le végétal et vous Semences et agriculture durable
La filière semences, premier maillon de l agriculture durable L agriculture est aujourd hui confrontée à un défi humain, sociétal et environnemental majeur : augmenter sa production pour nourrir une population mondiale qui se chiffrera à 9 milliards en 2050, tout en préservant l environnement. Autrement dit : satisfaire les besoins alimentaires des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs. Dans cette mutation profonde de la production agricole, la filière semences a un rôle essentiel à jouer. En effet, la semence est à l origine de toute culture. Elle est donc le premier maillon de l agriculture durable. En France, la filière semences représente 261 groupes d entreprises de production et de création variétale réparties sur le territoire, avec un chiffre d affaires réalisé à 50 % par des PME et des ETI, 15 000 emplois en comptant les technico-commerciaux des entreprises de distribution et une renommée internationale : la France est le 1 er producteur européen et le 1 er exportateur mondial (hors plants de pomme de terre). Les sélectionneurs ont entrepris il y a plusieurs décennies déjà d améliorer les variétés afin de mettre à disposition des agriculteurs des semences capables d augmenter les rendements, mais nécessitant moins d eau, d engrais ou de traitements phytosanitaires.
Les semenciers protègent & enrichissent la biodiversité Les nouvelles variétés sont créées par les sélectionneurs à partir de la biodiversité existante. Les entreprises semencières sont ainsi des acteurs majeurs de la protection et de l enrichissement de la biodiversité. La biodiversité animale n est pas oubliée! Les professionnels des semences se préoccupent aussi de la petite faune et des insectes. Les abeilles, par exemple, sont indispensables à la pollinisation de certaines espèces, comme le colza, le tournesol, la carotte ou l oignon. Les agriculteurs multiplicateurs de semences sollicitent les apiculteurs qui implantent des ruches dans les parcelles de multiplication. Les agriculteurs peuvent aussi implanter des jachères ou des couverts végétaux, qui permettent au petit gibier et aux oiseaux de se réfugier. Quelques définitions Au sein d une même espèce, une variété est un ensemble homogène de plantes clairement identifiées par des caractères morphologiques, physiologiques et génétiques. Exemple : la Bintje est une variété de l espèce pomme de terre. Les entreprises de sélection, ou obtentrices, sont les entreprises dans lesquelles les nouvelles variétés sont créées. Les hommes dont le métier est la sélection sont les sélectionneurs. L agriculteur-multiplicateur, à partir d une petite quantité de semences mères d une variété, produit une grande quantité de graines. Celles-ci seront ensuite triées, contrôlées et conditionnées par une entreprise semencière afin d être commercialisées auprès des agriculteurs, des maraîchers ou des particuliers. La notion de «biodiversité» recouvre la variabilité, sous toutes ses formes, des organismes vivants : animaux et végétaux, micro-organismes, etc. En agriculture, la biodiversité a été enrichie par l homme à partir d espèces sauvages qu il a domestiquées depuis la Préhistoire. L homme a ainsi sans cesse cherché à améliorer l expression du patrimoine génétique des plantes cultivées. Contrairement aux idées reçues, la recherche privée en amélioration variétale ne réduit pas la biodiversité. Le travail du sélectionneur consiste précisément à composer avec la biodiversité existante pour créer de nouvelles variétés ; en effet, les nouvelles variétés végétales sont créées à partir des ressources génétiques. Pour la recherche en amélioration variétale, qui assure l avenir de notre agriculture, il est donc nécessaire que toutes les sources potentielles de biodiversité soient conservées : des ancêtres sauvages aux variétés contemporaines, en passant par les populations anciennes. C est pourquoi les sélectionneurs ont été les premiers en France à collectionner des variétés. Rien que sur le territoire français, une trentaine de réseaux de conservation pour les différentes espèces a été créée par les entreprises de sélection privées et par les instituts de recherche publique. Certaines des ressources génétiques qui constituent la biodiversité des plantes cultivées sont utilisées aujourd hui ; d autres constituent les «réservoirs» de demain pour des besoins encore inconnus. Les nouvelles variétés créées par les entreprises semencières viennent enrichir en permanence ces collections et donc la biodiversité existante.
