Comparaison expérimentale de deux conduites d élevage de porcs en croissance

Documents pareils
Présentation du dispositif collectif français d évaluation génétique porcin pour les caractères de production et de reproduction

Quelle réduction du rejet de zinc la 3-phytase microbienne permet-elle chez le porc à partir de 12 kg de poids vif?

Activité 38 : Découvrir comment certains déchets issus de fonctionnement des organes sont éliminés de l organisme

Développement d un système de monitoring du bien-être des veaux en élevage

Un niveau de performance moyen est en général calculé à l échelle de la bande

Le bien-être animal : fiction ou réalité?

Fiche technique n 1 : le logement construction des boxes.

DECiDE, un outil pour évaluer les émissions de gaz à effet de serre (GES) et les consommations énergétiques des exploitations agricoles wallonnes

Organisation des bâtiments dans les grands troupeaux 5 exemples d organisation spatiale en Europe

Pour optimiser l utilisation du lisier, à des fins de traitement ou de valorisation agronomique,

Fiches techniques : Filière Porc Fleuri

HUMI-BLOCK - TOUPRET

Produire avec de l'herbe Du sol à l'animal

Professeur Diane GODIN-RIBUOT

Génétique et génomique Pierre Martin

La cohabitation des races ovines Ouled Jellal (OJ) et Beni Guil (BG) et développement de l'élevage ovin dans le système pastoral du Maroc Oriental

Le séchage en grange du foin à l énergie solaire PAR MICHEL CARRIER AGR. CLUB LAIT BIO VALACTA

Contexte : Objectif : Expérimentation :

La société méconnaît les modes d élevage des animaux de rente et oppose souvent

Commission des Recherches Bovines

Validation et gestion d unités protégées en élevage porcin

LA DEMARCHE DE SOINS INFIRMIERE N.LANNEE CADRE FORMATEUR IFSI CHU ROUEN

BANC D ETALONNAGE EN TEMPERATURE

Partenaires: w w w. c o g m a s t e r. n e t

OBSERVATOIRE DES TARIFS BANCAIRES IEOM

DAIRYMAN aux Pays-Bas

Conjoncture Filière cheval N 15 Juin 2014

Nouveau. TRIMAXX, le raccourcisseur qui en fait un MAXX.

RAID PIEGES ANTI-FOURMIS x 2 1/5 Date de création/révision: 25/10/1998 FICHE DE DONNEES DE SECURITE NON CLASSE

Modalités de Contrôle des Connaissances A partir de septembre 2014

Accès aux services et structuration des éleveurs laitiers du département de Dagana Asstel Dagana Réflexions phase 2 Comité pilotage du 24 avril 2015

VITICULTURE 2012 V 12 / PACA 02 STRATEGIE D APPLICATION DU CUIVRE EN VITICULTURE

BeLux Piscine EMINENCE 10m / 5m

Intérêts comparés d un objet fixé au sol ou d un apport de paille comme matériaux d enrichissement du milieu de vie pour le porc à l engrais

Liste des projets retenus en 2009

Principe de fonctionnement de la façade active Lucido. K:\15.Lucido \Dossier d'envoi\annexe\2011_12_explicatif du principe de la façade Lucido.

les cinq étapes pour calculer les jours d avance

Tuberculose bovine. Situation actuelle

RNV3P Recherche de pathologies émergentes

Allégations relatives à la teneur nutritive

THEME 2 : CORPS HUMAIN ET SANTE : L EXERCICE PHYSIQUE

Quoi manger et boire avant, pendant et après l activité physique

Fiche Technique. sur l itinéraire de fertilization de la Pomme de terre. (Solanum tuberosum L.) au Cameroon

La couleur de la viande bovine

L influence du sport sur le traitement du diabète de type 1

CONCOURS DE L INTERNAT EN PHARMACIE

Compétitivité internationale des industries françaises des filières animales

Une conférence-débat proposée par l Institut National de la Recherche Agronomique

Programmation linéaire

Mario Geiger octobre 08 ÉVAPORATION SOUS VIDE

COMMUNIQUÉ DE PRESSE. Exposition temporaire «Très toucher»

