1 sur 5 12/12/2013 17:54 Le rapport qui peut relancer le canal Seine-Nord : «Je propose l ouverture en 2022» (VIDEO) PUBLIÉ LE 11/12/2013 Par HERVE FAVRE et LAURENT DECOTTE Trop cher, mal pensé, financièrement mal monté. Le ministre des Transports Frédéric Cuvillier a émis peu après son arrivée au gouvernement en mai 2012 de lourdes réserves sur le projet du canal Seine-Nord tel qu il avait été dessiné. Il a confié au maire de Maubeuge, Rémi Pauvros, la mission de redessiner un projet moins coûteux. Un rapport remis en mars par l inspection générale des finances et le Conseil général de l environnement est allé dans ce même sens. Mais se défendant de vouloir enterrer le projet, le ministre originaire de notre région, qui espère beaucoup de ce grand chantier, a confié en avril à Rémi Pauvros la mission de redessiner un projet viable car moins coûteux. Ce matin, le député-maire de Maubeuge remet son rapport au ministre. Mais il a accepté de nous en donner les grandes lignes en avant-première. Il propose de conserver un canal à grand gabarit, de 106 km de long, sur le même tracé à l exception d une dizaine de kilomètres où il propose de réutiliser le canal du Nord. L une des sept écluses serait supprimée, la plus haute diminuée de moitié. Et du côté des plateformes multimodales, Marquion s imposerait de suite, l une des trois de Picardie aussi. M. Pauvros est plus
2 sur 5 12/12/2013 17:54 sceptique sur la nécessité immédiate des deux autres. Mais surtout, côté financement, abandon du partenariat public-privé, coût global ramené de «5,9 à 7milliards», à «4,4 à 4,7milliards d euros». Hausse de la participation de l Europe de 6 à 40 % et baisse de celle de l État de 4 à un milliard. Quelque 50000 emplois à terme à la clé et une ouverture du tronçon en 2022. Reste à savoir ce qu en pensera l exécutif. Le ministre devrait s exprimer aujourd hui. Soit il dit banco, on fait ce projet. Soit, ce qui est beaucoup plus probable, il prend acte des propositions de Rémi Pauvros et s accorde, à lui et surtout au président et au Premier ministre qui trancheront, un délai de réflexion. En attendant, Rémi Pauvros a accepté de répondre à nos questions : Quand prévoyez-vous l ouverture du canal? «Je propose l ouverture en 2022 du tronçon central de 106 km de Douai à Compiègne, aux normes européennes Vb, pour des bateaux de 185 m capables de transporter 4400tonnes. Les travaux du canal central pourraient commencer en 2016. Ensuite, viendraient les derniers aménagements annexes au sud et au nord, sur l Escaut, la Deûle, la Lys, pour faire en sorte que les bateaux puissent passer partout. C est l utilisation qui rendra nécessaire tel ou tel aménagement. Ce temps permettra à la batellerie artisanale française d adapter sa flotte. Cette programmation claire permet de répondre à l Europe. Dans la déclaration de Tallin signée par les ministres des Transports et le commissaire européen Siim Kallas, le canal est déclaré éligible à un financement européen de 40 % au titre des grands projets d interconnexions inscrits dans la programmation budgétaire 2014-2020. Si on ne répond à l Europe dans cette période, l argent ira sur l aménagement du Danube et notre tour ne sera pas près de revenir!» Après sept mois d auditions et de rencontres sur le terrain, êtes-vous convaincu de l utilité du canal Seine-Nord? «J ai accepté cette mission fin avril en ayant pour objectif de créer les meilleures conditions possibles pour permettre la réalisation du canal et non pas pour l enterrer! La déclaration d utilité publique sur le tracé est le point d appui du projet. J avais dit dès le départ que je ne toucherais pas au
3 sur 5 12/12/2013 17:54 tracé prévu pour ne pas rouvrir un débat qui aurait renvoyé le projet à des années-lumière! Ce projet n a d intérêt que s il est économiquement justifié, ce que je me suis employé à vérifier. Cela passait d abord par le positionnement des ports. Ma première visite a été pour le Havre et Rouen, pour intégrer leurs préoccupations. J ai fait le même travail avec Dunkerque qui était d accord politiquement mais inquiet économiquement. Dunkerque est désormais prêt à relever le défi avec comme base arrière le port de Lille.» Vous avez convaincu les ports français que leur trafic ne partira pas encore plus vers Anvers