Nicolas Hogu Sébastien Pillet Année CAS CLINIQUE N 1

Documents pareils
Prévenir... par la vaccination

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES DIRECTION GENERALE DE LA SANTE- DDASS DE SEINE MARITIME

Vaccinations - Rédaction Dr BOUTON

B MIS À JOUR EN MARS 2013

Vaccination des voyageurs dont la sérologie VIH est positive.

Nathalie Colin de Verdière Centre de vaccinations internationales Hôpital Saint-Louis

VACCINS ANTIPNEUMOCOCCIQUES

Évolution des pratiques vaccinales : 3. vaccination après la grossesse

Guide des vaccinations Édition Direction générale de la santé Comité technique des vaccinations

Club Santé. «Vaccination : quelle évolution pour une meilleure prévention?» Dimanche 16 octobre 2005

Vaccination et tuberculose en Gériatrie. Unité de Prévention et de Dépistage: Centre de vaccination et centre de lutte anti tuberculeuse CH Montauban

Tuberculose bovine. Situation actuelle

Vaccins du futur Atelier «Croisière dans l archipel des nouveaux vaccins»

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES DIRECTION GENERALE DE LA SANTE

LA TUBERCULOSE Docteur ALAIN BERAUD

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 1 décembre 2010

Tout savoir sur la vaccination de 0 à 6 ans. Mikalou se fait vacciner

Vaccins et chimiothérapies chez l adulte

PARTAGER NOTRE PASSION. Livret de présentation de la vaccination et de nos vaccins

L assurance maternité des femmes chefs d entreprises et des conjointes collaboratrices. Édition 2013

Questionnaire Médical

Vaccinations et milieu professionnel

PROTOCOLE D IMMUNISATION DU QUÉBEC, ÉDITION MAI 2013 Liste des mises à jour d AVRIL 2014

Etes-vous vacciné? La rougeole oblige à rester à la maison.

Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes

Programme National d Immunisation

Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales 2015 PROTÉGEONS-NOUS, VACCINONS-NOUS.

La lutte contre la tuberculose est régie par l arrêté royal du 17 octobre 2002.

Streptocoque B :apports des tests en fin de grossesse, nouvelles propositions.

Service d ambulance. Normes. de soins aux patients. et de transport

La vaccination, une bonne protection

Guide des vaccinations Édition Direction générale de la santé Comité technique des vaccinations

ANNEXE IIIB NOTICE : INFORMATION DE L UTILISATEUR

vaccin pneumococcique polyosidique conjugué (13-valent, adsorbé)

LA CAISSE PRIMAIRE D ASSURANCE MALADIE (CPAM) COMMENT ÇA MARCHE?

HEPATITES VIRALES 22/09/09. Infectieux. Mme Daumas

Définition de l Infectiologie

Simplification du calendrier vaccinal. Collection Avis et Rapports

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS DE LA COMMISSION. 10 octobre 2001

Vaccinologie et Stratégie de Développement des Vaccins

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. Avis. 3 septembre 2008

Pour l'entrée en institut de formation paramédicale

INFORMATIONS pour le médecin qui contrôle et complète le formulaire

VACCINER? MIEUX COMPRENDRE POUR DÉCIDER. ProVac

Vaccinations pour les professionnels : actualités

Projet de grossesse : informations, messages de prévention, examens à proposer

Les contre-indications au don de sang

Assurance Maladie Obligatoire Commission de la Transparence des médicaments. Avis 2 23 Octobre 2012

L hépatite C pas compliqué! Véronique Lussier, M.D., F.R.C.P.C. Gastroentérologue Hôpital Honoré-Mercier 16 avril 2015

LA VACCINATION PROFESSIONNELLE

Protégeons-nous ensemble!

vaccinale en France Mesure de la couverture Bilan des outils et des méthodes en l an 2000

Programme DPC des infirmiers

Manifestations cliniques après la vaccination

Chapitre III Le phénotype immunitaire au cours de la vie

L ANGINE. A Epidémiologie :

Les anticoagulants. PM Garcia Sam Hamati. sofomec 2008

Contacts Presse Leem : Stéphanie Bou-Fleurot - Tél : sfleurot@leem.org Virginie Pautre - Tél :

