RELATION HOTE BACTERIE, FLORES NORMALES. Dr. HENNICHE HCA novembre 2008

Documents pareils
PARTIE II : RISQUE INFECTIEUX ET PROTECTION DE L ORGANISME. Chapitre 1 : L Homme confronté aux microbes de son environnement

SURVEILLANCE DES SALARIES MANIPULANT DES DENREES ALIMENTAIRES

L eau dans le corps. Fig. 6 L eau dans le corps. Cerveau 85 % Dents 10 % Cœur 77 % Poumons 80 % Foie 73 % Reins 80 % Peau 71 % Muscles 73 %

Tuberculose bovine. Situation actuelle

Prépration cutanée de l opéré

Infestation par Dipylidium caninum,

Gestion des épidémies en FAM et MAS. 2 ère réunion annuelle FAM/MAS 20 mars 2015

Partie I Les constats actuels dans le secteur agroalimentaire

Les Infections Associées aux Soins

Fonctions non ventilatoires

Fiche de données de sécurité

POURQUOI L HYGIENE HYGIENE = PROPRETE HYGIENE = PREVENTION DES INFECTIONS COMMUNAUTAIRES ET DES INFECTIONS ASSOCIEES AUX SOINS

Mieux informé sur la maladie de reflux

Chapitre 4 : cohabiter avec les micro-organismes. Contrat-élève 3 ème

Cahier des bonnes pratiques pour un nettoyage écologique des locaux du Conseil Général de la Gironde

Contexte réglementaire en hygiène alimentaire

NOTICE : INFORMATION DE L UTILISATEUR. Delphi 0,1 % crème Acétonide de triamcinolone

Compétitivité des produits laitiers locaux: vers une standardisation du «fènè», un lait spontanément fermenté au Mali

HUMI-BLOCK - TOUPRET

Restauration collective. quelques aspects réglementaires

Le Test d effort. A partir d un certain âge il est conseillé de faire un test tous les 3 ou quatre ans.

BMR/ BHR en EHPAD Prise en charge des résidents

Contenu de la formation PSE1et PSE2 (Horaires à titre indicatif)

GUIDE PRATIQUE N 1 HERPES ASSOCIATION HERPES. Agissons contre l herpès

Le reflux gastro-oesophagien (280) Professeur Jacques FOURNET Avril 2003

A-ESSE s.p.a. FICHE DE SÉCURITÉ

Contact cutané. Contact avec les yeux. Inhalation. Ingestion.

Quelles sont les maladies hautement contagieuses susceptibles d être hospitalisées en réanimation en France?

Sommaire de la séquence 7

Chapitre 2 : Respiration, santé et environnement.

Epidémiologie appliquée aux sciences vétérinaires DES DAOA DES - DEA

et l utilisation des traitements biologiques

Formations 2014 SECURITE DES ALIMENTS

Le trajet des aliments dans l appareil digestif.

RAID PIEGES ANTI-FOURMIS x 2 1/5 Date de création/révision: 25/10/1998 FICHE DE DONNEES DE SECURITE NON CLASSE

Le VIH et votre foie

le bilan urodynamique Dr René Yiou, CHU Henri Mondor

La maladie de Verneuil Hidrosadénite suppurée

Les maladies ou infections sexuellement transmissibles (MST)

FICHE DE DONNÉES DE SÉCURITÉ conformément au Règlement (CE) nº1907/2006 REACH Nom : KR-G KR-G

Ma vie Mon plan. Cette brochure appartient à :

QU EST-CE QUE LA TUBERCULOSE?

La carie dentaire - Plaque dentaire prophylaxie de la carie

Prévenir la colonisation par Campylobacter chez les poulets de chair. Dr. Wael Abdelrahman Consultant technique, Probiotiques volailles

HEPATITES VIRALES 22/09/09. Infectieux. Mme Daumas

Parasites externes du chat et du chien

Douleur dentaire. LACAVITÉ BUCCALE constitue l habitat naturel de nombreux. est-elle d origine infectieuse?

Est-elle bonne à boire?

La Greffe de Cellules Souches Hématopoïétiques

Science et technique. La température et la durée de stockage sont des facteurs déterminants. Viande bovine et micro-organisme pathogène

Service d ambulance. Normes. de soins aux patients. et de transport

.( /.*!0) %1 2"+ %#(3004) 05' 203 .(.*0"+ ) '!2"+ %#(30+ 0!"%) 4!%2) 3 '!%2"+ %#(30! &' 4!!% .+.*0%!!'!(!%2" !

Questionnaire Médical

LES BONNES PRATIQUES D HYGIÈNE DANS LA PRÉPARATION ET LA VENTE DES ALIMENTS DE RUE EN AFRIQUE. Outils pour la formation

Rhume ou grippe? Pas d antibiotiques!

