UNE JOURNÉE DIFFICILE AU BUREAU, ÇA N EXISTE PAS : JOHN BLAIR, BCLS, CLS, ALS (Retraité) Vancouver Katherine Gordon Novembre 2010 «Tout au long de ma carrière, j ai eu du plaisir à accomplir mon travail; c est d ailleurs ce qui devrait toujours se passer quand on travaille», de dire avec une grande satisfaction l arpenteur de la Colombie-Britannique, John Blair, de la période de plus de 35 ans au cours de laquelle il a travaillé dans le domaine de l arpentage et de la cartographie, au Canada et à l étranger. En 1973, le vice-président de Geomatics, une société basée à Vancouver pour McElhanney Consulting Services Ltd., a immigré au Canada en provenance de l Australie, sa terre natale, peu de temps après avoir obtenu sa licence d arpenteur de l Australie. Connaissant peu de chose sur le climat du Canada, à part qu il semblait y faire très froid en hiver, il avait choisi la mauvaise période de l année pour se diriger vers le nord : «Je suis arrivé à Vancouver et je me suis acheté une automobile pour me rendre en Alberta, où l on m avait dit qu il y avait beaucoup de travail dans le domaine des pipelines et de l exploration pétrolière» nous raconte Blair. «Mais, c était en janvier! Quand je suis arrivé à Kamloops, C.-B., il faisait environ -10 o C, et il y avait près d un mètre de neige au sol.» Quand l Australien à moitié gelé arriva à Calgary, le thermomètre était à -30 o C. «Je me suis dit Si je vais plus vers l est, je vais mourir! Alors, je me suis arrêté là.» Il s agissait d un choix fortuit, bien qu encouragé par les contraintes pratiques du climat. Désirant vivement mettre à profit ses compétences nouvellement acquises en arpentage et en cartographie, et ayant la piqûre des voyages spécialement dans les
pays au climat chaud en moins d un an, Blair s était trouvé un emploi auprès de McElhanney, acceptant du travail en cartographie en Tanzanie. «C était probablement le dernier travail traditionnel en cartographie où l on utilisait des théodolites et des telluromètres et des tours intégrées sur un terrain plat pour faire de l observation», se rappelle-t-il. Blair n a jamais regardé en arrière. Depuis, il a travaillé dans des douzaines de pays et il a toujours eu du plaisir. Il a été pourchassé par des éléphants; il a campé au milieu de lions et il s est même retrouvé dans une cellule de prison en Tanzanie pour s être innocemment aventuré dans une zone sécurisée interdite. «J avais vu un écriteau sur lequel on pouvait lire Chemin sans issue et je n avais aucune idée que cela voulait dire que je n étais pas censé entrer dans cette zone tout ce que je pouvais voir, c était cette montagne là-haut qui semblait parfaite pour faire de l observation!» Il a finalement réussi à se sortir de cette fâcheuse situation, mais il s est quand même retrouvé une fois de plus derrière les barreaux quelques jours plus tard, après avoir involontairement arrêté l auto du président de la Tanzanie en route vers l aéroport de Dodoma. Avec le sourire, Blair se rappelle aussi du temps passé à travailler sur le positionnement par satellite pour les installations de forage pétrolier au large de la côte est du Canada. «J ai passé beaucoup de temps dans l Atlantique sur les navires de recherche. Il s agissait de navires qui effectuaient des études de sites pour savoir où positionner les installations de forage. J ai également participé au travail de navigation et de levés afin de déplacer les appareils de forage dans leurs positions finales. Nous utilisions alors le système de positionnement par satellite Doppler, le prédécesseur du système de positionnement global (GPS).»
