / L éclatement des mémoires de la 2GM dans les années 1950 - Dès 1945 : fondation d associations pour défendre les intérêts des différentes catégories de combattants et de victimes de la guerre. Rend difficile la formation d une mémoire commune de la guerre (cf, la mémoire désunie, fiche référence) - 14 avril 1954 : journée de commémoration de la déportation, elle fond les juifs dans l ensemble des déportés sans les distinguer - 1951 : mort de Pétain. Enterré à l île d Yeu contre sa volonté, voulait être enterré à Douaumont. Nostalgiques de Vichy sortent de l ombre pour défendre sa mémoire (cf, Histoire de Vichy, fiche référence)

D / La République gaulliste instaure une mémoire officielle de la 2GM fondée sur le mythe ddddd résistancialiste - 1958 : retour de D.G au pouvoir suite à la crise de mai 1958, marque le triomphe de la mémoire gaulliste - 1954-1962 : Guerre d Algérie - 18 juin 1960 : inauguration du mémorial de la France combattante au Mont Valérien, emblème de la croix lorraine = forme de confiscation de la mémoire de la résistance au profit des résistants gaullistes - 1964 : cérémonie du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon. Premier transfert d un héros de la 2GM au Panthéon. (cf, discours André Malraux, fiche référence) - 1964 : création du concours national de la Résistance pour collégiens, lycéens. Montre la diffusion de la mémoire officielle de l époque même à l école, dans les programmes scolaires etc. - (cf films La Bataille du Rail et la Grande vadrouille, fiche références) II-) La remise en cause du mythe résistancialiste (fin des années 1960-années 1980) A / Un contexte politique et social plus favorable à un regard neuf sur les «années noires» - Mai 1968 : mouvement étudiant qui débouche sur une grève générale, paralyse le pays. Révélateur et accélérateur des évolutions de la société française. Les jeunes n ont pas la mm vision de la guerre que leur parent, lassés du gaullisme, et critiques à l égard du parti communiste français (PCF) - 1971 : Georges Pompidou, initiative malheureuse de gracier Paul Touvier, milicien, traqueur pour Vichy qui a fait fusillés des juifs. Les français protestent - 1975 : Valérie Giscard d Estaing décide de ne plus commémorer le 8 mai 1945 au nom de la réconciliation franco-allemande et au nom de la construction européenne. Vivement contesté par les associations de résistants et par l opinion publique. B / L image héroïque d une France massivement résistante s efface derrière une représentation plus nuancée et moins glorieuse de la France occupée - 1951 : fondation d un Comité d Histoire de la 2GM en France dont l objectif était de mieux connaître la période de la guerre. Recherches surtout focalisées sur l histoire de la guerre et de la résistance - 1973 : Début du renouvellement historiographique de la 2GM vient des USA, livre de Robert Paxton (cf fiche référence) - Années 1970 : se met en place un contre mythe, tous aussi radical : on passe de «tous résistants» à «tous collaborateurs». C / L éveil d une mémoire juive de la déportation - 1961-1962 : Procès Eichmann. Fortement médiatisé. Donne pour la première fois la parole aux témoins et rescapés du génocide qui viennent faire le récit de leur expérience. Jugé en 1961 à Jérusalem puis pendu en 1962-1967 : Guerre des 6 jours en Israël : manifestation de juifs à Paris pour la première fois, sur les champs Elysées, pour soutenir Israël pendant cette guerre des 6 jours. De nombreux juifs français partent combattre. (cf, citation Claude Lanzmann). - A partir de 1960 : Les associations de déportés et d enfants de déportés vont mener un triple travail : un travail de justice : en 1964 est adopté en France une loi qui rend imprescriptible le crime contre l humanité, fils et filles de déportés traquent les derniers criminels de guerre nazis afin de les traduire en justice. 2 ème, travail d histoire, recensement des 76 000 juifs déportés par Serge Klarsfeld. 3 ème travail : 1979, création par Serge Klarsfeld de l association FFDJF (association des fils et filles des déportés des juifs de France => transmettre la mémoire de la Shoah - A partir de 1970 : émergence des thèses négationnistes (cf fiche référence Pellepoix, Faurisson, Le Pen) - 1985 : réponse au négationnisme avec le film Shoah (cf fiche référence) III-) Depuis 1980 : le temps de l apaisement A / Procès et polémiques des années 1980-1990

