Application de la Convention d Aarhus en France Contribution de l ANCCLI

Documents pareils
DIVISION DE CAEN Caen, le 8 août 2014

Agrément des hébergeurs de données de santé. 1 Questions fréquentes

exigences des standards ISO 9001: 2008 OHSAS 18001:2007 et sa mise en place dans une entreprise de la catégorie des petites et moyennes entreprises.

CONDITIONS CONTRACTUELLES GENERALES (CCG)

Commentaire. Décision n /178 QPC du 29 septembre 2011 M. Michael C. et autre

LE CHAMP D APPLICATION

DISPOSITIF D ABAISSEMENT DE L ÂGE DE LA RETRAITE POUR LES FONCTIONNAIRES AYANT COMMENCÉ TÔT LEUR ACTIVITE PROFESSIONNELLE

CERTIFICATION CERTIPHYTO

Protocole d accord entre les assureurs de protection juridique affiliés à Assuralia, l O.V.B. et l O.B.F.G.

Ill. Commentaire des articles p. S IV. Fiche financiere p.s v. Fiche d' impact p. 6


NPT/CONF.2010/PC.III/WP.39

Nomination et renouvellement de MCF et PR associé à temps plein

LOI Loi n du 13 juin 2006 relative à la transp arence et à la sécurité en matière nucléaire (1). NOR: DEVX L

CONSEIL D'ETAT statuant au contentieux N RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. UNION NATIONALE DES ASSOCIATIONS DE SANTÉ A DOMICILE et autre

ASSEMBLÉE NATIONALE PROJET DE LOI

Le projet Chorus a été conçu pour doter. Chorus : résultats et perspectives

Loi institutant un Médiateur de la République du Sénégal

LA COUR DES COMPTES a rendu l arrêt suivant :

ASSOCIATION DE FINANCEMENT DU PARTI NOUS CITOYENS STATUTS

Notice UTILISATION DE SOURCES RADIOACTIVES (domaine non médical)

Projet de loi n o 30 (2003, chapitre 25)

AVENANT CONVENTION DE COMPTE

Circulaire de la DACG n CRIM 08-01/G1 du 3 janvier 2008 relative au secret de la défense nationale NOR : JUSD C

Monsieur RIBETTE Christophe SCREG Est Agence Bourgogne Franche Comté 9, rue des Serruriers CHEVIGNY SAINT SAUVEUR

Paris, le 10 octobre 2012 Dossier suivi par : XXXX Tél. : XX Courriel : recommandations@energie-mediateur.

Décrets, arrêtés, circulaires

I La conservation des dossiers médicaux répond à un triple intérêt :

DIVISION DE CAEN Hérouville-Saint-Clair, le 15 octobre 2013

R E P U B L I Q U E F R A N C A I S E

MANUEL DES PROCEDURES D ATTRIBUTION, DE CONTRÔLE ET DE RENOUVELLEMENT DES QUALIFICATIONS ET ATTESTATIONS D IDENTIFICATION

L application du règlement sur la reconnaissance mutuelle aux procédures d autorisation préalable

Autorité de sûreté nucléaire et Bilan du contrôle de la centrale nucléaire de Saint-Alban / Saint-Maurice en 2013

NIC BURKINA FASO - CHARTE DE NOMMAGE DU POINT BF ******* REGLES D'ENREGISTREMENT POUR LES NOMS DE DOMAINE SE TERMINANT EN.BF

MARCHES PUBLICS DE FOURNITURES COURANTES ET SERVICES

Nantes, le 22 décembre Monsieur le Directeur IONISOS Zone industrielle Les Chartinières DAGNEUX

Emis le : 5/08/2011 Mis à jour : 10/2014

CONTRAT DE PRESTATIONS DE SERVICES EN INGENIERIE INFORMATIQUE

CONTRAT DE PERMANENCE TELEPHONIQUE EXTERNALISATION DE STANDARD

BULLETIN OFFICIEL DU MINISTÈRE DE LA JUSTICE

La surveillance de la fabrication des équipements des centrales nucléaires pour EDF Création de l EMIB

ACCORD DU 5 AVRIL 2006

Guide des inspections de l OIAC concernant les produits chimiques des tableaux 2 et 3

L INSTITUT DE RADIOPROTECTION ET DE SÛRETÉ NUCLÉAIRE (IRSN)

IFRS 11 : Coentreprises Passage de la méthode de la consolidation proportionnelle à la méthode de la mise en équivalence

I S agissant de l article 7 bis

CAHIER DES CLAUSES PARTICULIERES. Transports sanitaires

DECRET N DU 10 JUILLET 2006, PORTANT ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE LA DIRECTION DES ARCHIVES DU SENEGAL RAPPORT DE PRESENTATION

Réf. : Code de l environnement, notamment ses articles L et L Code de la santé publique, notamment ses articles L et R.

