Partage du 17.06.16 Le négatif en gris Le positif en couleur Je suis plaquiste dans une petite entreprise du bâtiment, je portais continuellement des charges lourdes, montais des étages, sautais du camion. J ai les genoux complètement esquintés. J ai été licencié pour inaptitude. J ai 40 ans et 4 enfants à charge. Qu est-ce que je vais devenir? La pression au travail est une réalité. Les conditions de travail et de sécurité ne vont pas s améliorer, car les ouvriers sont poussés à prendre des risques pour produire plus et plus vite. Si certains sont malades d avoir trop de travail, d autres souffrent de ne pas en avoir. Au travail, nous sommes encorerentables, mais à la retraite, quelle valeur donne-t-on à l homme? La dignité de l homme n est pas respectée. L homme est bafoué au plus profond de luimême. Mon mari est au chômage, je fais des ménages. Je ne peux plus prendre de mutuelle et j hésite à aller chez le médecin. Le service d aide à domicile est en pleine restructuration. Il faudrait se réunir entre collègues mais on manque de temps pour se rencontrer. Difficile de vivre au jour le jour, sans projet. Pour les jeunes, c est la même chose : fragilité, contrat après contrat, ils ne peuvent s installer et reviennent chez leurs parents. Les soignants se plaignent des contraintes techniques et administratives qui laissent moins de place à la relation humaine, sans parler de la pénurie qui nous contraint à des charges de travail plus lourdes, des bouleversements de planning. Ma mère, qui est en perte d autonomie, voudrait entrer en maison de retraite. Mais comment payer l établissement avec 700 euros de retraite par mois, en sachant que le tarif se situe aux environs de 2200 euros, et que ses enfant ne sont pas solvables?
Je nettoie les classes dans une école primaire. Dans 6 mois, je vais être à la retraite et mon dossier est complet. A la permanence de la sécu, on m a donné le chiffre de ma future mensualité. Je vais devoir chercher un petit boulot d appoint. J ai ressenti mon licenciement économique comme une injustice et un gâchis, après 32 ans de travail chez cet employeur. C est la rupture avec une vie ordinaire. Je suis aide à domicile. Dans le milieu associatif, on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Sur 6 heures de travail, 4 heures sont payées, le reste c est de la présence responsable. Au Conseil Général, tout est réorganisé sans moyen supplémentaire. On nous dit qu il n y a plus d argent. On ne tient pas compte de l humain. On dit aux personnes qui vivent du RSA : «Tu dois être content de l avoir sans travailler». A Pôle Emploi, il faut accepter n importe quel boulot, sans prise en compte de ce que tu veux, sinon tu risques de te faire supprimer l aide. Je suis mal dans ma peau, j ai l impression d être un pion que l on déplace comme on veut. Je me sens rejeté et bafoué, et moralement, je dégringole vite. Je veux travailler décemment. Financièrement, on est obligé de faire beaucoup plus attention. Les enfants ne comprennent pas pourquoi il faut diminuer les activités, les vacances. C est difficile de ne pas vivre normalement. Cette situation, je ne l ai pas voulue, elle m a été imposée. Je n ai pas assez d argent pour vivre ; avant, en apprentissage,j avais une paye, mais maintenant, je dois demander à mes parents, c est dur! J ai fait un apprentissage pour avoir plus vite un boulot et partir de ma famille, mais je galère. Tu n as pas d argent, tu n as plus de vie sociale. Plus tu sors de la vie sociale, plus c est difficile d y retourner. Je n ose même plus aller aux réunions de l école de ma fille. Quand tu as décroché pendant 10 ans, que tu as plus de 40 ans, que tu es une femme avec un enfant en bas âge, c est vraiment galère pour retrouver quelque chose. Aujourd hui, il faut être réactif, rentable tout de suite. Dans mon quartier, beaucoup de jeunes sont au chômage, ils sont découragés. On ne leur demande pas leur avis. J ai peur que le stress me fasse oublier un soin, que la pression m empêche de prendre du temps avec un patient déprimé, que la fatigue me fasse faire un mauvais calcul de dose. Je vis l insécurité dans mon travail. Comment y remédier quand le personnel est largement en sous effectif et qu onnous annonce d autres restrictions budgétaires? Je ne cesse de parler de ma souffrance au travail avec ceux qui m entourent. Ça m épuise, à tel point que je n ai plus envie de sortir. Les réunions me pèsent. Je m écroule de fatigue, mais je suis réveillé vers 3 heures du matin en pensant au boulot
J habite seule un petit appartement que je loue. Depuis 10 ans,mes revenus n ont pas beaucoup augmenté, mais tout est devenu plus cher (eau, gaz, électricité). Je rogne sur les sorties, les loisirs, les vacances. Ce qui m inquiète, c est de devoir supprimer la viande de mon alimentation et de ne plus pouvoir faire face à mes frais de santé. Je ressens de l injustice, c est une révolte rentrée contre la société. Le journal, aussi, nous parle de la vie...
En positif Cette vie toute humaine, dans un regard de foi, nous rapproche du Dieu de Jésus-Christ...
A la célébration Des signes qui s accomplissent parmi nous aujourd hui «Etre handicapé est une épreuve». Merci Seigneur quand, face à cette réalité, s ouvre un autre chemin, un chemin de vie. «J étais timide j ai trouvé du courage». En s engageant avec d autres, des copains se transforment, des liens de fraternité se vivent, un monde se construit. Dans les partages, des copains invités s expriment, des personnes s écoutent et disent : «ça fait du bien». Dans nos vies, nos galères, nous sommes témoins que l indignation et la révolte poussent à l action, parfois à l action collective, à la solidarité. Tu es là, Seigneur, au cœur de nos combats. Nous vivons tous des moments de faiblesse de fragilité. Nous faisons alors l expérience que ça nous rend plus humains, plus sensibles, plus ouverts aux autres, aux plus faibles. Tu nous accompagnes dans ces périodes difficiles. «Je ne vous oublierai jamais» Dans nos engagements, nous sommes parfois à bout de souffle, désespérés, en questionnement. Ces paroles d une travailleuse reçue à la permanence syndicale redonnent sens au travail militant. Nous avons tant besoin de ces signes sur notre chemin, qui te rendent présent, Seigneur, et nous poussent à continuer. «Il est mort, vivant». Comme tu nous l as manifesté, Seigneur, la mort est un passage à une autre vie auprès de toi. C est ainsi que des copains, entourés de la famille, des amis, vivent cette étape dans la paix et la sérénité. Soyons tous habités par l espérance de cette résurrection, de cette vie en abondance que tu ne cesses de nous proposer. «L ACO est un soutien, une aide pour avancer dans la vie». Nous tous ici, avec les copains de nos équipes, avons la chance extraordinaire de vivre l amitié, mais aussi la révision de vie. Ces partages de vie et de foi nous nourrissent, nous rendent plus forts quand tu te révèles présent. Pour tous ces signes, Seigneur, nous te louous