Impact de l introduction des légumineuses dans les systèmes de culture sur les émissions de N 2 O

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Transcription:

Impact de l introduction des légumineuses dans les systèmes de culture sur les émissions de N 2 O Premiers résultats marquants du projet CASDAR LEG-N-GES Cohan J.P., Cadillon A., Dubois S., Duval R., Flenet F., Justes E., Mary B., Massad R.S., Plaza-Bonilla D., Schneider A. Avec la participation de

Introduction et contexte du projet L agriculture est la 1 ère activité contributrice aux émissions de N 2 O Rapport CITEPA format SECTEN - 2015 La limitation des émissions de N 2 O revêt une importance capitale dans la lutte contre le changement climatique et dans la viabilité de certains filières de production

Introduction et contexte du projet Flux N et émissions de N 2 O : Emissions de N 2 O liées aux phénomène de dénitrification et de nitrification Liens entre flux N et émissions de N 2 O (avec une certaine variabilité) Bonnes pratiques de fertilisation en phase avec les objectifs de réduction des émissions Importance de la substitution d une part de l azote de synthèse par de l azote symbiotique introduction de légumineuses Le projet LEG-N-GES (2013-2016) A partir du regroupement de nombreuses données expérimentales : Estimer les flux d azote consécutifs à l introduction des légumineuses pour en déduire la modification des émissions de N 2 O en conséquence Orienter les systèmes de culture vers des rotations moins émissives en optimisant l insertion des légumineuses. 1 ers résultats marquants

Les types d insertion de légumineuses et les expérimentations étudiées Plus de 70 expérimentations annuelles Plus de 10 expérimentations de longue durée Tous les types d insertion étudiés

Flux N et émissions de N 2 O Le lien entre les flux N et les émissions est réalisé selon 3 approches : Facteurs d émissions GIEC (2006) niveau 1 Estimation via des modèles de flux sol-plante : STICS (Brisson et al. 2008), CERES-EGC (Gabrielle et al. 2006) Mesures directes (chambres statiques ou dynamiques) Calculs GIEC niveau 1

Flux N et émissions de N 2 O Calculs GIEC niveau 1 Méthodes d estimation des flux N dans les essais 1. Bilan N sol sur la culture suivante 2. Courbe de réponse N sur la culture suivante 1. Delta RDD 2. Mesures directes 3. Modèles paramétrés sur les mesures 1. Mesures QN résidus

Lixiviation du nitrate et couverts intermédiaires Delta RDD vs QN CI Impact sur les émissions de N 2 O Calculs GIEC niveau 1 (2006) Les pentes des régressions linéaires sont toutes différentes de 0 au seuil de 5%, et toutes différentes entre elles au seuil de 5 % pour les comparaisons avec les non-légumineuses, et au seuil de 10% pour la comparaison légumineuses-mélanges. Tous les types de couverts réduisent les émissions indirectes liées à la lixiviation avec un gradient d efficacité : NON-LEG NL+L > LEG NON-LEG=nonlégumineuses, LEG=légumineuses, NL+L=mélanges des 2 types de couverts. Données ARVALIS-CREAS- Comité technique FDGEDA 10/CA51-ITB.

Lixiviation du nitrate et cultures principales Lixiviation NO 3 - selon la fréquence de légumineuses Essai Midi-Pyrénées Modélisation STICS Sorgho-Tournesol-Blé dur Blé dur-sorgho-tournesol Tournesol-Blé dur-sorgho Sans CI Avec CI Tournesol-Pois d hiver-blé dur Blé dur-tournesol-pois d hiver Pois d hiver-blé dur-tournesol Sans CI Avec CI Soja-Pois de printemps-blé dur Blé dur-soja-pois de printemps Pois de printemps-blé dur-soja Sans CI Avec CI Plaza-Bonilla et al. 2015

Lixiviation du nitrate et cultures principales Effet bisannuel sur le risque de lixiviation NO 3 - REH = stock d azote minéral du sol à l entrée de l hiver (kg N.ha -1 ); essais 2007-2011 sur 2 sites Nord France (78; 02) avec sol nu en interculture Les légumineuses en cultures principales augmentent le risque de lixiviation en année n+1 (sur la base des mesures de RH) mais : Ce risque est contrôlable par l insertion de couvert De effets n+2 (+) semblent se produire Bellouin et al. 2014

