Programme commun pour une Agriculture durable Contributions des Fédérations de Petits Agriculteurs de la Communauté des Pays de Langue Portugaise (CPLP) (Angola, Brésil, Cap-Vert, Guinée-Bissau, le Mozambique, le Portugal, Sao Tomé et Principe) DOCUMENT DE POSITION Pourquoi nous participons à la Rio +20? Quarante ans après la Conférence de Stockholm et vingt ans après la Conférence de la Terre (Eco 92) les pays du monde entier se réunissent à nouveau au Brésil à la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (Rio +20). Jusqu'à présent, nous avons constaté que les problèmes mondiaux de la faim et de la pauvreté se sont aggravés, l'écart entre les riches et les pauvres est de plus en plus grands, les problèmes environnementaux ont augmenté et une minorité s'approprie chaque fois plus des ressources naturelles. Ce scénario montre que le paradigme actuel du développement de la nature néolibérale subjugué à la logique du libre-échange place les aspirations, les besoins et le niveau de vie de la majorité de ceux qui produisent, distribuent et consomment les aliments - en particulier les agriculteurs familiaux et les petits producteurs hors le centre de la politique. Les politiques agricoles actuelles, alimentaires, du commerce et de l'environnement sont mutuellement exclusives et ne favorisent que les profits des grandes entreprises. L'impact de l'exclusion et la marginalisation des petits producteurs est également évident dans les pays de la CPLP - Communauté des Pays de Langue Portugaise, qui comprennent l'angola, le Brésil, le Cap-Vert, Guinée-Bissau, Sao Tomé et Principe, le Mozambique, le Portugal et le Timor-Leste. Avec une population totale d'environ 250 millions d'habitants, la CPLP a 28 millions de personnes confrontées avec l'insécurité alimentaire e nutritionnelle et en situation de faim. Dans les pays de la CPLP les agricultures familiales et les petits agriculteurs sont en grande partie responsables de la production alimentaire, mais aussi les plus 1
marginalisés et souffrent de faim et d insécurité alimentaire et nutritionnelle. En termes de population vivant dans l'insécurité alimentaire, les pays les plus touchés sont l'angola (44%), le Mozambique (37%), la Guinée-Bissau (31%), Timor-Leste (23%) et le Cap-Vert (14%). L agriculture familiale et les petits producteurs détiennent la majorité des exploitations agricoles (98% au Mozambique, 100% à Sao Tomé et 89% à Principe, le Cap-Vert, 88% en Guinée-Bissau, 76% au Portugal, 84% au Brésil). Cependant, la terre est concentrée dans les mains des grands producteurs, en laissant pour la petite agriculture une petite taille (8% au Mozambique, 6% au Cap-Vert, 16% en Guinée-Bissau, 11% en Portugal et 24% au Brésil). La concurrence inégale dans le cadre de la libéralisation du commerce des produits agricoles et le manque de priorité des politiques nationales accordée à l'agriculture familiale a conduit à la marginalisation de la petite agriculture. Dans la plupart de ces pays, des millions de petits producteurs sont sous-équipés et sans accès aux ressources naturelles, productifs et aux services publics qui deveraient être dans une position de leur donner une vie digne. L'exode rural s'accentue et l indépendance absolue sur les importations de produits alimentaires dans la plupart des pays met en cause à leur souveraineté alimentaire. Le modèle de développement actuel a échoué et nous avons besoin de changer de trajectoire! Il faut une inversion dans les politiques globales, régionales et nationales vers un paradigme de développement durable du point de vue social et environnemental. Les inégalités en ce qui concerne la répartition des droits vont s'aggraver si nous ne prenons pas des mesures effectives. La lutte contre la pauvreté et la faim dans un cadre de développement durable est aujourd'hui plus complexe en raison de plusieurs facteurs: i) la crise financière et économique croissante, ii) l augmentation de la volatilité des prix des aliments, ii) les impacts du changement climatique; iv) les nouvelles tendances démographiques et l'urbanisation accélerée, v) les croissantes et conséquentes préoccupations avec la durabilité des ressources naturelles; vi) la question de l'énergie, parmi d autres. Ces facteurs, conjointement, augmentent la crise du modèle de développement, avec un impact particulier sur les systèmes agroalimentaires. Au niveau régional, la Stratégie Régionale pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle de la CPLP agréé en 2011 donne la preuve d'être en mesure de contribuer à ce changement de direction, en particulier pour deux raisons principales: 1) place l'accent sur les petits producteurs pour augmenter la production interne des aliments d une manière durable, 2) met l'accent sur le renforcement de la gouvernance de la sécurité alimentaire et nutritionnelle du point de vue du droit humain à l'alimentation avec une participation sociale effective. 2