MALADIES INFLAMMATOIRES DE L INTESTIN :

Paquet hygiène : Le règlement 852/2004 relatif à l hygiène des denrées alimentaires

LA DÉMARCHE GLOBALE DE PRÉVENTION. La méthode HACCP. olet 1 : Informations générales

Chapitre II La régulation de la glycémie

Hygiène personnelle du collaborateur de bloc opératoire et infections nosocomiales

FICHE DE DONNEES DE SECURITE

Anémie et maladie rénale chronique. Phases 1-4

Le psoriasis est une maladie qui touche environ 2 à 3 % de la population et qui se

Fiche documentaire FAIRE LES PRODUITS D USAGE DOMESTIQUE SANS DANGER POUR L AIR

BDL2, BDL3 Enviro Liner Part A. Dominion Sure Seal FICHE SIGNALÉTIQUE. % (p/p) Numéro CAS. TLV de l' ACGIH Non disponible

5. Matériaux en contact avec l eau

Livret de l agriculture. L ALIMENTATION DE LA VACHE LAITIERE Physiologie et Besoins

Il est bien établi que le réseau d eau hospitalier peut

Décrets, arrêtés, circulaires

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

Utilisation de produits sains et sûrs Mise en oeuvre de procédures strictes et rigoureuses

Fiche de données de sécurité Selon l Ochim (ordonn. produits chim.) du , paragr.3

Intrants médicamenteux en agriculture et en santé : les écosystèmes microbiens sont-ils un problème ou une solution?

Ministère de la santé, de la jeunesse et des sports. Comité technique des infections nosocomiales et des infections liées aux soins

ANNEXE IIIB NOTICE : INFORMATION DE L UTILISATEUR

LE GRAND LIVRE Du. Pr Jean-Jacques Altman Dr Roxane Ducloux Dr Laurence Lévy-Dutel. Prévenir les complications. et surveiller la maladie

CATALOGUE DE FORMATION. Qualité Hygiène et Sécurité Alimentaire. Au service des professionnels des métiers de bouche sur tout le territoire national

Dermatologie courante du sujet âgé. Printemps Médical de Bourgogne 31 Mars 2012 Dr Claude Plassard Gériatre CHI Châtillon/Montbard

1. Identification de la substance ou préparation et de la Société. 2. Composition/ informations sur les composants

CATALOGUE D'ESSAIS INTERLABORATOIRES AGLAE 2015 BIOLOGIE MEDICALE

Gestion de la crise sanitaire grippe A

L importance du suivi du dioxyde de carbone (CO 2. ) dans la production de dindes

Conduite à tenir devant une morsure de chien (213b) Professeur Jacques LEBEAU Novembre 2003 (Mise à jour mars 2005)

Conférence technique internationale de la FAO

GESTION DU RISQUE INFECTIEUX D ORIGINE ALIMENTAIRE DANS LES UNITES DE SOINS

Volume 1 : Epidémiologie - Etudes des facteurs de risques

INCONTINENCE URINAIRE

Vaccinations - Rédaction Dr BOUTON

Traitements topiques. Utiliser conformément aux instructions figurant sur l emballage. Aident à éliminer les squames. Soulagent les démangeaisons.

BASES DE L ENTRAINEMENT PHYSIQUE EN PLONGEE

Tableau pour la conservation et le transport des spécimens à l externe

formations professionnelles fin 2014 / début 2015 hygiène alimentaire en restauration collective audit, conseil et formation professionnelle

Principales causes de décès selon le groupe d âge et plus

LA PERITONITE INFECTIEUSE FELINE

GUIDE DE BONNES PRATIQUES POUR LA COLLECTE DE PILES ET ACCUMULATEURS AU LUXEMBOURG

CODE D USAGES EN MATIÈRE D HYGIÈNE POUR LES ALIMENTS RÉFRIGÈRES CONDITIONNES DE DURÉE DE CONSERVATION PROLONGÉE CAC/RCP

NOTICE : INFORMATION DE L'UTILISATEUR. DAKTOZIN 2,5 mg/150 mg pommade Nitrate de miconazole et oxyde de zinc

Conseils aux patients* Lutter activement. *pour les patients ayant subi une opération de remplacement de la hanche ou du genou

Acides et bases. Acides et bases Page 1 sur 6

Transcription:

RELATION HOTE BACTERIE, FLORES NORMALES Dr. HENNICHE HCA novembre 2008

INTRODUCTION Les bactéries qui concernent l homme: les bactéries saprophytes: vivent dans l environnement immédiat (air, sol) les bactéries commensales: colonisent la peau et les muqueuses (digestive, respiratoire, génitale). Beaucoup de bactéries sont complètement inoffensives et certaines nous sont même indispensables (bactéries de la flore digestive). Quelques dizaines de ces espèces seulement sont capables de provoquer des maladies chez l homme, ce sont les bactéries pathogènes.