Protection des semences L évolution des techniques a permis d appliquer certains traitements phytosanitaires directement sur les semences, grâce à l enrobage et au pelliculage, plutôt que de les pulvériser dans les champs. L un des avantages de cette technique est de diminuer considérablement la surface de terre exposée aux traitements et le volume de produits utilisés. Ainsi, pour 10 000 m2 de terre en contact avec la pulvérisation de produits phytosantaires «traditionnels», seuls 50 m2 sont en contact dans le cas de traitements appliqués directement sur les semences. Améliorer les plantes pour réduire l impact environnemental de l agriculture En 2011, Réduire l utilisation d intrants : une nouvelle étape une des grandes priorités a été franchie de l amélioration des plantes dans la réduction Les intrants constituent l ensemble des produits ne sont pas naturellement présents dans de l impact qui une culture et qui y sont ajoutés afin d améliorer environnemental son rendement, c est-à-dire les engrais, de l agriculture : les traitements phytosanitaires, l eau pour être autorisée Afin de diminuer l utilisation de ces intrants et donc à la vente en France, de réduire l impact environnemental de l agriculune variété devra faire ture, les sélectionneurs concentrent leur efforts recherche autour de programmes de recherche tels preuve d un meilleur de que la résistance aux maladies ou aux insectes afin comportement d utiliser le moins de traitements possible, vis-à-vis l efficacité de l absorption d azote par les plantes de l environnement pour diminuer la fertilisation (et donc les nitrates le sol), l enherbement du sol pour diminuer que les variétés dans la présence de mauvaises herbes et donc l usage déjà commercialisées. d herbicides, la tolérance au stress hydrique pour En parallèle, que la plante puisse se développer malgré des couverts végétaux les périodes de sécheresse... aux nombreuses vertus Exemple : pour rendre leurs efforts encore plus écologiques sont mises efficaces, les entreprises semencières lancent projets en partenariat. Ainsi, le FSOV à la disposition des (Fonds de soutien à l obtention végétale) encourage des agriculteurs. des programmes collectifs de recherche pour la création de variétés de blé tendre répondant aux enjeux d une agriculture durable.
Le rôle écologique majeur en agriculture des couverts végétaux Les couverts végétaux ont de multiples avantages environnementaux. Ils servent d engrais verts, car ils augmentent la teneur en matière organique des sols. Ils servent aussi de pièges à nitrates ; en effet, ils empêchent leur lessivage vers les nappes phréatiques et les cours d eau. Les couverts sont souvent implantés entre deux cultures pour éviter l érosion du sol nu l hiver et l envahissement par les mauvaises herbes, tout en restructurant le sol et en servant d abri à la petite faune sauvage et aux insectes. Ils sont obligatoires le long des cours d eau, en bandes enherbées, pour empêcher le ruissellement de produits ou de fertilisants. Les semenciers mettent à disposition des agriculteurs des mélanges d espèces choisies en fonction de leurs aptitudes. Parmi ces espèces, la moutarde blanche, la phacélie, les trèfles, la luzerne, la vesce commune ou le ray-grass ont chacune des atouts particuliers. Exemple : la phacélie est un bon couvert végétal pour deux principales raisons. C est une plante qui occupe l espace rapidement et largement, empêchant le développement des adventices (mauvaises herbes). Par ailleurs, elle a l avantage d appartenir à une famille botanique qui n est pas cultivée par l homme ; intégrée dans une rotation, elle provoque une réelle coupure dans le cycle des parasites et des adventices, et permet donc de limiter les interventions de l agriculteur.
Améliorer les plantes pour élargir leurs débouchés écologiques Les plantes présentent de nombreux débouchés écologiques possibles. Les entreprises semencières travaillent à l amélioration des variétés pour accompagner le développement de la chimie verte. Les plantes cultivées ont des vertus sur la qualité de l air que nous respirons. Les plantes absorbent le dioxyde de carbone (CO2) de l atmosphère et dégagent de l oxygène. Par exemple, un hectare de maïs absorbe autant de CO2 que quatre hectares de forêt. Mais les plantes cultivées comptent de nombreux autres atouts écologiques Matière première naturelle et renouvelable, elles peuvent avoir des utilisations multiples hors domaine alimentaire : les biocarburants, les bioplastiques, les solvants, les tensio-actifs et les lubrifiants, ou encore les biomatériaux. Bien entendu, pour accompagner le développement de ces nouveaux produits, les technologies de transformation évoluent sans cesse. Mais les améliorations concernent également la production des plantes. Les scientifiques sélectionnent des variétés bien adaptées à ces usages, et des méthodes de culture sont mises en place pour obtenir de bons rendements tout en limitant l utilisation de produits extérieurs. A terme, on peut donc envisager que les produits de la chimie verte remplaceront de façon significative ceux issus des matières fossiles, dans les domaines aussi variés que l énergie, les matériaux et la chimie fine. Exemple : le bioéthanol est un produit de substitution au pétrole. Ce biocarburant provient de plantes riches en sucre comme la canne à sucre ou la betterave sucrière. Il peut aussi être obtenu à partir de plantes à forte teneur en amidon : blé, maïs, pomme de terre... Pour la betterave, la richesse en sucre, donc potentiellement en alcool, est un critère de sélection permanent. Quant au blé, au maïs et à la pomme de terre, des recherches s orientent actuellement vers la teneur et la qualité des amidons. Exemple : un procédé de fabrication a été mis au point pour réaliser des plastiques rigides mais à durée de vie limitée à partir des parties aériennes des plantes de maïs. Les plantes sont broyées et mélangées avec des plastifiants naturels (eau, amidon...). Le produit final est obtenu sans purification des constituants et sans matières plastiques issues de la chimie pétrolière. Les applications sont multiples : poignées rigides pour sacs papier, tees de golf, bombes de feu d artifice, tuteurs de végétaux...
44, rue du Louvre - 75001 Paris www.semencemag.fr Réf. : D1186- Photos : Gnis - Illustration : Rui-Daniel Ribeiro - Éditions Trocadéro - 2013