La continuité des soins palliatifs. Bernard J. Lapointe Chef division des soins palliatifs juif Sir Mortimer B. Davis

Documents pareils
Les soins infirmiers en oncologie : une carrière faite pour vous! Nom de la Présentatrice et section de l'acio

Faciliter la transition des soins curatifs aux soins palliatifs: une histoire de collaboration

Présenté par Mélanie Dessureault, inf. clin. et Caroline Fortin, AIC radio-oncologie

CAHIER DES CHARGES INFIRMIER-ÈRE DIPLÔMÉ-E

Maurene McQuestion, IA, BScN, MSc, CON(C) John Waldron, MD, FRCPC

Insuffisance cardiaque

Cécile Bergeron, B. Sc. inf. Anne Plante, M.Sc. Inf., CSIO, CSIP

La formation interprofessionnelle pour les professions de la santé: L avenir C est dès maintenant!

Evaluation de critères res de substitution de la survie globale dans les cancers bronchiques localement avancés

droits des malades et fin de vie

Résidence MBV Les FIGUERES -Capendu-

APRES TOUT ACTE DE MALTRAITANCE. 3. Elaboration des recommandations de pratique. 4. Diffusion au personnel des recommandations.

DESCRIPTION DES STRESSEURS LIÉS AUX SOINS DE FIN DE VIE CHEZ LES INFIRMIÈRES OEUVRANT EN USI

INAUGURATION LABORATOIRE DE THERAPIE CELLULAIRE 16 FEVRIER 2012 DOSSIER DE PRESSE

SOINS PALLIATIFS ET DE FIN DE VIE VOLET 1 : RECENSION DES ÉCRITS. Mélanie Shang Arinka Jancarik Courtières de connaissances

Qu est-ce qu un sarcome?

PROJET CREATION D INCUBATEURS SCIENTIFIQUES A L UNIVERSITE L ELEMENTS POUR LA DECISION

Droits des personnes malades en fin de vie

L axe 5 du Cancéropole Nord Ouest

GARANTIE D ASSISTANCE 2015

2È JOURNÉE NATIONALE DE FORMATION DES PHARMACIENS CANCER ET ACCOMPAGNEMENT DU PHARMACIEN : UN PREMIER PAS VERS LA RÉSILIENCE.

Découvrez L INSTITUT UNIVERSITAIRE DU CANCER DE TOULOUSE

CONTRAINTES PSYCHOLOGIQUES ET ORGANISATIONNELLES AU TRAVAIL ET SANTE CHEZ LE PERSONNEL SOIGNANT DES CENTRES HOSPITALIERS:

TRAVAUX DU GROUPE GUINEE/CONAKRY ET BISSAO

SOINS PALLIATIFS DE FIN DE VIE AU QUÉBEC : DÉFINITION ET MESURE D INDICATEURS

Quelles attitudes en fin de vie? Acharnement? Euthanasie? Soins palliatifs?

Outils d évaluations de la simulation en équipe: Évaluation de performance en formation interprofessionnelle. Martina ESDAILE SFAR 19 septembre 2012

Le bilan comparatif des médicaments (BCM): où en sommes-nous?

SONDAGE NATIONAL SUR LA MÉDECINE PALLIATIVE QUESTIONNAIRE

BILAN D ACTIVITE DU PÔLE DE SOUTIEN PSYCHOLOGIQUE Année 2010

Institut Informatique de gestion. Communication en situation de crise

Déclarations anticipées concernant mes soins de santé et ma fin de vie

La présente règle coloscopie (avec. l endoscope. coloscopie en. nécessaire et DIRECTIVES. b. Assurer le. e doit :

Demande de règlement assurance vie - Directives

Définition, finalités et organisation

Controverse UDM télésurveillée Pour. P. Simon Association Nationale de Télémédecine

DIU Soins Palliatifs et d Accompagnement.

