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C8a Nouveau projet révisé THEME IMPLICATIONS DU CAPITAL SOCIAL SUR L OCTROI DE MICROCREDIT PARMI LES MENAGES AYANT DIFFERENTS NIVEAUX DE REVENU AU CAMEROUN : 2001-2007 Par Clarisse METSEYEM Faculté des Sciences Economiques et de Gestion Université de Yaoundé II Soa, Cameroun B.P. 1365 Yaoundé E-mail: metseyemclarisse@yahoo.fr/cmetseyem@yahoo.com Résumé La problématique de l accès des ménages au crédit a toujours dominé la pensée économique. Avec l avènement de la micro-finance, beaucoup d auteurs se sont penchés sur cette question qui est celle de savoir si la micro-finance est une panacée pour résoudre ce problème. L objectif de cette recherche essaie d apporter des éléments de réponses à ces questions. Plus précisément, ce travail a pour but d analyser les déterminants de l offre de microcrédit d une part et les déterminants de la demande de microcrédit par les ménages d autre part. Il s agit exactement, d analyser les implications du capital social parmi les différentes distributions de revenu du chef de ménage sur l octroi de microcrédit au Cameroun. Cette étude est réalisée à partir des données d enquêtes auprès des ménages. Il s agit des enquêtes camerounaises auprès des ménages (ECAM II, III), réalisées respectivement en 2001 et 2007 par l Institut National de la Statistique (INS). L outil utilisé pour la modélisation est un probit avec variable instrumentale pour résoudre le problème de biais d endogénéité. Cette méthode se justifie par la nature dichotomique de la variable dépendante. Pour le biais de sélection, le modèle de Heckman en deux étapes sera utilisé. La variable capital social est endogénéisée. L instrument utilisé est l affiliation à la caisse de prévoyance sociale. Nous allons aussi ressortir la distinction entre le milieu rural et le milieu urbain, la distinction sera faite également entre les différentes régions et entre le sexe du chef de ménage. Mots clés : capital social, distribution de revenu, offre, demande, microcrédit, ménage, Cameroun 1

Abstract This research examines the role of social capital in promoting access to microcredit among households with different levels of income in Cameroon in the period 2001-2007. The 2001 on 2007 Cameroon household consumption surveys and stata 10.1 will be used to generate results. We construct a social capital indicator for Cameroon. The methodologies adopted for this study are the multiple correspondence analyses to construct a social capital indicator and a probit with instrumental variables to solve the problem of endogeneity bias. This method is justified by the dichotomous nature of the dependent variable. For selection bias, the Heckman model in two stages will be used. Social capital is the instrumented variable. The instrument used is affiliation to social security fund. We will also make a distinction between rural and urban areas, between different regions and between genders of household head. Keywords: Social capital, levels of income, microcredit, supply, demand, Households, Cameroon I Contexte L accès au crédit est appréhendé par de nombreux chercheurs et praticiens comme un catalyseur entrepreneurial. Il devient donc, une contrainte pour le développement socioéconomique. Cette contrainte de crédit est indispensable dans les pays en développement, or ces pays sont à la traîne des autres. Il est démontré que le crédit contribue généralement à un accroissement des rendements, à la réduction de la pauvreté et à une amélioration du bien-être (Mayamou, 2012). Cette contrainte touche généralement les entreprises, les ménages etc. La crise de la décennie 1980 au Cameroun s est soldée par la fermeture de plusieurs banques commerciales. Cette crise et la libéralisation financière des années 1990 ont contribué à l avènement de la micro-finance. La micro-finance à l origine s'adresse aux catégories d'exclus des systèmes financiers officiels. Elle est qualifiée de «finance de petite taille» par bon nombre de praticiens et chercheurs et est le moyen de financement le plus accessible aux pauvres. Elle offre des services tels que le microcrédit, l'épargne, l assurance et le transfert de fonds (Creusot, 2006). Le microcrédit qui est le service le plus valorisé par les praticiens désigne, un petit crédit. Il est local et proche des gens, Il est fortement utilisé dans les activités du secteur informel. Le microcrédit est destiné à des usagers productifs, c est-à-dire à des activités qui génèrent des revenus directs. Un grand nombre d institutions de micro-finance (IMF) adoptent cette règle. Leur objectif est d inciter leurs clients à créer ou à renforcer des