Titre II. L histoire constitutionnelle française. Chapitre II

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Titre II. L histoire constitutionnelle française Chapitre II L évolution du régime parlementaire

Chapitre II. L évolution du régime parlementaire Section I La crise du parlementarisme sous la Troisième République

Section I. La crise du parlementarisme sous la Troisième République I. L hégémonie parlementaire

Les répercussions de la crise du 16 mai 1877, en particulier la «Constitution Grévy», vont affaiblir considérablement l'exécutif, parce que le Président ne peut plus dissoudre la Chambre des députés et ne peut plus choisir ou imposer sa volonté aux ministres. Ce faisant, le régime parlementaire moniste est durablement établi en France. Mais il va progressivement évoluer vers un régime d assemblée.

Au 20 ème siècle, la pratique française du parlementarisme est très éloignée de la pratique anglaise du régime parlementaire majoritaire. La domination du Parlement sur le Gouvernement s affirme tout au long de la Troisième République et sera renforcée par la Constitution et la pratique des institutions sous la Quatrième République.

Les lois constitutionnelles de 1875 ont installé des institutions qui ne seront pas profondément modifiées par le pouvoir constituant. Il y a eu 3 révisions constitutionnelles en 70 ans : - la révision du 21 janvier 1879 (Paris redevient le siège des pouvoirs publics) ; - la révision du 14 août 1884 (réforme du Sénat et limitation du pouvoir de révision) ; - la révision du 10 août 1926 (constitutionnalisation de la Caisse de gestion des bons de la Défense nationale et d amortissement de la dette publique).

Quelles sont les causes de l hégémonie parlementaire? - les chambres ne peuvent plus être dissoutes ; - l Exécutif est entièrement issu des chambres ; - la loi est souveraine (domaine illimité, aucun contrôle de constitutionnalité, faible rigidité constitutionnelle) ; - pas de procédure référendaire.

Section I. La crise du parlementarisme sous la Troisième République II. L affaiblissement de l Exécutif

13 Présidents de la République en 67 ans : Albert LEBRUN (1932-1940) Paul DOUMER (1931-1932) Gaston DOUMERGUE (1924-1931) Alexandre MILLERAND (1920-1924) Paul DESCHANEL (18 fév-20 sept 1920) Raymond POINCARE (1913-1920) Armand FALLIERES (1906-1913) Émile LOUBET (1899-1906) Felix FAURE (1895-1899) Jean CASIMIR-PERIER (1894-1895) Marie-François-Sadi CARNOT (1887-1894) Jules GREVY (1879-1887) Patrice de MAC MAHON (1873-1879)

Face à l affaiblissement du Président de la République, la présidence du Conseil n arrive pas véritablement à s imposer face aux chambres, malgré quelques titulaires d envergure. L instabilité gouvernementale nuit à l autorité et à l efficacité du travail du Gouvernement.

L instabilité gouvernementale consiste en un changement fréquent et répété de gouvernements (104 gouvernements se sont succédés en 70 ans). Elle n implique pas pour autant une instabilité ministérielle car ce sont souvent les mêmes personnalités politiques que l on retrouve d un gouvernement à l autre. Ex : Henri Queuille a été membre d un Gouvernement à 20 reprises entre 1920 et 1940.

1876-1881 : 10 gouvernements se succèdent 1899-1909 : 8 gouvernements se succèdent dont 3 ont duré plus de deux ans et demi - Waldeck-Rousseau est Président du Conseil pendant près de trois ans (1899-1902) ; - Combes, qui lui succède, reste en fonction deux ans et demi (1902-1905) ; - Clemenceau dirige un gouvernement pendant presque trois ans (1906-1909).

De 1920 à 1940, les gouvernements ont une durée moyenne de 6 mois. Chaque désaccord, même mineur, entre le gouvernement et la majorité de la Chambre censée le soutenir pouvait déboucher sur une crise ministérielle. Cependant, si le Gouvernement était remplacé, nombre de ministres de l'ancien cabinet figuraient dans le nouveau.

