1 NOM : Prénom : 2 Nom maître de conférence : INTRODUCTION AU RAISONNEMENT ECONOMIQUE : PRINCIPES DE MICROECONOMIE EXAMEN INTERMEDIAIRE SAMEDI 11 OCTOBRE 2014 DUREE DE L EPREUVE : 2 heures L EXAMEN EST NOTE SUR QUATRE_VINGT POINTS Les calculatrices sont interdites. Répondre dans les espaces prévus après les questions. Si vous utilisez les feuilles blanches situées après le sujet, identifiez clairement la partie et la question concernées. 1
PARTIE A : QCM (20 POINTS) Une seule réponse par question de QCM est juste. Entourez la bonne réponse. 1. La courbe d Engel d un bien de luxe est : a. décroissante et concave b. croissante et concave c. croissante et convexe. 2. Laquelle, parmi les affirmations suivantes, est VRAIE : a. dans le cas général, l'utilité marginale doit être strictement supérieure au prix d'achat quel que soit le niveau de consommation envisagé. b. dans le cas général, l'utilité marginale d'un bien divisé par l'utilité marginale de l'autre bien doit être strictement égale au ratio des prix de chaque bien quel que soit le niveau de consommation envisagé. c. dans le cas général, l'utilité marginale d'un bien divisé par l'utilité marginale de l'autre bien doit être strictement égale au ratio des prix de chaque bien au point de consommation optimal. 3. On dispose de données régionales d'emploi (notées y) et de dépenses pour la formation professionnelle (notées x). Une régression de y sur x donne un coefficient de x positif et significatif. Cela veut-il dire: a. que la formation professionnelle augmente d'un point de vue causal le niveau d'emploi dans les régions? b. que la formation professionnelle n'est pas corrélée à l'emploi. c. on ne peut pas conclure, car plus l'emploi augmente, plus on peut financer facilement la formation professionnelle. Bonne réponse : +2 ; mauvaise réponse : -2 ; pas de réponse : 0. 4. La courbure de la courbe d'indifférence nous renseigne : a. sur l'envie de consommer pour chaque bien. b. sur la capacité à substituer un bien à un autre bien. c. sur la capacité d'indifférence au monde qui nous entoure? 5. L'élasticité-prix de la consommation décrit : a. l'impact d'une augmentation de 1% du prix sur la production du bien considéré. b. l'impact d'une augmentation du revenu de 1% sur les prix à la consommation. c. l'impact d'une augmentation de 1% du prix sur la consommation de ce bien. 6. Le surplus marginal de la consommation est : a. l'écart entre le prix et l'utilité de la première unité consommée. b. l'écart entre l'utilité marginale et le prix d'achat d'une unité. c. ni l'un ni l'autre. 2
7. Si l'écart-type d'un coefficient estimé à 1.1 est de 0.2 : a. cela signifie que ce coefficient est très probablement positif. b. cela signifie que ce coefficient est très probablement nul. c. cela signifie que ce coefficient est très probablement négatif. 8. Le jeu du dictateur prouve : a. que les individus sont égoïstes. b. que les individus ne sont pas rationnels. c. ni l'un ni l'autre, car l'altruisme peut être l'expression d'une cohérence et donc d'une forme de rationalité. 9. La droite de budget : a. ne dépend pas du revenu. b. se déplace vers le haut et vers la droite quand les prix augmentent. c. a une pente déterminée par les prix relatifs. 10. Si le taux marginal de substitution entre le nombre de mètres carrés d'un logement de vacances et la distance à la plage (exprimée en centaines de mètres) est de 1 cela signifie : a. qu'on veut dépenser 100 euros de plus pour se rapprocher de 100 mètres la plage. b. qu'on est prêt à réduire de 10 mètres carrés la surface du logement pour se rapprocher de 1 km de la plage. c. qu'on est prêt à dépenser 100 euros de plus pour s augmenter la surface louée de 1 mètre carré. PARTIE B : Questions de cours (20 points) Répondre en 10-15 lignes maximum, dans l espace prévu. 1. Expliquez ce qu'est une différence-en-différences et à quoi cela sert. Un graphique est attendu. (10 points) Définition des groupes de traitement et de contrôle et condition entre les deux (2,5 points). Formule de la différence-en-différence (2,5 points). Différence-en-différence=impact causal (2,5 points). Graphique (2,5 points). 3