ou Rotterdam. Et les chargeurs? «L intérêt économique est évident : pour les céréaliers, premiers partenaires concernés ; pour le bâtiment, deuxième client potentiel, pour la grande distribution en troisième et les activités de récupération, secteur en développement extraordinaire. Qu espérer économiquement d un tel projet? «Je crois que le canal Seine-Nord est un des éléments majeurs, possibles, de l alimentation de la relance. Un point de croissance en 2014, 1,5 en 2015, 2 points en 2016. Si c est le cas, il faut qu on ait à mettre quelque chose sous la pédale. Si on n a rien, on n a pas de chantier Sachant qu il faut trois à quatre ans pour les mettre en route. Le canal, c est le rendez-vous de la croissance retrouvée.» N est-ce pas aller à l encontre de la route et du ferroviaire? «Mon projet s inscrit dans la recherche sur la complémentarité ferroviaire-route-fluvial. La culture du fluvial a été un peu abandonnée en France. On est 4 % contre 20 % en Belgique. On a de la marge. Mais il faut une adaptation de la route en parallèle, ce n est pas de l antiroutier, ni de l antiferroviaire. Je rappelle que l argent prévu pour Seine-Nord est fléché vers le fluvial. Il ne pourrait aller au ferroviaire s il n allait pas à Seine-Nord. Il irait au Danube.» Où en sont vos relations avec Bouygues et Vinci, écartés, qui peuvent être déçus par la fin du PPP pour lequel ils concouraient? «Bonnes. On ne peut se passer de leur technicité. Avec une condition, faire travailler les entreprises locales. Et ce sur un montage plus simple, une maîtrise d ouvrage, avec conception, réalisation par tronçon. En tout cas, je suis d accord avec leurs chiffres de 10000 à 13000 emplois directs et indirects par an durant les six à sept années de chantier et, à terme, d ici à 2050, 50000 emplois envisageables. Et si on est dans une dynamique, que le projet est lisible, je n ai aucune crainte. J ai déjà une entreprise locale à côté de la Sambre qui demande du terrain pour créer une société de récupération.» Avez-vous confiance dans un prochain feu vert de l État? «Je fais un rapport pour l exécutif : la décision lui appartient. Ce que je sais, c est qu on ne peut pas aller beaucoup plus loin dans les propositions de réaménagement du projet. Mais j ai vraiment été impressionné par l attente suscitée, pas seulement dans notre région.» Le financement du projet est-il bouclé? «L Europe financerait à hauteur de 40 %, soit 2 milliards, les collectivités territoriales sont prêtes à participer à hauteur d un milliard d euros ; restent un milliard à la charge de l État et 500 millions d emprunts. La Banque européenne d investissement et la Caisse des dépôts sont prêtes à accompagner le projet avec des prêts à long terme. Cela justifie l abandon du partenariat pu-
4 sur 5 12/12/2013 17:54 blic-privé (PPP) qui aurait coûté 2 milliards en frais financiers. Sur les 7 milliards de l ancien projet, 4 étaient à la charge de l État. Dans ma proposition, on passe de 4 à 1! Le coût global ramené à 4,5 milliards couvre le tronçon central et les aménagements connexes. Nous proposons aussi que les contrats de plan État-Région intègrent les projets liés au canal comme c est déjà le cas pour l aménagement de l Escaut de Condé à Pommerœul. Pour les recettes du futur canal, je fais des propositions. Si on veut mettre le fret fluvial à niveau en France, il ne faut pas l assommer par un péage qui le mettrait en difficulté par rapport à la concurrence. Il faudra s inspirer de ce qui se fait ailleurs.» Quels aménagements techniques proposez-vous pour réaliser des économies? «Je rappelle que la principale économie est réalisée grâce à l abandon du partenariat public-privé (PPP) (lire ci-contre). Mais sans faire un canal au rabais, quelques économies sont possibles tout en gardant comme base la déclaration d utilité publique (DUP). Nous allons supprimer une des sept écluses et réduire de moitié la hauteur de l écluse la plus haute. Différer certains équipements spécifiques comme l approvisionnement en eau de la région autour de Lille. Enfin réutiliser une dizaine de kilomètres du canal du Nord.» Faudra-t-il l agrandir sur cette partie? «Ce n est pas une question de largeur, mais de tirant d eau. Et puis on va jouer sur l étanchéité du canal, à savoir qu il ne s