Ce qu il faut savoir sur l épilepsie.



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Ce qu il faut savoir sur l épilepsie.

Sommaire Que faut-il savoir sur l épilepsie? 4 Qu est-ce que l épilepsie? 7 Qu est-ce qui cause l épilepsie? 8 Facteurs génétiques 9 Autres maladies 10 Blessures à la tête 11 Lésions prénatales et troubles du développement 11 Empoisonnements et autres déclencheurs de crises 11 Quelles sont les formes de crises possibles? 12 Quelles sont les formes d épilepsie? 16 Quand ne s agit-il pas de crises d épilepsie? 18 Convulsions occasionnelles 18 Convulsions fébriles 18 Crises non-épileptiques 19 Eclampsie 19

Comment établir le diagnostic de l épilepsie? 20 Examens par EEG 21 Techniques d examen par imagerie du cerveau 21 Anamnèse 22 Examens sanguins 22 Tests du développement, tests neurologiques et phycologiques 22 Peut-on prévenir l épilepsie? 23 Comment traiter l épilepsie? 24 Médicaments 25 Chirurgie 26 Appareils 28 Régime 28 Autres possibilités de traitement 29 Comment l épilepsie se répercute-t-elle sur le quotidien? 30 Comportements et sentiments 30 Conduite d un véhicule et loisirs 31 Formation et profession 31 Grossesse et maternité 32 L épilepsie présente-t-elle certains risques? 34 Etat de mal épileptique 34 Qu apporte l avenir? 36 Glossaire 37 Adresses importantes 40 Notes 42

Que faut-il savoir sur l épilepsie? L épilepsie est la maladie chronique du système nerveux central la plus fréquente. Environ 5% de toute la population souffre d une crise d épilepsie au cours de sa vie (source: OMS). Par contre, l épilepsie active ne touche qu à peine 1% des Européens, soit environ 60 000 Suisses. 4

Informations utiles Cette brochure a pour but de fournir aux personnes concernées et intéressées des informations utiles sur les signes, le diagnostic et le traitement de cette maladie. Le présent dépliant ne peut en aucun cas répondre à toutes les questions ou remplacer un entretien avec le médecin, mais nous espérons que les informations suivantes seront utiles au lecteur. 5

L épilepsie est en grande partie contrôlable Les crises peuvent être contrôlées grâce à des médicaments modernes et à des interventions chirurgicales chez environ 80% des patients épileptiques. Toutefois, environ 20% des malades continuent à souffrir de crises malgré un traitement optimal (épilepsie pharmacorésistante). Toute personne ayant souffert de deux crises ou plus est considérée comme un patient épileptique. mais ne peut être guérie L épilepsie n est pas contagieuse et n est pas causée par une aliénation mentale ou un handicap mental. Bon nombre de patients épileptiques présentent une intelligence normale, voire supérieure à la moyenne. Parmi les plus célèbres malades atteints de cette maladie, supposés ou avérés, on recense l écrivain russe Dostoïevski, Napoléon et l inventeur de la dynamite et fondateur du prix Nobel, Alfred Nobel. Les médaillés olympiques comptent également dans leurs rangs plusieurs épileptiques. L épilepsie ne peut pas être guérie pour le moment, mais elle disparaît d elle-même au fil du temps chez bon nombre de patients. Il ressort d une étude que les enfants souffrant d épilepsie cryptogénique une épilepsie dont la cause est inconnue ont 68 à 92% de probabilité de ne plus faire de crises 20 ans après le diagnostic. Une thérapie médicamenteuse optimale ou une opération peut donc notablement accroître leurs chances de rémission. 6

Qu est-ce que l épilepsie? L épilepsie est une maladie du cerveau dans laquelle des groupes de cellules nerveuses (neurones) se déchargent anormalement dans le cerveau. Dans un cas normal, les neurones génèrent des impulsions électrochimiques agissant sur d autres cellules nerveuses, glandes et muscles pour déclencher des pensées, des sentiments ou des actions. L épilepsie est un dysfonctionnement de cette activité normale du système nerveux. L épilepsie se manifeste avec plus ou moins de force Le dysfonctionnement du système nerveux provoque des sensations désagréables, des sentiments et des comportements étranges ou des crises, des convulsions musculaires ou une perte de connaissance. Lors d une crise, les neurones se déchargent jusqu à 500 fois par seconde, soit beaucoup plus vite que le taux normal de 80 par seconde. Chez de nombreuses personnes, les crises ne sont qu occasionnelles. Chez d autres, par contre, elles peuvent se manifester jusqu à plusieurs centaines de fois par jour. 7