Quels sont les facteurs de l instabilité gouvernementale? - la Constitution de 1875 n ayant prévu aucune procédure particulière pour la mise en jeu de la responsabilité politique du Gouvernement, celui-ci prend l habitude de se retirer dès qu il est mis en minorité par l une ou l autre des chambres, même s il s agit d une question d importance mineure. - la multiplicité des partis politiques, l absence de bipolarisation structurante de la vie politique et d une stricte discipline partisane expliquent la fragilité des coalitions gouvernementales. - l absence de leadership gouvernemental contribue à fragiliser les Gouvernements dont la solidarité est soumise à rude épreuve.

Des efforts sont réalisés pour restituer au régime une efficacité et restaurer l'exécutif.

Organisation de la Présidence du Conseil : en 1914, la Présidence du Conseil est organisée administrativement (création d un Secrétariat Gouvernemental) ; en 1934, une loi de finance reconnaît l'existence d'un «Ministre chargé de la Présidence du Conseil» qui aura un local particulier : l'hôtel de Matignon. Apparition de la pratique des décrets-lois : pendant la Guerre de 14-18, le Parlement accepte de déléguer au Gouvernement le pouvoir de faire la loi. Puis, à partir de 1924, le Président du Conseil Poincaré obtient de nouveau l'autorisation du Parlement. Il y aura généralisation des décrets-lois entre 1934 et 1940.

Plusieurs tentatives de restauration de la présidence de la République ont eu lieu mais elles ont échoué. Par exemple, Alexandre Millerand, élu Président en 1920, a revendiqué un rôle actif pour le Chef de l État, souhaitant appliquer la Constitution de 1875 dans son esprit originel. Mais il fut conduit à démissionner en 1924, à la suite du victoire du Cartel des gauches, au terme d une crise qui l opposa aux chambres.

Dans les années 1930, la crise du parlementarisme s amplifie. ex : le 6 février 1934, une manifestation antiparlementaire organisée à Paris devant la Chambre des députés tourne à l émeute (16 manifestants et 1 policier sont tués).

Dans les années 1930, un courant réformiste, animé par des hommes politiques (ex : André Tardieu), des écrivains et des universitaires (ex : Raymond Carré de Malberg), militent pour une modification profonde des institutions républicaines. Il inspirera les réformes apportées au régime parlementaire en 1958 avec la Cinquième République.

La crise du parlementarisme explique en partie la chute de la Troisième République. Le 16 juin 1940, Philippe Pétain est nommé Président du Conseil par Albert Lebrun et signe l armistice le 22 juin. Le 10 juillet, l Assemblée nationale «donne tout pouvoir au Gouvernement de la République, sous l autorité et la signature du Maréchal Pétain, à l effet de promulguer par un ou plusieurs actes une nouvelle constitution de l Etat français». Le 11 juillet 1940, Pétain adopte trois actes constitutionnels qui organisent le régime de Vichy.

Le 22 juin 1940, Charles de Gaulle fonde à Londres le Comité de la France libre qui, le 24 septembre 1941, devient le Comité national Français. Le 3 juin 1943, ce gouvernement provisoire fusionne à Alger avec le Commandement en Chef civil et militaire du général Giraud pour devenir le Comité français de Libération nationale. Le 3 juin 1944, le Comité français de Libération nationale prend le nom de Gouvernement provisoire de la République française (GPRF).