agit pas de construire une baignoire. Il y a des économies à faire sur les matériaux utilisés sans, évidemment, impacter sur la sécurité ni les contraintes environnementales que je veux très fortes.» Qui prend en charge les plateformes multimodales, tant attendues à l échelle locale? «Pourquoi avoir imaginé une structure nationale qui les porte, comme dans le dernier projet? Elles sont de compétence et d initiative régionales, ce qui ne veut pas dire que les Régions vont les financer, il peut y avoir des apports privés comme à Dourges. Mais les régions doivent prendre la main.» Êtes-vous favorables à ce qu il y en ait quatre, trois en Picardie et une à Marquion? «C est le projet initial. Dans notre démarche de progressivité, nous estimons qu il faudra les réaliser au regard de l évolution des marchés. Qu il y ait un endroit pour les céréaliers en Picardie, c est évident. Trois, je ne pense pas. Même si ce n est pas à nous de décider. Dans notre région, Marquion s impose. Mais dans la reconfiguration, on propose d en faire au départ la moitié, côté base aérienne. En face, côté ouest, on garde la réserve foncière, mais on développe plus tard. Ce qui va permettre de faire des économies. En tout cas, pour que ça réussisse et j y crois, il faut que les investisseurs économiques aient des dates.» Vingt ans de remous 1993. Lancement des premières études du canal Seine-Nord. 1996. Voies navigables de France propose un tracé de 115km pour un coût estimé à 15milliards de francs (2,29 milliards d euros). Un an plus tard, un audit remet en cause la rentabilité du projet. 2003. L idée du canal Seine-Nord est retenue par le Comité interministériel d aménagement du territoire (CIADT). 2008. Le projet est à l arrêt, mais le Grenelle de l environnement le «booste» pour de bon. Avril 2011. Nicolas Sarkozy pose la première pierre à Nesle. Août 2012. Bouygues, qui concourt avec Vinci à la réalisation du canal, annonce que le dialogue compétitif est suspendu.
5 sur 5 12/12/2013 17:54 Mars 2013. Rapport accablant de l Inspection générale des finances et du Conseil général de l environnement sur le projet en l état. 17 avril 2013. Le ministre Frédéric Cuvillier confie à Rémi Pauvros une mission de reconfiguration du canal. Ce qui n est plus à faire Le projet d un canal Seine-Nord a quarante ans dont vingt-cinq d engagement sérieux. L idée de relier l Escaut à la Seine date, elle, de 1814 et émane du maire d Anvers, Lazare Carnot. Pour autant, assez peu a été fait pour le moment. Le conseiller de Rémi Pauvros parle de 200 millions d euros d études déjà réalisées (soit une bonne partie, sachant que l Europe s est dite prête à financer les études jusqu à 50 % du montant). Quelque 42 ponts ont déjà été relevés sur le canal de l Escaut entre Cambrai et Tournai via Valenciennes et sur l autre bras entre Cambrai et Dunkerque mais à une hauteur de 5,25m, ce qui ne permet pas de faire passer des péniches avec quatre conteneurs, même si relever à 7 m est possible. L A29 en Haute Somme a été abaissée pour permettre la construction d un pont-canal. Et des réserves foncières ont été garanties le long du tracé. Quelque 700 à 800 ha rien que dans le Pas-de-Calais (20000 euros l hectare). Enfin, des fouilles archéologiques ont aussi été déjà effectuées. L. D. A LIRE SUR LAVOIXDUNORD.FR Canal Seine-Nord : extraits d'un rapport assassin qui a conduit à la «reconfiguration» (RAPPORT INTÉGRAL) Alain Gest, président de VNF, et Seine-Nord : «Un rapport totalement à charge qui n'honore pas ceux qui l'ont écrit» Un Calaisien accusé de viols sur sa compagne : «Oui, je la forçais» Une fillette de 12 ans violée dans une salle de sport à Arras Trith-Saint-Léger : les bus seront escortés par des policiers jusqu à nouvel ordre AILLEURS SUR LE WEB Samsung - L'art de décorer : Comment décorer votre table et surprendre vos invités? Red Bull - ON AIR Red Bull BC One World Final Seoul 2013 Samsung - Quand l esprit vintage s invite dans votre salle à manger Vanity Fair - Ce que Mandela pensait des (autres) grands de ce monde GQ - Loeb à Ogier : "Si tu viens chez Citroën, ce sera la merde" Recommandé par Cette page a été interceptée car elle appartient à un site interdit (message publicitaire) Pour toute réclamation, veuillez contacter votre cellule informatique