Au niveau global il est nécessaire que les gouvernements s'engagent à adopter des mesures claires et efficaces pour inverser cette situation et c'est cela que nous prétendons de la Rio +20. Le faux argument du déficit alimentaire mondial sera une fois de plus utilisé, et fortement, auprès de la conférence officielle de la Rio +20 à travers les lobbys des multinationales de l'agro-industrie pour soutenir l'engagement dans la voie de l'agroindustrialisation de la production. D'autre part, il est nécessaire retirer de cette conférence des leçons de la crise financière de 2007/2008, y compris les dangers de la financiarisation du système alimentaire mondial - en particulier les dits marchés du future - et en relation aux dangers de s aliéner de la sphère publique la gestion des ressources naturelles par le biais de sa commercialisation et conséquente privatisation. Ce que nous dénonçons dans le Rio +20? Dans le contexte de la Rio +20, nous manifestons une position ferme contre la façon dont le modèle est proposé pour "l'économie verte" et nous appelons l'attention sur les dangers possibles: La présumée préservation de l'environnement fondée sur la logique du profit ne va pas résoudre les problèmes de pauvreté ni nous fera atteindre la durabilité des ressources et de l'environnement. Le capitalisme vert sous-jacent cette proposition donnera lieu à la privatisation des ressources naturelles et à la conséquente marchandisation et financiarisation, préservant et reproduisant des erreurs du paradigme actuel de développement, en ce moment avec une nouvelle image; Au lieu de développement durable, nous verrons une "écologisation du modèle" qui continuera ambitieuse de profits et qui va accentuer la spirale de l'exclusion et la pauvreté dans lequel nous vivons, en particulier pour les pays les plus pauvres; Une «économie verte» comme proposé, ne servira qu'à légitimer les politiques actuelles d'exclusion et pour continuer à favoriser les grandes sociétés dans le secteur agricole, alimentaire et de l'énergie; 3
Ce que nous demandons de Rio +20? Face à la faillite totale de l'actuel paradigme de développement qui promeuve l'exclusion de l agriculture familiale et des petits producteurs et qui aggrave la pauvreté et l'insécurité alimentaire, nous demandons une rupture évidente avec le modèle actuel de développement, notamment: La nécessité des politiques agricoles, commerciales et de l'environnement qui favorise les petits producteurs en reconnaissant son importance en termes de développement économique, social et environnemental; La nécessité de protéger et de régler l'utilisation et la gestion du sol, territoires, eau, graines, animaux et biodiversité, assurant l'accès et la gestion d'une manière juste et équitable pour les communautés locales, en particulier les petits producteurs; La nécessité d'assurer l'accès aux marchés par les petits producteurs, privilégiant les circuits courts et directs de commercialisation; La nécessité d assurer la production des produits alimentaires basiques et locaux, en détriment des cultures destinée à l exportation; La nécessité d'augmenter les investissements publics dans l'agriculture familiale et d'adopter des mesures de discrimination positive visant à protéger et renforcer les petits producteurs; La nécessité d un réglage public effective de la production et du commerce des aliments; La nécessité de reconnaître explicitement le modèle de production agro-écologique comme une garantie du pilier social et environnemental du développement durable; La nécessité d écarter la brevetabilité des êtres vivants et l'utilisation d'organismes génétiquement modifiés, aussi bien que l'utilisation de cultures dédiées à la production de biocarburants qui met en question la souveraineté de la sécurité alimentaire; La nécessité de reconnaître le droit des peuples à décider et gérer leurs propres systèmes agricoles, alimentaires et environnementales, afin de protéger leurs produits et producteurs, sur la base des principes de la souveraineté alimentaire et du droit humain à l'alimentation; La nécessité de renforcer la gouvernance mondiale pour le développement durable et la lutte contre la faim, tout en reconnaissant les petits producteurs à titre d interlocuteurs légitimes et essentielles pour la définition des politiques; MESSAGE Nous appelons l'attention sur la nécessité de renforcer l'alliance globale des petits producteurs et travailleurs ruraux et nous exigeons aux Nations Unies leur reconnaissance comme interlocuteur légitime et essentiel de la discussion politique. 4
