LES «JEUNES» LEUR APPORT DANS LA DEMOCRATIE LOCALE AU TRAVERS D UNE MUNICIPALITE ET LES ENJEUX EDUCATIFS QUI EN DECOULENT. Gérard SERVANT, Personnel de Direction, Académie d Aix-Marseille, Docteur en Sciences de l Education. Le 02/03/2009. Notre métier consiste à former, éduquer les «jeunes» et un certain nombre de remarques entendues ça et là me conduisent à essayer d apporter des éléments de réponses à diverses interrogations qui me semblent parfaitement légitimes lorsque nous abordons cette thématique. En effet, les remarques générales entendues sur les «jeunes» au niveau de certaines couches sociales, générationnelles doivent nous inciter à réfléchir à ce qu ils peuvent ou pourraient apporter dans la vie de la cité. Nous ramènerons donc cette interrogation sous la forme première ci-dessous : Doit-on et peut-on les considérer comme un «point fort» ou comme un «point faible» dans une municipalité, c'est-à-dire dans une instance représentative de la vie démocratique? Une question qui suscite des interrogations ou des visions de notre part sur les jeunes par rapport à notre parcours de vie, par rapport à ce que nous sommes ou ce que nous représentons. Dans tous les cas, quelque soit notre niveau d instruction, notre âge, notre engagement cela nécessite dans un cadre défini de responsabilisation et dans une perspective citoyenne, l exercice d une expression réfléchie. Cela nous renvoie à une traduction de la vie en société, à une éducation dans cette même société et, à la gestion ou au rôle d une municipalité dans ce qu elle doit être ou devrait être, en dehors de toute considération politicienne. Si nous écartons cela, il n en demeure pas moins vrai que nous devons considérer la traduction «politique» dans la noblesse de sa visée, au sens ou l on fait choix parmi un ensemble de pratiques et où l on s intéresse au domaine public. En clair, tout le monde fait de la politique à partir du moment où vous vous intéressez à la vie de la collectivité, où vous exprimez vos choix choix de vie choix de travail choix de loisirs choix de vacances et de lieux de vacances où que vous participez à une aide associative, caritative Gérard SERVANT Page 1 sur 5 16/09/2009
Lorsqu on parle de «jeunes», de quoi ou de qui parle-t-on et que met-on nous derrière ce terme? A partir de la définition du dictionnaire du Petit Larousse, nous pouvons retenir qu un «jeune» c est «quelqu un qui n est pas avancé en âge» et qu «être jeune, c est quelqu un qui a encore de la vigueur et le charme de la jeunesse». Nous sommes confrontés d une certaine façon au problème de la «limite». Etre jeune ou ne plus l être, mais à partir de quel moment et en fonction de quels éléments? En effet, dès notre naissance nous commençons à vieillir entre temps, il y a toute une phase de construction de soi, qui nous permettra ou non, d être dans la réalisation de vie, de la bâtir, de la construire mais aussi d entreprendre d agir et cela nous renvoie à ce problème de limite qui existerait entre «jeunes» et «moins jeunes». En tout état de cause, se posent le problème même de la transmission de la vie en général et ses conséquences être enfant.être adolescent être parent être grands parents Mais aussi, et ce n est pas le moins intéressant, tout ce qui tourne autour de l héritage, des valeurs, des traditions, des cultures Nous abordons, dès lors, le problème particulier qui est celui de l éducation en général et de la responsabilité partagée par toutes les personnes, à tous les niveaux ; il faut arrêter de penser, de fait, que l Education et/ou ses problèmes ne concerneraient que l Ecole comme, trop souvent, nous avons tendance à l entendre ou à le considérer! Surgit, également, la question de l écart social, de l existence des classes sociales, de l écart d âge des origines culturelles diverses, et par là même, celui de l «intégration», réussie ou pas. Cette notion d «intégration» peut se poser en termes multiples (religion, culture, tradition, éducation, instruction ) et, nous pouvons également la croiser avec ders modèles différents de société (laïque, chrétienne ). Les différents aspects que nous venons d évoquer demandent de poser et de développer : - Des analyses, des échanges, de véritables dialogues ou chacun écoute la réponse de l autre avant de commencer à parler, et ne pas terminer la phrase de l autre comme on voudrait qu elle se termine pour soi. - Des discussions ciblées. - Des arguments. - Des choix. Gérard SERVANT Page 2 sur 5 16/09/2009
C est sur ce dernier point, celui des choix, que nous retrouvons le terrain municipal, le terrain des élections, des représentants politiques du financement, de l argent plus ou moins bien dépensé des décisions arrêtées en matière d équipement, donc de la gestion des finances publiques. En tout état de cause, les «jeunes» existent, alors constituent-ils des «points faibles» ou des «points forts»? Nous pouvons regrouper, dans une première approche, autour d une image négative les griefs les plus répandus (tags, dégradations, nonchalance, regroupement en bandes, nuisances sonores ). Une vision qui consisterait à souligner une incompréhension qui concrétiserait une rupture générationnelle ; en quelque sorte, un échec relatif dans notre rôle d éducation, de transmission des valeurs, en tant que citoyens, parents, responsables associatifs, culturels pour toutes sortes de raison que nous ne maîtrisons pas toujours comme nous le voudrions. Mais cette approche des «points faibles» ne doit en aucune manière nous inciter à ne pas prendre en compte l aspect le plus riche et le plus motivant car il nous inscrit dans une dynamique d évolution et de progrès. «Tout jeune est un adulte en devenir» a-t-on coutume de dire, aussi vont se poser