- 1987 : procès de Klaus Barbie, officier SS, chef de la gestapo lyonnaise, bourreau de Jean Moulin. Jugé et condamné pour crime contre l humanité pour arrestation et déportation des enfants d Izieu, prison à perpétuité - 1994 : Procès de Paul Touvier : chef de la milice de Lyon, Condamné à la prison à vie pour l exécution de 7 otages juifs. Fait prendre conscience aux français de l ampleur de la collaboration - Affaire Bousquet, chef de la police de Vichy, principal organisateur de la rafle du Vel d Hiv, assassiné avant son procès en 1991. Il a mené une brillante carrière dans le secteur bancaire. Montre les limites de l épuration. - 1998 : Procès de Maurice Papon : autre haut fonctionnaire de Vichy, condamné à 10 ans de prison pour complicité de crime contre l humanité, libéré en 2002 pour causes de Santé. - 2001 : dernier procès, celui d Alain Brunner, officier SS qui dirigeait le camp de Drancy en région parisienne. Procès par contumace, on pense qu il est mort en 2010 en Syrie. - 1994 : cf interview Mitterrand, fiche référence - 1992 : on apprend que tous les 11 novembres, F. M fait fleurir la tombe de Pétain, juillet 1992, à la commémoration du 50 ème anniversaire de la rafle du Vel d Hiv, hué par la foule. - 1994 : cf livre une jeunesse française, fiche référence B / Avec les années 1990, le souvenir de la 2GM en France se focalise sur la mémoire de la Shoah - 1993 : Sous F. M, est instauré une journée nationale à la mémoire des victimes des persécutions racistes et antisémites commises sous Vichy. On ne mélange plus toute les formes de déportation. - 1990 : Loi Gayssot : outil de lutte contre le négationnisme : il s agit d une loi mémorielle (sur certains sujets, établissent des vérités historiques officielles et visent à réprimer ceux qui les nient ou falsifient). Article 9 de cette loi, qualifie de délit la contestation de l existence des crimes contre l humanité. 1 ère loi mémorielle. - 16 juillet 1995 : Reconnaît la responsabilité de la France dans les crimes commis par le Régime de Vichy. Acte de repentance. Rend également hommage à D.G et aux «justes parmi les nations» qui incarnent selon lui les vraies valeurs de la France. Ambiguïté du discours : il reconnaît la responsabilité de la France mais dit que ce n était pas la France, la vraie. (cf fiche référence) - 1999 : l état entreprend d indemniser les victimes juives dont les biens avaient été confisqués sous le régime de Vichy. Se fait sous le gouvernement de cohabitation avec Lionel Jospin (1997 à 2002) - 2005 : inauguration à Paris du Mémorial de la Shoah (2 ème mandat de J. Chirac), se trouve dans ce mémorial le mur des noms où ont été gravés le nom des 76 000 juifs déportés dont 11 000 enfants. La Shoah remplace la résistance dans le cœur de la mémoire. C / Les enjeux mémoriels des années 2000-2007 : Nicolas Sarkozy décide de faire lire la dernière lettre de Guy Môquet à ses parents chaque année à la même date dans les lycées. Fait polémique, accusé d instrumentaliser à son profit la mémoire de la résistance communiste. La figure de Guy Môquet est un choix discutable car il avait été arrêté pour ses activités de communiste et non de résistant (il distribuait des tracts). N. S est accusé de privilégier l émotion dans son rapport au passé à la réflexion critique - 27 mai 2015 : François Hollande fait rentrer au Panthéon 4 figures de la Résistance : Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle, Germaine Tillion et Jean Zay. - 2007 : les «justes de France» sont honorés aux Panthéon par Jacques Chirac. Sur 23 000 justes reconnus par l organisme Israélien qui les a recensées, 3 000 sont français. - 8 mai 2010 : les «Malgré-nous» sont officiellement reconnus comme victime du nazisme. - 2004 : J. Chirac invite pour la 1 ère fois un chancelier allemand aux cérémonies d anniversaire du débarquement en Normandie (60 ans cette année-là) - 2013 : F. Hollande et le président Allemand commémorent ensemble le massacre d Oradour-Sur-Glane D / Les historiens et les nouveaux enjeux mémoriels - Cf fiche référence et cours