Chapitre II. L évolution du régime parlementaire Section II L établissement du régime d assemblée sous la Quatrième République

Le référendum du 21 octobre 1945 Les électeurs doivent répondre à 2 questions : - souhaitent-ils élire une assemblée constituante chargée d'élaborer une nouvelle constitution? Si la réponse est NON, il y a maintien des institutions de la Troisième République ; - si la réponse est OUI, souhaitent-ils que les pouvoirs de l assemblée constituante soient limités? (sept mois pour faire une constitution qui sera soumise à référendum). Le OUI l emporte avec plus de 96% des suffrages exprimés à la 1 ère question et plus de 66% à la seconde

Les élections d octobre 1945 donnent en sièges la majorité absolue à la gauche (Parti Communiste Français et Section Française de l Internationale Ouvrière), ce qui aura pour effets : - la démission de De Gaulle le 20 janvier 1946 et l élection de Felix Gouin (SFIO) comme Président du GPRF ; - l'élaboration d'un projet de constitution adopté le 19 avril 1946 où une assemblée unique domine l Exécutif.

Le 5 mai 1946, le projet de Constitution du 19 avril est soumis au référendum. Le corps électoral vote son rejet par 10.584.359 non, contre 9.454.034 oui. Le 2 juin 1946, une nouvelle Assemblée nationale constituante est élue dans laquelle la gauche perd la majorité absolue et le premier parti en nombre de sièges est le Mouvement Républicain Populaire. Georges Bidault (MRP) est élu Président du GPRF.

Le 13 octobre 1946, un référendum est organisé au sujet du nouveau projet de Constitution. Les résultats sont les suivants : Oui : 9.297.470 ; Non : 8.165.459 ; Abstentions : 8.519.835. La Constitution de la IVème République française est promulguée le 27 octobre 1946.

Section II. L établissement du régime d assemblée sous la Quatrième République I. Le régime politique de la Constitution du 27 octobre 1946

La Constitution d octobre 1946 est le résultat d un compromis entre le MRP, le PCF et la SFIO. Il est marqué par le retour à un bicamérisme inégalitaire et un renforcement de la position du président du Conseil. La Constitution est précédée d un préambule reconnaissant des droits économiques et sociaux complétant les droits de la DDHC de 1789.

L Assemblée nationale est élue au suffrage universel direct, par un mode de scrutin proportionnel. Jusqu à la révision constitutionnelle du 7 décembre 1954, elle vote seule la loi, puis après 1954, avec la deuxième chambre mais elle gardera cependant, en cas de désaccord avec elle, le droit de faire prévaloir sa volonté. Elle seule peut mettre en cause la responsabilité politique du gouvernement par un vote de défiance (art. 49 C 1946) ou l adoption d une motion de censure (art. 50 C 1946). Elle peut être dissoute si, au cours d une période de dixhuit mois, deux crises ministérielles surviennent en application des articles 49 et 50 de la Constitution.

Le Conseil de la République est élu au suffrage universel indirect par un collège d élus nationaux et locaux. Ses pouvoirs sont réduits, et si, avant 1954, il ne pouvait émettre que des avis, depuis cette date il participe au vote de la loi. Il ne peut pas mettre en cause la responsabilité politique du gouvernement.

Le président de la République est élu pour 7 ans par le Parlement réuni. Il dispose de moins de prérogatives que celles prévues en 1875 mais il conserve celui de désigner le président du Conseil. Ses actes sont soumis au contreseing des ministres. Vincent Auriol (1947-1954) et René Coty (1954-1958) ont été les deux présidents.

Le président du Conseil est désigné par le président de la République et reçoit seul l investiture de l Assemblée nationale, à la majorité absolue, après avoir présenté son programme ; enfin, il est nommé par le président de la République et fait nommer par ce dernier les ministres qu il a choisis. Le président du Conseil a trois fonctions essentielles : il est le chef réel de l exécutif ; il choisit ses ministres et peut, dans la pratique, les révoquer ; il est le chef de la coalition parlementaire majoritaire.

Section II. L établissement du régime d assemblée sous la Quatrième République II. L échec de la rationalisation du parlementarisme

La rationalisation du parlementarisme doit permettre à un Gouvernement de trouver une majorité stable pour le soutenir à l Assemblée nationale alors que le mode de scrutin (représentation proportionnelle) et le système de partis (multipartisme) ne la fournissent pas.