2. Définissez les concepts d'ordinalité et de cardinalité (10 points) Définition de la vision cardinale de l utilité (5 points). Définition de la vision ordinale de l utilité (5 points). Vision cardinale de l utilité : la vision cardinale de l utilité suppose qu il est possible de quantifier le niveau de satisfaction atteint par l agent. Dans la vision cardinale de l utilité, l échelle choisie pour exprimer le niveau d utilité n est pas neutre. Vision ordinale de l utilité : la vision ordinale de l utilité suppose qu il n est pas possible de quantifier le niveau de satisfaction atteint par l agent. En revanche, il est possible d ordonner les paniers selon son ordre de préférences. Les nombres que l on pourrait associer à chaque courbe d indifférence n auront donc pas de signification autre que celle de l ordre de préférences. L agent préfère 3 à 2 et 10 à 3, mais on ne peut pas dire qu il a atteint une satisfaction de 3 ou une satisfaction de 10 ; on ne peut pas dire non plus que sa satisfaction a augmenté de 1, puis de 7. Attention : dans ces deux visions, on est capable d attribuer un chiffre à l utilité, mais c est l interprétation de ce chiffre qui va différer. Rappel : c est la vision ordinale qui prédomine. 4
PARTIE C : ETUDE DE CAS (20 points) Répondre dans les parties prévues à cet effet. L'évaluation des politiques de la culture est difficile, car les indicateurs sont difficiles à définir, et ne peuvent se résumer à des indicateurs chiffrés. Qui plus est, une politique culturelle forte a un impact sur le rayonnement d'une nation et sa capacité à long-terme à attirer des visiteurs, à former les élites et in fine à peser dans les débats mondiaux. Imaginez d'abord qu'on veuille tester l'impact de la politique de gratuité des musées sur la fréquentation des musées. a) Peut-on comparer la fréquentation des musées gratuits et des musées payants afin de mesurer l'impact causal de la gratuité? (4 points) Non. En effet, la différence de fréquentation des musées gratuits et payants ne peut uniquement être attribuée à leur différence de prix. (1 point) Elle peut être également due au fait que ces deux types de musées sont différents au regard d autres caractéristiques. (1 point) A cet égard, les musées gratuits et payants se distinguent par leur localisation, le fait que ce soient des musées nationaux ou non, leur thématique, (2 points). b) Peut-on rendre payants les musées du mercredi au vendredi et gratuits du samedi au lundi (le mardi étant fermé) et comparer les chiffres de fréquentation entre jours de la semaine afin de mesurer l'impact causal de la gratuité? (4 points) Non. En effet, la différence de fréquentation d un même musée entre les jours de la semaine ne peut uniquement être attribuée à la différence de prix. (1 point) Elle peut être également due au fait que les jours de la semaine sont différents au regard d autres caractéristiques. (1 point) A cet égard, les personnes ont tendance à davantage aller aux musées le weekend indépendamment de la politique tarifaire pratiquée par les musées car le weekend est un jour chômé, ils ont donc plus de temps libre et souhaitent parfois le passer en famille, avec leurs enfants, à visiter un musée par exemple. (2 points). Si on interprétait la différence de fréquentation entre les jours de la semaine comme un effet causal de la gratuité, on confondrait donc l effet de la gratuité avec l effet des jours «mercredi jeudi vendredi». Attention : il s agissait ici de rendre payant du mercredi au vendredi et gratuit du samedi au lundi un même musée, et non de rendre certains musées payants du mercredi au vendredi et d autres gratuits du samedi au lundi (sinon, dans ce dernier cas, on se retrouve avec un double problème pour estimer l impact causal : le problème évoqué à la question (1), puisque les musées sont différents, et le problème évoqué à la question (2) également). 5