Qu est-ce qui cause l épilepsie? Une épilepsie peut avoir de nombreuses causes. Tout dysfonctionnement de l activité neuronale normale des maladies au mauvais développement du cerveau, en passant par les lésions cérébrales peut provoquer des crises. 8

Les causes possibles de l épilepsie L épilepsie peut être causée par de mauvaises liaisons entre les nerfs du cerveau dues à un déséquilibre des neurotransmetteurs* (messagers chimiques dans le cerveau) ou à une combinaison de ces facteurs. On suppose que, chez de nombreux épileptiques, le nombre de neurotransmetteurs stimulants (augmentant l activité nerveuse du cerveau) est trop élevé tandis que le nombre de neurotransmetteurs inhibiteurs (réduisant l activité nerveuse) est trop faible. Il peut en résulter une suractivité nerveuse provoquant l épilepsie. Parfois, ce sont les tentatives d autoréparation du cerveau, par exemple suite à une blessure à la tête, une crise d apoplexie ou une autre maladie, qui contribuent par mégarde à la création de ces mauvaises liaisons nerveuses à l origine de l épilepsie. Les mauvais développements du cerveau peuvent également perturber l activité nerveuse et provoquer des crises douloureuses. Dans de nombreux cas, l épilepsie est due à des altérations des cellules non neuronales du cerveau, les cellules gliales. Ces cellules régulent les concentrations chimiques du cerveau qui peuvent influer sur la décharge nerveuse. La cause de la crise est inconnue dans environ la moitié des cas. Dans d autres cas, les crises indiquent clairement une infection, une blessure ou un autre dysfonctionnement connu. Facteurs génétiques La recherche a montré que les mutations génétiques comptaient parmi les principaux facteurs favorisant l épilepsie. Quelques formes d épilepsie sont imputables à la mutation d un gène donné. De nombreuses autres formes d épilepsie sont très fréquentes chez certaines familles. Il est donc presque certain que la génétique influence la maladie. On estime que 500 gènes pourraient jouer un rôle dans cette maladie. Il apparaît néanmoins de plus en plus nettement que, dans de nombreuses formes d épilepsie, les mutations génétiques ne font qu accroître la prédisposition individuelle aux crises et que les crises sont ensuite déclenchées par un facteur environnemental. *Les concepts spécialisés sont décrits dans le chapitre Glossaire, à partir de la page 37 9

Autres maladies Dans de nombreux cas, l épilepsie est causée par une lésion cérébrale provoquée par d autres maladies perturbant le fonctionnement normal du cerveau, comme par exemple: tumeurs cérébrales, alcoolisme, maladie d Alzheimer, crises d apoplexie, crises cardiaques, méningites, SIDA, encéphalites virales et autres maladies infectieuses, suraccumulation de liquide dans le cerveau (hydrocéphalie), intolérance au gluten de blé (maladie cœliaque). Les crises peuvent disparaître si ces maladies sont traitées avec succès. Toutefois, les chances de ne plus souffrir de crises après le traitement de la maladie sous-jacente dépendent du type de maladie, de la zone du cerveau touchée et de l ampleur de la lésion cérébrale avant le traitement. L épilepsie se manifeste également lors de troubles du développement et du métabolisme divers et variés. Dans le cas de telles maladies, l épilepsie n est qu un symptôme parmi d autres. 10