activités génératrices de revenus et ainsi à sortir de la pauvreté. Les activités des IMF font parties intégrantes des activités de la finance (Creusot, 2006). C est pour justifier ce rôle important des services financiers plus accessibles à tous qu une campagne de sensibilisation a été lancée au sein de la communauté internationale aux Nations Unies en 2003 pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD 1 ). Cette campagne a permis de désigner l année 2005, comme «année internationale du microcrédit». Ainsi, les chefs d Etat et de Gouvernement réunis au siège des Nations Unies lors de ce sommet mondial de septembre 2003 déclarent: «Nous reconnaissons la nécessité d assurer l accès des pauvres en particulier 1 Réduire l extrême pauvreté et la faim ; Assurer l éducation primaire pour tous ; Promouvoir l égalité des sexes et l autonomisation des femmes ; Réduire la mortalité infantile ; Améliorer la santé maternelle ; Combattre le VIH /SIDA, le paludisme et d autre maladies ; Assurer un environnement durable ; Mettre en place un partenariat mondial pour le développement. 2

aux services financiers, notamment grâce à la micro-finance et aux microcrédits» (Tchakounté et al., 2008). Cet engouement pour le développement financier n est pas récent, au début du XX ème siècle, Schumpeter (1912), présentait déjà l importance que la finance pouvait avoir dans le mécanisme d investissement, notamment en terme d adoption de nouvelles techniques de production. L acteur principalement mis en exergue dans ce contexte était la banque. Le crédit bancaire est appréhendé comme, un contrat financier qui met en relation un prêteur (banque) qui est à excédent de liquidité et un emprunteur (client) qui est à déficit de liquidité sur un marché financier. La notion d'information dans ce processus est d'une importance capitale. Le principe d'asymétrie de l information a conduit certains clients à bénéficier de certains atouts, mais surtout à la banque de limiter des désagréments en recherchant de manière accrue l'information, en vérifiant les documents fournis et en contrôlant l'exécution des contrats. Ce concept d asymétrie de l information 2 a été développé par Akerlof au cours des années 1970 sur le marché des voitures d occasion (Akerlof, 1970). Ces asymétries informationnelles engendrent des méfiances envers les débiteurs et entraînent le rationnement de crédit appliqué par les créanciers. Les asymétries informationnelles engendrent l aléa moral et la sélection adverse. Ces problèmes peuvent conduire les offreurs à exclure les meilleurs clients du marché. Les auteurs affirment que la constitution des réseaux sociaux peut réduire ces asymétries et permettre aux offreurs de financer les meilleurs projets. Fukuyama (1995), démontre l importance des réseaux sociaux dans le processus d accès au crédit. Il explique que les réseaux et les associations procurent à leurs membres les avantages financiers, donc l accès au crédit. Les banques jouent ainsi un grand rôle dans l économie, il est primordiale de faciliter l accès au crédit sans ignorer l aspect financier (Fall, 2006). Au Cameroun, l offre de crédit est proposée par les banques, les établissements de microfinance, les tontines, les Organismes non gouvernementaux (ONG), l informel (les parents, les amis, les particuliers) (INS 3, 2008). La micro-finance existe au Cameroun bien avant les indépendances, depuis le XVI ème siècle sous sa forme traditionnelle appelée tontine. Cette dernière existait sous divers noms «Tchoua a», «Njangi» (Nzemen, 1993). A cette époque, Le système échappait aux règlements qui régissaient les institutions financières, mais avait l avantage d être proche et très accessible aux populations démunies et surtout celles des zones rurales. La micro-finance a démarré sous sa forme formelle en 1963 avec la création des coopératives d épargne et de crédit («Crédit Union» ou «Caisse Populaire») en zone anglophone du Cameroun sous l impulsion des missionnaires hollandais. Ce réseau est dénommé Cameroon Cooperative Credit Union League (CAMCCUL). Toutefois, elle ne s est réellement diversifiée qu au cours des années 90 à la faveur des lois No.90/053 du 19 décembre 1990 sur la liberté d association et No.92/006 du 14 août 1992 relative aux sociétés coopératives et groupes d initiatives communes. Ces lois ont stimulé la création d IMF (MC 24, MUFFA 5, 2 Dans le cas d un contrat, un agent détient plus d informations qu un autre. Par exemple dans le cas du contrat d emprunt, l emprunteur détient une information que le prêteur ignore. 3 Institut National de la Statistique. 4 Mutuelle Communautaire de croissance. 5 Mutuelle Financière des Femmes Africaines 3