DEFINITIONS (TYPES DE RELATION HOTE-BACTERIE) -saprophytisme : c est une forme de nutrition permettant à un organisme d utiliser des matières organiques en décomposition. Une bactérie est saprophyte lorsqu elle vit et se nourrit dans l environnement (sol, eaux, surfaces).

-commensalisme : type d association conduisant 02 espèces différentes d organismes à vivre ensemble sans que l une nuise à l autre, et ou parfois l une des espèces se procure de la nourriture, une protection ou d autres avantages. Bactéries commensales : ce sont des bactéries qui vivent à la surface (peau et téguments) ou dans les cavités naturelles de l homme sans nuire à celui-ci. C est la flore normale de l homme ou flore commensale (digestive, respiratoire, génitale). Ces bactéries peuvent exceptionnellement devenir pathogènes (pathogènes opportunistes ou occasionnelles) sur terrain particulier (par exemple en cas d immunodépression).

-la symbiose : c est un mode de relation dans le quel la bactérie et l hôte profitent tous deux de leur association, exemple : les bactéries du tube digestif qui se nourrissent des aliments présents et qui produisent des vitamines utilisées par l homme.

-pathogénicité ou parasitisme : La pathogénicité est la capacité d une bactérie de produire une maladie chez l homme. Le parasitisme est une forme de vie d un organisme aux dépends d un autre être vivant. Ce terme est souvent attribué aux bactéries pathogènes. Une bactérie pathogène est une bactérie qui est nuisible à son hôte et peut provoquer chez lui une maladie. On distingue 02 types de bactéries pathogènes :

-Bactéries pathogènes spécifiques: bactéries qui entrainent une maladie cliniquement définie et physiopathologiquement spécifique. Exemples : Salmonella typhi et fièvre typhoide, Treponema pallidum et syphilis, Mycobacterium tuberculosis et tuberculose. -Bactéries pathogènes opportunistes : certaines bactéries peuvent devenir pathogènes lorsque les défenses de l hôte sont affaiblies (diabète, immunodépression, cancer, SIDA, etc...), mais ne donnent habituellement pas de maladie chez le sujet sain. Ces bactéries sont souvent des bactéries commensales (exemple : Enterocoque, Staphylococcus epidermidis) parfois des bactéries saprophytes de l environnement (exemple : Pseudomonas).

-colonisation : c est une implantation de la bactérie sur le revêtement cutanéomuqueux sans provoquer de dommage pour l hôte. C est le type d interaction des bactéries des flores commensales. -Portage (porteurs sains) : colonisation par des bactéries pathogènes retrouvées plus ou moins transitoirement au niveau des flores commensales.

-maladie infectieuse : conflit hôte bactérie aboutissant à des lésions chez l hôte infecté (maladie). L expression clinique de la maladie est le résultat complexe de multiples interactions entre la bactérie et les défenses de l hôte. -infection : c est le développement de germes pathogènes dans l organisme entrainant des troubles (maladie). -contamination : c est la transmission d un microorganisme (bactérie, virus ou parasite) à l homme.

FLORES NORMALES DE L HOMME L exposition de tout individu aux bactéries est inévitable. A la naissance, le nouveau né alors qu il était stérile in utéro acquiert en quelques heures une flore microbienne constituée surtout par les bactéries transmises lors de l accouchement puis par celles provenant de son environnement. En quelques jours une flore bactérienne s installe au niveau de la peau et des muqueuses et cette association constante durera tout au long de la vie mais variant qualitativement en fonction de l état physiologique de l hôte et de son environnement.

Mécanismes d implantation des bactéries sur la peau et les muqueuses : 1- L'adhérence bactérienne par les pili ou fimbriae. spécificité 2- facteurs permettant la survie et la persistance des microorganismes dans l'environnement colonisé (ph, nutriments, oxygène) 3- Facteurs exogènes qui influencent la constitution de cette flore «normale» : - Le type d'alimentation - L'environnement - L'antibiothérapie

4- facteurs physiologiques: la grossesse 5- facteurs pathologiques: le diabète, la mucoviscidose et certaines infections virales (grippe)

La flore normale: - cutanée - digestive - flore des voies respiratoire - Flore des voies génitales

Flore de la peau La flore cutanée se situe dans la partie externe de la peau, dans les glandes sébacées et les follicules pilosébacés. Sa densité est variable selon les régions du revêtement cutané et est influencée par la densité des follicules pileux, des glandes sudoripares et des glandes sébacés ; le nombre de bactéries cutanées est estimé à 10² par cm² (les régions sèches: peau glabre) et 10³ par cm² (régions humides: creux axillaires, aine, plis cutanés). Les espèces bactériennes les plus rencontrées sont : Staphylocoques (Staphylococcus epidermidis, Staphylococcus saprophyticus), Microcoques et Corynébactéries.