c) Peut-on choisir aléatoirement des musées et les rendre gratuits afin de mesurer l'impact causal de la gratuité? (4 points) Oui, car le choix aléatoire des musées est la meilleure manière de s assurer qu ils sont comparables, du moins ex ante. (2 points) Il faut néanmoins également s assurer, une fois le tirage aléatoire effectué, que les deux groupes (de traitement et de contrôle) sont comparables (1 point) et que l échantillon est d une taille suffisamment importante (1 point). Attention : il s agissait ici de considérer l ensemble des musées sur un territoire donné (par exemple la France) et de sélectionner aléatoirement parmi ces musées un groupe de traitement. Les musées non sélectionnés constituent le groupe de contrôle. En théorie, le tirage aléatoire est la meilleure manière de procéder pour s assurer de la comparabilité des musées, mais cette procédure admet des limites, notamment éthiques et de faisabilité. d) Imaginons qu'on sache avec certitude que la gratuité augmente la fréquentation du public de 14% mais coûte en revanche les recettes des 86% des visiteurs qui auraient payé. Quel est le critère d'évaluation coût-bénéfice pertinent de cette politique? Aide: il s'agit d'un des principes de l'analyse de la microéconomie. (4 points) Le critère d évaluation coût-bénéfice pertinent de cette politique est le coût d opportunité. (2 points). Le bénéfice de la gratuité est la hausse de fréquentation de 14%. (1 point) Le coût d opportunité de la gratuité est les recettes des 86% des visiteurs qui auraient payé. (1 point) Il faut donc s assurer qu on valorise ces 14% supplémentaires à un niveau suffisant, c est-àdire à un niveau supérieur aux recettes des 86%. e) La gratuité des musées a en réalité un effet à plus long terme, il permet d'attirer des touristes. Imaginons que l'augmentation du nombre de touristes est estimée à 150 000 personnes supplémentaires par an. Quel indicateur chiffré auriez-vous besoin de recueillir pour justifier la politique de gratuité auprès du ministre de budget? (4 points) Les dépenses moyennes de ces 150 000 touristes supplémentaires par an sur le territoire français. (4 points) Il faudrait comparer ces dépenses moyennes à la baisse des recettes des musées liée à la gratuité. Si ces dépenses sont supérieures aux recettes perdues, alors il s agit d une politique efficace. Attention : on supposait ici que la gratuité des musées entrainait une hausse de 150 000 touristes supplémentaires par an. Il n était donc pas nécessaire de se demander quelle proportion de ce nombre était dû à la gratuité, puisqu on supposait que cette hausse de 150 000 touristes était intégralement due à la gratuité des musées. 6
PARTIE D : EXERCICE (20 points + 4 points de bonus) Répondre dans les parties prévues à cet effet. L'utilité d'hervé ne dépend que de la consommation de 2 biens : des bananes et des pommes. Il peut se procurer ces articles au marché bio aux prix pb et pp. Hervé souhaite maximiser son utilité en choisissant la meilleure combinaison de ces deux articles. Question 1 : Sachant que pb=0,5, pp=2, et que Hervé dispose de 10 euros d'argent de poche, déterminez la contrainte budgétaire et définissez l'espace budgétaire d'hervé. Tracez-la dans le cadre réservé. (4 points) (0,5 point) (0,5 point) (0,5 point) L espace budgétaire rassemble l ensemble des paniers accessibles pour le consommateur étant donnés son revenu et les prix. (1 point) L espace budgétaire correspond à l aire géographique comprise sous la contrainte budgétaire. (0,5 point) (NB : j ai accordé 0,5 point si vous l aviez représenté graphiquement) Graphique. (1 point) 7
Question 2 : Le tableau suivant récapitule toutes les combinaisons de biens en fonction du nombre de biens disponibles sur le marché, et le niveau d'utilité correspondant pour Hervé. Quelle propriété des préférences d'hervé est illustrée par la première ligne et la première colonne? (3 points) Bananes Pommes 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 1 0.0 1.0 1.6 2.1 2.5 2.9 3.3 3.7 4.0 4.3 4.6 2 0.0 1.3 2.0 2.6 3.2 3.7 4.2 4.6 5.0 5.5 5.8 3 0.0 1.4 2.3 3.0 3.6 4.2 4.8 5.3 5.8 6.2 6.7 4 0.0 1.6 2.5 3.3 4.0 4.6 5.2 5.8 6.3 6.9 7.4 5 0.0 1.7 2.7 3.6 4.3 5.0 5.6 6.3 6.8 7.4 7.9 6 0.0 1.8 2.9 3.8 4.6 5.3 6.0 6.6 7.3 7.9 8.4 7 0.0 1.9 3.0 4.0 4.8 5.6 6.3 7.0 7.7 8.3 8.9 8 0.0 2.0 3.2 4.2 5.0 5.8 6.6 7.3 8.0 8.7 9.3 9 0.0 2.1 3.3 4.3 5.2 6.1 6.9 7.6 8.3 9.0 9.7 10 0.0 2.2 3.4 4.5 5.4 6.3 7.1 7.9 8.6 9.3 10.0 Goût pour la diversité (4 points). La consommation d un bien n apporte de l utilité que si la consommation de l autre bien n est pas nulle. Cela illustre la convexité des préférences, qui se matérialise par le «goût pour la diversité». Les paniers intermédiaires sont favorisés en regard des paniers extrêmes. Attention : il s agissait ici de regarder la colonne 0 et la