ACEP, COFINEST 6, COMECI ) sur tout le territoire national. 268 institutions en 1995, 650 en 2003, 714 en 2004 (Touna Mama, 2008). En ce qui concerne l accès au crédit, l INS atteste qu en 2001, sur 10 demandes de crédit formulées, 9 sont refoulées par les offreurs. La probabilité d avoir accès au crédit est minimale. Ce sont les ménages résidents dans les milieux ruraux qui sont les plus lésés en terme d accès au crédit. Les femmes ne sont pas épargnées par cette discrimination (Gouvernement du Cameroun, 2009). Il existe un écart important d accès au crédit entre les ménages dirigés par un homme et ceux dirigés pas une femme. L on note qu en 2003, 3.5% des personnes vivant dans un ménage dirigé par une femme ont accès au crédit contre 5.5% pour celles vivant dans un ménage dirigé par un homme. Durant cette même année, 5.8% des ménages ont sollicité un crédit, à savoir 3.5% en milieu urbain contre 2.3% en milieu rural (Gouvernement du Cameroun, 2003). La demande de crédit au Cameroun est passée de 5.8% en 2001 à 8.6% en 2007. La demande non satisfaite est de 3.9% en 2007. La principale raison de refus de crédit évoquée par les ménages est l absence de garanties suffisantes de la part des demandeurs (54.9%), ajoutée aussi au manque d un parrain ou d un avaliste (22.9%) (INS, 2008). Cet état des choses nous amène davantage à nous questionner sur les facteurs explicatifs de l octroi de microcrédit au Cameroun. Est-ce que le niveau de vie des ménages en dépend ou les caractéristiques liées au chef de ménage? La présente étude s interroge sur les facteurs susceptibles d apporter des solutions à ces problèmes. Dans la littérature existante, le capital social et le salaire du chef de ménage sont évoqués comme panacée d accès au crédit (Coleman, 1988) parmi d autres facteurs. Le capital social est appréhendé comme, ensemble de ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la détention d un réseau durable de relations institutionnalisées ou non d interconnaissance et d inter-reconnaissance (Bourdieu, 1980). Il s agit entre autres de l appartenance à un groupe, à un ensemble d agents non pas seulement dotés de propriétés communes mais unis par des liaisons permanentes et utiles. Le capital social renferme à la fois des ressources acquises à travers les relations, les associations, les réseaux tels que la confiance, la logique de réciprocité, de la coordination et de la coopération aux avantages mutuels. Le volume de capital social que possède un agent dépend de l étendue du réseau des liaisons qu il peut effectivement mobiliser et du volume de capital (économique, culturel et symbolique) possédé en propre par chacun de ceux auxquels il est lié (Bourdieu, 1980). C est dans un sens légèrement différent que Coleman développe le concept dans les années 1980. Coleman (1988) appréhende le capital social, comme tout aspect de la structure sociale qui crée de la valeur et facilite les actions des individus composant cette structure sociale. Toutefois, c est surtout avec les travaux de Putnam en 1995 que ce concept est médiatisé et connait un véritable essor. Selon cet auteur, le capital social se rapporte aux relations entre individus, aux réseaux sociaux et aux normes de réciprocité et de confiance au sein d un groupe (Putnam, 1995). 6 Cet établissement de micro finance n existe plus aujourd hui. 4

II Le problème de recherche, questions de recherche, objectifs de recherche et Hypothèses de recherche. II.1 Le problème de recherche L attribution du prix Nobel de la paix 2006 à Muhammad Yunus est une forme de reconnaissance des apports de la micro-finance au développement des marchés financiers dans les pays en développement et comme instrument de réduction de la pauvreté. Les IMF sont nées pour répondre aux besoins croissants des populations qui sont pour la plupart exclues du système financier classique. Elles offrent des services financiers spécifiques et adaptés pour inclure les populations marginalisées qui pour des raisons économiques ne peuvent pas acquérir du crédit auprès des banques classiques. Des études ont montré que les IMF ont incontestablement fluidifié l accès aux services financiers et sont appréhendées aujourd hui comme l un des outils qui contribuent au développement, toutefois d énormes efforts restent encore à offrir par ces institutions car deux tiers des non bancarisés dans les pays en développement n auraient toujours pas accès à des services financiers formels (Duflo et al., 2009). Au Cameroun, après plus de deux décennies de promulgation de la loi relative à la liberté d association 7 et celle relative aux sociétés de coopératives et groupes d