Restitutions des résidus des couverts intermédiaires Emissions de N 2 O suite à la restitution des résidus de CI Calculs GIEC niveau 1 (2006) La restitution des résidus de CI entraîne un supplément d émission de N2O. Ce supplément d émission dépend de la quantité d azote restituée au sol : LEG NL+L > NON-LEG NON-LEG=non-légumineuses, LEG=légumineuses, NL+L=mélanges des 2 types de couverts. Données ARVALIS-CREAS- Comité technique FDGEDA 10/CA51-ITB.

Restitutions des résidus de couverts intermédiaires Exemples sur 2 essais Cinétiques de minéralisation des résidus de CI La quantité N minéralisée provenant des résidus de CI est toujours inférieure à la quantité N apportée par ces résidus, même pour les légumineuses Le facteur d émission de ces résidus, calculé comme pour les engrais azotés, est donc surestimé LEG= légumineuses, NL+L=mélanges légumineuses + nonlégumineuses, NON-LEG = non légumineuses). Calculs réalisés à partir du modèle INRA LIXIM paramétré par des mesures régulières du stock d azote minéral du sol en sol nu. Essais ARVALIS et ITB

Restitutions des résidus des cultures principales 3g/ha/j Emissions de N 2 0 sous culture Mesures N 2 O chambres statiques 1g/ha/j Emissions de N 2 0 après culture BLE BLE 0N COLZA POIS Les émissions de N 2 O en cours de culture principale de légumineuses sont inférieures à des non-légumineuses fertilisées. Les émissions liées aux résidus semblent du même niveau quelle que soit la culture Jeuffroy et al. 2013 Projet CASDAR PCB

Consommation d engrais N et couverts intermédiaires Effet fertilisant N vs QN CI Effet fertilisant N confirmé pour les couverts à base de légumineuses Pas d effet fertilisant N (en moyenne) confirmé pour les couverts de non-légumineuses à court terme NON-LEG=non-légumineuses, LEG=légumineuses, NL+L=mélanges des 2 types de couverts. Données ARVALIS-CREAS- Comité technique FDGEDA 10/CA51-ITB.

Consommation d engrais N et couverts intermédiaires Conséquence effet fertilisant N des CI sur les émissions de N 2 O L introduction des couverts à base de légumineuses permet une réduction des émissions de N 2 O suite à une baisse de la fertilisation N de la culture suivante Calculs GIEC niveau 1 (2006) + référence Fertilizer Europe NON-LEG=non-légumineuses, LEG=légumineuses, NL+L=mélanges des 2 types de couverts. Données ARVALIS-CREAS- Comité technique FDGEDA 10/CA51-ITB.

Consommation d engrais et cultures principales Effet fertilisant N des précédents Conséquence sur les émissions de N 2 0 Exemple sur 1 essai (Yonne 2009 PCB) Calculs GIEC niveau 1 (2006) pour un RDT de 30 q/ha BTH = Blé Tendre d Hiver; CRN = Courbe de réponse du colza à l azote modélisée selon un formalisme en quadratique-plateau; IC95 = Intervalle de Confiance à 95% Les légumineuses en cultures principales augmentent les fournitures N de la culture suivante La fertilisation N de la culture suivante doit être réduite : de 20 à -60 kg N/ha selon espèces et contextes (7 essais du projet PCB) Les émissions de N2O sont également réduites L effet déplafonnement du rendement doit être inclus dans le calcul de bilan GES

Conclusions et perspectives L introduction de légumineuses influent sur tous les postes d émissions de N 2 O et doit donc être évaluée globalement L effet global peut être positif (réduction des émissions de N 2 O) si l économie d engrais N est bien valorisée sur la culture suivante et le risque de lixiviation maîtrisé par les pratiques culturales ad hoc (ex. culture intermédiaire en post légumineuses à graines) L analyse de données va se poursuivre pour : 1. Produire des références scientifiques et techniques 2. Proposer des recommandations techniques 3. Evaluer la pertinence des facteurs d émissions GIEC niveau 1 actuellement utilisés, et proposer d autres valeurs si besoin

Merci pour votre attention