Blessures à la tête Dans de nombreux cas, une blessure à la tête peut provoquer des crises ou de l épilepsie. L utilisation de ceintures de sécurité en voiture et le port de casques à moto ou lors de compétitions sportives peuvent protéger contre l épilepsie et d autres conséquences d une blessure à la tête. Lésions prénatales et troubles du développement Au cours de son développement, le cerveau est exposé à de nombreux types de lésions. Les infections de la mère, les carences alimentaires et le manque d oxygène ne constituent que quelques exemples des troubles pouvant avoir des répercussions négatives sur le cerveau du fœtus. Ces troubles peuvent provoquer une épilepsie ou une lésion cérébrale qui va souvent de pair avec une épilepsie. Chez les enfants, environ 20% des crises épileptiques sont causées par une paralysie cérébrale ou une maladie neurologique. Les mutations des gènes moteurs du développement peuvent également être responsables de l épilepsie. Empoisonnements et autres déclencheurs de crises Les crises peuvent survenir après un cas de saturnisme, un empoisonnement au monoxyde de carbone et à bon nombre d autres substances toxiques. Elles peuvent également se déclencher en cas de consommation de drogues illégales et après des overdoses d antidépresseurs et d autres médicaments. Les crises se manifestent souvent en cas de manque de sommeil, de consommation d alcool, de stress ou de modifications hormonales pendant les menstruations. Ces facteurs déclencheurs ne provoquent pas l épilepsie mais ils peuvent déclencher des convulsions occasionnelles ou des crises épileptiques qui se traitent bien à l aide de médicaments de crise. Le manque de sommeil peut notamment déclencher des crises fréquentes. Le sommeil, facteur d apaisement Les épileptiques doivent donc dormir assez et respecter des horaires de sommeil très réguliers. Maintes crises sont provoquées par les flashs ou le vacillement de l écran de l ordinateur; on parle alors d épilepsie photogène. Fumer peut aussi déclencher des crises: la nicotine des cigarettes agit sur les récepteurs de l acétylcholine, un neurotransmetteur stimulant du cerveau qui augmente la décharge des cellules nerveuses. L activité sexuelle déclenche rarement des crises. 11

Quelles sont les formes de crises possibles? On a recensé plus de 30 formes différentes de crises. Ces dernières sont divisées en deux grands groupes les crises partielles (focales) et les crises généralisées. Chacun de ces groupes renferme de nombreuses formes de crises différentes. 12

On distingue deux grands groupes de crises: Les crises partielles (focales) Les crises partielles ne se manifestent que dans une partie du cerveau. Environ 60% des épileptiques souffrent de crises partielles. Ces crises portent souvent le nom de leur foyer épileptogène dans le cerveau. En cas de crise partielle simple, le patient ne perd pas connaissance et peut ressentir des sensations inhabituelles ou désagréables diverses et variées, comme des sentiments soudains et inexplicables de joie, colère, tristesse ou nausée. Le patient peut également entendre, sentir par l odorat ou le goût, voir ou ressentir des choses qui ne sont pas réelles. Les crises partielles complexes (focales) Les crises partielles complexes ne durent le plus souvent que quelques secondes. Elles provoquent une perte de connaissance ou une altération de la conscience. On peut également assister à des états proches du traumatisme et à des comportements étranges répétés comme des clignements des yeux, des convulsions, des mouvements de la bouche ou voir le patient courir en rond. Ces mouvements répétés sont appelés automatismes. Parfois, les malades 13

Les types de crises généralisées Type de crise Absences (aussi appelées «Petit mal») Crise tonique Crise clonique Crise myoclonique Crise atonique Crise tonico-clonique (aussi appelée Grand mal) Manifestations le malade semble regarder dans le vide et/ou a des convulsions musculaires contraction des muscles, le plus souvent au niveau du dos, des bras et des jambes convulsions répétées des deux côtés du corps convulsions de la partie supérieure du corps, des bras ou des jambes perte du tonus musculaire normal, le malade tombe ou non involontairement avec chute de la tête mélange de symptômes: raidissement du corps et convulsions répétées des bras et/ou des jambes avec perte de connaissance lancent également des objets dans la pièce ou frappent les murs ou les meubles comme s ils étaient en colère ou angoissés. Auras Les auras se manifestent souvent en présence de crises partielles, notamment en cas de crises partielles complexes. Il s agit de sensations inhabituelles annonçant une crise imminente. Ces auras sont en fait des crises partielles simples sans perte de connaissance. Elles sont le plus souvent stéréotypées au niveau des symptômes et de leur déroulement, ce qui signifie qu elles sont semblables à chaque fois. Risque de confusion Les symptômes des crises partielles peuvent être facilement confondus avec d autres maladies. Les perceptions quasi-traumatiques d une crise partielle complexe peuvent par exemple être confondues avec une migraine, qui peut également provoquer des états proches du traumatisme. Le comportement étrange et les sensations désagréables des crises partielles peuvent également être pris par erreur pour les symptômes d une narcolepsie (hypersomnie compulsive), d une perte de connaissance ou même d une ma- 14