initiatives communes 8, on note un faible taux d accès au crédit par les ménages et surtout ceux qui vivent dans des zones retirées. Les études empiriques réalisées pour la plupart en Afrique ont montré que le capital social et le salaire des ménages constituent des facteurs susceptibles d avoir accès au crédit (Dossou- Yovo, 2010; Balogun et Yusuf, 2011; Guérin et al. 2011 ; Osetimehin, 2011). Ces auteurs ont mis en exergue, le revenu du chef de ménage, l appartenance à l institution de micro-finance, l appartenance aux associations comme déterminants d accès au microcrédit. Parmi ces différents travaux, aucun n a construit un indice de capital social. Des études menées en Côte d Ivoire et en Uganda montrent que le capital social est un déterminant d accès au crédit (Bastelaer, 2000; Togba, 2009; Heikkilä et al., 2009). A la différence des premiers auteurs, ces auteurs ont construit l indice de capital social. Au Cameroun, le pourcentage d accès au crédit est très faible 9. Les études menées au Cameroun ont généralement mis l accent sur les caractéristiques du chef de ménage, il s agit plus précisément de son âge, de son niveau de revenu, de sa catégorie socio professionnelle. Les études sur le capital social comme facteur explicatif d accès au microcrédit sont rares, mais ce terrain a été fouillé récemment par des chercheurs Ngoa et Niyonsaba (2012). Ces mettent l accent sur le capital social comme déterminant d accès au crédit des PME. Aucun travail n a abordé le capital social comme facteur explicatif d octroi de crédit aux ménages. Notre étude est différent des précédentes sur plusieurs aspects. Elle évalue l'effet du capital social sur la demande et sur l'offre de microcrédit chez les ménages avec différents niveaux de bien-être. Nous proposons également de résorber l'endogénéité potentielle du capital social et la probabilité que l'inclusion des ménages dans le marché du crédit par le prêteur n'est pas aléatoire. De plus, l analyse est faite suivant les distributions des revenus des ménages et la distinction entre les milieux de résidence, les différentes régions et le sexe du chef de ménage n est pas en reste. 7 La loi No. 90/053 du 19 décembre 1990 8 La loi No. 92/006 du 14 août 1992 complétée par le décret No. 92/455/PM du 23 novembre 1992 fixant les modalités d application de la précédente. 9 Voir les statistiques au contexte. 5

Allier la mission financière de la micro-finance et sa mission sociale est indispensable pour assurer la pérennité financière des IMF. Certains auteurs pensent que la formation des réseaux est inscrite au cœur des nouveaux challenges des institutions de la micro-finance pour pallier à ce problème (Coleman, 1988). Pourquoi les banques refusent de prêter de l argent aux ménages? Quel est le fonctionnement du marché de crédit au Cameroun? Comment l offre de crédit se comporte dans le contexte Camerounais? Quel est le comportement de la demande? Ces questionnements nous permettront de donner les solutions en vue de lever les contraintes d accès au crédit dans le contexte camerounais. II.2 Questions de recherche La question principale qui guidera nos analyses est la suivante: Quel est le rôle du capital social dans la promotion de la demande et de l offre de microcrédit parmi les ménages ayant différents niveaux de revenu au Cameroun au cours de la période 2001-2007? De cette question principale découle cinq questions subsidiaires qui sont les suivantes. Quel est l effet du capital social sur la demande de microcrédit au sein des ménages avec différents niveaux de revenu au Cameroun durant la période 2001-2007? Quel est l effet du capital social sur l offre de microcrédit aux ménages avec différents niveaux de revenu au Cameroun durant la période 2001-2007? Quelle est la différence de l effet du capital social sur la demande de microcrédit entre 2001 et 2007? Quelle est la différence de l effet du capital social sur l offre de microcrédit entre 2001 et 2007? Est-ce que les déterminants de l offre et de la demande de microcrédit sont distincts entre 2001 et 2007? II.3 Objectifs de recherche L objectif de ce travail est d étudier l effet du capital social sur la demande et l offre de microcrédit au Cameroun entre 2001 et 2007 parmi les ménages avec différents niveaux de revenu. De cet objectif découle cinq objectifs subsidiaires qui sont les suivants: Analyser l effet du capital social sur la demande de microcrédit au Cameroun durant la période 2001-2007 parmi les ménages avec différents niveaux de revenu. Examiner l effet du capital social sur l offre de microcrédit au Cameroun durant la période 2001-2007 parmi les ménages avec différents niveaux de revenu. Evaluer la différence de l effet du capital social sur la demande de microcrédit entre 2001 et 2007. Evaluer la différence de l effet du capital social sur l offre de microcrédit entre 2001 et 2007. Vérifier si on peut identifier distinctement les déterminants de l offre et de la demande de microcrédit au Cameroun entre 2001 et 2007. 6