Flore digestive Elle comprend les flores de la bouche, de l œsophage, de l estomac, de l intestin grêle et du colon.

Flore de la bouche c est une flore riche 10 5 à 10 6 bactéries /ml de salive, 10 11 au niveau de la plaque dentaire. Elle est composée principalement de Streptocoques alpha hémolytiques et non hémolytiques, de Neisseria et de corynébactéries. Dans certains sites, sillon gingivodentaire, cryptes amygdaliennes, les bactéries anaérobies sont associées aux bactéries aérobies. Les bactéries de la plaque dentaire sont surtout des Streptocoques (S.mutans, S.sanguis, S.salivarus, S.mulleri ) avec un rôle particulier du Streptococcus mutans dans la génèse des caries dentaires.

Flore du tube digestif En dehors des germes de transit apportés par l alimentation, l estomac ne contient pas de bactéries, en revanche le nombre de bactéries s accroit progressivement à partir du duodénum et du jéjunum (10 2-10 5 /g de contenu intestinal) jusqu au colon (10 11 /g de selles). Les espèces qui constituent cette flore sont des bactéries aérobies (Entérobactéries : Escherichia coli et Proteus et les Streptocoques du groupe D) et des bactéries anaérobies (Bactéroides et Clostridium).

Flore des voies respiratoires la flore du nasopharynx est similaire à celle de la salive, avec des Streptocoques, des Neisseria et des anaérobies. Staphylococcus aureus est souvent présent dans le nez des sujets sains. Le larynx et la trachée sont dépourvus de bactéries. Les bactéries provenant de la salive (10 5-10 6 /ml) ou celles de l air (200 à 1000/ml) peuvent être inhalées sous forme d aérosols qui contaminent ainsi l arbre bronchique, mais ces bactéries sont constamment éliminées par les cellules ciliées de l épithélium bronchique.

Flore des voies génitales Flore de l urètre: à l extrémité distale du canal urétral chez l homme ou chez la femme on retrouve une flore composée de Staphylocoques, Microcoques, Entérobactéries, Corynébactéries et Streptocoques non groupables.

Flore vaginale : flore particulière et très riche,fortement influencée par la nature de l épithélium, l activité oestrogénique et la concentration en glycogène. Chez la petite fille et la femme ménopausée où la sécrétion oestrogénique et le glycogène sont absents et le PH vaginal entre 6 et 7, la flore est variée avec une prédominance de cocci à gram (+) et également de bacilles à gram (-) aérobies et anaérobies strictes.

Chez la femme en période d activité génitale où la sécrétion oestrogénique est présente et le glycogène abondant, se transformant en acide lactique, le PH est entre 4 et 5. La flore est alors dominée par les Lactobacillus. Ces Lactobacillus représentent la flore de Doderlein. On retrouve également des Corynébactérium, des bactéries anaérobies (Bacteroides et Clostridium) Les bacilles à gram (-) aérobies (Entérobactéries) sont en quantité moins importante, mais la fréquence d Escherichia coli peut augmenter chez la femme enceinte!

ROLE DE LA FLORE COMMENSALE La flore commensale joue un rôle essentiel dans: la résistance à l infection la digestion

Résistance à l infection : un des rôles majeurs de la flore commensale est de créer un état de résistance contre l implantation des bactéries pathogènes sur la peau et les muqueuses et ceci de 02 façons : en stimulant en permanence le système immunitaire disséminé le long des muqueuses digestives et respiratoires. En inhibant directement l implantation des bactéries exogènes par l effet de barrière qu elle oppose à ces bactéries.

Les mécanismes de cette inhibition sont : -la sécrétion par les bactéries de la flore de bactériocines détruisant les bactéries exogènes -la production de métabolites toxiques comme les acides gras, la production d H 2 O 2 par les Lactobacilles et les Streptocoques -la dégradation des toxines par les enzymes protéolytiques des bactéries de la flore commensale

Rôle dans la nutrition : la flore commensale du tube digestif contribue en partie à la digestion: en détruisant les déchets (urée) ou en hydrolysant certaines substances qui ont résisté à la digestion par les sucs intestinaux. de plus, la flore commensale est capable de synthétiser des vitamines (vitamine K, B12, acide folique, biotine). Ces vitamines sont utilisées par l hôte en appoint à l apport alimentaire.