plusieurs approches telles que : - La transmission des savoirs (à l école, dans les champs pour les agriculteurs, dans les entreprises, chez les artisans, les commerçants.bref dans tout ce qui constitue l emploi). - La concrétisation d une éducation, de sa mise en place et que le «jeune» développera à son tour. - L éducation (au sens de l instruction qui constitue un véritable enjeu pour assurer notre relève) (au sens où le «jeune» aura un sentiment de réussite ou d échec). - Des apports positifs dans de multiples domaines, tels que la force physique, l endurance, l enthousiasme, l envie, le désir même si cela n est pas que de l apanage des jeunes donc des apports à mettre en parallèle avec l expérience de la vie, des êtres et des choses pour créer (recréer/constituer/reconstituer.le lien générationnel. - La responsabilisation et la prise de décisions qui nous ramènent à nouveau à l éducation et à la citoyenneté dans l engagement, l aide, l entraide, la solidarité et non dans ce qui avilit, l aumône, la pitié Gérard SERVANT Page 3 sur 5 16/09/2009
Sans oublier de considérer ces «points forts» dans un double contexte, à savoir : - Le contexte familial c est quoi une famille?...la notion de chef de famille aujourd hui.les parents et leur rôle les grands-parents la prise en compte des accidents des parcours des familles. - Le contexte public, au niveau de la société dans laquelle on vit, dans sa rue, son lotissement, son immeuble, son quartier, sa ville. Ces «points forts» seraient l héritage d une éducation réussie, mise au service des plus démunis, intellectuellement, physiquement, financièrement dans un contexte de «vie démocratique» et que nous retrouverions dans le fonctionnement des structures issues d une approche «politique». C'est-à-dire en termes de choix des individus, des personnes.rassemblés selon des lois, pour les respecter, les faire appliquer pour vivre en liberté. Ou, tout au moins, dans un espace de liberté tout en respectant les autres, en étant respecté par eux, dans un cadre bien défini, dans une société déclinée en instances de pouvoir et de décisions, telles qu une municipalité un conseil municipal une mairie et les associations différentes et diverses qui font la richesse d une ville. Quelles peuvent être les incidences d une municipalité dans la ville et dans la vie de tous les jours? - Une municipalité, c est le résultat d un processus dit «démocratique», qui traduit l exercice d une représentativité qui serait l approche véritablement citoyenne avec la phase essentielle de transmission aux jeunes, d aide et de préparation.c est pourquoi on trouve très souvent dans une municipalité des jeunes actifs, des jeunes anciens actifs, des vieux jeunes actifs, des anciens actifs, des jeunes anciens actifs bref une façon humoristique de dire que jeunesse physique et morale sont complémentaires et indissociables pour entreprendre, représenter, aider, construire, donner, soulager, protéger.. C est aussi le résultat d une élection après un vote afin d exercer un mandat pour rendre service et rendre compte. Ce qui pose le problème du statut de l élu, du pouvoir, de la professionnalisation de la politique, du «métier d élu en général rétribué ou pas» et du lien avec les jeunes, les moins jeunes, les plus âgés, les moins âgés l écoute le respect la prise en compte de l opinion individuelle et générale.dans l intérêt général. C est ce choix (quel qu il soit d ailleurs) qui reflète dans la vie de tous les jours des engagements précis pris dans plusieurs domaines qui font que la vie, notre vie, est plus ou moins facilitée ou au contraire pénibilisée. Des choix tels que : Les crèches (implantations, capacités d accueil ) Les écoles (entretiens, restauration, fonctionnement ) Gérard SERVANT Page 4 sur 5 16/09/2009
Les parcs, les jardins (propreté, repos, quiétude ) Le tissu économique (emplois ) Les logements (accessibles ou non ; possibles ou non ) Les lieux culturels et les contenus. La protection des individus et des lieux (police municipale ) L aide aux personnes âgées (foyers, activités proposées ) Le sport et les installations sportives (offres, disponibilité, publics concernés ) Les associations qui contribuent à l image de la ville, à sa notoriété, dans la ville et hors de la ville Les bibliothèques, médiathèques, maisons de quartiers, espaces jeunes (emplacements, créations, conditions d accès ) Avec également une préoccupation que nous ne devons ne pas oublier qui est celle de la limite entre la sphère privée et la sphère publique, ce qui dépend de nous et ce qui dépend des collectivités. En résumé et sous forme de conclusion qui ne fait qu ouvrir une nouvelle réflexion sur les «jeunes», leur apport dans la démocratie vu sous le prisme d une municipalité et des enjeux éducatifs, nous devons dégager et mettre en place : - Une vision qui demande une stratégie, de la méthode dans une approche concertée, un échange mutuel qui fasse appel au respect, à l effort de compréhension de l autre. Et les problèmes collectifs, dans un souci d ouverture, de la prise en compte d un phénomène d «altérité» on se construit mieux avec l autre et/ou les autres.en s efforçant d aller vers la vérité, tout en sachant qu il n y a pas une vérité la vérité de quelques uns pour quelques uns. - En pensant que «tout jeune deviendra vieux». - Que «tout vieux était jeune». - Et que «dans tout jeune sommeille un vieux» mais que bien souvent «dans tout vieux sommeille un jeune»! En quelque sorte, c est leur assurer une «éducation à la vie» dès leur plus jeune âge, dans le cadre de l école, pour les sensibiliser aux grands enjeux, aux aspects essentiels qui sont la garantie d une continuité générationnelle. Gérard SERVANT Page 5 sur 5 16/09/2009