II.4 Hypothèses de recherche Les différentes hypothèses que nous pouvons formuler dans le cadre de notre étude émanent des questions de recherche et des objectifs. Toutes choses étant égales par ailleurs les hypothèses à vérifier sont les suivantes: L'effet du capital social sur la demande de microcrédit est plus accentué au sein des ménages les plus pauvres que les autres dans la répartition des revenus. L'effet du capital social sur l'offre de microcrédit est plus prononcé dans les ménages les plus pauvres que les autres dans la répartition des revenus. La sensibilité de la demande de microcrédit au capital social s est améliorée durant la période de 2001 à 2007. La réactivité de l'offre de microcrédit au capital social s est améliorée au cours de la période de 2001 à 2007. Il est difficile de distinguer la fonction de la demande de la fonction d'offre du microcrédit au Cameroun. III Revue de la littérature L importance du crédit dans le développement d un pays est crucial, elle n est plus à démontrer. Toutefois, à l échelle mondiale, le nombre de personnes non bancarisables demeurent important (Hao, 2005). Il est démontré que la mise en commun de ressources permet d atteindre des objectifs qui apportent à chaque individu une utilité supérieure à celle que lui procurait une action individuelle (Sirven, 2000). Cette notion de capital social n est pas récente. Pour certains auteurs, elle remonte au XIX ème siècle (Pantogo, 1999 10 ). Durlauf et Fafchamps (2004) ont montré que les coordinations locales génèrent des externalités positives Des auteurs se sont interrogés sur les raisons qui entravent l accès au crédit. Les chercheurs ont montré que l âge du chef de ménage, la taille du ménage, la propriété foncière et la disponibilité du crédit sont des facteurs explicatifs qui affectent l emprunt du ménage. La possession d une épargne, le salaire, le secteur d activité, le revenu du chef de famille, le patrimoine familial déterminent aussi l accès au crédit (Mugumo, 2002; Hao, 2005; Dossou- Yovo, 2010; Guérin et al., 2011). De plus, une étude menée au Togo fait ressortir que l'octroi du crédit par les IMF aux microentreprises est influencé par les facteurs ci-dessus, ajoutés au chiffre d'affaires annuel, du nombre d'années d'activité, de la hausse des bénéfices, et de l'appartenance à une association (Kodjo, 2007). Guérin et al. (2011) ont mené une étude au Maroc sur les facteurs explicatifs de la demande de services financiers dans le Maroc rural. Au bout de leurs analyses descriptives, ils attestent que le revenu du chef de famille, le patrimoine familial (les animaux, les parcelles de terre exploitées) sont des facteurs explicatifs de l offre de microcrédit au Maroc rural. Les auteurs expliquent ces résultats par le fait qu en milieu rural, nombreux sont des familles qui n ont pas de salaire. Elles peuvent contracter un crédit auprès d une IMF et garantir avec des moutons, des parcelles de terrain ou compenser avec la récolte obtenue après usage du crédit. L étude menée par Dossou-Yovo stipule qu en plus de garanties matériels et financiers exigées pour l accès au microcrédit comme expliquer par les auteurs précédents 11, qu au 10 Sirven, N. (2000), «capital social et développement, quelques éléments d analyse» ; Document de travail No.57, PP 2. 11 Muguro, 2002 ; Guérin et al., 2011. 7

Bénin, l accès au microcrédit auprès d une IMF est conditionné par l adhésion du demandeur à l institution (Dossou-Yovo, 2010). La micro-finance moderne est considérée depuis des années comme un instrument de réduction de la pauvreté. Elle ne doit pas toujours privilégier sa mission financière à sa mission sociale. Il est important de noter qu elle doit remplir sa mission sociale, mais pas au détriment de sa mission financière, car comme toute institution, elle doit générer un profit. On note ces dernières années la fermeture de certaines EMF (le cas de COFFINEST et la FIFFA au Cameroun). Cette situation peut s expliquer par le non remboursement des crédits accordés aux clients. La solution proposée dans la littérature est la mise en commun des ressources. C'est-à-dire la mise sur pieds des groupes. C est un groupe de personne qui demande le crédit (crédit rotatif) et non le crédit individuel). Une étude montre que lorsque cette technique est appliquée, le taux de