ladie psychique. De nombreux examens et une observation minutieuse par un médecin expérimenté sont parfois nécessaires pour faire la différence entre l épilepsie et d autres maladies. Crises généralisées Les crises généralisées sont la conséquence d une altération de l activité des neurones dans de nombreuses parties du cerveau. Ces crises peuvent provoquer une perte de connaissance, des chutes ou des convulsions musculaires massives. Toutes les crises ne peuvent pas être facilement cataloguées de partielles ou de généralisées. Toutes ne présentent pas un schéma clair. Les crises commencent parfois comme des crises partielles et se propagent ensuite à tout le cerveau. La méconnaissance générale des très nombreux types de crises est l un des principaux problèmes des patients épileptiques. Les témoins d une crise sans convulsions ont parfois beaucoup de mal à comprendre que le malade ne contrôle pas son comportement. 15

Quelles sont les formes d épilepsie? Les formes d épilepsie sont tout aussi diverses et variées que les différents types de crises. On distingue des centaines de différents syndromes épileptiques des maladies caractérisées par un groupe donné de symptômes dont un seul est l épilepsie. Certains de ces syndromes sont héréditaires. Pour d autres, la cause n est pas connue. Les syndromes épileptiques sont souvent désignés en fonction de leurs symptômes ou de leur foyer épileptogène dans le cerveau. 16

Les syndromes épileptiques les plus fréquents: Absences Les absences sont des crises répétées provoquant une perte temporaire de contact avec la réalité. Ces crises commencent presque toujours à l enfance ou à l adolescence et sont souvent héréditaires. Beaucoup de personnes souffrant d absences font des mouvements involontaires pendant leurs crises, comme des convulsions du bras ou un clignement d œil rapide. D autres n ont pas de symptômes reconnaissables. Elles sont seulement «absentes» pendant un bref instant. Le malade peut poursuivre l activité entamée auparavant immédiatement après ce genre de crise. Toutefois, ces crises peuvent être si fréquentes qu elles empêchent le patient de se concentrer à l école ou dans d autres situations. Chez l enfant, les absences disparaissent le plus souvent dès la puberté. Epilepsie du lobe temporal L épilepsie du lobe temporal (TLE) est la forme d épilepsie à crises partielles la plus fréquente. Ces crises s accompagnent le plus souvent d auras. L épilepsie du lobe temporal commence souvent dès l enfance et peut endommager l hippocampe la structure cérébrale responsable de la mémoire et de l apprentissage au fil du temps. Il est donc important de traiter ce genre d épilepsie le plus tôt et le plus efficacement possible. Epilepsie du lobe frontal L épilepsie du lobe frontal est souvent caractérisée par une série de crises brèves commençant et se terminant soudainement. Epilepsie du lobe occipital L épilepsie du lobe occipital commence la plupart du temps par des hallucinations optiques, des clignements rapides des yeux ou d autres symptômes oculaires. Epilepsie psychomotrice L épilepsie psychomotrice désigne également des crises partielles répétées, notamment des crises situées au niveau du lobe temporal. Le concept de psychomotricité se rapporte aux sensations désagréables, sentiments étranges et comportements bizarres qui se manifestent pendant ces crises. Epilepsie du lobe pariétal Les symptômes de l épilepsie du lobe pariétal ressemblent grandement à ceux d autres formes étant donné que les crises du lobe pariétal se propagent souvent dans d autres régions du cerveau. 17

Quand ne s agit-il pas de crises d épilepsie? Même si chaque crise est une source d inquiétude, elle ne signifie pas automatiquement que l on souffre d épilepsie. Les convulsions occasionnelles, les convulsions fébriles, les crises non-épileptiques et l éclampsie sont des exemples de crises non causées par l épilepsie. Exemples de crises sans épilepsie sous-jacente: Convulsions occasionnelles De nombreuses personnes souffrent d une telle crise à un moment ou l autre de leur vie. Cette crise est unique. De telles crises sont souvent une réaction à une narcose ou à un médicament fort ou peuvent aussi se manifester spontanément, sans facteur déclencheur reconnaissable. En l absence de lésion cérébrale et si les antécédents familiaux ne présentent pas d épilepsie ou d autre trouble neurologique, ces convulsions occasionnelles ne sont en général plus suivies d autres crises. Convulsions fébriles Un enfant souffre parfois d une crise lors d une maladie à forte fièvre. Ces crises sont appelées convulsions fébriles et peuvent sembler très dangereuses pour les parents et ceux qui en ont la charge. Autrefois, dans la plupart des cas, on prescrivait des médicaments de crise après une convulsion fébrile dans l espoir de prévenir l épilepsie. Cependant, la plupart des enfants ayant fait une convulsion fébrile ne développent pas d épilepsie et la prise sur le long terme de médicaments contre les convulsions (anticonvulsifs) peut provoquer des effets secondaires indésirables. 18