La formation dans tous ses états. Programme et méthode de formation continue sur la

Infirmieres libérales

Ordonnance du DFI sur les prestations dans l assurance obligatoire des soins en cas de maladie

LE FINANCEMENT DES HOPITAUX EN BELGIQUE. Prof. G. DURANT

Y A-T-IL COUPLE? Introduction. Pour qu il y ait couple, il faut du temps

Qui sont les infirmières et infirmiers cliniciens spécialisés?

les télésoins à domicile

Assises Nationales du Maintien à Domicile juin 2000 La douleur Les soins palliatifs. EXPERIENCE DE SOINS D'UNE EQUIPE A DOMICILE Dr AVEROUS

L analyse documentaire : Comment faire des recherches, évaluer, synthétiser et présenter les preuves

Entre mal-être et bien être : comment vont les étudiants. Premiers résultats. Damien BERTHILIER Président La Mutuelle des Étudiants LMDE-EPSE

Test de terrain ou test de laboratoire pour la performance en endurance?

LA SIMULATION: INTERETS EN FORMATIION MEDICALE CONTINUE. C Assouline

Repérage de la perte d autonomie

Quel avenir pour les équipes mobiles de soins palliatifs?

Rapport final sur les priorités en matière de surveillance de la médecine

Principales causes de décès selon le groupe d âge et plus

FEUILLET-RESSOURCES SERVICE DE TÉLÉSURVEILLANCE (SYSTÈME D ALERTE MÉDICALE)

La formation au Leadership Clinique a-t-elle transformé l infirmière en chef de mon unité de soins? Ressenti d un infirmier de terrain.

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

Traitements néoadjuvants des cancers du rectum. Pr. G. Portier CHU Purpan - Toulouse

DÉFINITION ET INSCRIPTION DE LA PRATIQUE AVANCÉE DANS LE PAYSAGE SUISSE DES SOINS INFIRMIERS

Répertoire des services pour les aînés. Nouvelle-Beauce. Saints-Anges

La notion de soutien dans le cadre d une équipe belge de soins palliatifs à domicile INTRODUCTION

First Line and Maintenance in Nonsquamous NSCLC: What Do the Data Tell Us?

Livret d accueil des stagiaires

ÉVALUATION ET AMÉLIORATION DES PRATIQUES. Développement professionnel continu. Simulation en santé. Fiche technique méthode

Suivi ADOM. Claude Boiron Oncologie Médicale

LE PARTENARIAT : CLÉ DE LA RÉUSSITE

Approche centrée e sur le patient

Foire aux questions pour les étudiants étrangers Régime pour étudiants étrangers

Démence et fin de vie chez la personne âgée

FONDATION NATIONALE DE GERONTOLOGIE MINISTERE DE L EMPLOI ET DE LA SOLIDARITE SECRETARIAT D ETAT A LA SANTE ET A L ACTION SOCIALE

ÉNONCÉ DE PRINCIPE CONJOINT DE L'AMERICAN COLLEGE OF SPORTS MEDICINE ET DE L'AMERICAN HEART ASSOCIATION

L expérience patient : lorsque le rationnel rencontre l émotion Le cas du CSSS Richelieu-Yamaska

G U I D E - A F F E C T I O N D E L O N G U E D U R É E. La prise en charge de votre mélanome cutané

évaluation et interventions interdisciplinaires

Standards d accès, de continuité, de qualité, d efficacité et d efficience

Con ditions complément aire s. Edition janvier 1997

Trousse du solliciteur. Projet «Assurer l Avenir»

Conférence du RQCAA. Agression et violence contre les aînés. Présenté le 22 mars 2007 Au grand public À l observatoire Vieillissement et Société

Défibrillation et Grand Public. Méd-Cl JAN Didier Médecin chef Méd-Cne PIVERT Pascaline

Energie - réseaux électriques intelligents transfrontaliers Cross-border Healthcare Networks

TNS Behaviour Change. Accompagner les changements de comportement TNS 2014 TNS

REFERENTIEL PROFESSIONNEL DU DIPLÔME D ETAT D INGENIERIE SOCIALE (DEIS) Contexte de l intervention

Le référentiel professionnel du Diplôme d Etat d Aide Médico-Psychologique

Innovation Capital annonce le lancement du fonds d investissement sectoriel SISA dédié à la filière Silver économie