remboursement est de 95%, cas de Grameen Bank au Bangladesh (Bastelaer, 2000). Une analyse empirique menée en Uganda a montré que le capital social joue un rôle indispensable dans la promotion de l accès au microcrédit par les pauvres à partir d un modèle logit multinomial. Les résultats obtenus montrent que l accès au microcrédit est lié positivement au niveau d éducation du chef de ménage, à la santé du chef de ménage, mais il existe des disparités entre les ménages dirigés par une femme et ceux dirigés par un homme. Les femmes sont discriminées en ce qui concerne l accès au microcrédit (Heikkilä et al. 2009). Une autre étude conduit en côte d ivoire analyse les différents déterminants de l accès au crédit suivant les différentes sources. Il s agit des banques, des IMF et l informel. Cette étude utilise les enquêtes auprès des ménages et un modèle logit multinomial. Les résultats obtenus montrent que le manque de confiance au sein d un groupe diminue la probabilité d avoir accès au crédit de l ordre de 1.67%. La probabilité d avoir accès au crédit est le plus dans le secteur informel (93.63%) suivi par le secteur de la micro-finance (4.46%) et enfin du secteur bancaire (1.89%). La probabilité d accès au crédit auprès des IMF dépend à 99% du niveau de revenu du ménage (Togba, 2009). Une analyse récente menée dans deux localités 12 rurales au Sud-Ouest du Nigéria à partir des statistiques descriptives et du modèle logit multinomial montre que la demande de crédit par les ménages est fonction de l appartenance à une institution de micro-finance, de l épargne préalable comme le cas des études suscitées. En plus de ces variables, les auteurs ont montré que l accès aux microcrédits auprès des IMF est aussi fonction du capital social, de l assistance aux réunions et du taux d intérêt pratiqué par les offreurs de microcrédits (Balogun et Yusuf, 2011). Dans la même lignée, Osotimehin (2011) ont fait une étude au Sud- Ouest du Nigéria sur 80 institutions de micro-finance sur la période 2005-2010. Ils ont montré qu en plus du montant de salaire du chef de ménage, le montant moyen de prêt, l appartenance à l institution et le taux de remboursement des prêts constituent aussi des facteurs déterminants de l accès au microcrédit au Sud-ouest du Nigéria. Le Cameroun souffre d un manque d études dans le domaine. L étude menée au Cameroun, met l accent sur le capital social comme facteur d accès au crédit des PME et leur survie (Ngoa et Niyonsaba, 2012). Du point de vue de la méthode, les auteurs ont fait usage d un modèle logit multinomial. Dans notre étude, en plus de vérifier si le revenu est une garantie 12 Ekiri et Osum. 8

d octroi de microcrédit au Cameroun, nous allons aussi mettre l accent sur le capital social comme garantie et vérifier si les garanties sont distinctes selon qu on se trouve en milieu rural ou en milieu urbain. La distinction entre les différentes régions et le sexe du chef de ménage n est pas à ignorer. IV. Méthodologie La théorie économique met l accent sur le rôle du capital social dans l accès au crédit. L importance est aussi mise sur le niveau de revenu du chef de ménage. Nous allons dans le cadre de ce travail la vérifier empiriquement dans le cas du Cameroun. Pour identifier les facteurs déterminants de l offre et de la demande de crédit par les ménages au Cameroun, nous allons utiliser un modèle à variable qualitative. Il s agit du modèle probit avec variable instrumentale, car nos variables dépendantes sont dichotomiques et nous allons faire usage des variables instrumentales pour résoudre l endogénéité potentielle du capital social. Il s agit de la demande de crédit par les ménages ou non d une part et de la l offre de crédit par les institutions microfinancières ou non d autre part. Cette méthode décrit les modalités prises par les fonctions d offre de microcrédit et de demande de microcrédit. L utilisation du modèle des variables qualitatives contrairement aux modèles linéaires (MCO) est due à la nature des variables dépendantes (variables binaires). Par modèle dichotomique, on entend un modèle statistique dans lequel la variable expliquée ne peut prendre que deux modalités. Il s agit généralement d expliquer la survenue ou non d un évènement. Deux approches méthodologiques sont utilisées, une approche descriptive et une approche économétrique. L approche descriptive doit reposer essentiellement sur la construction des tableaux simples et croisés de fréquence pour apprécier l importance du recours aux crédits bancaires par les ménages en fonction des caractéristiques socio-économiques et démographiques des ménages. On considère un échantillon de N individus