Crises non-épileptiques Les phénomènes ressemblant à une crise sans activité de crise patente dans le cerveau sont appelés crises non-épileptiques ou pseudo-crises. Les crises non-épileptiques dont la cause est psychique sont également appelées crises psychogènes. Les crises psychogènes peuvent dénoter une dépendance, un besoin d attention, l envie d éviter des situations lourdes ou certaines maladies psychiatriques. En plus des crises épileptiques, de nombreux patients épileptiques souffrent également de crises psychogènes. D autres malades, par contre, souffrent de crises psychogènes sans avoir d épilepsie. Les crises psychogènes ne peuvent pas être traitées comme des crises épileptiques mais requièrent souvent un traitement psychothérapeutique. Eclampsie Une éclampsie est une maladie potentiellement mortelle qui peut se développer chez les femmes enceintes. Ses symptômes comprennent des hypertensions artérielles soudaines et des convulsions. Les femmes enceintes présentant ces crises inattendues doivent être immédiatement conduites à l hôpital. Une éclampsie peut être traitée à l hôpital. Après la grossesse, la patiente ne fait le plus souvent aucune autre crise et ne développe pas non plus d'épilepsie. D autres crises non-épileptiques peuvent être provoquées par une narcolepsie, le syndrome de Tourette, des dysfonctionnements du rythme cardiaque et d autres maladies corporelles aux symptômes rappelant des crises. Étant donné que les symptômes sont très proches des crises épileptiques, ces maladies sont souvent prises à tort pour de l épilepsie. 19

Comment établir le diagnostic de l épilepsie? Une série d examens permet de déterminer si quelqu un souffre ou non d épilepsie ainsi que le type de crises en présence. Dans de nombreux cas, des symptômes peuvent rappeler une crise mais ne pas être épileptiques ou être causés par d autres maladies. 20

Méthodes d examen utilisées pour diagnostiquer l épilepsie Sans examens intensifs et observations poussées, même les médecins ne peuvent pas toujours faire la différence entre une épilepsie et ces maladies. Voici les principales méthodes d examen. Examens par EEG L électroencéphalogramme (EEG) enregistre les ondes cérébrales saisies par des électrodes placées sur le cuir chevelu. C est l examen le plus fréquemment utilisé pour diagnostiquer une épilepsie qui peut être décelée à l aide des altérations de l activité électrique du cerveau. Les patients atteints d épilepsie ont une activité cérébrale soumise à de fréquentes fluctuations même en l absence de crises. L EEG peut certes être utile pour diagnostiquer une épilepsie mais n est pas sûr à 100%. Bon nombre de personnes présentent un tracé normal même après une crise. Dans d autre cas, les ondes cérébrales altérées se situent au plus profond du cerveau. Elles n apparaissent donc pas sur l EEG. L EEG de bon nombre de non-épileptiques présente également des ondes cérébrales inhabituelles. Pour compléter l EEG, le médecin a souvent recours à des enregistrements vidéo afin de se faire une idée des crises du patient. Ces enregistrements peuvent également être utilisés pour exclure d autres maladies comme une narcolepsie qui peut ressembler à une épilepsie. Magnéto-encéphalogramme (MEG) Le magnéto-encéphalogramme (MEG) est une nouvelle technique d examen. Le MEG enregistre les signaux magnétiques émis par les cellules nerveuses. Il est ainsi en mesure d examiner l évolution de l activité cérébrale à différents endroits du cerveau et de reconnaître différentes fonctions cérébrales. Le MEG ressemble à l EEG mais ne requiert pas d électrodes. Contrairement à l EEG, il peut également enregistrer des signaux en provenance de régions plus profondes du cerveau. Techniques d examen par imagerie du cerveau Les techniques d imagerie comptent parmi les plus importants examens de diagnostic d une épilepsie. Les plus fréquemment utilisés sont la tomographie par ordinateur (CT), la tomographie à émission de positrons (PET) et la tomographie par résonance magnétique (MRT). Les tomographies de type CT et MRT permettent de visualiser la structure du 21