Adresse : Code postal : Ville : Tél :... Web : .@... Pays Préfixe Numéro tel direct : +... Adresse :... 3 année

Avis sur la 1 ère révision du schéma d'aménagement et de gestion des eaux «Nappes profondes de Gironde»

AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS LA CHAMBRE REGIONALE DES COMPTES D AUVERGNE, STATUANT EN SECTION

Décision du Défenseur des droits MDE-MSP

PROTOCOLE. Entre le Barreau de Paris, le Tribunal de Commerce et le Greffe. Le Barreau de Paris, représenté par son Bâtonnier en exercice,


ACCORD ENTRE LE GOUVERNEMENT DE LA PRINCIPAUTE DU LIECHTENSTEIN ET LE MATIERE FISCALE

L obligation de négocier sur la pénibilité dans les entreprises. Premiers éléments de bilan. Direction générale du travail

TABLEAU COMPARATIF

Règlement de la Consultation

Licence professionnelle Radioprotection, démantèlement et déchets nucléaires : chargé de projets

Associations Dossiers pratiques

Format de l avis d efficience

Ce projet de loi fixe un plafond pour le budget de la Défense et un plancher pour le budget de l Aide internationale.

La Faculté de Droit Virtuelle est la plate-forme pédagogique de la Faculté de Droit de Lyon

DÉLIBÉRATION N DU 4 FÉVRIER 2014 DE LA COMMISSION DE CONTRÔLE

La vie en copropriété

Protection de la ressource et Métiers de l Automobile. Intervention du 12 octobre 2009

Le Titre II «Investir» du projet de loi pour la croissance, l activité et l égalité des chances économiques a été adopté par l Assemblée nationale

RECUEIL DE LEGISLATION. A N décembre S o m m a i r e

Aide à la maîtrise de l absentéisme Analyse médicale complémentaire

QUESTIONS D ORGANISATION. Ordre du jour provisoire annoté INTRODUCTION

PROJET DE LOI PORTANT REFORME BANCAIRE ET FINANCIERE

P.A.R.A.D.S. PÔLES D ACCUEIL EN RÉSEAU POUR L ACCÈS AUX DROITS SOCIAUX

FACE AUX DÉFIS ÉCOLOGIQUES

Pour commencer liste de vérification du service ECCnet Item Certification. Version 2.0

Nom du candidat :... (nom de famille suivi éventuellement du nom du conjoint)

COPROPRIETE VIVRE EN COPROPRIETE C.S.A.B COLLECTION CE QUE TOUT PROPRIÉTAIRE OU COPROPRIÉTAIRE DOIT CONNAÎTRE

Statuts de la CFHM. Article 1 - Dénomination. Article 2 - Durée. Article 3 - Siège C.F.H.M. 10/26

Déclaration des droits sur Internet

1. Procédure. 2. Les faits

«Actualités réglementaires en radioprotection»

SOS OPPOSITION SUITE A FRAUDE A CARTE BANCAIRE

Charte de nommage du «.tn»

GUIDE POUR LA MISE SUR LE MARCHÉ DE DISPOSITIFS MÉDICAUX SUR MESURE APPLIQUE AU SECTEUR DENTAIRE

LES PRESTATIONS D ASSURANCE TRAITEMENT (Pour une invalidité de 104 semaines et moins)

L assurance de l industrie de la construction. Janvier Pour plus de renseignements. English copy available on request

«OUTIL DE GESTION DE LA RELATION CLIENT - CRM» CONVENTION DE PRESTATIONS

Décembre Nord-du-Québec

Synthèse. Loyauté et réciprocité des échanges entre l Union Européenne et les pays tiers. Propositions et axes de réflexion des IEEC

LA DÉCISION D'URGENCE PROPOS INTRODUCTIFS

ATELIER DROIT DES CONTRATS, DE LA CONSOMMATION ET DU COMMERCE ELECTRONIQUE

Réf. : Loi n du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire, notamment son article 40

LE PERMIS D ENVIRONNEMENT A 10 ANS Cadre juridique et évolution

Décision du Défenseur des droits MDE-MSP

Mise en œuvre de la radioprotection dans les entreprises: Certification d'entreprise et formation du personnel.

UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À RIMOUSKI

REGLES INTERNES AU TRANSFERT DE DONNEES A CARACTERE PERSONNEL

CHARTE DU CORRESPONDANT MODELE TYPE

Transcription:

Application de la Convention d Aarhus en France Contribution de l La France s apprête à mettre à jour son rapport triennal d application de la Convention d Aarhus. Cette Convention porte sur l accès à l information, la participation du public aux processus décisionnels et l accès à la justice en matière d environnement. L application de la Convention concerne notamment le secteur nucléaire. L souhaite donc, suite à la demande du ministère de l Environnement, de l Energie et de la Mer, apporter son retour d expérience et ses propositions relatives à l application au secteur nucléaire de la Convention d Aarhus. L a également quelques remarques à formuler sur des évolutions qu il serait souhaitable d intégrer à la mise à jour du rapport triennal, par rapport à la dernière version disponible du rapport (2014). 1. Procédure d élaboration du rapport Le cadre vierge du rapport demande de présenter les consultations réalisées dans le cadre de l élaboration du rapport, mais aussi de préciser «comment il a été tenu compte du résultat de ces consultations». Si le rapport de 2014 répond à la première partie de la demande, il n apporte aucun élément de réponse sur la deuxième partie. L faisait partie des organismes consultés. Dans le cadre de la mise à jour du rapport triennal, il serait souhaitable d intégrer un ou plusieurs paragraphe précisant comment les réponses de l ensemble des organismes consultés, ainsi que celles du public, on été prises en compte dans l élaboration du rapport mis à jour. 2. Article 3 de la Convention L article 3 de la Convention présente les dispositions générales que doit prendre chaque Partie pour que les dispositions de la Convention soient appliquées. Ces dispositions doivent prendre la forme de mesures législatives ou réglementaires, d implication des fonctionnaires et des autorités, de mesures d éducation écologique et de sensibilisation du public à l environnement, de reconnaissance et de soutien aux associations de protection de l environnement, de portage dans les processus décisionnels internationaux, ou encore de protection des personnes exerçant leurs droits. En ce qui concerne les obstacles rencontrés dans l application de l article 3, l considère que le paragraphe 27 du rapport 2014 portant sur l éducation à l environnement devrait être maintenu. La Déclaration des droits de l homme et du citoyen est citée en paragraphe 22 du rapport 2014 en réponse au paragraphe 8 de

l article 3 de la Convention. L considère que les restrictions imposées à la société civile dans le cadre de l Etat d urgence, notamment au moment de la COP21 fin 2015, devraient être mentionnées dans les obstacles rencontrés dans l application des paragraphes 7 et 8 de l article 3. En ce qui concerne la liste des adresses des sites internet utiles pour l application de l article 3, l considère que les organisations consultées, et notamment l, devraient être intégrées à la liste. Le site de la CNDP pourrait également être ajouté. 3. Article 4 de la Convention L article 4 de la Convention vise à faciliter l accès à l information sur l environnement. Les informations doivent être rendues disponibles au public, dans les délais les plus courts possibles, gratuitement ou à un coût raisonnable. La Convention précise les cas particuliers pour lesquels la publication d information peut être refusée suite à une demande. Le rapport 2014 cite l article R.124-1 du Code de l Environnement en réponse au paragraphe 2 de l article 4 de la Convention, qui précise que «les informations [ ] sont mises à la disposition du public aussitôt que possible et au plus tard dans un délai d un mois à compter de la date à laquelle la demande a été soumise [ ]». Le Code de l Environnement, dans son article précité, indique pour sa part que «l autorité publique saisie d une demande d information relative à l environnement est tenue de statuer de manière expresse dans un délai d un mois à compter de la réception de la demande». L considère que l article R.124-1 du Code de l Environnement ne répond pas pleinement aux dispositions de la Convention d Aarhus sur ce point. En effet, la réglementation française impose à l autorité publique de fournir une réponse dans un délai d un mois, mais pas nécessairement de transmettre l information demandée dans ce délai, en l absence de refus de communication de l information. L considère que, pour répondre pleinement aux dispositions de la Convention, la phrase «Dans le cas d une réponse favorable à la demande d information, l information demandée est mise à disposition du demandeur dans les mêmes délais» devrait être ajoutée à la fin du I de l article R.124-1 du Code de l Environnement. Lorsqu une partie de l information demandée ne peut être publiée en raison de son caractère confidentiel, les autres informations demandées doivent être publiées. Le secret industriel est souvent invoqué par les industriels du nucléaire pour masquer une partie des informations publiées. L autorité de sûreté nucléaire s en remet aux exploitants pour déterminer quelles sont les données couvertes par le secret industriel lorsqu elle doit répondre à une demande d information. Une partie importante des informations peut alors être masquée, et le demandeur doit se retourner vers la CADA pour obtenir les informations demandées. Certains avis de la CADA montrent que certaines informations masquées devraient être publiées. Après avis de la CADA, le demandeur peut obtenir les informations précédemment masquées. Cependant, les délais d obtention des informations demandées peuvent être considérablement plus long que les délais d un, voir deux, mois cités par la Convention d Aarhus. L rappelle que le libre accès à l information est la norme et que le secret, qu il soit commercial, industriel ou défense, doit être une