En mai 1947, l union des trois partis politiques (PCF, SFIO et MRP) qui gouverne la France s effondre. Les communistes quittent le gouvernement et deviennent des opposants systématiques aux institutions et à la politique du régime, comme l étaient déjà les partisans de Charles de Gaulle. Ces opposants représenteront jusqu en 1958 environ un tiers des députés à l Assemblée nationale.

La Constitution de 1946 utilise principalement deux techniques de rationalisation du parlementarisme.

1 ) le Gouvernement procède de l'assemblée Nationale grâce à un «contrat de législature» liant le Président du Conseil et sa majorité ; l'assemblée Nationale investit le Président du Conseil au vu de son programme à la majorité absolue des députés (art. 45).

Paul Ramadier, premier Président du Conseil accepte, après avoir été investi le 21 janvier 1947, de revenir devant l Assemblée nationale pour répondre à des interpellations concernant la composition de son Gouvernement. Dès lors va se développer la pratique de la «double investiture» : une première investiture à la majorité absolue sur le nom du président du Conseil et le programme du Gouvernement ; une deuxième investiture à la majorité relative sur la composition du Gouvernement.

La révision constitutionnelle du 7 décembre 1954 réforme la procédure en prévoyant une investiture unique : le Président du Conseil désigné par le Président de la République présente son programme et la composition de son Gouvernement à l'assemblée Nationale qui l investit à la majorité relative.

2 ) La responsabilité politique du Gouvernement ne peut être mise en cause qu'à la majorité absolue des membres de l Assemblée, et selon des deux procédures réglementées : question de confiance (art. 49) et motion de censure (art. 50), et non par le simple jeu d interpellations. La question de confiance ne peut être posée que par le Président du Conseil, après délibération du Conseil des ministres. Le vote sur la question de confiance et la motion de censure ne peut intervenir qu un jour franc après qu elle a été posée ou déposée devant l Assemblée.

Article 51 de la Constitution de 1946 «Si, au cours d'une même période de dix-huit mois, deux crises ministérielles surviennent dans les conditions prévues aux articles 49 et 50, la dissolution de l'assemblée nationale pourra être décidée en Conseil des ministres, après avis du président de l'assemblée. La dissolution sera prononcée, conformément à cette décision, par décret du président de la République.»

Non utilisation du droit de dissolution Les députés calibraient leur vote pour mettre en minorité le Gouvernement sans l obliger à démissionner, c est-àdire sans voter à la majorité absolue des membres de l Assemblée nationale. Une seule dissolution intervint le 2 décembre 1955, à la demande d Edgar Faure, à la suite de deux erreurs de calibrage des députés (en février 1955, contre Pierre Mendès-France, en décembre 1955, contre Edgar Faure).

L instabilité gouvernementale est forte sous la Quatrième République : 24 gouvernements se succèdent de 1947 à 1958 : - 6 mois en moyenne, - 16 mois pour le plus long (Gouvernement de Guy Mollet du 1 er février 1956 au 13 juin 1957), - 10 jours pour le plus court (Gouvernement de Henri Queuille du 2 juillet 1950 au 11 juillet 1950).

Chute de la Quatrième République 15 avril 1958 : le Gouvernement de Félix Gaillard (Parti Radical Socialiste) est renversé par l Assemblée nationale. 13 mai 1958 : Pierre Pflimlin (MRP) est investi Président du Conseil. Des partisans de l Algérie française forme un «Comité de salut public» à Alger pour s opposer au Gouvernement. 28 mai 1958 : Pierre Pflimlin démissionne. 1 er juin 1958 : Charles de Gaulle est investi Président du Conseil. 3 juin 1958 : vote d une loi constitutionnelle par l Assemblée nationale et le Conseil de la République qui annonce une révision de la Constitution de la IVe République.