cerveau et de déceler des tumeurs cérébrales, des kystes et autres anomalies structurelles. L utilisation de la tomographie PET et d une technique MRT spéciale, la MRT fonctionnelle (fmrt), permet de déceler les altérations de la fonction cérébrale. La tomographie par ordinateur par émission de photons simples (SPECT) est une technique relativement nouvelle parfois utilisée pour localiser les foyers épileptogènes dans le cerveau. Sont également en expérimentation la spectroscopie à résonance magnétique (MRS), qui permet de prouver la présence d altérations des processus biochimiques du cerveau, et la spectroscopie proche infrarouge, qui renseigne sur le taux d oxygène dans le tissu cérébral. Anamnèse Un dossier médical détaillé (anamnèse) comprenant les symptômes et la durée des crises est encore l une des meilleures méthodes pour décider si quelqu un souffre ou non d épilepsie et déterminer de quelles crises il s agit. Lors de la constitution de l anamnèse, le médecin interroge le patient sur ses crises ainsi que sur toutes ses précédentes maladies ou autres symptômes. Étant donné que le malade ne se souvient souvent pas de ce qui s est passé, les informations de personnes de confiance sont importantes. Examens sanguins Des prélèvements de sang sont souvent effectués notamment sur les enfants. Ces prélèvements sont utilisés pour étudier la présence de maladies métaboliques ou de troubles génétiques qui pourraient être liés aux crises. Ils peuvent également être utilisés pour exclure des maladies sousjacentes comme des infections, le saturnisme, l anémie et le diabète, qui pourraient provoquer ou déclencher les crises. Tests du développement, tests neurologiques et phycologiques Le médecin réalise souvent des tests pour déterminer les capacités motrices, le comportement et les capacités intellectuelles du patient. Ces tests peuvent renseigner sur les diminutions des fonctions provoquées par l épilepsie ou sur la forme d épilepsie dont le patient souffre. 22

Peut-on prévenir l épilepsie? La cause des crises est souvent inconnue; aucune prévention n est donc possible. Par contre, les nombreux cas d épilepsie dont les causes sont connues (blessures, infections et autres troubles) peuvent faire l objet d une prévention. Pour réduire le risque: Eviter les blessures: Les blessures à la tête et ailleurs favorisant l épilepsie peuvent p.ex. être évitées en utilisant des ceintures de sécurité, des casques de vélo et des sièges pour enfants. Suivi pendant la grossesse: Le risque de lésion cérébrale du fœtus, qui pourrait provoquer ultérieurement une épilepsie mais aussi d autres troubles neurologiques, peut être réduit par un bon suivi pendant la grossesse (p.ex. traitement de l hypertension et des infections). Traitement des maladies: Le traitement des maladies cardio-vasculaires, de l hypertension, des infections et autres maladies pouvant avoir des effets sur le cerveau peut prévenir de nombreux cas d épilepsie. 23

Comment traiter l épilepsie? Pour traiter efficacement l épilepsie, il est indispensable de disposer d un diagnostic précis. Les possibilités actuelles de traitement permettent à environ 80% des épileptiques de ne pas avoir de crises, tout du moins pendant un temps. Cependant, 20% des patients soit environ 12 000 épileptiques en Suisse présentent des crises pharmacorésistantes. 24