Patients atteints de maladie grave ou en fin de vie

squelettique Importance pressentie des troubles de santé psychologique Sollicitation par les centres d urgence d

De la détresse émotionnelle à l actualisation du potentiel des membres de l entourage. La vision familiale. Série 1, numéro 1

Retour à la croissance

Ligue Algérienne pour la Défense des droits de l Homme الرابطة الجزائرية للدفاع عن حقوق السنسان. Le calvaire sans fin des malades du cancer

La prise en charge d un trouble dépressif récurrent ou persistant

FEUILLET-RESSOURCES SERVICE DE TÉLÉSURVEILLANCE (SYSTÈME D ALERTE MÉDICALE)

2 La chaîne de survie canadienne : espoir des patients cardiaques

Transgene accorde une option de licence exclusive pour le développement et la commercialisation de son produit d immunothérapie TG4010

METHODOLOGIE GENERALE DE LA RECHERCHE EPIDEMIOLOGIQUE : LES ENQUETES EPIDEMIOLOGIQUES

La raison d être des systèmes d information

L observation des aspects non techniques d une simulation

Faciliter la transition de la guérison à la palliation en favorisant la communication entourant le choix de soins 16 avril e congrès du Réseau

Vertiges et étourdissements :

Assurance-maladie complémentaire (LCA)

RAPPORT D'ENQUÊTE SPÉCIALE DU PROTECTEUR DU CITOYEN: Gestion de la crise de listériose associée aux fromages québécois SOMMAIRE

Legis. Votre protection juridique

Transcription:

La continuité des soins palliatifs Bernard J. Lapointe Chef division des soins palliatifs Hôpital général g juif Sir Mortimer B. Davis

Introduction Au cours de 30 dernières res années nous avons été témoins de l importance croissante de la notion de la qualité de vie et de la qualité du mourir.

Soins palliatifs et cancer Les statistiques sont implacables: 50% des personnes recevant le diagnostique d un d cancer, mourront de cette maladie Plus de 85% des patients atteint d d un cancer avancé nécessitant une chimiothérapie systémique mourront de cette maladie. Jemal A, SiegelR, ward E, et al. Cancer Statistics,, 2006, Ca Cancer J clin 2006; 56:106-130 130

Cependant Une minorité de patients atteints de cancer ont accès à des soins palliatifs spécifiques et à des soins de fin de vie de qualité. Ceux qui sont référés, r le sont souvent trop tardivement pour en bénéficier b pleinement Ce qui entraîne ne Impact direct sur la qualité de vie des patients Impact direct sur la qualité de vie des proches Impact sur les coûts / système

Impact sur les coûts / système Patients recevant intervention palliative 10,6 jours d hospitalisationd 3 admissions au service des urgences En comparaison d un d groupe témoint 15,9 jours d hospitalisationd 5 admissions au service des urgence Par 1000 jours/ soins* Byock, Sheils, Merriman, Promoting excellence in End-of of-life Care: a Report on Innovative Models of Palliative Care, Journal of Palliative Medicine,, Vol 9, 2006

Disparaître dans la modernité québécoise: Dans le Québec moderne, l expérience vécue v par la personne mourante et ses proches se présente le plus souvent comme une dérive d individuelle et familiale. Il arrive, plus rarement, que l expérience individuelle vécue v à travers le mourir prenne des allures de choix et de rythmes particuliers qui sont respectés s et soutenus par une communauté civilisée, soucieuse du processus de fin de vie d un des siens. Lambert, Lecomte, Le citoyen: une personne du début d à la fin de sa vie. Rapport sur l él état de situation des soins palliatifs au Québec, 2000

Dépasser les dichotomies À l origine le mouvement des soins palliatifs a bénéficié d une mise en évidence de dichotomies telles que Mort naturelle vs mort technologique Acceptation vs dénid Soins vs traitements Trop souvent les soins palliatifs En opposition Sur pilotis Plutôt que partie intégrante d un d continuum de soins oncologiques

Temps Le modèle des tumeurs solides, (déclin progressif et décès) État de santé Déclin déces