Analyses de Variance à un ou plusieurs facteurs Régressions Analyse de Covariance Modèles Linéaires Généralisés

PROPOSITION TECHNIQUE ET FINANCIERE

LES AUTRES THÈMES BIOMÉTHANISATION

Evaluation de cépages résistants ou tolérants aux principales maladies cryptogamiques de la vigne

Conditions Générales pour l achat de biens et services

à moyen Risque moyen Risq à élevé Risque élevé Risq e Risque faible à moyen Risq Risque moyen à élevé Risq

Carlo Diederich Directeur Santé&Spa. Tél / c.diederich@mondorf.lu

Persillé et qualité de la viande de porc

1. IDENTIFICATION DE LA SUBSTANCE/PRÉPARATION ET DE LA SOCIÉTÉ/ENTREPRISE

MIEUX COMPRENDRE LE HANDICAP

Dispositif de mesure des flux de masse et d énergie des bâtiments d élevage

Protection de la ressource et Métiers de l Automobile. Intervention du 12 octobre 2009

TABLE DES MATIÈRES. PRINCIPES D EXPÉRIMENTATION Planification des expériences et analyse de leurs résultats. Pierre Dagnelie

GRENADE / GARONNE 30 janvier Centrale de Restauration MARTEL Maryse LAFFONT, Diététicienne

Utilisation des substrats énergétiques

Bien choisir sa variété de maïs ensilage

Évaluation du coût de la gestion des effluents dans différents types d exploitations porcines

Qualité. Sécurité Alimentaire

ACTION N 1 Réseau d élevages bovins laitiers en Agrobiologie

Lombricompost. «Il faut nourrir le sol pour nourrir la plante»

RISQUE CHIMIQUE : VÉRIFIER L EFFICACITÉ DES ACTIONS DE PRÉVENTION COLLECTIVE

L image satellite : simple effet de mode ou. apport réel?

Item 169 : Évaluation thérapeutique et niveau de preuve

République de Côte d Ivoire NOTE D INFORMATION UN INSTRUMENT PROFESSIONNEL AU CŒUR DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET DES FILIERES DE PRODUCTION

OBSERVATOIRE DES TARIFS BANCAIRES IEOM

A. BONNEFOND Maître de conférences en neuroscience cognitive Laboratoire d imagerie et de neuroscience cognitive Université de Strasbourg

Caisse Primaire d Assurance Maladie de La Charente

LES CRÉDITS CARBONE, MEILLEURS AVANT JANVIER 2015 COHABITATION DU MARCHÉ VOLONTAIRE ET DU MARCHÉ RÉGLEMENTÉ DU CARBONE

de l air pour nos enfants!

Feuille 6 : Tests. Peut-on dire que l usine a respecté ses engagements? Faire un test d hypothèses pour y répondre.

Mode de calcul des critères GTE-TB

Juin

CHAPITRE 8 PRODUCTION ALIMENTAIRE ET ENVIRONNEMENT

La filière bois énergie en Bretagne

36% T.Flow VMC hygroréglable & chauffe eau thermodynamique QUAND LA VENTILATION RÉINVENTE L EAU CHAUDE. BÉNÉFICIEZ DE

Le Crabe commun des eaux côtières du Québec

Les attestations. Auxerre, le 19 avril Fabien AURIAT. Florian SÉMENTA. CETE de Lyon/DLA/GBA/CIBEE. 27 septembre 2010

Chapitre II La régulation de la glycémie

IGP CITE DE CARCASSONNE-CABERNET

LE PASS-TRAVAUX. Edition Le prêt PASS-TRAVAUX concerne principalement les propriétaires, seuls 2% des bénéficiaires étaient locataires en 2007.

d importantes quantités de CO,. Summary. Influence of diet on respiratory quotients and fat deposition in growing pigs.

Restauration collective. quelques aspects réglementaires

Projet SENTINELLE Appel àprojets «CO 2»Déc. 2007

Impacts de l'informatique : ressources, énergie, déchets ; que nous révèlent les analyses de cycle de vie?