FICHE REFERENCES (Films, livres, citations) Discours du 26 août 1944 à l occasion de la libération de Paris : De Gaulle minimise la collaboration «quelques malheureux traîtres» De Gaulle dans ses mémoires écrit : «Vichy fut et demeure toujours nul et non-avenu» => présente le régime de Vichy comme une parenthèse Terme mythe résistancialiste : Vient d Henry Rousso, historien, avec l ouvrage Le Syndrome de Vichy, en 1987 Multiplication des associations rend difficile la formation d une mémoire commune de la Guerre : ouvrage de 2010 d un historien qui a travaillé sur cette période : La mémoire désunie, d Oliver Wieviorka Mémoire de la déportation raciale refoulée : Simone Veil, discours prononcé le 26 janvier 2006 à Amsterdam : «témoins indésirables» La IVème République n hésite pas à censurer le film Nuit et Brouillard en 1956 d Alain Renais en faisant supprimer l image d un gendarme français faisant surveiller un camp de prisonnier juifs La droite maréchaliste s appuie sur une lecture historique du régime de Vichy : Robert Aron, Histoire de Vichy, 1954. Ce livre, jusqu en 60, livre de référence, interprétation historique, thèse = épée, bouclier. Pétain s était sacrifié, avait tout fait pour épargner une collaboration trop douloureuse aux français, il y aurait eu une entente entre D.G et Pétain. «Le maréchal était le bouclier, le général l épée» Discours d André Malraux, 1964, ministre de la culture de l époque, prononcé au Panthéon pour le transfert des cendres de Jean Moulin : les français tous résistants ; tous unis derrière D.G ; unité de la résistance et de la nation ; héroïsation de la résistance et de ses martyres Point de vue d Henry Rousso : «La résistance c est De Gaulle, De Gaulle c est la France donc la Résistance c est la France.» (raisonnement par syllogisme, apparence logique mais faux) Immédiat après-guerre, films à la gloire de la résistance, vision hagiographie (vie des saints, récit religieux), parmi ces films à prétention réaliste : La Bataille du Rail, 1946 de René Clément, quotidien des cheminots résistants : saboteurs, informateurs etc. Dans les années 1960, La grande vadrouille, vision comique de l occupation, on se moque des français et des allemands mais pas de juifs déportés : vision assez lisse => culture populaire avec ces 2 films à l image du mythe résistancialiste Georges Pompidou, 1971, gracie Paul Touvier, milicien, traqueur pour Vichy, fait fusillé des juifs. Procès par contumace, Pompidou veut tourner la page : «Il faut oublier ces temps où les français ne s aimaient pas», provoque forte opposition de l opinion publique Renouvellement historiographie de la 2GM va venir des USA avec l historien Robert Paxton et son livre La France de Vichy en 1973. Discrédite la thèse de l épée et du bouclier, montre que la collaboration mise en place en 1940 est une initiative du régime de Vichy : «R. Paxton établit que c est en réalité Vichy qui proposa à l Allemagne une véritable «collaboration d Etat»». Sans la participation de Vichy, il n y aurait pas eu autant de déportés juifs français (76 000) (ex : Rafle du Vel d Hiv, 16 juillet 1942) : «Le régime avait aussi participé activement à la solution finale nazie en aidant, de son plein gré, à la déportation des juifs de France». A la suite de Paxton, les historiens français vont renouveler la vision de l occupation en France comme Jean Pierre Azéma, François Bedarida, Henry Rousso Le cinéma français écho de ces nouveaux travaux d historiens : Le chagrin et la pitié, 1969, de Marcel Ophüls (documentaire), film qui dérange, interdit pendant 10 ans à la télé (retour en 1981) =>reflet de la réalité historique : collaborateurs, résistants et attentistes, met à mal le mythe résistancialiste et souligne la passivité de la majorité des français voir la collaboration