exception. La pertinence du recours au secret doit pouvoir être vérifié par une instance indépendance. L considère que les difficultés rencontrées pour déterminer quelles informations ne peuvent pas être rendues publiques, en l absence de processus clair pour déterminer si une information est ou non protégée par une forme de confidentialité, devraient être mentionnées dans les obstacles rencontrés dans l application de l article 4 de la Convention d Aarhus. 4. Article 5 de la Convention L article 5 de la Convention traite des modalités de diffusion des informations. Les informations publiées par les autorités publiques doivent être tenues à jour, et être réellement accessibles. Les informations doivent être de plus en plus rendues disponibles sous format électronique. L article 5 cite un certain nombre d informations qui doivent être publiée. L considère qu un travail reste à faire dans la mise à disposition des informations sous format numérique. Les dossiers soumis à consultation ou enquête publique ne sont pas toujours disponibles par internet, ou sous un format ne permettant pas un travail approfondi. Un accès aux dossiers par internet permettrait au public d étudier les documents en s affranchissant des contraintes d horaires d ouverture des bureaux d accueil du public. La Convention recommande notamment de mettre en place «un système cohérent de portée nationale consistant à inventorier ou enregistrer les données relatives à la pollution dans une base de données informatisée structurée et accessible au public. Ce système pourra prendre en compte les apports, les rejets et les transferts dans les différents milieux et sur les lieux de traitement et d élimination sur le site et hors du site d une série donnée de substances et de produits découlant d une série donnée d activité, y compris de l eau, de l énergie et des ressources utilisées aux fins de ces activités». Le rapport 2014 cite les systèmes mis en place pour les ICPE (paragraphe 86) et dans le domaine de l eau (paragraphe 88). L considère qu un paragraphe spécifique devrait être consacré au secteur nucléaire. 5. Article 6 de la Convention L article 6 de la Convention traite des dispositions relatives à la participation du public aux décisions relatives à des activités particulières (ces activités étant listées en annexe). Le deuxième paragraphe liste les informations devant être mises à disposition du public lorsqu un processus décisionnel est engagé. La Convention prévoit que le public doit avoir suffisamment de temps pour pouvoir réellement participer au processus, et que son implication doit avoir lieu suffisamment tôt «lorsque toutes les options et solutions sont encore possibles» - pour qu il puisse exercer une réelle influence. Les résultats de la participation doivent être pris en compte, et la décision finale doit être publiée et justifiée. L considère que les dispositions du présent article ne sont que partiellement mises en œuvre en France. Les Commissions locales d information manquent souvent de temps pour pouvoir travailler de manière approfondie sur les sujets sur lesquels elles sont consultées. Par ailleurs, les processus de participation du public arrivent souvent assez tardivement, quand la réalisation d un projet ou d importantes options techniques ont déjà été décidées. A titre d exemple, EDF étudie actuellement la construction de nouvelles capacités d entreposage à la demande de l ASN.

