Licence Sciences de la Réadaptation Lyon 23 Septembre 2015 Psychophysiologie du Sommeil ALAIN NICOLAS MD, PhD Unité Michel JOUVET (Exploration du sommeil) INSERM U846 Service Universitaire de Psychiatrie (Pr D Amato) - CH le Vinatier - Bron
Le Sommeil Normal : définition Survenue de périodes récurrentes, spontanées et réversibles Diminution de l'activité motrice Augmentation du seuil de réponse sensoriel Diminution de la mémorisation Diminution de la continuité mentale Dont la probabilité de survenue augmente avec la privation.
Les Etats de Conscience La veille Le sommeil lent Le sommeil paradoxal Les limites de ces trois états sont floues Les outils permettant de les séparer sont multiples Observation des comportements Agendas de sommeil Actigraphie Electroencéphalogramme : polysomnographie
Les Stades de Sommeil Sommeil lent Léger Stade 1 : ondes thêta - Mouvements oculaires lents Stade 2 : ondes thêta Fuseaux Complexes K Profond : sommeil à ondes lentes Stade 3 : > 30 % ondes delta (0.5 2.5 Hz) (Stade 4 : > 50 % ondes delta) Sommeil paradoxal Ondes thêta ondes en dents de scie (3 7 Hz) Mouvements oculaires rapides Atonie musculaire
Aspect Quantitatif Chez l adulte jeune TTS : 6 10 heures Eveil + Stade 1 = 5% du TTS Stade 2 = 50% du TTS Stade 3 + 4 = SLP = 20% du TTS Sommeil Paradoxal = SP = 25% du TTS Efficacité du sommeil Temps dormi / Temps passé au lit > 85%
Fonctions Végétatives SL SP Fréquence cardiaque rég. irrég. Fréquence respiratoire rég. irrég. Pression artérielle rég. irrég. Tonus musculaire ++ -- Consommation d O2 basse haute Réaction au CO2 = éveil -- Erection rare ++
Les Fonctions du Sommeil Sommeil Lent profond Récupération physique Synthèse protéique Sommeil paradoxal Récupération psychique Consolidation mnésique En fait : interaction des deux états dans la plupart des processus fondamentaux
Typologie du dormeur Courts et longs dormeurs Court dormeur < 6 h par jour Long dormeur : environ 10 h par jour Typologie du Soir ou du Matin Type vespéral : couche tard - lève tard Type matinal : couche tôt lève tôt
Structure du sommeil chez les courts et les longs dormeurs Long dormeur Sommeil normal Dormeur moyen Court dormeur Sommeil de récupération après privation de sommeil Long dormeur Dormeur moyen Court dormeur SLP SP Stade 2 Stade 1 et éveil
Sommeil de l enfant Nourrisson : éveil toutes les 3 heures Cycle veille / sommeil : 2-5 mois Sommeil Agité Sommeil calme Endormissement en sommeil agité
Vieillissement du Sommeil Sommeil stable sur 24 heures Endormissement peu modifié Augmentations des éveils Diminution du sommeil lent profond 16-25 ans : 20 % du TTS 36-50 ans : 3.4 % du TTS Sommeil paradoxal stable Avance de phase progressive
Rythmes Biologiques Mesure interne du temps Anticipation des changements périodiques de l environnement : jour / nuit Adaptation physiologique prédictive Synchronisation optimale des fonctions biologiques
SOMMEIL ET APPRENTISSAGE
Sommeil et apprentissage Après un apprentissage : amélioration des performances mnésiques > si le sujet dort dans les 8 heures suivantes (Ebbinghaus, 1885) Après un apprentissage : altération des performances mnésiques > s il y a privation de sommeil (Maquet et al., 2003) Le réseau neuronal mis en jeu au cours de l apprentissage - Réactivé pendant le SP la nuit suivante - Amélioration des performances le lendemain (Maquet et al., 2000)
Sommeil et Douleur
Sommeil et Douleur Sommeil / Douleur : 2 phénomènes interdépendants Manipulations du sommeil Modifient les perceptions douloureuses (animal / homme) Volontaire sain Privation totale de sommeil (40 h) seuil de tolérance aux stimuli douloureux (hyperalgésie) Privation de SLP seuil de tolérance aux stimuli douloureux (hyperalgésie) Rebond de SLP seuil de tolérance aux stimuli douloureux (hypoalgésie)
Privations totales de sommeil Privations totales du sommeil pendant 60 h, volontaires sains (n=6), étude ouverte sans groupe contrôle sensibilité douloureuse proportionnelle à la durée de la privation du sommeil (Cooperman et al., 1933) Privations de sommeil pendant 1 à 3 h, durant 1 à 3 nuits céphalées pouvant persister plusieurs heures (Blau, 1990)
Privations sélectives de sommeil Étude des mécanismes étiopathogéniques de la fibromyalgie Privation stade 4, 3 nuits consécutives volontaires sains (n=6 ) vs 10 fibromyalgiques non privés de sommeil. - Plaintes douloureuse / raideurs musculo-squelettiques : = 2 groupes - Douleurs au 13 points de pression tendineux standards - Amélioration des scores de dolorimétrie pendant la période de récupération du sommeil (Moldofsky et al., 1975)