MISE À JOUR SUR L UTILISATION DES VACCINS CONJUGUÉS QUADRIVALENTS CONTRE LE MÉNINGOCOQUE

La maladie de Still de l adulte

Réintroductions alimentaires chez l enfant. M. Hofer - J.Wassenberg Immuno-allergologie Service de pédiatrie - CHUV

Thérapeutique anti-vhc et travail maritime. O. Farret HIA Bégin

C a p a c i t é d e M é d e c i n e T r o p i c a l e

Les Arbres décisionnels

Vaccination contre la grippe saisonnière

Vaccinations des personnes immunodéprimées ou aspléniques

DÉFICITS IMMUNITAIRE COMMUN VARIABLE

Que faire devant un résultat positif, négatif ou indéterminé? Elisabeth Bouvet Atelier IGRA VIH JNI Tours 13 Juin 2012

Les nouveaux anticoagulants oraux, FA et AVC. Docteur Thalie TRAISSAC Hôpital Saint André CAPCV 15 février 2014

Formation d Auxiliaire ambulancier

CERTIFICATION MÉDICALE RAPPORT MÉDICAL POUR LE DROIT DE SÉJOUR

DASES Réseau tuberculose 10 janvier 2006

Le test de dépistage qui a été pratiqué à la

S. Kernéis, T. Ancelle, V. Naneix-Laroche, N. Amrane, JP. Leroy, T. Hanslik, O. Launay

Il est bien établi que le réseau d eau hospitalier peut

STAGE DE NATATION. Perfectionnement A GRAND-COURONNE. Comité Ile de France de Natation. (Bassin de 50m couvert) Du 6 au 10 juillet 2015

Marseille 25 octobre 2012 Accompagnement du traitement chez les co-infectés VHC-VIH en pratique

La migraine : une maladie qui se traite

Vivre en santé après le traitement pour un cancer pédiatrique

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 10 mai 2006

PRISE EN CHARGE DES PRE ECLAMPSIES. Jérôme KOUTSOULIS. IADE DAR CHU Kremlin-Bicêtre. 94 Gérard CORSIA. PH DAR CHU Pitié-Salpétrière.

Z I G U I N C H O R SITUATION ECONOMIQUE ET SOCIALE REGIONALE Service Régional de la Statistique et de la Démographie de Ziguinchor

Plan. Introduction. Les Nouveaux Anticoagulants Oraux et le sujet âgé. Audit de prescription au Centre Hospitalier Geriatrique du Mont d Or

Du 20 au 27 avril 2013 Semaine européenne de la vaccination

Rougeole, Oreillons Rubéole et Coqueluche

MARS rapport d analyse. étude de la situation nutritionnelle des enfants vus par Médecins du Monde à Mayotte

Céphalées vues aux Urgences. Dominique VALADE Centre d Urgence des Céphalées Hôpital Lariboisière PARIS

La Dysplasie Ventriculaire Droite Arythmogène

Bulletin d inscription Circuit de tournois 2015

EXEMPLE DE METHODOLOGIE POUR L ELABORATION D UN PROTOCOLE DOULEUR Marie AUBRY Infirmière référente douleur Hôpital TENON AP-HP Paris XX e SOMMAIRE

Contraception après 40 ans

Conduite à tenir devant une morsure de chien (213b) Professeur Jacques LEBEAU Novembre 2003 (Mise à jour mars 2005)

Mutuelle santé. Vous pourrez. toujours compter. sur votre mutuelle! Activance TNS

Etablissement Français du Sang

Le traitement du paludisme d importation de l enfant est une urgence

La politique vaccinale de la France

Évaluation de la pertinence d un nouveau vaccin antipneumococcique conjugué au Québec INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC

Transcription:

Nicolas Hogu Sébastien Pillet Année 2012-2013 CAS CLINIQUE N 1

Vous êtes médecin généraliste. Elodie et Sébastien, heureux parents d une petite fille, Lina, 7 mois, viennent vous consulter. Cette petite fille est en pleine forme, et était suivie par son pédiatre qui a réalisé toutes les vaccinations recommandées. 1. Décrivez quels vaccins ont été réalisés chez Lina, à quel âge? 2. Ils reviennent vous voir pour les 1 an de Lina, soulagés d avoir enfin trouvé une place en crèche. Quel(s) vaccin(s) allez vous recommander? Selon quelles modalités pratiques? 3. La maman est extrêmement rassurée car elle est terrorisée par les méningites, notamment le cas de cette petite fille dans une école de Nice. Que pensez-vous de l intérêt et de l efficacité des vaccinations anti-pneumococcique et anti-méningococcique que vous avez réalisés chez Lina? 4. La maman vous demande quel délai elle doit attendre entre chaque injection?