Biostatistiques Biologie- Vétérinaire FUNDP Eric Depiereux, Benoît DeHertogh, Grégoire Vincke

Les macroinvertébrés: des bioindicateurs incontournables pour le monitoring des cours d eau en CH

Le bien-être animal en action : programme canadien d assurance qualité à la ferme

BDL2, BDL3 Enviro Liner Part A. Dominion Sure Seal FICHE SIGNALÉTIQUE. % (p/p) Numéro CAS. TLV de l' ACGIH Non disponible

Comité Départemental de Prévention en Kinésithérapie de la Drôme FORMATIONS KINÉSITHÉRAPEUTES 2013 KINÉ DRÔME PRÉVENTION

Transcription:

Comparaison expérimentale de deux conduites d élevage de porcs en croissance B. Lebret, M.C. Meunier-Salaün, P. Mormède, R. Cariolet, N. Guingand, P. Robin, M. Hassouna, E. Dransfield et J.Y. Dourmad INRA UMR SENAH - UMR Neurogénétique et Stress UMR SAS Unité QuaPA AFSSA Ploufragan ITP Pôle Techniques d Elevage Travail réalisé dans le cadre du programme «Porcherie Verte»

Contexte - objectifs de l étude Rejet du mode de production dominant Focus groupes (F et Europe; Rainelli, 2001; Ngapo, 2003) Impact environnemental (pollution - odeurs) Bien être des animaux (densité, type de logement) Qualité des produits Dans les zones de forte densité de production Dans les zones de faible densité présentant un potentiel de développement Systèmes de production plus acceptables par consommateurs et citoyens: conséquences sur l environnement, impact sur le bien-être des animaux et les qualités des produits coûts de production

Objectifs de l étude Comparaison multidimensionnelle de deux systèmes d élevage contrastés (type d habitat) : Bien-être et santé des animaux Impact environnemental Qualités des produits et acceptabilité par consommateurs Coûts de production Dans un second temps : effets interactifs du type génétique et du système d élevage

Les systèmes d élevage Conventionnel. 0,65 m 2 / porc. Caillebotis total - lisier. Température ambiante >22 C Enrichi : litière + courette. Intérieur litière sciure 1,2 m 2 / porc. Courette couverte 1,1 m² / porc. Température ambiante inférieure, variable * Type d habitat et règles de conduite différentes

Matériel et méthodes Animaux 120 porcs (30-114 kg), lignée synthétique (P76) X (Large White X Landrace), non porteurs allèles n et RN - 3 répétitions (printemps, été, hiver) 2 loges X 10 porcs (MC + F) / système alimentation à volonté (croissance / finition) abattage : âge constant, environ 114 kg PV * Seconde expérience 40 porcs Lignée synthétique et 40 croisés Duroc 2 répétitions (été, hiver) : 1 loge 10 porcs/génotype/saison (résultats non présentés)

Mesures Matériel et méthodes Evaluation du bien-être et de la santé Comportement en élevage : activités; test de motivation Observations physiologiques (hormones) Etat de santé à l abattoir Performances de croissance Impact environnemental Quantification et analyse déjections Qualité de l air Réponse physiologique et comportementale au stress d abattage Qualité des carcasses et des viandes Coûts de production

Conv. Comportement des animaux Budget-temps (%) 8h - 16h Enrichi Alimentation 6 % Mobilité 2 % Agression 0 % Alimentation 7 % Mobilité 3 % Agression 0 % Repos 73% Investigation 19% Repos 58% Investigation 30% Parois - sol Congénères Litière Système enrichi : activité d investigation plus importante, en particulier vers la litière, et moindre envers congénères

Comportement d investigation : test de motivation Introduction objet inconnu (phase diurne), accès : 3 porcs Intérêt vis-à-vis de l objet Motivation à l investigation supérieure chez porcs C Meilleure satisfaction de la motivation d investigation en présence d un substrat d enrichissement