2 ème film : film de fiction, 1974, Lacombe Lucien de Louis Malle : déshéroïsation de la guerre, Lucien Lacombe, d abord voulant entrer dans la Résistance mais refusé, s engage dans la milice mais tombe amoureux d une jeune juive qu il essaiera de sauver. Finit fusillé. Vision dérangeante pour l époque : personnage principale collaborateur, anti-héros. Souligne le comportement complexe, attitude contradictoire des français. Procès Eichmann en 1961 : donne lieu au livre Eichmann à Jérusalem, de Hannah Arendt, juive allemande réfugiée aux USA avant la guerre, a assisté au procès. Dénonce dans son livre le comportement du procureur du tribunal de Jérusalem, G. Hausner, qui de manière répétée lors du procès, demanda aux témoins survivants des camps de concentration nazis pourquoi ils ne s'étaient pas révoltés. Soulignant «l'ignominie et la bêtise» d'une telle question, elle démontre dans Eichmann à Jérusalem que l'horreur du système nazi résidait, entre autres, dans son aptitude à détruire la volonté des individus «Si Israël était détruit, ce serait plus grave que l holocauste nazi», déclare Claude Lanzmann dans le journal Le Monde en 1967. Menaces pour les juifs, Mai 1967 au Moyen-Orient, prélude à la guerre des Six Jours, plongent dans l angoisse les Juifs de France. Ils craignent un second génocide. 1967 : premières manifestations de juifs français à Paris sur les champs Elysées pour soutenir Israël durant la guerre de 6 jours. Juifs français partent combattre en Israël. Serge Klasfeld a fait œuvre d historien en recherchant l identité des 76 000 juifs déportés français. Publie cela dans le livre Le mémorial de la déportation des juifs de France, 1978 Le 28 octobre 1978, L'Express publie une interview de Louis Darquier de Pellepoix, commissaire général aux Questions juives sous Vichy : «Je vais vous dire, moi, ce qui s'est exactement passé à Auschwitz. On a gazé. Oui, c'est vrai. Mais on a gazé les poux.» => négationnisme Robert Faurisson, prof d université à Lyon, publie en 1980 le livre Mémoire en défense avec en sous-titre La question des chambres à gaz : déclare : «Les prétendus «chambres à gaz» hitlériennes et le prétendu «génocide» des juifs forment un seul et même mensonge historique.» => négationnisme Echo dans la sphère politique avec notamment la déclaration de Jean Marie le Pen en 1987 : «c est un point de détail de l histoire de la 2GM» en parlant des chambres à gaz. Ces déclarations de 1987 ont valu à Jean- Marie Le Pen d être condamné en en 1988 puis à nouveau en 1991 pour "banalisation de crimes contre l'humanité" et "consentement à l'horrible". Il a notamment dû verser des dommages et intérêts à plusieurs associations antiracistes ou de déportés. Le film Shoah en 1985 de Claude Lanzmann contre les négationnistes. C est un film de 9 heures, documentaire, qui compile des témoins du génocide. Réponse aux négationnistes. Le terme Shoah devient populaire grâce à ce film. Interview célèbre de François Mitterrand en 1994 au sujet du régime de Vichy, position très claire, pas de repentance au nom de la France pour les crimes de Vichy : Vichy «état de fait» En 1994, parution du livre Une jeunesse française de Pierre Péan, journaliste d investigation. C est un livre qui révèle le passé vichysto-résistant de F. Mitterrand. Discours de Jacques Chirac le 16 juillet 1995 (anniversaire de la rafle du Vel d Hiv) ; Renonce à la distinction entre République et Vichy et reconnaît la responsabilité de la France dans les crimes commis par Vichy : «La France, patrie des Lumières et des Droits de l Homme, terre d accueil et d asile, la France, ce jour-là, accomplissait l irréparable» ; «Oui, la folie criminelle de l occupant a été secondée par des Français, par l Etat français». Distingue 2 France, celle de Vichy et celle des Droits de l Homme Etc et des «justes parmi les nations». Discours ambiguë. Acte de repentance François Hollande, discours le 27 mai 2015 lors de l entrée au Panthéon de 4 figures de la Résistance : Pierre Brossolette, Geneviève De Gaulle, Germaine Tillon et Jean Zay. : «ces quatre grands Français incarnent la Résistance, l'esprit de la Résistance». Film Indigènes avec Jamel Debouze, participe à la mise à l honneur, la reconnaissance des troupes coloniales originaires d Afrique noire ou du magreb avec le titre d Ancien combattant, pension.

Lois mémorielles suite à celle de Gayssot : suscite de nombreuses critiques chez les historiens : création du collectif Liberté pour l histoire par Pierre Nora, depuis une commission parlementaire a préconisé de e plus adopter de nouvelles lois mémorielles. Olivier Wieviorka, 2010, livre La mémoire désunie, s interroge : est-ce qu on n est pas allé trop loin dans le devoir de mémoire, et est-ce que cela n a pas eu l effet inverse auprès d une partie de la jeunesse aboutissant au rejet de la mémoire du génocide? (cf Dieudonné par exemple).