DIALOGUE AVEC LA MIGRAINE
Michèle KUCINA-HERMELINE Dialogue avec la migraine Éditions Bénévent
E-mail: m.kucina.hermeline@live.com Éditions Bénévent, 2012 Envois de manuscrits: Éditions Bénévent B.P. 4049 06301 Nice Cedex 4 Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À mes lecteurs Puissiez-vous trouver l inspiration pour vous libérer de vos blessures. À Davor Merci pour ton soutien inconditionnel. À André et Flavie Osez déployer vos ailes. Croyez en vous. N abandonnez jamais vos rêves! À tous mes guides, compagnons de toujours. Merci pour vos doux chuchotements. 5
Il est 4 heures 30. La nuit s étire et s apprête à mourir. Un point c est tout. Elle est tellement habituée à venir, puis s éteindre et nous étreindre et renaître. La nuit, c est la vie aussi, le mouvement. Rien n est jamais inerte. Telle une magicienne, elle vient nous conseiller, nous surprendre, nous renseigner. Aujourd hui, est un jour nouveau. Tenter d être attentive à la vie que je porte en moi sera mon défi. Facile à dire, mais le faire relève d un exercice, d une répétition quotidienne. Vivre, porter l étincelle de vie en soi est un art, une aventure, une histoire à dire, à écrire, une porte à fermer, une autre à ouvrir, une fleur à sentir, à ressentir, un parfum à emprisonner dans je ne sais quel flacon La fin de cette journée arrivera vite et peut-être tant mieux, car après le jour, la nuit sera là et nouvelle, elle aussi. Si j y suis attentive, si je le souhaite elle m enseignera et me chuchotera doucement, tendrement que tout ce que j ai envie de savoir est en moi J ouvre les yeux. Je sors d un rêve et suis happée par un sen - timent désagréable, une charge brunâtre ou peut-être rougeâtre pesant sur ma nuque. Je suis déçue. De qui, de quoi? Je suis déçue. Un point c est tout. La migraine est en route. Sans réfléchir, je me lève sous le poids d une sensation grisâtre et noueuse. 7
Dans un placard, je prends un verre. Je verse de l eau. Peut-être prendre de l aspirine ou du paracétamol et ensuite me masser les tempes avec l huile de lavande ou prendre le stick de menthe glacée. Cette nuit est une autre nuit. J ai envie de faire différemment. La migraine me déroute. Je la vois s avancer péniblement sur le chemin menant à ma maison. Tiens! Elle est différente, elle aussi. Elle paraît accablée, lourde, voûtée. Je la comprends un peu! Pas facile d aller toujours et toujours, sans relâche, venir me tourmenter, me dévorer, me piquer de ses aiguilles acérées, me déverser ses onguents écœurants. Se sentirait-elle coupable à la longue, de venir sans cesse me tarauder, me faire mal, m entortiller l esprit? Que veut-elle à la fin? Que je craque? Non. Je lutterai jusqu au bout, je suis persévérante. Je la connais depuis l âge de dix ans. Alors! Je sais deux ou trois choses sur elle. Tout ce que je vois, c est son côté sombre, négatif, mauvais, repoussant. Que cherche-t-elle? Éprouve-t-elle du plaisir à me torturer, à m empêcher d être? Je la regarde cheminer très lentement. Qu a-t-elle cette nuit? Elle, sachant si bien me surprendre en quelques secondes! Toujours vive et pugnace, agressive et impulsive! J ai envie de me moquer d elle. Doucement, je respire. Je calme mes ardeurs, mes rancœurs. Lentement, une puissante chaleur m enveloppe. Je suis tranquille. Je lui chuchote dans mon cœur, avec cœur: «Veux-tu que je retire le gros caillou laid et noirâtre que tu traînes avec toi? Sens, ressens! Il est trop lourd pour toi. C est vrai, tu es assez petite quand même! Je veux dire petite par la taille! 8