5. Elle aimerait savoir en combien de temps ces 3 vaccins vont être efficaces. Que lui répondez-vous? 6. Certains de ces vaccins sont vivants atténués, d autres inertes. Classez-les, et expliquez pourquoi cette différence est importante en pratique clinique. 7. Il existe un 2 ème vaccin pneumocoque, 23-valent. En quoi est-il différent du vaccin pneumocoque 13- valent? 8. Elle aimerait connaître les effets secondaires potentiels de chacun de ces 3 vaccins. Expliquez-lui.

1. Décrivez quels vaccins ont été réalisés chez Lina, à quel âge?

VACCINATION NOURRISSON> RÉPONSE 2 mois : Vaccin hexavalent (DTPCaHiHb) + Pneumocoque 3 mois : Vaccin pentavalent (DTPCaHi) 4 mois : Vaccin hexavalent (DTPCaHiHb) + Pneumocoque. BCG : demander les facteurs de risque? enfant dont au moins l un des parents est originaire d un pays de forte endémie; enfant devant séjourner au moins un mois d affilée dans l un de ces pays ; enfant ayant des antécédents familiaux de tuberculose enfant résidant en Île-de-France ou en Guyane ; enfant dans toute situation jugée par le médecin à risque d exposition au bacille tuberculeux, notamment enfant vivant dans des conditions de logement défavorables (habitat précaire ou surpeuplé) ou socioéconomiques défavorables ou précaires (en particulier parmi les bénéficiaires de la CMU, CMUc,,AME ) ou en contact régulier avec des adultes originaires d un pays de forte endémie

2. Ils reviennent vous voir pour les 1 an de Lina, soulagés d avoir enfin trouvé une place en crèche. Quel(s) vaccin(s) allez vous recommander? Selon quelles modalités pratiques?

RÉPONSE Liés à l âge : Primo-vaccination Rougeole-Oreillons-Rubéole + Méningocoque C. Rappel Pneumocoque ROR : La première dose est recommandée à l âge de 12 mois (9 mois si entrée en collectivité) et la seconde entre 13 et 24 mois. Méningocoque C : une seule dose de méningo C conjugué monovalent entre 12 et 24 mois. Pneumocoque : 3 ème et dernière injection.

MODALITÉS DE VACCINATION Acte médical à part entière qui engage la responsabilité du médecin Recherche de contre-indications temporaires ou définitives Nécessite des explications claires, en vue de recueillir un consentement éclairé Consignée sur le carnet de santé de l'enfant ou de l'adulte (établir un certificat à défaut) Cachet du médecin, date Marque du vaccin et numéro du lot de fabrication Surveillance du patient 30 min après l injection pour dépister une éventuelle anaphylaxie

VOIE D ADMINISTRATION Asepsie, éliminer l air, ne pas injecter en intra vasculaire Intradermique stricte: uniquement pour le BCG Sous-cutanée profonde (SC) au niveau du deltoïde: vaccins vivants atténués, troubles de la coagulation Intramusculaire (IM) dans le deltoïde après 2 ans ou face antérolatérale de la cuisse avant 2 ans. La fesse n'est pas recommandée +++

CONTRE-INDICATIONS VACCINALES (CF. AMM) CI définitive CI temporaire Pas de CI Allergie à un des constituants du vaccin Vaccins vivants atténués: - immunodéprimé - grossesse Infection aiguë sévère Crise d allergie BCG: prématuré < 3 kg, dermatose étendue Coqueluche: encéphalopathie évolutive, ATCD de réaction grave au vaccin Infection aiguë bénigne non fébrile, allaitement, asthme, eczéma, vaccins inertes chez l immunodéprimé

3. La maman est extrêmement rassurée car elle est terrorisée par les méningites, notamment le cas de cette petite fille dans une école de Nice. Que pensez-vous de l intérêt et de l efficacité des vaccinations antipneumococcique et anti-méningococcique que vous avez réalisé chez Lina?