ou ménages indicés i=1,, N. Pour chaque individu ou ménage, on observe si un certain événement s est réalisé et l on note. y i 1 si l'évènement s'est réalisé par l'individu i 0si l'évènement ne s'est réalisé pour l'individu i renvoie aux variables (offre ou demande de microcrédit). L approche économétrique cherche essentiellement à relever les facteurs explicatifs de l octroi de microcrédit par la micro-finance. En d autres termes, il s agit d identifier les facteurs pertinents du financement des crédits des ménages par les structures de microfinance. L étude cherche ici à faire ressortir les facteurs qui encouragent ou entravent le financement par la micro-finance de la demande des microcrédits adressés par les ménages. Pour ce faire, nous postulons qu il existe un certain nombre de caractéristiques propres aux ménages et à leurs activités qui soient pertinentes dans la décision de la micro-finance de financer ou non le crédit demandé. Ainsi, étant donné la nature dichotomique de la variable dépendante (accord du crédit ou non, demande de crédit ou non), un modèle probit a été retenu. Pour ce modèle, il est supposé que l IMF est face à deux alternatives: accorder le microcrédit ou ne pas accorder le microcrédit. 9

En ce qui concerne les fonctions de demande et d offre de microcrédit, nous sommes parti du modèle d Enjiang Cheng (2007), nous avons construit sur la base des données existantes un modèle probit sous forme d équation simultanée avec comme variables dépendantes, la demande de microcrédits et l offre de microcrédit et comme variables indépendantes une série de variables quantitatives et qualitatives liées aux facteurs démographiques, au statut social du chef de ménage. L indice composite de capital social est endogénéisé. En ce qui concerne les différents niveaux de revenu des ménages, nous allons utiliser le quintile des dépenses. Nous allons construire l indice de capital social à partir de la méthode minimax. La spécification du modèle s inspire aussi de Wooldridge (2009). La spécification empirique est la suivante. L équation structurelle est formulée comme suit: 5 5 Pr( D ou O 1 X ) F d2007 SC d 2007* SC Q SC * Q W i i 0 1 2 i 3 i 4 j ij 5 j i ij k ik j 1 j 1 k 6 d2007 renvoie à l année, prend la valeur 1 pour l année 2007 et 0 pour l année 2001; SC est l indice composite de capital social, Q est une variable muette pour la possession de revenu des ménages suivant les catégories ; 1 er quintile, 2 ème quintile, 3 ème quintile, 4 ème quintile et 5 ème quintile. W est le vecteur des autres variables de contrôle telles que âge, age2, taille du ménage, niveau d éducation du chef de ménage, secteur d activité 13 et k est le vecteur de paramètres des variables explicatives correspondantes. La forme réduite est la suivante : SC Z1 Z 2 2 Z 1 est le vecteur de toutes les variables explicatives incluses dans l équation structurelle à l exception de l indice du capital social (SC), est le vecteur des paramètres à estimer, Z 2 est le vecteur des variables instrumentales et, le vecteur des paramètres des variables instrumentales. Si à la fin des estimations, les facteurs déterminants de la demande sont similaires à ceux de l offre de microcrédit, pour rendre nos analyses plus robustes, nous allons ré-estimer l équation 1 précédente en prenant plutôt comme variable à expliquer, l emprunt. Dans ce cas, pour résorber le problème de biais de sélection, nous allons faire usage d un modèle de Heckman en deux étapes, car certains ménages sont exclus du marché du crédit par les offreurs. Donc, on doit faire une distinction entre les ménages éligibles et ceux non éligibles. m V Les données et les résultats attendus V.1 Données La base de données utilisée pour l analyse des facteurs explicatifs de l offre et de la demande de crédit au Cameroun est la deuxième et la troisième éditions des enquêtes camerounaises auprès des ménages (ECAM II et ECAM III) réalisées par l INS au cours des années 2001 et 2007. Ces enquêtes ont couvert toutes les 10 régions du Cameroun, tant dans les zones rurales qu urbaines. ECAM II a porté sur un échantillon de 10992 tandis qu ECAM III a porté sur un échantillon de 11391 ménages. La taille de notre échantillon est de 22383 ménages. ECAM II et ECAM III ont couverts 22 strates, 10 rurales et 12 urbaines avec Douala et Yaoundé qui sont considérées comme strates séparées. Les régions sont divisées chacune en 13 Voir le tableau 1 10