En avançant avec la plateforme des petits agriculteurs de la CPLP Pour maintenir la discussion vivante et continuer à se battre pour les positions communs en question et autres, nous avons décidé d avancer avec la «Plateforme des paysans de la CPLP" avec les objectifs suivants: Créer un espace d articulation entre les organisations représentatives de l agriculture familiale et les petits agriculteurs de la CPLP avec l objectif d'approfondir les synergies, l'échange d'expériences et d'information, et faciliter la recherche de convergences au niveau de la CPLP et global, pour influencer l'agenda politique. - Exiger que cette plateforme soit reconnue comme interlocuteur légitime et essentiel pour le dialogue politique au Conseil de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle de la CPLP et dans le processus de mise en œuvre de la Stratégie pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle de la CPLP; - Travailler pour le renforcement de l'alliance global des petits agriculteurs et des travailleurs ruraux; - Définir une stratégie et des propositions d action commune avec l objectif de renforcer la participation des membres de cette plateforme dans les réseaux nationaux de sécurité et souveraineté alimentaire et dans la REDSAN-CPLP (Réseau Régional de la Société Civile pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle de la CPLP); Renforcer les capacités institutionnelles et organisationnelles des organisations paysannes membres de la Plateforme. - Exécuter des actions de renforcement du pouvoir technique et des capacités d'autogestion au prés des organisations membres de la plateforme; - Travailler en direction du renfort des mécanismes de captage et transfert direct de ressources structurantes pour les organisations membres de la Plateforme, fournissant des capacités croissantes de gestion et intervention; Travailler ensemble vers 2014 - Année internationale de L'agriculture Familiale, y compris les plateformes et les mouvements de paysans et travailleurs ruraux d'autres pays et régions afin de développer un agenda commun. Plus précisément, et en vue de la consécration de 2014 - Année internationale de L'agriculture Familiale, nous proposons lutter et travailler ensemble pour: - Atteindre une définition et la reconnaissance des petits agriculteurs dans le but de l interlocution et dialogue politique et de définition de l'objet des politiques publiques 5
qui ont un impact sur l'agriculture et la sécurité et la souveraineté alimentaire; - Exiger que 80% des ressources publics (nationaux, régionaux, mondiaux) investis dans l'agriculture soient directement focalisés vers le soutien des petits producteurs et les exploitations familiales; - Exiger des politiques, programmes et stratégies de promotion visant l'agro-écologie et une orientation stratégique axée sur les exploitations agricoles familiales et les petites exploitations, ainsi que la régulation effective de I émergent «paquet technologique» associé à la troisième révolution verte; - Lutter pour la consécration de l'agro biodiversité et des savoirs traditionnels ainsi de l'intérêt public universel et exiger une régulation efficace de l'accès et la gestion durable des sols, de l'eau et d'autres ressources naturelles; - Exiger l'accès aux marchés locaux par les petits producteurs à travers d une régulation publique, y compris l'adoption de mesures de protection douanière et de discrimination positive pour promouvoir la production, la transformation et la commercialisation des produits de l'agriculture familiale. Pour cet effet se constitue une Commission qui va définir la structure organisationnelle et fonctionnelle de la Plateforme des Paysans de la CPLP, comprenant: UNACA - Union Nationale des Associations de Producteurs et de Coopératives Agricolle et d élevage (Angola) Association des Petits Agriculteurs (Cap-Vert) Fédération des Paysan KAFO (Guinée-Bissau) UNAC - Union Nationale des Paysans (Mozambique) FENAPA - Fédération Nationale des Associations de Petits Agriculteurs (Sao Tomé et Principe) CNA - Confédération Nationale de l'agriculture (Portugal) CONTAG - Confédération Nationale des Travailleurs Agricoles (Brésil) Les propositions pour le Plan de Travail La Plateforme avancera avec un Plan de Travail qui comprendra les suivantes actions indicatives: A - Actions de lobby et de plaidoyer - La mise en œuvre de campagnes nationales, régionales et globaules subordonnées aux thèmes et préoccupations identifiées dans ce document de position; - Participation dans les différents espaces institutionnels de dialogue politique pour l agriculture et la sécurité alimentaire et nutritionnelle, en particulier dans le conseils 6
nationaux \ municipaux de la CPLP (CONSAN-CPLP), et au conseil mondial pour la sécurité alimentaire (CFS); B - Analyse et surveillance des politiques régionales et mondiales - Réalisation d'actions d analyse des politiques ayant impact sur l'agriculture familiale et la souveraineté alimentaire du point de vue du droit humain à l'alimentation (Stratégie de Sécurité Alimentaire de la CPLP; Traités de libre-échange, etc.); C l Échange d'informations et expériences en particulier sur les modes de production agro-écologiques et stratégies pour l'accès aux marchés - Systématisation et rachat des savoirs traditionnels; Identification et systématisation des expériences de marchés locaux pour les petits producteurs; - Dissémination des technologies sociales et environnementales de production et transformation, simple et à bas coûts pour l agriculture familiale FENAPA AGRICULTORES CABO VERDE Avec le soutien de : 7