PNEUMOCOQUE RÉPONSE Diminution de l incidence des infections invasives à pneumocoque chez l enfant (réduction de > 90% pour bactériémies et méningites, 30-70% pour pneumonies) Réduction de la prévalence de la résistance aux antibiotiques Réduction de la transmission par diminution du portage naso-pharyngé

MÉNINGOCOQUE C Incidence méningites à méningocoque = 1 à 5 cas /100000 habitants dans les pays industrialisés. En France, en 2009, 536 cas recensés : 70 % sérotype B 22 % sérotype C 4 % sérotype Y 4% sérotype W135

4. La maman vous demande quel délai elle doit attendre entre chaque injection?

RÉPONSE On peut vacciner le même jour contre pneumocoque, ROR et méningocoque mais en des sites d injection différents Seule contre-indication à l administration simultanée: 2 vaccins viraux atténués (pas le BCG),car risque théorique de diminution de la réponse immune(ex: ROR et fièvre jaune). Intervalle minimum de 4 semaines.

5. Elle aimerait savoir en combien de temps ces 3 vaccins vont être efficaces. Que lui répondez-vous?

RÉPONSE Rappel vaccin pneumocoque 13-valent: réponse secondaire donc quelques jours Primo-vaccination ROR et méningocoque: réponse primaire en 10-15 jours

6. Certains de ces vaccins sont vivants atténués, d autres inertes. Classez-les, et expliquez pourquoi cette différence est importante en pratique clinique.

RÉPONSE Vivant atténué ROR Inerte Pneumocoque, méningocoque Réponse immunitaire très proche de l infection naturelle: durable, cellulaire + humorale Immunité essentiellement humorale 1 ou 2 injections suffisent Nécessité de rappels Contre-indiqués chez les immunodéprimés Autorisés chez l immunodéprimé

7. Il existe un 2 ème vaccin pneumocoque, 23-valent. En quoi estil différent du vaccin pneumocoque 13-valent?

RÉPONSE 13-valent Polyosidique conjugué (à une protéine diphtérique) 23-valent 89 sérotypes capsulaires identifiés Polyosidique non conjugué Réponse thymo-dépendante chez > 2 mois Stimulation des T helpers qui activent les B pour une production d Ac Réponse secondaire lors des rappels car mémoire immunitaire Indiqué chez tous les enfants Efficacité > 90% pour les sérotypes vaccinaux Réduit le portage Réponse thymo-indépendante chez > 2 ans Réponse primaire: production d anticorps (activation des lymphocytes B sans coopération avec les T helpers) Pas de mémoire immunitaire, donc pas de réponse secondaire Adultes à risque 50 à 70% Pas d effet sur le portage

8. Elle aimerait connaître les effets secondaires potentiels de chacun de ces 3 vaccins. Expliquez-lui.

RÉPONSE Comme tous les médicaments, les vaccins sont susceptibles d induire des réactions ou effets indésirables Réactions les plus communes et bénignes : - Locales : douleur, rougeur, œdème au point d injection - Générales : fièvre, éruption, céphalées, vomissements Délai de survenue après l injection le plus souvent prévisible : - Inflammation locale et fièvre précoces avec les vaccins inertes : 24 à 48 h après l injection - Eruption et fièvre plus tardives avec les vaccins vivants atténués (entre 5 et 10 j après l injection, fonction de la durée d incubation de la maladie). Effets fréquents et bénins : avertir et proposer des mesures de prévention (ex: antipyrétiques si fièvre, pendant 24 à 36 h après un vaccin DTCoqPolio-Hib ou entre J5 et J10 après un vaccin rougeole)

Plus rarement, effets secondaires plus sévères : convulsions fébriles, BCG-ite avec le vaccin tuberculeux Réactions de type allergique possibles (œdème de Quincke, choc anaphylactique ). Le plus souvent liés à certains constituants des vaccins (produits adjuvants, conservateurs, antibiotiques). Effets secondaires pour chaque vaccin répertoriés dans le Vidal. Effets parfois inconnus dont la relation avec la vaccination peut-être suspectée. Rapporter systématiquement aux centres de pharmacovigilance.

RÉFÉRENCES Calendrier vaccinal édité dans le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (10 avril 2012), BEH le point sur l hépatite B (10 juillet 2012),BEH Tuberculose en France (12 juin 2012) Guide des vaccinations 2012 édité par l INPES En ligne : http://www.sante.gouv.fr En ligne : http://www.inpes.sante.fr BEH N 14-15 / 10 avril 2012 BEH n 24-25/ 12 juin 2012 BEH n 29-30 /10 juillet 2012