ligne 0, et non la colonne 1 et la ligne 1. Question 3 : Qu'ont en commun les paniers (pommes ; bananes) suivants (3;7), (4;4) et (8;1)? Que représentent-ils? (3 points) Ces trois paniers procurent le même niveau d utilité : 4. (1,5 point) Ils sont donc sur la même courbe d indifférence. (1,5 point) Question 4 : Tracez sur le graphique 1 les trois courbes suivantes, modélisées chacune par trois paniers (pommes;bananes) : courbe 1 : paniers (1;15), (2;4) et (4;1) courbe 2 : paniers (2;18), (3;8) et (6;2) courbe 3 : paniers (3;14), (5;5) et (8;2) Déterminez le choix optimal d'hervé. Justifiez. (4 points) Graphique. (1 point) Le point de consommation optimale est le panier (3 ; 8). (1 point) Le point de consommation optimale est le point de tangence entre une des courbes d indifférence et la droite de contrainte budgétaire. (1 point) En effet, la courbe d indifférence tangente à la contrainte budgétaire est la courbe d indifférence dont un des points respecte encore la contrainte budgétaire et qui est la plus éloignée de l origine, c est-à-dire qui procure le niveau d utilité maximum (non-satiété des préférences). (1 point) Attention : il s agit d un point de tangence et non d un point d intersection. Point d intersection => la contrainte budgétaire coupe la courbe d indifférence en 2 points, et le consommateur pourrait trouver un panier qui continuerait à respecter la contrainte budgétaire et qui lui procurerait davantage de satisfaction que les 2 paniers de la courbe d indifférence précédente. 8
Point de tangence => la contrainte budgétaire «touche» la courbe d indifférence en un unique point et le consommateur ne peut trouver aucun autre panier qui continuera à respecter la contrainte budgétaire et qui lui apportera un niveau d utilité supérieur. Question 5 : Définissez le TMS. A l'optimum, quelle condition respecte-t-il? (4 points) Le taux marginal de substitution est la valeur absolue de la pente d une courbe d indifférence en un point. (1 point) Le taux marginal de substitution représente la quantité de bananes que le consommateur est prêt à sacrifier pour augmenter d une unité sa consommation de pommes tout en conservant le même niveau d utilité (U bar). (1 point) TMS = -db/dp = (du/dp)/(du/db) (1 point) A l optimum, le taux marginal de substitution est égal au ratio des prix : TMS=Pp/Pb (1 point). Attention : - Les abscisses et ordonnées déterminent toutes les définitions et équations (dénominateur et numérateur). - Les pentes et les valeurs absolues de ces pentes sont différentes. - Le ratio des utilités marginales est toujours égal au TMS, et pas seulement au point de consommation optimale. 9
CI et préférences Pente db/dp = (du/dp)/(du/db) Valeur absolue de la pente -db/dp= (du/dp)/(du/db) Interprétation TMS de pommes à bananes=valeur absolue de la pente=-db/dp=(du/dp)/(du/db) Contrainte budgétaire Toujours vrai le long d une courbe d indifférence -Pp/Pb Pp/Pb Coût d opportunité d une unité supplémentaire de pommes=valeur absolue de la pente=pp/pb Point de conso optimale Les pentes sont égales : db/dp= (du/dp)/(du/db)= -Pp/Pb Les valeurs absolues des pentes sont égales : -db/dp= (du/dp)/(du/db)= Pp/Pb Toujours vrai le long de la droite de contrainte budgétaire TMS=-dB/dP= (du/dp)/(du/db)= Pp/Pb Vrai uniquement au point de conso optimale 10
Question 6 : Pour des raisons de santé publique, le gouvernement décide d'encourager la consommation de pommes au détriment de celle des bananes. Deux mesures sont alors mises en place : une taxe de 0,5 par banane, contre une subvention d'1 par pomme. Ces mesures impactent directement les prix à la consommation. Écrivez la nouvelle contrainte budgétaire d'hervé. (2 points) (1 point) (0,5 point) (0,5 point) Question 7 : Le tableau suivant vous donne les TMS calculés pour les paniers considérés. Quel est le nouveau panier optimal d'hervé. Justifiez. (Bonus : 4 points) Paniers (pommes;bananes) (3;6) (4;4) (6;4) (8;2) TMS 4 2 1 0,5 Le ratio des prix est désormais égal à Pp/Pb=1. (1 point) Au point de consommation optimale, le TMS est égal au ratio des prix, donc TMS=1. (1 point) Le point de consommation optimale est donc le panier (6 ; 4). (1 point) Il y a donc eu substitution des bananes pour les pommes suite à la réduction de prix relatif des pommes. (1 point) 11