Privations sélectives de sommeil Fibromyalgie -Syndrome douloureux chronique d étiologie indéterminée. -Surtout chez la femme (autour de la quarantaine). -Points douloureux à la pression des sites musculo-squelettiques spécifiques (American College of Rheumatology 1990). -Sommeil non réparateur (alpha-delta sleep)
Sommeil et Douleur Relation bi-directionnelle: douleur / sommeil Troubles organiques douloureux : sommeil Le sommeil non «réparateur» : des douleurs (brûlés / fibromyalgiques)
Sommeil et Psychiatrie
Troubles de l Humeur 90% dépression majeure Tracé de sommeil perturbé Insomnie : plus fréquent Hypersomnie Episodes dépressifs des troubles bipolaires Troubles dépressifs saisonniers Etats maniaques Besoin de sommeil réduit à sa plus simple expression Agrypnie transitoire Reynolds et al., Sleep, 1987 Riemann et al., Biol Psychol 2001
Insomnie et Dépression Insomnie isolée 31,1 % de dépression Sans troubles du sommeil 2,7 % de dépression Insomnie ou hypersomnie 54,3 % de dépression Insomniaques chroniques (centre du sommeil) 52 % de dépression Taylor et al., Sleep 2005
Sommeil et dépression Trouble de la continuité du sommeil Allongement de l endormissement Fragmentation du sommeil Diminution du temps de sommeil total Réduction du sommeil lent profond Durée et pourcentage diminués Premier épisode particulièrement touché Anomalies du sommeil paradoxal Réduction de la latence du SP (LSP + age < 90 min) Augmentation de la durée du SP Augmentation de la densité des MOR
Sujet Contrôle Hypnogramme Stades de Sommeil Temps Patient Dépressif Stades de Sommeil Temps
Spécificité des altérations Anomalies du SP : dépression endogène? Impossible de les sous-types de dépression Variabilité des troubles d'un patient à l'autre Réduction de la latence du SP : plus spécifique Dans d'autres pathologies psychiatrique = dépression? Schizophrénie / TOC Combinaison d altération : plus spécifique (Benca et al., Arch Gen Psy, 1992)
Dynamique des troubles Intensité = gravité de la dépression Plus importante en début d'épisode dépressif Augmentent avec l'âge du patient Raccourcissement de la latence du SP = indice de vulnérabilité? Persistance des anomalies au cours des rémissions (Rush et al., Arch Gen Psy, 1986 - Kupfer et al., Arch Gen Psy 1990) Risque de rechute augmenté Présence d'une latence courte chez les parents sains (Lauer et al., Arch Gen Psy, 1995)
Insomnie => Dépression? IMPACT (Pigeon et al., Sleep, 2005) Insomnie facteur de risque de la dépression Privation chronique de sommeil (Roman et al., Sleep, 2005) Rats dormant 4 heures par jour Désensibilisation des récepteur 5-HT1A (8 jours) Traitement de l insomnie Hypnotique + ATD > ATD (McCall et al., Sleep 2005) Trt non pharmacologique de l insomnie = améliore la dépression (Morawetz, Sleep Res Online, 2003)
Troubles du sommeil
Insomnie < 6h et/ou > 30 mn d'endormissement Plainte subjective Sommeil ressenti par le patient comme difficile à obtenir, insuffisant, insatisfaisant ou non récupérateur Insomnie d'endormissement, éveils multiples ou réveil précoce Altération des performances diurnes 10 à 20% de la population générale
Insomnie Insomnie chronique secondaire Syndrome des jambes sans repos Syndrome d apnées du sommeil Douleurs chroniques Psychiatriques Dépression Anxiété Psychose Démence
Insomnie Insomnie chronique primaire : > 1 mois, isolée Insomnie psychophysiologique Objectivable en polysomnographie Tension somatisée et conditionnement négatif Insomnie idiopathique Débute dans l'enfance : biologique? Mauvaise perception du sommeil Non-objectivable Plainte subjective prévalente
Insomnie Historique Chronologie Mécanismes Contexte psychique Environnement : bruits, profession Antécédents : pathologies, traitements Pathologies du sommeil Agenda de sommeil Polysomnographie : diagnostic différentiel
Insomnie Thérapies cognitives et comportementales Relaxation Phytothérapie Antihistaminiques Antidépresseurs Zopiclone et Zolpidem Mélatonine
A éviter!!! Benzodiazépines Détérioration du sommeil lent profond Perte d efficacité en 1 mois environ Nécessité d augmenter les doses Rebond d insomnie au sevrage Psychiques : rebond d anxiété Effets résiduels diurne Somnolence Troubles de la mémoire et de la concentration
Hygiène du Sommeil Se lever Tous les jours à le même heure (à une ½ heure près) Limiter le temps passé au lit Le lit est réservé au sommeil et aux activités sexuelles Environnement facilitant le sommeil la chambre doit être obscure, insonorisée et climatisée Ne pas faire d exercice physique intense après le repas du soir (pas de bains chauds) S exposer à la lumière le matin Eviter la rumination des problèmes au lit Eviter de dormir dans la journée Sieste : oui! sommes long et tardifs : non! Eviter les drogues Caféine, nicotine, alcool et hypnotiques Eviter les repas lourds et tardifs
Merci de votre attention alain.nicolas@ch-le-vinatier.fr