Impact environnemental Caractérisation des effluents Litière Enrichi Courette* Conv. Effluents, kg/porc 199 128 366 % MS 44.7 10 9.0 Urine (K+) 61% 39% Fécès (P, Cu, Zn) 44% 56% Présence / j, % 75% 25% Ammoniac, air extrait mg/m3 10.2 11.0 kg/porc 0.90 1.10 Quantification des effluents : zones intérieure et ext. du système E Volatilisation ammoniac légèrement inférieure dans système E

Qualité de l air 3 2 1 Caillebotis Litière 0 20 16 12 8 4 0 Poussières, mg/m 3 Ammoniac, g/j/porc 40 30 20 10 0 Odeurs, 10 5 U/j/porc

Performances de croissance - Composition des carcasses Conv. Enrichi Vitesse croissance, g/j 960 1045 *** Cons. alimentaire, g/j 2.71 2.94 * Indice consom., kg/kg 2.83 2.82 ns Age abattage, j 155 156 ns Poids vif abattage, kg 109.6 116.6 *** TVM, % 61.2 59.2 *** Ep. Moy. LD, mm 18.5 20.9 ** Seconde expérience : - Mêmes effets (réduits) sur performances de croissance - Pas d effet significatif sur caractéristiques des carcasses

Etat de santé à l abattage Sévérité des affections respiratoires et digestives Conv. Enrichi Voies respiratoires Cavités nasales ( /14) 2.1 0.7 *** Poumons (/28, hiver) 7.1 3.6 * Voie digestive Ulcères ( /7) 1.7 1.3 ns Dans nos conditions expérimentales, l élevage alternatif entraîne moins d affections des voies respiratoires supérieures

Réponse physiologique au stress d abattage Conv. Enrichi Hormones urinaires (ng/mg créatinine) Cortisol 27.0 27.3 ns Adrénaline 7.9 7.0 ns Noradrénaline 10.6 12.5 ns Hormones plasmatiques ACTH, pg/ml 91.0 82.0 ns Cortisol, ng/ml 49.9 42.1 ns - Le système d élevage ne modifie pas la réponse physiologique des porcs aux stress subits en période pré-abattage - Pas de modification du comportement et de la posture des porcs lors de l attente en abattoir (rés. non montrés)

Qualité de viande (longe) Conv. Enrichi ph1 6.42 6.37 ns phu 5.49 5.50 ns Couleur, L* 54.2 55.2 ns a* 5.5 5.8 ns b* 5.0 5.7 ** Pertes en eau 2 j, % 2.3 3.3 ** Lipides, % 1.44 1.68 ** Muscles jambon - réduction du ph ultime (SM) mais pas dans expé. 2 - mêmes effets sur couleur et teneur lipides

Qualité sensorielle et acceptabitlité (longe) 10 8 10 8 Conventionnel Enrichi 6 4 * 6 4 2 2 0 Tendreté Jutosité Flaveur 0 Appréciation globale par consommateurs Le système enrichi améliore la jutosité de la viande, mais ne modifie pas son appréciation globale par des consommateurs

Evaluation des coûts de production Résultats de cette expérience + bibliographie Systèmes considérés : Engraissement sur caillebotis Engraissement sur litière (claustration) et compostage (production porcelets : conventionnelle) Augmentation coûts aliment, paille, travail Réduction amortissement, frais financiers surcoût =0,12 euro /kg carcasse soit environ 10%

Conclusions Système enrichi / conventionnel (1) Comportement et santé des animaux activité exploratoire supérieure, tournée vers litière meilleure satisfaction de la motivation d investigation moindre sensibilité pathologies voies respiratoires suggèrent une amélioration du bien-être des animaux Impact environnemental quantification flux générés / système réduction marquée production odeurs salle litière Meilleure acceptabilité par les citoyens?

Conclusions Système enrichi / conventionnel (2) Performances consommation et croissance supérieures : effet réduction température (et densité) conventionnel pas optimum Qualité des carcasses et viandes Carcasses plus grasses (mais pas systématique) Réactivité similaire au stress d abattage Viande : + juteuse; acceptabilité équivalente Coût de production Environ 10%, cohérent avec consentements à payer pour viande améliorée