Modèle traditionnel Traitements centrés sur la maladie () Soins palliatifs 3-6m Décès Soins deuil

Crises périodiques, décès perçu comme soudain État de santé crise Déclin temps mort

Soins palliatifs en continuité Traitements Soins de fin De vie soins et soutien visant confort et qualité de vie décès Bereavement Care

Les soins palliatifs Définition de l Organisation l mondiale de la santé ( revisée en 2002): Les soins palliatifs cherchent à améliorer la qualité de vie des patients et de leur famille, face aux conséquences d une d maladie potentiellement mortelle, par la prévention et le soulagement de la souffrance, identifiée précocement et évaluée e avec précision, ainsi que le traitement de la douleur et des autres problèmes physiques, psychologiques et spirituels qui lui sont liés.

Définition OMS 2002 (suite) Les soins palliatifs sont applicables tôt dans le décours d de la maladie, en association avec d autres d traitements pouvant prolonger la vie, comme la chimiothérapie et la radiothérapie, rapie, et incluent les investigations qui sont requises afin de mieux comprendre les complications cliniques gênantes et de manière à pouvoir les prendre en charge.

Guide de pratique du NCCN (2006) Normes de soins: Chaque patient atteint de cancer devrait faire l objet l d une d évaluation quant à l indication des soins palliatifs dès d s la première visite, à intervalles répétés r s et appropriés, et selon l él évolution clinique. Les patients de même que leur famille devraient être informés que les soins palliatifs font partie intégrante des soins du cancer. Les soins palliatifs devraient êtres administrés s selon des guides de bonnes pratiques cliniques. National Comprehensive Cancer Network, Practice Guidelines in Oncology, v,1.2006 Les normes de pratique peuvent être consultées sur le site nccn.org

Des obstacles majeurs à la continuité des soins La fragmentation des soins Le manque de volonté politique Le manque de ressources La méconnaissance m du partenaire Le manque de communication La territorialité La frustration

Des soins palliatifs en continuité Développer des lieux de soins compétents et empreints de compassion Domicile Longue durée Courte durée Courte durée e spécialis cialisée Développer des réseauxr Ville-hôpital hôpital Hôpital-ville Partenariats entre professionnels et bénévolesb voles

L action des bénévoles b est un apport significatif et incalculable dans la survie des soins palliatifs au Québec.

Des réseaux r intégr grés s de soins palliatifs Font l objet l d expd expérimentation dans de nombreux pays. Motivations principales: Manque d intd intégration des interventions Désir d amd améliorer une collaboration mutuelle Désir d amd améliorer l accessibilitl accessibilité et la qualité des soins

Les bénéfices b d une d approche réseautée L expérience néerlandaisen L amélioration des contacts interpersonnels entre les différents intervenants appelés à collaborer meilleure collaboration et transmission du savoir et du savoir-faire Meilleure concertation et complémentarit mentarité. Compréhension hension mutuelle et liens de confiance entraînant nant une plus grande flexibilité et efficacité dans la collaboration Résolution plus précoce des conflits Nikbaktt-Van de Sande,, Van Der rijt,, Visser, Funtion of Local Networks in Palliative Care: A Dutch View.. Journal of Palliative Medicine,, vol8,2005

Les participants sont convaincus que les patients ont accès à une gamme d options d quant à la distribution des soins et services et que cette dernière re est centrée e sur les besoins du patient et de ses proches.

conditions gagnantes Contacts professionnels et interpersonnels satisfaisants Soutien financier et administratif concret le développement d de projets ( soins et éducatifs) conjoints La tenue de discussions de cas au sein de l él équipe réseaur Ces deux dernières res activités s permettant un apprentissage concerté

Guérir parfois, Soulager souvent, Réconforter toujours. Auteur anonyme du XVIe siècle

la synergie destructrice de la douleur et de la dépression d conduit patients et leur proches au désespoir, d au sentiment d impuissance et souvent à la perception erronée e que le suicide est le seul moyen d exercer un reliquat de contrôle sur cette situation. Loscalzo, 1996