Cérémonie des Lumières - 18 janvier 2013 - Gaité Lyrique Eric Garandeau, Président du CNC Madame la Ministre déléguée à la Francophonie, Monsieur le Maire adjoint de Paris, Monsieur le Président d Unifrance, Madame la Présidente des Lumières, Chers amis, Puisque nous sommes au milieu de comédiens et de journalistes, je voudrais rendre hommage à ces deux professions qui sont parmi les plus passionnantes et les plus engagées, je dirais même les plus romanesques. Les journalistes sont observateurs mais aussi acteurs d une Histoire rendue par eux plus visible, lisible et intelligible : on le voit de manière spectaculaire et tragique quand sur les théâtres de conflit certains y entrent malgré eux, sont pris en otage, prennent une balle perdue - ou même une balle qui leur était destinée comme ce fut manifestement le cas d Yves Debay hier à Alep - nous avons une pensée pour lui.
Les comédiens traversent des théâtres apparemment moins dangereux, mais leur engagement est tout aussi total, ils sont «acteurs» de films mais aussi acteurs de la condition humaine, ils nous laissent pénétrer leur intimité autant qu ils se laissent pénétrer et transformer par leurs rôles - ils et elles - car comment ne pas rendre hommage à Claudia Cardinale, qui est avec nous ce soir, et dont les apparitions à l'écran suffisent à incarner plus d'un demi siècle de cinéma mondial! Je souhaite leur dire, à toutes les actrices que je vois ici devant moi, Victoria, Aïssa, Judith, Julie... et aussi tous les comédiens, y compris ceux qui ne sont pas là, qu ils soient grands ou petits, qu ils touchent de gros ou de petits cachets, je veux leur dire à quel point nous les aimons, à quel point le public les aime. Nous vivons une époque passionnante, trouble et compliquée, et les auteurs comme leurs interprètes nous aident à y voir plus clair, les acteurs prennent, apportent et reflètent eux aussi une lumière. Alors sachons tous résister à ces formes surprenantes d hystérie collective et médiatique qui se manifestent parfois, car même les plus grands et les plus robustes de ces «athlètes affectifs», ainsi que les appelait Louis Jouvet, ont pour cette raison aussi, le cœur le plus fragile.
Un mot sur l année 2012, qui a montré la performance exceptionnelle des films français en France comme dans les salles du monde entier: les chiffres ont été communiqués par le CNC et Unifrance, plus de 140 millions d'entrées à l'étranger, qui s'ajoutent aux 80 millions d'entrées en France, du jamais vu! Un public nombreux, rajeuni, a pu découvrir les nouveaux talents de notre pays, dans les salles mais aussi sur les plateformes de vidéo à la demande. Ce succès est celui de nos cinéastes, de leurs partenaires, c est aussi le succès d une politique publique qui fédère l Etat via le CNC, les collectivités territoriales, et les entreprises privées comme publiques. C est un écosystème dans lequel chacun trouve sa place et qui concilie qualité et performance, quantité et diversité. Au-delà des chiffres l année 2012 a également été celle de la reconnaissance des talents français et francophones par de prestigieuses récompenses, que ce soit outre-atlantique avec la saga incroyable du film «The Artist» aux Oscars, ou plus près de nous, au Festival de Cannes, avec la remise de la Palme d Or au magnifique film de Michael Haneke, «Amour», également sélectionné aux Oscars : le fait que
ce film français dans toutes ses composantes, ait été réalisé par un cinéaste autrichien, avec aussi un apport financier de l'allemagne, est un magnifique symbole de cette Union européenne du cinéma et de la culture que nous appelons de nos vœux. Le cinéma français n est pas un coquillage replié sur lui-même au vernis un peu passé. C est un cinéma vivant et éclectique, qui attire les talents de partout pour mieux irradier le monde, du Chili à la Thaïlande en passant par l Iran et la Roumanie et bien sûr toute l Afrique et les territoires de la francophonie - et j'ai naturellement une pensée particulière pour le Mali, son peuple ami, sa culture si riche et si vivante: ce qui s'y passe nous touche profondément et nous sommes tous solidaires du peuple malien. C est pour cela aussi que nous avons créé l Aide au Cinéma du Monde en 2012, qui soutient 40 à 60 films par ans, de cinéastes du monde entier. Je tiens aussi à saluer l heureuse initiative des Lumières en faveur du cinéma francophone et notamment du cinéma tunisien invité d'honneur de cette édition, en présence de notre ami Férid Boughedir, avec l organisation des premières rencontres francophones des Lumières. Ces rencontres sont cohérentes avec l ouverture des rendez-vous du
cinéma français organisés par Unifrance à tous nos amis et partenaires francophones. Cette unité pour la promotion d un cinéma en langue française, et la synergie entre les initiatives des professionnels, des Lumières, du Ministère de la francophonie et bien sûr du CNC et d'unifrance, permettent d espérer que l année 2013 sera aussi belle et aussi riche en surprises et en découvertes, que celle qui vient de s achever. Je souhaite pour conclure rendre un hommage particulier à Daniel Toscan du Plantier, qui nous a quitté il y a déjà dix ans, et qui n est pas étranger à la mise en lumière de cette célébration puisqu il en a été l un des cofondateurs : nous célébrons aussi ce soir sa mémoire et son dévouement d'une vie au cinéma. Je vous remercie.