L exploitant ne semble étudier que l option d un ou plusieurs entreposages sous eau et centralisés. Pourtant, d autres options existent. Il semblerait que la participation du public n interviendra qu au moment de la demande d autorisation de création de l installation ou des installations, quand les principales options techniques seront déjà figées. L application de la Convention d Aarhus impliquerait d engager un processus de participation du public dès maintenant, afin de discuter des différentes options possibles pour l entreposage des combustibles. Lors de chaque consultation, l autorité ou l exploitant qui soumet le dossier devrait préciser explicitement sur quelles parties du dossier soumis au public la décision pourrait être différente de la proposition présentée dans le dossier. Le retour d expérience montre que, en l absence de présentation claire des choix encore à faire sur lesquels le public peut avoir une réelle influence, le public ne voit pas l intérêt de sa participation, et, une partie du public peut alors refuser de participer, voire bloquer le processus. L exemple récent du débat public autour de CIGEO illustre parfaitement ce problème. L considère également que les résultats des processus de participation du public ne sont pas suffisamment pris en compte. En effet, l constate peu de différence entre les projets de décisions mis en consultation et les décisions finales. De plus, l considère que le décideur devrait publier une justification, pour chaque réponse du public ou des organismes consultés, expliquant comment la réponse a été intégrée dans la décision finale ou pourquoi elle n a pas été retenue. 6. Article 7 de la Convention L article 7 de la Convention précise que la participation du public doit être rendue possible pour les plans, les programmes et les politiques relatifs à l environnement. Le débat national relatif à la transition énergétique est mentionné dans le rapport 2014. Ce débat a précédé la loi de Transition énergétique pour la Croissance Verte (TECV) de 2016. Fin 2016, le public a été consulté sur le projet de Programmation Pluriannuelle de l Energie (PPE) découlant de la loi TECV. La PPE a ensuite été publiée. L considère que la participation du public à l élaboration de la stratégie énergétique nationale n a été que partielle. En effet, dans la PPE, le volet nucléaire a été renvoyé à la stratégie industrielle d EDF. La politique nucléaire de la France, volet particulièrement important de la stratégie énergétique nationale, a donc été soustrait à la participation du public. La loi TECV prévoit des enquêtes publiques réacteur par réacteur en cas de prolongation de la durée de fonctionnement des centrales au delà de quarante ans, mais aucun processus de participation du public portant sur l évolution de l ensemble du parc nucléaire ne semble prévu. Pourtant, en application de l article 6 de la Convention d Aarhus, cette participation devrait déjà être commencée, afin que la prolongation du parc ne soit pas la seule option possible. L constate d une manière plus générale que, dans le cas du nucléaire, l application de l article 7 de la Convention rencontre des difficultés de mise en œuvre. En effet, certaines activités nucléaires se poursuivent sans être régulièrement réinterrogées politiquement, ce qui les soustrait à toute forme de participation du public. Cela risque d être le cas de la prolongation du parc de centrales au delà de leurs 40 ans de fonctionnement, comme expliqué précédemment, mais c est aussi le cas par exemple du retraitement des combustibles usés. Jusqu à présent, aucune forme de débat n a accompagné la stratégie de retraitement, qui se poursuit de fait,

sans qu une décision officielle encadrant ce choix stratégique ne puisse être questionnée. L constate que les différentes formes de participation publique dans le secteur nucléaire concernent généralement des projets plutôt qu une stratégie, et que le public n est pas sollicité sur une vision globale et cohérente de l ensemble de la problématique. 7. Article 8 de la Convention L article 8 de la Convention vise à promouvoir la participation du public durant la phase d élaboration de dispositions réglementaires et/ou d instruments normatifs juridiquement contraignants d application générale. L soulève la difficulté pour le public de pouvoir participer de manière éclairée à l élaboration de dispositions normatives. Le caractère technique de certaines dispositions rend nécessaire la publication d une vulgarisation des projets de décisions. Les modifications réglementaires récentes concernant notamment les règles applicables aux équipements sous pression nucléaire sont présentées sous une forme qui ne permet pas au public d apprécier les enjeux des modifications proposées. Ces décrets ou ordonnances, même soumis à consultation du public (sur des durées très courtes), n ont pas bénéficié d une réelle participation du public, dans la mesure où les enjeux n ont pas été explicités. Par ailleurs, certaines règles proviennent de codes de l industrie. Ces codes n étant pas disponibles «à un coût raisonnable», le public n est pas en mesure de donner un avis éclairé sur les projets de textes réglementaires soumis à sa consultation. 8. Article 9 de la Convention L article 9 de la Convention s attache à garantir l accès à la justice pour toute personne qui n aurait pas été satisfaite de la réponse à une demande d information. De plus, les personnes doivent être informées de leurs possibilités de recours. L n a pas de remarques particulières concernant l application de cet article.