Un traitement individuel précoce promet de bonnes chances de succès thérapeutique. L épilepsie est traitée par des médecins exerçant dans différentes disciplines: neurologues, pédiatres, neurologues pédiatres, spécialistes des maladies internes et médecins de familles, neurochirurgiens. Il est possible d avoir un suivi spécial ou intensif dans de grandes cliniques et des centres de soins neurologiques ambulatoires ou auprès de neurologues établis. De nombreux centres de traitement de l épilepsie sont rattachés à des cliniques universitaires qui, en plus de prodiguer des soins médicaux, pratiquent également la recherche. facteurs: type de crises, style de vie et âge du patient, fréquence des crises et, pour les femmes, probabilité d une grossesse. Chez la plupart des patients épileptiques, un seul médicament très bien dosé permet de faire disparaître les crises. Le plus souvent, la combinaison de médicaments renforce les effets secondaires comme la fatigue et la perte d appétit. Dans la mesure du possible, le médecin prescrit donc une monothérapie, à savoir un seul médicament. Si la monothérapie ne permet pas de contrôler efficacement les crises, une thérapie combinée peut cependant s avérer nécessaire. Une fois que l épilepsie a été diagnostiquée, le traitement doit intervenir le plus tôt possible. Les médicaments et autres formes thérapeutiques de traitement de l épilepsie fonctionnent souvent moins bien lorsque les crises et leurs effets existent depuis longtemps. Médicaments Les antiépileptiques constituent le traitement de l épilepsie le plus fréquent. Aujourd hui, il existe plus de 20 antiépileptiques présentant différents avantages et effets secondaires. Le choix du médicament prescrit et de sa posologie dépend de nombreux Substances actives courantes Carbamazépine Valproate Phénytoïne Gabapentine Lamotrigine Primidone Clonazépam Phénobarbital Oxcarbazépine Topiramate Ethosuximide Levetiracétam Vigabatrine Tiagabine 25

Interaction avec d autres médicaments Les personnes souffrant d épilepsie doivent savoir que les médicaments de traitement de l épilepsie peuvent avoir des interactions toxiques avec d autres médicaments. Ils doivent donc communiquer à leur médecin traitant, comme p.ex. à leur dentiste, les médicaments qu ils prennent. Il est plus facile pour le patient de tenir un journal sur sa prise de médicaments pour garder une bonne vue d ensemble des thérapies. Il peut être ainsi utile d avoir un calendrier thérapeutique où sont notés tous les médicaments. Pour les femmes, il ne faut pas non plus oublier que certains antiépileptiques peuvent réduire l efficacité des contraceptifs oraux (pilule); elles doivent donc en discuter avec leur médecin. Arrêt des médicaments Bon nombre de médecins conseillent à leurs patients d arrêter les antiépileptiques au bout de deux années sans crises. D autres médecins considèrent qu il vaut mieux attendre quatre ou cinq ans. L arrêt de la médication ne doit se faire que sur conseil du médecin et sous suivi médical. Les médicaments contre l épilepsie doivent être pris aussi longtemps que prescrits par le médecin. Les patients doivent également demander au préalable à leur médecin ou à leur pharmacien ce qu ils doivent faire lorsqu ils ont oublié une prise. L arrêt de la médication sans conseil médical est l une des principales raisons de la réapparition des crises chez des personnes qui n en souffraient plus. Les crises survenant après l arrêt soudain des médicaments peuvent être très violentes et mener à un état de mal épileptique. De plus, les crises non contrôlées peuvent provoquer des altérations des cellules nerveuses et compliquer le futur traitement des crises. Chirurgie Lorsque les médicaments ne suffisent pas pour contrôler les crises, le recours à une intervention chirurgicale peut, dans certaines circonstances, s avérer nécessaire. Les bénéfices retirés d une opération dépendent du type de crises, de la région du cerveau touchée et de l importance de cette région pour le comportement quotidien du patient. Les chirurgiens évitent en général d opérer les régions du cerveau nécessaires à la parole, au langage, à l audition et à d autres fonctions importantes. Avant l opération, il convient de déterminer précisément le foyer cérébral à l origine des crises. Il existe trois grands groupes d épilepsies 26

pouvant être traitées avec succès par la chirurgie. Il s agit des crises partielles, des crises commençant comme partielles avant de se propager au reste du cerveau et de l épilepsie multifocale unilatérale avec hémiplégie pendant l enfance. Les opérations les plus souvent pratiquées sont les suivantes: Opération de traitement des maladies sous-jacentes: Lorsque les crises sont causées par une tumeur cérébrale, une suraccumulation de liquide dans le cerveau (hydrocéphalie) ou d autres maladies pouvant être soignées par la chirurgie, ces maladies sous-jacentes sont traitées par une opération dans certaines conditions, ce qui permet souvent d arrêter les crises. Opération d ablation du foyer épileptogène: C est l opération la plus fréquence en cas d épilepsie. On parle aussi de lobectomie. Elle est pratiquée en cas de crises partielles ne touchant qu une région du cerveau. La lobectomie la plus souvent pratiquée est l ablation du lobe temporal en cas d épilepsie du lobe temporal. 27