deux strates (strate rurale et strate urbaine). Dans ECAM II, les données sont réparties en 6 strates (Yaoundé, Douala, autres villes, rural forêt, rural haut-plateau et rural savane). Dans ECAM II, 8311 ménages sont dirigés par homme (75.6%) et 2681 ménages sont dirigés par une femme (24.4%). En ce qui concerne le milieu de résidence, on note 4975 ménages en milieu urbain (45.26%), contre 6017 ménages en milieu rural (54.74). Dans ECAM III, 6365 ménages ont été visités en milieu urbain soit 55.88% de l échantillon total contre 5026 ménages en milieu rural soit 44.12% de l échantillon total. Chacune des 10 régions a été divisée en 3 strates, à savoir les strates urbaine, semi-urbaine et rurale. 6242 ménages pour la strate urbaine (54.8%), 1300 ménages pour la strate semi urbaine (11.41%) et 3849 ménages pour la strate rurale (33.79%) de l échantillon total. De plus au cours de cette enquête, 8350 ménages dirigés par un homme (73.3%) contre 3041 ménages dirigés par une femme ont été interrogés. Dans la ville de Douala, on a 1043 ménages contre 1022 ménages dans la ville de Yaoundé. Les régions de l Extrême-nord, du Nord-ouest et de l Ouest sont celles qui enregistrent les ménages les plus examinés, avec des pourcentages respectifs de 13.02%, 13.01% et 11.36%. La région du sud est celle qui enregistre le petit pourcentage (4.7%) (INS, 2008). Tableau1 : Récapitulatif des différentes variables Variables Définitions Variables à expliquer La fonction de demande Ménages qui ont formulé une demande de crédit auprès d une IMF La fonction d offre Ménages qui ont obtenu le crédit auprès d une IMF Variables endogènes Indice de capital social Indice construit à partir de plusieurs variables qui sont les suivantes Membre d une association Appartenance à une religion Chef de ménages marié Variables exogènes incluses Quintiles des dépenses des ménages Quintiles des dépenses des ménages (des plus pauvres au moins pauvres) SC*Q Produit de l indice du capital social par le quintile des dépenses Terre exploitée Ménages hommes ou femmes qui possèdent des terres exploitées Taille Nombre moyen de personnes dans le ménage homme ou femme Taille 2 Nombre moyen de personnes dans le ménage homme ou femme au carrée Age Age des chefs de ménage hommes ou femmes Age 2 Age des chefs de ménage hommes ou femmes au carrée Primaire Chefs de ménages qui ont le niveau primaire (=1 et 0 sinon) Secondaire Chefs de ménages homme ou femme ayant le niveau secondaire (=1 et 0 sinon) Supérieur Chefs de ménages homme ou femme ayant le niveau supérieur (=1 et 0 sinon) Formel Chefs de ménages homme ou femme travaillant dans le secteur formel (=1 et 0 autrement) Dum2007 Variable qui prend la valeur 1 pour 2007 et 0 pour 2001 Dum2007*indice de capital social Indice de capital social*dum2007 Veufs (es) Chefs de ménages veufs (=1 et 0 autrement) Union libre Chefs de ménages en union libre (=1 et 0 sinon) Divorcé Epargne (ZD) Affiliation à la CNPS Urbain Rural Mâle Femelle Chefs de ménages divorcés (=1 et 0 sinon) Ménages possédant une épargne par zone de dénombrement (=1 et 0 sinon) Variables exogènes exclues (instruments) Affiliation à la caisse de prévoyance sociale Autres variables Ménages du milieu urbain (=1 et 0 sinon) Ménages du secteur rural (=1 et 0 sinon) Ménages où le chef de ménage est de sexe féminin (=1 et 0 sinon) Ménages où le chef est de sexe féminin (=1 et 0 sinon) 11

Source : auteur à partir des données d ECAM II et ECAM III ; 2001 et 2007 et Stata 10.1. Note : toutes les variables utilisées dans l étude sont issues des enquêtes ECAM II et ECAM III V.2 Résultats attendus Dans notre étude, il est question d identifier les déterminants de la demande et de l offre de crédit au Cameroun à partir d un modèle probit sous forme d équations simultanées avec une endogénéisation de la variable capital social. En nous référant à la théorie économique et aux travaux existants, nous attendons les résultats suivants. Le capital social est l un des facteurs explicatifs de l octroi de microcrédit aux ménages. De plus La terre, la profession du chef de ménage, son âge, son secteur d activité sont des facteurs explicatifs de l offre et de la demande de crédit au Cameroun. Ces facteurs diffèrent selon le milieu de résidence du chef de ménage (milieu rural et milieu urbain), selon le sexe du chef de ménage et suivant les régions. VI Implications des politiques économiques Fournir des données chiffrées pour une meilleure compréhension des facteurs explicatifs de l octroi de microcrédit aux ménages au Cameroun. Proposer des mesures à prendre par les établissements financiers afin d assurer à la fois leur pérennité et accorder davantage de microcrédit aux nécessiteux. Nous pensons ici à la constitution des Groupes d Initiatives Communes (GIC) au sein desquels chaque membre exerce un contrôle sur les autres. 12

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