Mais, certains des plus beaux souvenirs de Blair sont plus récents et nettement plus gratifiants, découlant des deux projets en Indonésie et au Cambodge. Le dernier projet était axé sur la gestion des terres ou le développement de titres fonciers reconnus et enregistrés; en 2008, ce projet a valu à McElhanney le prix national David Thompson, en géomatique, dans la catégorie Apport à la société. «Dans le monde occidental, les gens tiennent pour acquis les titres fonciers», explique Blair «mais il ne s agit pas d un processus normal dans certains pays où les terres sont détenues en modèles d occupation traditionnels. L émission d un titre enregistré auprès du gouvernement fournit une garantie à l occupant de la terre le propriétaire ce qui lui donne la capacité de réunir des fonds et d améliorer la propriété.» Au Cambodge, les défis à relever étaient nombreux. Bon nombre de Cambodgiens avaient été chassés des terres qu ils occupaient traditionnellement, par suite du conflit qui avait mis le pays dans un état lamentable sous le régime des Khmers Rouges. Au début des années 2000, ils y retournaient, mais certaines des terres étaient alors détenues par des squatters. Beaucoup de personnes sont mortes dans le conflit, et de nombreux différends ont été amenés au sujet des personnes qui avaient le droit d occuper à nouveau leur terre. Une pauvreté absolue avait été engendrée, empêchant l application de solutions, tout comme le faisait la présence généralisée des mines terrestres dans la région. En 2002, en partenariat avec Michael Simmons de Victoria, Geospatial International Inc., une société basée en Colombie-Britannique, et le groupe international de détection et d enlèvement des mines terrestres, le Halo Trust, Blair avait réussi à
persuader l Agence canadienne de développement international (ACDI) de financer un projet de gestion des terres au Cambodge. «Quand nous sommes allés dans le secteur pour la première fois, nous ne connaissions pas vraiment l ampleur du problème des mines terrestres», a dit Blair. «En tant qu arpenteur, je ne faisais que chercher des points d établissement de levés existants pour référencer notre travail d arpentage et de cartographie. Mais, on m a vite fait comprendre que je ne devais pas me rendre à certains endroits éloignés parce qu il s agissait habituellement des endroits exacts où se trouvaient les mines terrestres le long des extrémités des routes, par exemple.» C est donc un Blair éprouvé qui a rapidement changé son approche. «J ai vite pris l habitude, quand je marchais dans ces champs, de m assurer qu il y avait une personne qui connaissait la place en avant de moi. Je marchais exactement dans ses traces tout au long du parcours, même dans les chemins déjà tracés.» Au milieu de 2004, le projet était terminé. Cinq villages avaient été arpentés avez succès, sans aucune perte de vie ni blessure et 28 hommes et femmes cambodgiens avaient été formés pour continuer le travail. «Le projet avait connu un tel succès, que nous avons été en mesure de garantir un financement par l entremise de l ACDI en 2006 pour continuer le programme de délivrance de titres fonciers sur une période de cinq ans», raconte Blair. Quand Blair a entendu parler du tsunami massif qui s était produit en Asie du Sud-Est au lendemain de Noël en 2004 et de la dévastation de la province indonésienne d Aceh, instantanément, son esprit a pensé à l expérience vécue au Cambodge. Travaillant avec la Croix-Rouge, McElhanney s est aussitôt mis à l œuvre. La Croix- Rouge s était fixé comme objectif de construire 12 500 nouvelles habitations le long de la
côte nord-est de l île de Sumatra. Pour la première étape du programme, laquelle avait été terminée à la date du deuxième anniversaire du tsunami le 26 décembre 2006, McElhanney fournissait la cartographie, l arpentage, le travail sur les titres fonciers et l environnement requis pour monter 2 400 maisons. Par suite de ce succès, la Croix- Rouge avait alors demandé à McElhanney d entreprendre un projet de planification communautaire beaucoup plus élaboré pour le district d Aceh Jaya, une région éloignée au nord-est de l Indonésie. Blair décrit l expérience à Aceh comme «un des projets les plus ambitieux» que la société n avait jamais relevés, non seulement en raison de l ampleur de la destruction, mais aussi en raison des politiques et des intérêts diversifiés sous-jacents. À la fin de 2008, cependant, le projet tirait à sa fin et les 19 plans communautaires étaient en place. Pour Blair et ses collègues, la gratification d avoir aidé les gens dans ces collectivités à regagner leur maison et leurs commerces en valait vraiment la peine. Pour quelqu un qui avait déjà pensé qu il suivrait les traces de son oncle, un bâtisseur, l arpentage s est avéré un choix de carrière différent et fascinant que Blair n a jamais regretté : «Je crois que c est comme toute autre profession, tu peux prendre une orientation et t y adapter», dit-il. «Je suis très heureux d avoir choisi cette voie plutôt que tout autre.»